Publicité ambigüe

19 mars 2023

J’ai hésité longtemps avant de me faire une idée sur la nouvelle publicité, truffée d’anglicismes, du gouvernement eu égard au déclin du français, représenté par le faucon pèlerin, une espèce menacée de disparition quoique en meilleure posture au Québec maintenant.

Loin de moi l’idée de me prendre pour un expert en publicité, mais je crois qu’une publicité efficace ne doit contenir qu’un seul message. Or, dans le « documentaire » du gouvernement, le message vise à la fois le déclin du français et l’utilisation abusive des anglicismes.

Si l’objectif de la campagne publicitaire, selon le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, est de «faire jaser», il faut se demander de quoi vont « jaser » les gens qui la verront. Du déclin du français ou de l’utilisation des anglicismes?

À mon sens, il aurait été intéressant de démontrer dans la publicité comment le faucon pèlerin a pu échapper à son extermination tout en créant une analogie avec les moyens à prendre pour sauver la langue française de l’« extermination » au Québec!

vigile.quebec tribune libre 18 mars 2023

Fonderie Horne, un constat d’échec

19 mars 2023

La Fonderie Horne, le gouvernement Legault et la Sécurité publique auront beau évoquer tous les arguments pour tenter de convaincre les quelque 200 résidents de Rouyn-Noranda qui seront littéralement déracinés pour faire place à la zone tampon rendue nécessaire par l’échec des négociations avec la Fonderie Horne de réduire sa consommation à 3 nanogrammes d’arsenic par mètre cube d’air, ce qui représente la norme québécoise, cette interminable saga se termine par un constat d’échec flagrant pour les habitants de Rouyn-Noranda.

Dans ce dossier, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, se mérite d’emblée le championnat de la langue de bois eu égard au nombre incalculable de tergiversations auxquelles les citoyens ont été confrontés depuis le début de cette bouillabaisse partisane, sans compter sa propension viscérale pour son aplaventrisme devant les dirigeants de l’usine multimilliardaire Glencore.

Au final, la Fonderie Horne dispose de 5 ans pour réduire sa consommation à 15 nanogrammes d’arsenic par mètre cube d’air, 80 résidences seront détruites et remplacées par un espace gazonné grâce à la « générosité » des dirigeants de la Fonderie Horne, 200 citoyens seront déracinés pour être relogés dans un espace encore inconnu, et la Fonderie pourra continuer allègrement ses opérations tout en espérant que d’ici l’échéance de 5 ans, elle pourra renégocier une nouvelle entente… Quel gâchis!

vigile.quebec tribune libre 18 mars 2023

Le déni d’Éric Caire

11 mars 2023

D’entrée de jeu, soyons clairs. La Société de l’assurance automobile du Québec est une société d’État et, en ce sens, elle relève de l’État québécois, et, particulièrement dans la saga entourant l’implantation du nouveau système numérique à la SAAQ, du ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire.

Or, depuis le début de ce fiasco, le ministre Caire clame sur tous les toits que ce projet est une initiative de la SAAQ et non pas de son ministère si bien qu’il renonce à endosser toute forme d’imputabilité dans cette affaire. Et qui plus est, Éric Caire argue qu’il n’occupe le poste de ministre que depuis 2022 alors que la conception du virage de la SAAQ origine de quelques années. Et pourtant, de 2018 à 2022, M. Caire était ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale.

De son côté, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, quoique dans une situation parallèle à son confrère Éric Caire, se déplace sur le terrain pour rencontrer les clients désespérés devant la lenteur du système, et met des initiatives en branle pour diminuer le plus possible les contretemps malheureux que vivent des milliers de Québécois.

Deux ministres, deux attitudes différentes. L’un regarde le train passer et l’autre monte dans le train avec les passagers. Devant l’attitude désinvolte de déni du ministre Caire, nous ne pouvons que constater un manque flagrant d’imputabilité qui met sérieusement en doute sa légitimité en tant que ministre de la Cybersécurité et du Numérique. Reste à voir comment son chef, François Legault, réagira face à l’attitude délétère de son ministre…

vigile.quebec tribune libre 10 mars 2023

Est-ce le début de la fin pour Justin Trudeau?

9 mars 2023

Les derniers événements sur les allégations d’ingérence de la Chine dans le processus électoral des scrutins de 2019 et de 2021 m’ont semblé avoir porté un dur coup sur la légitimité de Justin Trudeau à titre de premier ministre du Canada. Adoptant d’abord une attitude désinvolte face à ces allégations, il se rabat finalement sur la création d’un rapporteur spécial indépendant, balayant du même coup la mise sur pied d’une enquête publique indépendante.

Je m’explique. Dans l’hypothèse où Justin Trudeau était au courant des manigances de la Chine pour porter son appui financier à certains candidats libéraux et qu’il ait passé sous silence cette ingérence, je suis d’avis que le sens de l’éthique du premier ministre, qui a déjà été écorché dans les affaires WE Charity et SNC-Lavalin, ne peut que s’en porter plus mal.

Toujours dans la foulée des allégations d’ingérence de la Chine, il en a fallu du temps avant que M.Trudeau reconnaissance le sérieux de l’affaire. De deux choses l’une, ou il a fait preuve d’une négligence indigne d’un premier ministre dans une affaire qui pourrait ébranler les colonnes de la démocratie, ou il est impliqué dans cette affaire et il tente le tout pour le tout pour gagner du temps.

Or, quel que soit le scénario, la crédibilité de Justin Trudeau à titre de premier ministre risque de déstabiliser certains membres de son caucus, et la machine à rumeurs, qui ne prend pas de temps à se mettre en marche chez les libéraux habituellement, va se mettre à sortir des noms de candidats potentiels pour le remplacer.

Conséquemment, ma boule de cristal m’indique que le glas annonçant le début de la fin pour Justin Trudeau a sonné!

vigile.quebec tribune libre 8 mars 2023

Le flair de François Legault

7 mars 2023

Selon les données d’un récent sondage, 38 % des Québécois soutiennent l’option indépendantiste, une hausse de six points de pourcentage par rapport au dernier sondage Léger-Le Devoir mené à ce sujet, en 2018. Et qui plus est, toujours d’après ce coup de sonde, 48 % des Québécois francophones voteraient Oui à un référendum sur la souveraineté, contre 41 % pour le Non. Et, de surcroît, l’idée d’un Québec-pays récolte du soutien chez les membres caquistes à 42 % et solidaires à 43 %.

Qu’à cela ne tienne, le « flair » de François Legault lui fait sentir que les « Québécois n’ont pas d’appétit pour un référendum ». Aux yeux du premier ministre, le portrait ne bouge pas d’un poil. « Je pense que c’est un projet qui est légitime, qui est porté entre autres par le Parti québécois. C’est au PQ d’en faire la promotion. Nous, à la Coalition avenir Québec, ce qu’on souhaite, c’est de défendre la nation québécoise à l’intérieur du Canada ».

Justement, parlons-en de la défense de la nation québécoise à l’intérieur du Canada. En s’apprêtant à signer l’entente sur les transferts en santé avec Ottawa, François Legault accepte de recevoir du fédéral la somme de 1 milliard $ pour « engraisser » une enveloppe budgétaire en santé de quelque 45 milliards $. Tout un pactole de la part de Justin Trudeau!

Devant de telles grenailles de la part d’Ottawa, je me demande sérieusement comment le « flair » de François Legault ne peut pas blairer l’incurie du fédéral eu égard à ses demandes et, par ricochet, la tendance de plus plus en lourde pour l’option souverainiste de la part des Québécois!

vigile.quebec tribune libre 6 mars 2023
Le Devoir "Le flaii de Legault" 11 mars 2023

PSPP ou faire de la politique autrement

7 mars 2023

Pour employer une analogie, je dirais que Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) est comme le bon vin, plus on goûte à ses paroles meilleur il est. En réalité, qui connaissait PSPP avant le début de la dernière campagne électorale? Je répondrais bien peu de personnes et je ne croirais pas me tromper.

Mais que s’est-il donc passé pour que, depuis le début de la session parlementaire, nonobstant le fait qu’il soit à la tête d’un parti qui ne compte que trois députés, le chef du Parti québécois (PQ) ait monopolisé si souvent les manchettes des quotidiens?

Premier élément de réponse, et le plus important à mon sens, sa transparence. Lors de la dernière campagne, PSPP a sorti tout de suite la carte de l’indépendance du Québec, ce que ses derniers prédécesseurs n’ont jamais osé faire de peur de perdre une partie de leur électorat.

Deuxième élément, sa droiture.Tout au cours du long chemin qui a conduit les membres de l’Assemblée nationale à se prononcer pour l’abolition de l’obligation de prêter serment à Charles III, il s’est montré ferme et déterminé dans un combat dont l’enjeu venait secouer les colonnes du temple de la monarchie britannique.

Troisième élément, sa franchise. PSSP ne connaît pas la langue de bois, il dit la vérité telle qu’elle se présente sans fioriture et dénuée de tergiversation partisane. Enfin, quatrième élément, le respect qu’il voue à ses adversaires politiques même si leur opinion diverge de la sienne.

Lors du dernier sondage, le PQ se retrouve deuxième dans les intentions de vote derrière la Coalition avenir Québec (CAQ) alors qu’il occupait le quatrième rang à l’issue du dernier scrutin. Le Oui a gagné du terrain. Bref, l’indépendance du Québec est en train de retrouver ses lettres de noblesse sur la scène politique québécoise… en grande partie, il faut bien l’admettre, à la façon qu’a PSPP de faire de la politique autrement.

vigile.quebec tribune libre 6 mars 2023
 

Le maire Marchand en croisade contre l’itinérance

3 mars 2023

C’est avec des étincelles dans les yeux et la fougue dans la voix que le maire de la Capitale nationale, Bruno Marchand, y est allé d’un plaidoyer dithyrambique sur sa croisade contre le phénomène de l’itinérance lors d’une entrevue accordée à Julie Drolet dans le cadre de l’émission 24/60 du 28 février. On a reconnu là le penchant humanitaire du Bruno Marchand impliqué dans l’organisme Centraide, à titre de président-directeur général de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches et Bas-Saint-Laurent de 2014 à 2021.

Aux yeux du maire, il faut cesser d’étiqueter les itinérants comme des plaies publiques et les considérer plutôt comme des êtres humains à part entière qui ont grandement besoin du soutien de la société civile dans son ensemble. À ce sujet, le maire Marchand a déjà entrepris une vaste campagne de sensibilisation auprès de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) dans le but d’établir un plan mobilisateur regroupant tous les intervenants agissant auprès des itinérants.

Quoique sensible aux nombreuses initiatives entreprises par les organismes communautaires dans chaque municipalité, le maire de Québec privilégie une approche où chaque groupe d’intervenants, y compris les forces policières, uniraient leur expertise dans un effort commun pour venir en aide aux itinérants.

Par ailleurs, selon l’avis même de Bruno Marchand, le problème est complexe, tels la consommation de drogues dures, la pénurie de logements abordables, les problèmes de santé mentale, etc… Aussi faut-il, toujours selon M. Marchand, la participation de plusieurs ministères du gouvernement provincial. À cet effet, le ministre responsable des services sociaux, Lionel Carmant a déjà manifesté son intention de participer à ce grand projet.

Tant et aussi longtemps que des êtres humains se retrouveront sans abri, solitaires et désoeuvrés, je suis convaincu que Bruno Marchand continuera sans relâche sa croisade titanesque pour éliminer l’itinérance dans sa ville, sa détermination sans borne en faisant foi.

vigile.quebec tribune libre 3 mars 2023

Legault sort un lapin de son chapeau

1 mars 2023

Le premier ministre François Legault, avec la complicité de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a sorti un lapin de son chapeau au moment même où les négociations du secteur public sont à peine entamées. Il crée trois forums hors de la traditionnelle table de négociation afin de « discuter autrement pour changer les choses » dans les réseaux de la santé et de l’éducation.

Le hic, c’est que les négociations au Québec, depuis des lunes,sont régies par des lois. Le Code du travail a été fait pour que les gens puissent négocier d’égal à égal.alors que les forums permettraient au gouvernement de choisir et contrôler les sujets abordés, tout en se soustrayant aux lois qui encadrent les négociations.

De leur côté, les syndicats critiquent depuis des semaines le gouvernement eu égard à la lenteur des pourparlers à la table, où, disent-ils, ils sont prêts à régler les problèmes dont souffrent ces deux réseaux. Ils estiment qu’avec ses forums, le gouvernement cherche à passer outre le processus normal de négociation. 

En réalité, le comité patronal de négociation, avec Sonia LeBel en tête, tente de brouiller les discussions, voire les jasettes, qui sortiront de ces forums pour ensuite les reprendre à sa charge lorsque arrivera le temps de négocier aux tables de négociations.

Enfin, le processus traditionnel de négociation, même s’il s’avère souvent ardu, en fait ses preuves, et ce ne sont pas les forums de la présidente du Conseil du trésor qui contribueront à accélérer toute forme de règlement… À mon avis, ce serait plutôt le contraire!

Le Devoir 28 février 2023
vigile.quebec tribune libre 3 mars 2023

Le mea-culpa de François Legault

27 février 2023

Le premier ministre François Legault a finalement admis que, comme il s’y était engagé en 2018 allant même jusqu’à mettre son siège en jeu, son gouvernement n’arrivera pas à créer toutes les classes de maternelle 4 ans d’ici la fin de l’année en cours, en raison essentiellement de la pénurie de locaux et de personnel dans le réseau de l’éducation. « À l’impossible, nul n’est tenu », a-t-il argué, citant en passant le conseil de sa conjointe, Isabelle Brais.

Tel qu’exprimé par le professeur de science politique à l’Université Laval Thierry Giasson, « Monsieur Legault a frappé avant d’être frappé. […] Il a pu cadrer la réalité, le contexte, fournir des explications et déterminer la suite des choses. Là, le cadrage qui est présenté est : le contexte ne nous permet pas de livrer la promesse.  D’un point de vue communicationnel, c’est assez impeccable comme stratégie ».

C’est bien connu, en politique, la langue de bois constitue un langage utilisé régulièrement. Par contre, avouer qu’« à l’impossible, nul n’est tenu », incarne une stratégie qui sort littéralement de l’ordinaire et qui confère à François Legault une humilité qui ne peut que lui être bénéfique, voire salutaire.

Enfin, à sa défense, en 2018, le gouvernement Legault a pris la pleine mesure des défis posés par le manque d’espace et de personnel dans les écoles seulement après avoir pris les commandes de l’État et avoir été sensibilisé par les fonctionnaires au problème d’espace et au manque de personnel. Et la COVID-19 a frappé. Et la CAQ s’est retrouvée piégée.

Conséquemment, pour employer le style pour le moins coloré du ministre de l’Éducation Bernard Drainville,  «vaut mieux dire la vérité que de bullshiter ». 

vigile.quebec tribune libre 27 février 2023 

PSPP passe à l’attaque

27 février 2023

Dans une lettre envoyée au premier ministre François Legault publiée sous la rubrique Faites le différence du Journal en date du 27 février, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), passe à l’attaque eu égard à la série d’échecs provenant d’Ottawa dans différents dossiers prioritaires au cours des derniers mois.

PSPP mentionne, entre autres, les négociations sur les transferts en santé qui ont abouti à un maigre milliard du fédéral pour assurer la pérennité de notre système de santé, la façon cavalière avec laque Ottawa a balayé du revers de la main la proposition unanime de l’Assemblée nationale d’assujettir les entreprises à charte fédérale à la loi 101, le fiasco du chemin Roxham qui, de toute évidence, restera ouvert malgré la demande pressante de Québec de le fermer, sans compter le rapatriement des budgets fédéraux en culture, la prépondérance des lois du Québec en matière environnementale, la déclaration de revenus unique, et la demande de ne pas contester les lois démocratiquement adoptées par l’Assemblée nationale.

Conséquemment, PSPP demande au premier ministre de mettre sur pied une Commission spéciale sur l’avenir du Québec, version 2023, arguant que toutes les raisons évoquées ci-dessus le justifient amplement. « Je crois aussi qu’on ne peut plus se contenter d’être uniquement fâché et de n’avoir aucune réponse face aux nombreux refus et attaques répétées du fédéral envers la démocratie québécoise. Il est temps de se donner, collectivement, un réel rapport de force », conclut PSPP.

Malheureusement, je ne crois pas que François Legault abondera dans le sens de PSPP pour la simple raison qu’il n’est pas intéressé du tout à remettre sur la table la notion de souveraineté du Québec qui risque d’apparaître chez certains participants comme solution alternative permettant au Québec d’établir un véritable rapport de force contre Ottawa…Pour utiliser un vieux cliché, François Legault, nationaliste fédéraliste un jour, nationaliste fédéraliste toujours…

vigile.quebec tribune libre 27 février 2023