François Legault, le chef des compromis

13 février 2023

La dernière offre pour le moins insultante, voire dénigrante, de Justin Trudeau eu égard aux transferts en santé aux provinces et aux territoires, à savoir 46,8 milliards d’argent neuf sur 10 ans, aurait dû, à mon sens, suscité la colère de François Legault, Or, tel un petit mouton dans la bergerie fédéraliste, il s’est contenté de déclarer que « c’était mieux que rien ».

Par ailleurs,depuis le début de son premier mandat en 2018, et celui de son deuxième mandat en 2022, François Legault ne cesse de clamer à hauts cris qu’il dirige en gouvernement nationaliste. Et, particulièrement depuis le scrutin de 2022, fort d’une majorité écrasante à l’Assemblée nationale avec 90 députés élus, le premier ministre du Québec se targue d’avoir la marge de manœuvre nécessaire pour négocier de nouveaux pouvoirs avec Ottawa.

Et pourtant, quand vient le temps d’utiliser sa « marge de manœuvre » devant Justin Trudeau, elle fond comme neige au soleil devant un François Legault compréhensif, voire aplaventriste qui a enfoui son nationalisme dans sa petite poche tout en s’assurant qu’il ne dépasse pas. À tel point que je me demande s’il n’aura pas cette attitude de perdant lorsque viendra le temps de défendre les projets de loi 21 et 96, lorsqu’ils seront attaqués par Justin Trudeau et l’appareil judiciaire.

François Legault n’est pas un batailleur de nature. Il est plutôt un adepte du compromis sans chicane alors que son rival est un boxeur qui a hérité de plus de la combativité de son père. Quoi qu’il en soit, le chef de la CAQ devra sortir de sa léthargie systémique et fourbir ses armes dans les dossiers de la défense de la langue française et de la la laïcité de l’état du Québec à défaut de quoi il sera mûr pour un départ vers Ottawa.

vigile.quebec tribune libre 12 février 2023
 

Marc Garneau, l’ex-astronaute déchu

12 février 2023

Le député de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, Marc Garneau, a longtemps bénéficié d’un aura relié, en grande partie, aux exploits réalisés à la Nasa en tant que célèbre astronaute. Or, depuis le dernier remaniement ministériel de Justin Trudeau, il s’est vu rayé de la liste des ministres et relayé à un statut de « simple » député.

Par ailleurs, à Ottawa, un comité parlementaire étudie le projet de loi visant une refonte de la Loi sur les langues officielles. Or, trois députés libéraux, qui ne sont pas des membres officiels de ce comité, se sont immiscés dans les travaux du dit comité en y allant de commentaires sévères, voire cinglants.

Et parmi eux, se trouve Marc Garneau, un francophone de naissance, qui, s’investissant comme porte- étendard de la minorité anglophone au Québec, s’est insurgé, en anglais seulement, contre le fait que le projet fédéral mentionne tout simplement l’existence de la Charte de la langue française. Une attitude bassement partisane qui n’a pour but que de protéger sa base anglophone.

Toutefois, je m’interroge sur les motifs qui ont poussé Marc Garneau à entreprendre une telle croisade contre des députés de son propre parti, et j’en arrive à la conclusion qu’il pressent un effritement du leadership de Justin Trudeau, un constat qui l’amène à le contester sans coup férir.

vigile.quebec tribune libre 10 février 2023

Où est passé le rapport de force de François Legault?

12 février 2023

Aux lendemains du dernier scrutin qui a vu la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault remporter une majorité écrasante en balayant 90 des 125 circonscriptions, le premier ministre élu s’est tout de suite targué qu’il détenait maintenant une majorité assez forte pour offrir un rapport de force contre Ottawa.

Or, le conte fée s’est vite métamorphosé en cauchemar notamment au sujet de l’immigration, Enfin, la proposition de Justin Trudeau, qui semble être sans appel, eu égard aux transferts en santé, sème des graines dans les réseaux de la santé des provinces et des territoires, y compris bien sûr, dans celui du Québec.

Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’incompréhension, c’est le ton « réservé » avec lequel M. Legault a accueilli la proposition de Justin Trudeau. En effet, au lieu de riposter fermement contre les grenailles accordées au réseau de la santé, il s’est montré plutôt résilient en affirmant que « c’était mieux que rien » tout en alléguant timidement qu’il allait discuter des suites à donner avec le « front commun » des premiers ministres des autres provinces et territoires.

Bref, j’ai l’impression d’assister à une capitulation de François Legault devant la rigidité inflexible de Justin Trudeau. En fait, il est bien loin le rêve du premier ministre du Québec de pouvoir entamer des négociations avec Ottawa avec, à ses côtés, une armée de députés caquistes.

Enfin, je crois qu’il connaît très bien la voie à emprunter pour arriver à ses fins, ayant été un fervent indépendantiste dans une autre vie. Il était de notoriété connue que François Legault était un fédéraliste tiède. Aujourd’hui, il donne l’impression d’être devenu un fédéraliste blasé… Quelle sera la prochaine étape?

vigile.quebec tribune libre 10 février 2023

La saga des transferts en santé

10 février 2023

Un autre chapitre de l’interminable saga sur les transferts en santé aux provinces et aux territoires vient de s’écrire. Le gouvernement fédéral propose d’augmenter sa part de transferts en santé aux provinces et territoires de 5 %, pour un total de 196,1 milliards de dollars étalé sur dix ans.

Toutefois, ce montant comprend une somme de 46,8 milliards en argent neuf sur dix ans, le reste étant constitué de sommes déjà engagées antérieurement. Selon la proportionnalité populationnelle, le Québec touchera environ 10 milliards toujours sur 10 ans du 46.8 milliards, soit 1 milliard par année. Or, l’enveloppe budgétaire accordée au MSSS dans l’ensemble du budget annuel du Québec représente quelque 45 milliards. En termes clairs, la participation du fédéral pour les transferts en santé au Québec est de 1 milliard d’argent neuf pour des dépenses de 45 milliards. Toutefois, la « bonne nouvelle », c’est que ces montants ne sont associés à aucune condition.

Par ailleurs, un autre montant de 25 milliards sur dix ans est assigné à des ententes bilatérales avec une province, ces ententes étant toutefois soumises à des conditions. Enfin, pour en finir avec les chiffres, alors que les provinces et territoires demandaient de faire passer de 22% à 35% la part du fédéral dans les soins de santé, la nouvelle offre maintient tout juste une participation de 22%.

Mais quel argumentaire a pu guider le gouvernement fédéral pour en arriver à un tel résultat? À ce sujet, je suis d’avis que le gouvernement fédéral, en concédant de ne pas imposer de conditions aux transferts en santé a, par un effet boomerang, coupé sur les sommes accordées aux provinces et territoires sur lesquelles il n’aurait eu aucun contrôle.

Aux yeux de François Legault, c’est une offre nettement insuffisante pour répondre aux besoins en soins de santé au Québec. Du côté de Doug Ford, « C’est un point de départ (… ) Je vois le verre à moitié plein. On va avoir beaucoup de questions en lien avec cette offre ». Quant à la question de savoir si l’offre de Justin Trudeau est figée dans le roc, j’ai l’impression qu’elle ne bougera pas beaucoup…si elle bouge!

vigile.quebec tribune libre 9 février 2023

Faut-il donner la chance au coureur?

6 février 2023

Une trentaine de personnalités québécoises issues de divers milieux, dont le cofondateur de la Mosquée de Québec Boufeldja Benabdallah, l’ex-conseiller de la Commissaire à la lutte au racisme et aux discriminations systémiques de Montréal Alain Babineau et l’avocat Julius Grey, soutiennent qu’« il faut donner une chance » à Amira Elghawaby à la suite de ses « sincères » excuses envers le peuple québécois pour les « paroles blessantes » proférées contre lui dans les années passées.

Mettons les choses au clair. Parmi ses propos éhontés contre les Québécois, Mme Elghawaby a utilisé les mots « racistes » et « anti-musulmans ». Or, dans ses excuses, elle argue que les Québécois ne sont pas racistes. Ou bien elle parle sans réfléchir aux conséquences de ses mots ou bien elle ment. Dans un cas comme dans l’autre, elle n’a pas la légitimité pour prétendre être la bonne personne pour entamer un dialogue constructif et objectif sur le racisme.

Je crois qu’Amira Elghawaby est une personne intelligente et qu’elle n’aurait pas utilisé un discours aussi vindicatif envers les Québécois s’il ne correspondait pas à ce qu’elle pense foncièrement. En conséquence, les excuses de la militante ne sont pas sincères et, de ce fait, la place dans une situation où elle n’a pas d’autre choix que de démissionner sur-le-champ.

vigile.quebec tribune libre 5 février 2023

Amalgame entre le politique et le religieux

6 février 2023

Lors de la commémoration du 6ième anniversaire du drame de la mosquée de Québec le 29 janvier dernier, nous avons pu remarquer la présence de plusieurs politiciens des scènes fédérale, notamment Justin Trudeau, provinciale représentée par la vice-première ministre Geneviève Guilbault, et municipale en présence de Bruno Marchand. Une situation qui me turlupine les méninges eu égard à leur présence dans un lieu religieux.

En effet, comment se fait-il qu’en pleine contestation à la fois judiciaire et provenant notamment de la communauté musulmane de la loi 21 sur la laïcité de l’État québécois, la classe politique fasse acte de présence à une cérémonie commémorative soulignant la tuerie de six musulmans alors que l’existence même de la laïcité repose fondamentalement sur la séparation de l’Église et de l’État? En termes clairs, quelle était la raison essentielle de la présence de la classe politique?

Pourtant, il est depuis fort longtemps révolu le temps les politiciens appréciaient être entourés de dignitaires religieux pour procéder à la bénédiction de ponts, d’églises ou de tronçons de nouvelles routes. À cette époque, l’Église et la politique faisaient bon ménage à la grande satisfaction des fidèles catholiques qui voyaient dans cette union un symbole de paix sociale.

Or, aujourd’hui, force est de constater que les temps ont bien changé, le Québec est devenu un État laïque dans lequel la religion est perçue comme une affaire personnelle au même titre que la commémoration du drame de la mosquée de Québec aurait dû regrouper essentiellement des fidèles de la religion musulmane.

En résumé, l’amalgame entre le politique et le religieux n’a plus sa place dans une société qui se dit laïque.

vigile.quebec tribune libre 5 février 2023
 

Jusqu’à quand, Trudeau, abuseras-tu de notre patience?

4 février 2023

Depuis son élection en 2015 à titre de premier ministre du Canada, Justin Trudeau à multiplié les comportements imprévisibles et les gaffes monumentales. De l’affaire Aga Khan aux blackfaces en passant par les scandales avec SNC-Lavalin et WE Charity, il a toujours su trouver la réplique théâtrale pour occuper la scène en sa faveur. Sans oublier les fiascos du système Phénix et de ArriveCan, la crise des passeports et ses déficits à répétition qui propulsent la dette à des sommets jamais atteints. 

Et pour ajouter l’affront à la complaisance, le premier ministre du Canada procède à la nomination d’Amira Elghawaby à titre de représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, une militante aguerrie qui s’est évertuée à lancer des accusations vicieuses contre les Québécois depuis plusieurs années en les traitant de racistes et d’anti-musulmans. Et cette dame, aux yeux de Justin Trudeau, a toute la « crédibilité’ pour construire des ponts entre les différentes tendances idéologiques.

Et pourtant, comme par miracle, Justin Trudeau réussit à se maintenir en tête dans les sondages auprès de l’électorat québécois.Est-ce à cause de l’aura de son « illustre » père? Ou peut-être de son côté téflon qui transforme les attaques des adversaires en démonstration de sympathie de la part de ses admirateurs?

Enfin, pour parodier la question désormais célèbre de Cicéron adressée à Catilina, « Jusqu’à quand, Trudeau, abuseras-tu de notre patience? vigile.quebec tribune libre 4 février 2023

De l’eau au moulin…

https://www.journaldequebec.com/2023/02/03/qui-ravive-les-tensions-au-quebec

https://www.journaldequebec.com/2023/02/03/trudeau-linoxydable

vigile.quebec tribune libre 4 février 2023
Le Solei (version numérique) 6 février 2023

 

Le cul-de-sac

3 février 2023

La nomination d’Amira Elghawaby à titre de représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie a soulevé l’ire du premier ministre François Legault qui voit dans cette décision une attitude méprisante de Justin Trudeau contre les Québécois, notamment en raison de certains propos de Mme Elghawaby qualifiant les Québécois de racistes et d’anti-musulmans.Dans cette foulée, aucun doute dans mon esprit que la loi 21 sur la laïcité de l’État québécois est le premier déclencheur.

Toutefois, si nous poussons plus à fond cette analyse et que nous regardons en amont de cette saga, nous retrouvons deux paradigmes diamétralement opposés, à savoir la défense des droits individuels invoqués par le premier ministre canadien, en l’occurrence ici, la liberté religieuse, et les droits collectifs défendus par François Legault, à savoir la laïcité de l’État.

Dans ces circonstances, je suis d’avis qu’aucun compromis ne pourra ressortir des éventuelles discussions qui auront ou auraient lieu dans un avenir plus ou moins rapproché, d’autant plus que Justin Trudeau a jeté son dévolu sur une militante voilée qui a déjà à son crédit plusieurs déclarations acerbes contre les Québécois alors que son rôle comporte une fonction de médiatrice entre les partis.

En bref, qu’Amira Elghawaby demeure ou non en fonction, le véritable débat va se jouer devant les tribunaux autour de la loi 21, notamment sur la validité de la clause dérogatoire qu’elle contient. Tout le reste n’est que politicaillerie qui n’a d’autre alternative que de se terminer dans un cul-de-sac.

vigile.quebec tribune libre le 2 février 2023

Effets de ChatGPT en éducation

1 février 2023

L’arrivée de ChatGPT dans le réseau scolaire suscite une véritable révolution, eu égard notamment aux modes d’évaluation à distance des élèves. De toute évidence, ces évaluations devront disparaître des grilles traditionnelles puisque les travaux à la maison, dans quelque discipline que ce soit, peuvent être réalisés par l’intelligence artificielle du robot, ce qui, à n’en pas douter, est assimilé à une forme de plagiat.

Par ailleurs, Alexandre Gagné, enseignant et modérateur du groupe Facebook Chat GPT et IA (intelligence artificielle) en éducation, écrit que le robot, et plus largement l’intelligence artificielle, menacent l’école traditionnelle Pourquoi aller à l’école si l’IA peut répondre à mes questions et me former? Pourquoi produire des écrits si l’IA le fait déjà mieux que la majorité des étudiants?, fait-il remarquer avec à propos, il faut bien l’admettre.

Des questions pour le moins inquiétantes qui m’amènent à m’interroger sérieusement sur le développement de l’intelligence et du sens de l’effort de l’élève, deux objectifs fondamentaux de l’école. Qu’advient-il aux développements du sens critique, de l’esprit de synthèse et d’analyse, du potentiel d’argumentation?

Bien sûr, à une époque où la technologie évolue à une vitesse vertigineuse, les enseignants devront ajuster leur approche pédagogique au « progrès » omniprésent, notamment dans leurs stratégies évaluatives. À mon sens (et je ne crois pas être le seul), l’école doit demeurer un lieu d’apprentissage où l’élève est un « apprenant » et, pour apprendre, il doit mettre à profit ses capacités intellectuelles dans un contexte où le sens de l’effort est valorisé.

L’école québécoise d’aujourd’hui est malade. Elle souffre d’une pénurie d’enseignants, de personnels spécialisés pour prendre en charge les élèves à besoins particuliers, la qualité du français ne cesse de décliner, les groupes sont surchargés, etc…En réalité, notre société automatisée ne devrait-elle pas prendre conscience que c’est le cerveau humain qui l’a conçue et non le contraire? En termes clairs, le ChatGPT doit être perçue comme un moyen à notre disposition et non pas une fin en soi.

vigile.quebec tribune libre 31 janvier 2023

Marc Tanguay, le renégat

30 janvier 2023

Marc Tanguay, le chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale et chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), a déclaré qu’il appuyait Justin Trudeau dans son intention d’aller de l’avant eu égard à un renvoi devant la Cour suprême pour restreindre l’utilisation de la clause dérogatoire.

En bref, Marc Tanguay, lui qui occupe une haute fonction politique au sein de sa nation, en vertu d’une charte qui nous a été imposée, travaille ouvertement avec les fédéraux pour réduire l’autonomie de son propre peuple.

Avouons que nous sommes à des années-lumière du slogan « Maître chez nous » du premier ministre libéral des années 60, Jean Lesage, et de la révolution tranquille qui s’ensuivit au Québec.

Et ce n’est sûrement pas avec des déclarations aplaventristes comme cette sortie inopportune du chef intérimaire du PLQ que le parti va se sortir du maelström dans lequel il s’enlise et qu’il va pouvoir rejaillir de sa défaite cuisante des dernières élections.

Vivement un congrès au leadership avant que Marc Tanguay n’enfonce le dernier clou dans le cercueil du PLQ…

vigile.quebec tibyne libre 30 janvier 2023