Trudeau part en guerre contre l’islamophobie

30 janvier 2023

On aura tout vu! Justin Trudeau vient de nommer, pour un mandat de quatre ans, une représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. Amira Elghawaby sera « porte-parole, conseillère, experte et représentante dans les efforts du gouvernement fédéral pour lutter contre l’islamophobie, le racisme systémique, la discrimination raciale et l’intolérance religieuse », indique le communiqué émis par le bureau du premier ministre.

Par les fruits du « hasard », les termes utilisés par le bureau du premier ministre, tel que « islamophobie » ou « racisme systémique » réfèrent mutatis mutandis au vocabulaire appliqué aux Québécois francophones dans les médias anglophones du Canada et chez une pléiade d’anglophones du Québec qui se plaignent d’être traités comme une minorité victimisée vivant à l’ouest de l’île de Montréal.

Wikipédia souligne qu’Amira Elghawaby est une militante des droits de la personne et journaliste. Elle a agi comme employée responsable des communications pour la Fondation canadienne des relations raciales (FCRR), et est une journaliste indépendante qui contribue aux chroniques du Toronto Star. Elle a auparavant travaillé à CBC News, et en tant que coordonnatrice des droits de la personne pour le Conseil national des musulmans canadiens. Elle a été l'un des membres fondateurs du conseil d'administration du Réseau canadien anti-haine. 

À la lumière de ces informations, on ne peut que constater qu’Amira Elghawaby est une militante aguerrie contre l’islamophobie. Comme « par hasard » encore une fois, sa nomination arrive au même moment où la loi 21 sur la laïcité de l’État québécois est contestée devant les tribunaux… À n’en pas douter, le hasard fait bien les choses au pays du multiculturalisme de Justin Trudeau.

vigile.quebec tribune libre 30 janvier 2023

Considérations sur le plan du ministre Drainville

28 janvier 2023

Dans la foulée des résultats désastreux des élèves de cinquième secondaire aux examens finaux du MEQ de juin 2022, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a présenté une liste de sept priorités visant à améliorer l’école québécoise.

Parmi ses sept priorités, le ministre a fait savoir qu'il souhaite, entre autres, ajouter un deuxième adulte en classe, soit des éducatrices en services de garde, afin d'assister les enseignants qui doivent gérer des classes avec de plus en plus d'élèves en besoins particuliers. Le ministre Drainville a l’intention de raccourcir la formation des enseignants afin de combler la rareté de la main-d'œuvre. Il veut de plus susciter une véritable réflexion sur la valorisation du français.

Nonobstant l’intention louable d’ajouter une éducatrice en service de garde en milieu scolaire dans les classes ayant des élèves en besoins particuliers dans le but de prêter main forte à l’enseignant, je ne crois pas que cette éducatrice ait les compétences nécessaires pour répondre à des cas aussi compliqués, et par ailleurs, il y a déjà une pénurie de main d’oeuvre dans les services de garde. En réalité, je suis d’avis que la solution se trouve dans la formation et l’engagement de personnel spécialisé.

En ce qui a trait à l’intention du ministre de raccourcir le temps de formation des enseignants et revenir ainsi à l’époque du certificat, je crains que cette avenue conduise à un nivellement par le bas et qu’elle produise un effet boomerang sur la qualité de l’enseignement. C’est sans compter la performance désastreuse en français des étudiants en sciences de l’Éducation au dernier test d’admission en français.

Enfin, en ce qui concerne la valorisation du français dans les écoles du Québec, le ministre Drainville s’est dit fort préoccupé par cet objectif et qu’il mijotait, sans les nommer, quelques pistes de solutions.Toutefois, il s’est tout de même prononcé sur l’exigence d’accorder une partie de la note finale dans un test dans les disciplines autres que le français, ce avec quoi je suis pleinement en accord.vigile.

vigile.quebec tribune libre 28 janvier 2023
Le Soleil (version numérique) 29 janvier 2023

Examen de français écrit en cinquième secondaire

27 janvier 2023

Pour des raisons d’informations eu égard au taux d’échecs élevé à l’examen de français écrit du ministère de l’Éducation de juin 2022, je me suis astreint à lire une dizaine d’articles parmi les médias les plus populaires au Québec. Et, parmi ces articles, tous les médias ont soulevé la pandémie pour justifier en partie ces résultats, disons-le, catastrophiques.

Ma première réaction a été de constater que la pandémie a le dos large. Ma seconde réaction fut de me demander s’il n’y aurait pas d’autres causes justifiant des résultats aussi désastreux. La réponse est oui, et il faut remonter en amont pour mettre le doigt sur le bobo.

Je m’explique. Dans la plupart des curriculum des écoles secondaires, les notions linguistiques, notamment la syntaxe, la grammaire et le lexique, sont au programme des trois premières années du secondaire, et sont à toutes fins pratiques, reléguées sur les tablettes au profit de cours axés sur la littérature en quatrième et cinquième secondaires. Si bien que les élèves de cinquième secondaire sont littéralement perdus lorsque arrive le temps d’écrire un texte en français.

Autre facteur important, je suis d’avis que les professeurs des autres matières où les élèves sont soumis à l’écriture d’un texte, une recherche en histoire ou en géographie par exemple, devraient accorder un pourcentage des points à la qualité du français.

De plus, les enseignants de français auraient avantage à intégrer à une partie de leurs cours la rédaction d’un court texte sur un sujet libre. Et pourquoi pas, pendant cette courte période d’écriture, ranger les tablettes et ressortir des boules à mites les les bonnes vieilles grammaires et les bons vieux dictionnaires? Et enfin, au risque de passer pour un dinosaure, une bonne vieille dictée ferait aussi la job à l’occasion… Après tout, n’est-ce pas en écrivant qu’on apprend à écrire?

vigile.quebec tribune libre 26 janvier 2023
 

Mieux vaut prévenir que guérir

27 janvier 2023

Le débat est relancé sur la validité de la clause dérogatoire préventive à la suite de la déclaration de Justin Trudeau à l’effet que son gouvernement pourrait demander à la Cour suprême de se pencher sur la question de l’utilisation préventive de la clause dérogatoire par le biais d’un renvoi. Piqué au vif, le premier ministre François Legault a déclaré qu’« en voulant affaiblir les capacités de l’Assemblée nationale du Québec, Justin Trudeau veut s’attaquer à la démocratie et au peuple québécois tout entier ».

Rappelons que le gouvernement Legault s’est servi de manière préventive de la clause dérogatoire à deux reprises récemment, une première fois avec la Loi 21 sur la laïcité de l’État, et une deuxième avec la loi 96, soit la réforme de la loi 101 sur la langue française.

En réalité, nous assistons pour une énième fois à une collision frontale entre les droits individuels si chers à Justin Trudeau et à la charte fédérale, et les droits collectifs prônés dans la charte québécoise sur la laïcité de l’État.

En ce qui a trait plus spécifiquement à la clause dérogatoire préventive, c’est le professeur émérite de l’Université Laval depuis 2004, Henri Brun, dans un article publié dans La Presse du 19 janvier 1989 sous le titre « La clause dérogatoire et la paix sociale » qui argue que le recours au « pouvoir de déroger » soustrait simplement une disposition législative à l’interprétation des tribunaux pour lui substituer celle d’un Parlement dans un contexte particulier. Cette disposition fait donc partie de l’équilibre des pouvoirs dans une saine démocratie et assure la suprématie du Parlement sur la cour dans certaines circonstances.

Un argumentaire auquel je me rallie sans réserve. D’ailleurs, n’y-a-t-il pas un vieux proverbe qui dit que « Mieux vaut prévenir que guérir »?

vigile.quebec tribune libre 26 janvier 2023

Le PCQ, tourné vers l’avenir

25 janvier 2023

C’est sous le signe de l’avenir du parti que le Parti conservateur du Québec (PCQ), autour de son chef Éric Duhaime, a tenu une réunion de planification stratégique à huis clos à Drummondville du 20 au 22 janvier.

M. Duhaime concède que « tout s’est fait à la hâte, que notre parti a poussé rapidement » et qu’il faut maintenant « apprendre de ces erreurs et mettre les bonnes personnes aux bonnes places ».Dans cette foulée, fort des performances de certains éléments forts du parti qui ont émergé lors de la dernière campagne électorale, le PCQ a placé ces militants au sein des postes-clés du parti, notamment la directrice exécutive, le président de la commission organisation, le président du parti et le président de la commission politique.

« C’est sûr que ça a brassé un peu », concède M. Duhaime. « C’est normal qu’après une élection, il y ait des gens qui soient déçus, ajoute-t-il. Mais on a fait des post mortem aux niveaux régional et national et on a analysé ça. […] Maintenant, c’est le temps de tourner la page et de regarder vers l’avenir. »

À l’occasion de la fin de semaine à Drummondville, le parti a également jeté son choix sur cinq thèmes sur lesquels il mettra l’accent jusqu’à son congrès national à l’automne, à savoir la réforme démocratique, les ressources naturelles, l’inflation, la santé et l’autonomie du Québec au sein du Canada.

Par ailleurs, l’invitation faite au chef du PCQ de participer aux rencontres de François avec les chefs de l’opposition, quoique le parti n’ai fait élire aucun député, a sans doute stimulé Éric Duhaime et ses proches collaborateurs à donner au PCQ le crédibilité dont il avait besoin pour offrir à la population l’image d’un parti politique qui a pris sa place sur l’échiquier politique du Québec.

vigile.quebec tribune libre 24 janvier 2023

La saga des bulletins

25 janvier 2023

La saga sur le mode d’évaluation des bulletins a repris de plus belle. Une saga qui a pour origine le début des années 2000 au moment où le ministère de l’Éducation a entrepris une vaste réforme, notamment sur l’évaluation des compétences qui dorénavant remplacera les bulletins chiffrés. Or, aujourd’hui, certains idéologues de l’évaluation des compétences reviennent à la charge en arguant le caractère discriminatoire de l’évaluation chiffrée par opposition à l’évaluation des compétences qui, elle, élude toute forme de compétition « malsaine » entre les élèves.

Toutefois, à mon sens, là où le bât blesse, c’est sur le caractère nébuleux de l’évaluation des compétences. En effet, comment peut-on attribuer à un élève une évaluation liée à une compétence? En vertu de quel critère tel élève a atteint tel objectif par rapport à un autre qui l’a plus ou mois atteint ou à un autre qui ne l’a pas atteint? Et, d’un autre côté, quelle information concrète le parent peut-il tirer de cette évaluation non-décodable?

De son côté, le nouveau ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, faisant fi de l’opinion de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement et de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles pour qui les bulletins chiffrés sont injustes, s’est prononcé ouvertement en faveur des bulletins chiffrés.

Depuis plus de deux décennies, de fervents défenseurs d’un égalitarisme à tout crin souhaitent abolir toute forme d’évaluation chiffrée au profit d’une évaluation des compétences, un argumentaire qui ne tient pas la route et qui divague dans l’utopie illusoire.de l’égalité des chances pour chaque élève.


vigile.quebec tribune libre 24 janvier 2023
Le Soleil (version numérique) 26 janvier 2023

Ces Français qui se plaignent le ventre plein

23 janvier 2023

Plus d’un million de Français ont manifesté dans les rues contre le report de l’âge de la retraite de 62 ans à 64 ans en 2030 craignant d’être « usés » ou « cassés » à 64 ans, comme Nathalie Etchegaray, 48 ans, assistante maternelle à Orléans. « Ça fait 25 ans que je travaille, je n’avais encore jamais fait grève. Le déclencheur c’est de voir nos collègues plus âgées qui ont mal partout ». Et, de clamer cette autre manifestante de 52 ans « 64 ans, je trouve ça débile, à cet âge, on n’a plus les mêmes réflexes qu’à 20 ans ». Et un manifestant de brandir une pancarte sur laquelle était écrit le slogan : « Métro, boulot, caveau ».

Depuis Barcelone où il participait à un sommet franco-espagnol, le président Emmanuel Macron a assuré de la « détermination » de l’exécutif pour faire aboutir une réforme « juste et responsable ». De son côté, la première ministre Elisabeth Borne a salué les « bonnes conditions » dans lesquelles se sont déroulées les manifestations. « Permettre que les opinions s’expriment est essentiel pour la démocratie. Continuons à débattre et à convaincre », a-t-elle affirmé.

Or, au Québec, l’âge de la retraite est de 65 ans avec possibilité de la devancer jusqu’à 60 ans moyennant des pénalités monétaires, et certaines rumeurs, dans les officines du pouvoir, parlent même de la retarder à 67 ans. Dans cette optique, je préfère ne pas m’imaginer comment réagiraient nos cousins gâtés s’ils devaient être soumis à un régime de retraite aussi « super-débile »!

vigile.quebec tribune libre 22 janvier 2023

Pour le maintien de la clause dérogatoire

23 janvier 2023

La disposition de dérogation, ou clause dérogatoire, permet aux gouvernements fédéral, provincial ou territorial de suspendre provisoirement des droits fondamentaux en contournant la Charte des droits et libertés de la personne.

Quoique son utilisation soit difficile et de ce fait plutôt rare, l’Ontario et le Québec y ont fait appel à deux reprises. Le premier ministre fédéral estime que le recours à cette clause est presque devenu banal, et a affirmé qu’il envisageait de porter la question en Cour suprême. «L’idée d’avoir une charte des droits et libertés, c’est pour nous protéger contre la tyrannie de la majorité», a renchéri Justin Trudeau.

«Je rappelle qu’aucun gouvernement du Québec n’a adhéré à la Constitution de 1982, qui ne reconnaît pas la nation québécoise. Les gouvernements du PQ, du Parti libéral et de la CAQ ont tous utilisé la clause dérogatoire, notamment pour protéger la langue française», a répliqué François Legault.

De son côté, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, estime que Trudeau «s’attaque à la démocratie» en voulant limiter l’utilisation de la clause dérogatoire ( ) Le Canada ne conçoit pas les droits collectifs et ne tolère pas que le Québec fasse des choix différents sur le plan social. Une seule manière de protéger notre capacité à faire des choix démocratiques: l’indépendance du Québec ».

Dans cette saga, il m’apparaît clair que Justin Trudeau prendra tous les moyens à sa disposition pour honorer l’instigateur de cette Charte, à savoir son illustre père. Il m’apparaît tout aussi clair que le premier ministre canadien va défendre bec et ongles la primauté des droits individuels sur les droits collectifs, tentant de la sorte de freiner les aspirations du Québec eu égard, notamment, à la défense de la langue française en territoire québécois.

vigile.quebec tribune libre 22 janvier 2023

La modération a bien meilleur goût, vous dites?

19 janvier 2023

Le fait de boire trois verres d’alcool par semaine présente déjà un risque «modéré» pour la santé, argue le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS). Selon le rapport du CCDUS, au-delà de deux verres standards, soit l’équivalent d’une bière de 341 ml avec 5 % d’alcool, le risque de blessures ou d’autres problèmes augmente pour la plupart des gens. Ainsi, boire entre trois et six verres par semaine augmente les risques de développer certains cancers, tel le cancer du sein ou du côlon.

Dans un communiqué, Educ’alcool endosse les révisions apportées par le CCDUS. « Il est, à notre avis, essentiel que les directives véhiculées soient perçues comme simples et acceptables par la population pour éviter qu’elles soient contreproductives en matière de prévention (…) Nous souhaitons que les directives soient claires, solidement appuyées, qu’elles comprennent des mesures collectives et individuelles et qu’elles fassent appel à l’intelligence des gens », déclare Geneviève Desautels, directrice générale d’Éduc’alcool.

En conclusion de son rapport, le CCDUS recommande de limiter la consommation d’alcool à deux verres par semaine pour les hommes et un verre par semaine pour les femmes. Un rationnement qui m’apparaît excessif, voire déraisonnable, et qui ne « fait pas appel à l’intelligence des gens » mais qui les infantilise à outrance.

Dans ce contexte, je suis d’avis que la Société des alcools du Québec (SAQ) devra modifier son slogan publicitaire, à savoir « La modération a bien meilleur goût » par « Un verre ou deux par semaine a bien meilleur goût »…Et tant pis pour la modération qui va devoir être reléguée aux oubliettes.

vigile.quebec tribune libre 18 janvier 2023
Le Soleil (version numérique) 23 janvier 2023

L’université est-elle malade?

19 janvier 2023

La nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, semble vouloir prendre le taureau par les cornes, notamment eu égard au respect de la liberté universitaire qui a suscité plusieurs controverses au cours des derniers mois. Sept mois après l’adoption de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire, Pascale Déry constate qu’elle tarde à être respectée par plusieurs établissements.

Dans cette foulée, la ministre a fait parvenir une lettre à tous les dirigeants des universités du Québec pour les appeler à corriger le tir.« Il faut voir comment on peut ajuster le tir pour s’assurer qu’il n’y a pas de dérive, de dérapage dans les campus universitaires », a lancé la ministre en entrevue.

À titre d’exemple patent de controverse, on peut citer l’annulation d’une conférence en janvier par un professeur britannique en droits de la personne à l’Université McGill . Des militants de la communauté LGBTQ+ ont déploré qu'il soit administrateur de l’organisme LGB Alliance, vu par plusieurs comme un groupe haineux et transphobe.

Mais là où le bât blesse avec le plus d’acuité, c’est dans l’application de critères fédéraux visant à faciliter la diversité et l’inclusion dans certains programmes de recherche. À cet effet, la ministre fait valoir que des critères de diversité et d’inclusion ne doivent « en aucun cas » entraîner « quelque forme que ce soit de discrimination ou d’injustice » Or, ces derniers mois, l’Université Laval a été critiquée pour avoir exclu les hommes blancs des candidats potentiels au poste de titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire du Canada-Québec. À mon avis, l’Université a toute la latitude pour mettre sur pied sa propre chaire de recherche sans discrimination, et accepter tout candidat respectant les critères d’acceptation pour s’inscrire à la recherche visée.

En ce qui me concerne, la ministre Déry est partie sur une bonne lancée. Son attitude transparente augure bien pour l’avenir. Reste à voir si elle pourra convaincre les dirigeants des universités du Québec à apporter les correctifs nécessaires pour redonner à l’université ses lettres de noblesse.

vigile.quebec tribune libre 18 janvier 2023