La CAQ élue sous de fausses représentations

22 avril 2023

Lors de la dernière campagne électorale, la Coalition avenir Québec (CAQ) s’est engagée formellement devant les Québécois à construire un troisième lien sous-fluvial autoroutier entre Québec et Lévis et cela sans étude à l’appui. C’était une promesse-phare de la CAQ. Les 16 députés caquistes de la Capitale nationale, de Lévis et de Chaudière Appalaches se sont faits élire en grande partie pour cet engagement, dont Éric Caire qui a même mis son siège en jeu si le projet ne se réalisait pas. C’est sans compter les milliers de Québécois qui ont voté pour la CAQ en grande partie en raison du projet de troisième lien.

Or, aujourd’hui, nous apprenons, par la voix de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, que le projet initial est abandonné en faveur d’un troisième lien uniquement réservé au transport en commun. C’est la consternation. Plusieurs membres de la classe politique se sentent trahis, dont les ministres responsables de Lévis et de Chaudière Appalaches Bernard Drainville et Martine Biron. C’est sans compter la frustration et l’indignation du maire de Lévis, Gilles Lehouillier, qui a fait une croix sur sa confiance envers le gouvernement de la CAQ.

Partant du constat d’une part, que la CAQ a reçu un mandat clair pour réaliser ses engagements, notamment et surtout le troisième lien initial présenté aux électeurs québécois, et d’autre part, qu’elle renie maintenant son engagement, je suis d’avis que ce gouvernement a été élu sous de fausses représentations, et qu’il doit par conséquent se présenter devant les électeurs québécois lors d’une élection générale… C’est le prix à payer pour avoir leurré honteusement l’électorat québécois en brisant son engagement!

vigile.quebec tribune libre 21 avril 2023
 

Le pathos de Bernard Drainville

22 avril 2023

Lors d’un point de presse tenu à la suite de l’annonce de l’enterrement de première classe du projet initial de tunnel sous-fluvial auto-routier entre Québec et Lévis par la ministre des Transports Geneviève Guilbault, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville avait peine à retenir ses larmes en se confondant en excuses auprès de ses électeurs pour ne pas avoir respecté son engagement.

Je ne doute pas que le l’orgueil du ministre en ait pris un coup, mais il m’apparaît qu’en tant que ministre et député de la CAQ, il aurait dû se garder une petite gêne et accepter dignement le coup en se rangeant derrière la ligne de parti. C’est une simple question de solidarité ministérielle élémentaire!

vigile.quebec tribune libre 21 avril 2023
Le Devoir "Le pathos de Drainville" 22 avril 2023 
 

Chapeau à toi, Catherine!

20 avril 2023

L’ex-députée péquiste et indépendante à l’Assemblée nationale et actuelle mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, est sortie de l’ombre en avouant avoir été la victime d’agression sexuelle de la part du député péquiste Harold Lebel. Même si les faits avoués étaient connus du moins sur la scène politique, Catherine Fournier aurait pu choisir de maintenir l’interdit de publication « artificiel ».

Or, je suis enclin à penser que maintenant que la poussière est retombée, que l’agresseur a été reconnu coupable et qu’il a purgé une peine de prison, qu’elle souhaite que son histoire puisse servir d’exemple et encourager les victimes d’agression sexuelle à dénoncer.

Catherine Fournier est un personnage public connu et adulé. En jetant le voile sur ce triste épisode de sa vie personnelle, elle prenait, entre autres, le risque de nuire à sa carrière politique en jouant la victime. Toutefois, elle a décidé de faire confiance au système judiciaire malgré les nombreux cas qui ont innocenté les agresseurs présumés qui ont été déclarés non-coupables faute de preuve hors de tout doute raisonnable, et couverts par la présomption d’innocence.

Et, pour ajouter à toute cette affaire sûrement extrêmement traumatisante, le député Lebel représentait de surcroît un mentor pour la jeune députée, donc un homme politique en qui elle avait pleinement confiance, d’ le cheminement intérieur pénible auquel a été confrontée la victime. Dans ces circonstances, on ne peut qu’applaudir au courage sans faille démontrée par Catherine Fournier pour avoir mené ce combat difficile jusqu’à la fin. Chapeau à toi, Catherine… Puisse ton combat en susciter d’autres!

vigile.quebec tribune libre 19 avril 2023
Le Soleil (version numérique) 23 avrile 2023

Pour en finir avec les participes passés conjugués avec l’auxiliaire avoir

18 avril 2023

De toute évidence, les règles d’accord des participes passés conjugués avec l’auxiliaire avoir ne bénéficient pas d’une cote de popularité par les temps qui courent. Or, les tenants de ces critiques évoquent la complexité de ces règles et prônent les simplifier.

Certains « grands penseurs » proposent de laisser toujours invariable le participe passé conjugué avec avoir…et voilà, le problème est réglé! D’autres, par ailleurs, plus soucieux d’éviter certains malentendus comme dans cette phrase « J’occupe la place de mon patron que j’ai convoitée pendant deux ans », signale que, si on avait gardé le participe au masculin, à savoir invariable, ce serait le « patron » qui serait convoité et non la « place ».

Par ailleurs, les défenseurs de la simplicité évoque souvent les exceptions associées aux règles d’accord du participe passé avec avoir alors que, dans la réalité, il s’accorde « toujours » avec le complément d’objet direct si ce dernier est placé devant lui et cela, peu importe la complexité de la phrase.

Enfin, le français ne diverge pas des autres langues en ce qui a trait à des règles grammaticales un peu complexes. Par ailleurs, en ce qui me concerne, si ces règles peuvent amener les élèves à développer leurs capacités intellectuelles, ce sera au moins ça d’acquis dans dans le développement du sens de l’effort qui, en passant, est un atout qui est malheureusement de plus en plus placé sur la voie d’éviction au profit d’un nivellement par le bas des plus malsains

vigile.quebec tribune libre 18 avril 2023

 

L’enseignement en mal d’amour

18 avril 2023

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, aura beau s’évertuer à imaginer toutes sortes de solutions à court terme pour pallier la pénurie de main-d’oeuvre en éducation, je suis d’avis que cette situation fort inquiétante doit être traitée en amont.

Selon les dernières données, près de 2600 emplois sont présentement vacants dans le réseau scolaire, dont 927 postes d’enseignants. De quoi s’interroger sur les raisons qui expliquent un tel abandon de la part des enseignants qui ont quitté leur emploi et de ceux qui sont en congé de maladie, une situation qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

Des directions d’école, des éducateurs en service de garde et même des parents doivent être appelés en renfort dans les classes pour remplacer des enseignants qui s’absentent temporairement ou de façon prolongée. «On fait de l’occupationnel. On a quelqu’un qui vient s’occuper de la sécurité des élèves, mais il n’y a aucun enseignement concret qui se fait. C’est peut-être dur comme terme, mais ça devient une garderie», affirme Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE). 

D’autre part, les négociations en cours entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants semblent piétiner. L’un des écueils les plus patents concerne la lourdeur de la tâche accentuée depuis plusieurs années par une population d’élèves croissante éprouvant des besoins particuliers. Or, les ressources intermédiaires telles les psychologues, les travailleurs sociaux, les orthopédagogues, etc, manquent à l’appel si bien que les enseignants s’essoufflent et finissent par abandonner à regret leurs fonctions.

L’enseignement est en mal d’amour. Des profs d’expérience décrochent après 20 ans d’expérience, d’éventuels postulants à l’enseignement hésitent à se lancer dans une voie jonchée d’obstacles. L’enseignement souffre d’avoir perdu ses lettres de noblesse. Il est plus que temps que le MEQ s’applique avec vigueur à les ennoblir à nouveau!

vigile.quebec tribune libre 18 avril 2023

Les drag queens, des cabarets aux bibliothèques

16 avril 2023

Selon Wikipédia, une drag queen est une personne, généralement de sexe masculin, qui construit une identité féminine volontairement basée sur des archétypes de féminité et de rôles de genre de façon temporaire. Le monde des drag queens est généralement associé à l’homosexualité masculine, mais les drag queens peuvent être de toute identité de genre ou orientation sexuelle. Une drag queen se travestit pour exprimer son identité et/ou dans le cadre du spectacle vivant, incluant souvent du chant, de la danse ou du lip-sync. Elle se représente généralement lors d'événements comme les Marches des fiertés ou les concours de beauté, ou dans des endroits comme les cabarets ou les boîtes de nuit.

De toute évidence, la définition de Wikipédia ne réfère d’aucune façon aux enfants. Nous devons donc considérer que le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, a en partie raison quand il argue que les spectacles de drag queens dans les écoles et les bibliothèques publiques s’éloignent considérablement de l’origine du phénomène drag queen.

Par ailleurs, certains intervenants pro drag queen avance l’idée que la drag Queen Badala correspond à la Fanfreluche de la Boîte à surprises animée à l’époque par Pierre Thériault, un rapprochement que je rejette de facto, les comparaisons entre les deux étant pour le moins inappropriées.

Enfin, puisqu’il est est devenu de coutume de suivre la sacrosainte évolution au risque d’être ostracisé, je propose que les parents puissent décider de la pertinence pour leur enfant d’assister ou non à un spectacle de drag queens.

vigile.quebec tribune libre le 15 avril 2023
 

 

Pas d’chicane dans ma cabane!

16 avril 2023

En voyageant sur la toile par une journée pluvieuse, je suis tombé sur une citation de Sénèque, un philosophe, dramaturge et homme d’État romain du premier siècle qui disait ceci : « Ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur ».

N’est-ce pas ces paroles de Sénèque qui pourraient expliquer, en partie tout au moins, l’immobilisme tranquille des Québécois devant la perspective déstabilisante de l’indépendance du Québec? Se peut-il que les Québécois n’osent pas aller de l’avant parce qu’ils ont peur des changements. Et, pour pousser davantage cette réflexion, les Québécois seraient-ils moins craintifs si cette peur du changement était démystifiée?

Les Québécois, c’est bien reconnu, sont un peuple paisible qui ne veut pas de « chicane dans sa cabane », le sang du colonisé coulant dans les veines de plusieurs d’entre eux encore aujourd’hui. Souvenons-nous que lors du premier référendum, c’est par la peur que¨Pierre Elliot Trudeau a réussi à faire pencher la balance du côté du « non ».

Depuis lors, abstraction faite du regain actuel du Parti québécois (PQ) sous la gouverne de Paul St-Pierre Plamondon, les Québécois ont récupéré leur confort douillet dans un fédéralisme « sécurisant ». L’indépendance du Québec est devenu un « champ de ruines » qui a fait élire un maigre trois députés lors du dernier scrutin.

Dans ces circonstances, il est plus que temps que le chemin vers la souveraineté soit remis en état d’y circuler en exhibant aux Québécois la beauté du paysage qu’il offre comme alternative d’avenir. À mon avis, le charisme du jeune chef du PQ incarne un atout privilégié pour relancer ce vaste chantier… et cela, tout en évitant la chicane!

vigile.quebec tribune libre 15 avril 2023

Welcome aboard!

13 avril 2023

De toute évidence, le transporteur aérien Air Canada persiste dans son attitude méprisante envers les Québécois de langue française. À titre de preuve, le service unilingue anglais qu’a reçu un résident de Québec, Jean-Pierre Beaudoin, lors d’un vol au départ de l’aéroport international Jean-Lesage en direction de la Floride.

Après avoir pris place sur son siège en Classe affaires, l’agente de bord s’approche de M. Beaudoin et s’adresse à lui en anglais. Après qu’il ait insisté pour être servi en français, l’agente unilingue part chercher une collègue francophone pour qu’elle explique la situation en français à M. Beaudoin. Quelques minutes plus tard, les deux agentes de bord reviennent et lui expliquent en anglais qu’il a le droit de quitter l’avion ou il sera servi par elle, compte tenu qu’il occupe une place dans la section qui lui est attitrée.

M. Beaudoin a finalement décidé de rester dans l’avion, le service se déroulant en anglais alors que lui répondait en français. Il aurait bien apprécié que les autres passagers témoins de la scène l’appuient dans son insistance pour avoir un service en français, mais personne n’a ouvert la bouche…

Et, pour ajouter à l’ignominie de la situation, selon Air Canada, deux des trois agents de bord assignés à ce vol étaient en mesure de parler et comprendre le français. Donc, il appert que le service dans les deux langues officielles était disponible. Or, il est faux de prétendre que la seule solution ait été de lui demander de quitter l’appareil puisque des membres du personnel parlant français auraient été en mesure de servir monsieur Beaudoin en français. Pourtant, ce dernier soutient qu'en aucun moment, l'agent de bord francophone lui a proposé de le servir en français, même si le voyageur n'était pas assigné à sa section.

En toile de fond de ce triste épisode relié à Air Canada, il y a lieu de se demander quelle est la culture du transporteur eu égard à sa politique de bilinguisme qui, sans l’ombre d’un doute, mérite d’être pour le mois peaufinée. À mon sens, il est tout à fait inacceptable, voire outrancier, qu’un passager francophone partant de Québec ne puisse être servi en français. Enfin, il est temps qu’Air Canada entre dans les rangs s’il désire conserver le peu de crédibilité qu’il lui reste. En attendant, welcome aboard! 

vigile.quebec tribune libre 13 avril 2023
Le Soleil (version numérique) 14 avril 2023

Un gazouillis compromettant

13 avril 2023

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le gazouillis de François Legault à l’effet que « le catholicisme a aussi engendré chez nous une culture de la solidarité qui nous distingue à l’échelle continentale » a suscité une levée de boucliers autant sur les médias sociaux qu’auprès de la classe politique. Or, cinq heures après sa publication, confondu à une kyrielle de critiques, le premier ministre a senti le besoin de s’expliquer en répliquant qu’« il faut distinguer la laïcité et notre patrimoine», une justification qui n’a pas eu l’heur de satisfaire la soif des critiques.

De son côté, un employé du cabinet du premier ministre, Martin Plante, a pris la défense de M. Legault en tweetant que « la laïcité n’implique aucunement l’obligation de renier notre patrimoine, ni un devoir d’effacer notre héritage religieux. On peut en être fiers, tout en défendant la laïcité de l’État ».

Pour sa part, fidèle à son sens de la pondération, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a plutôt appelé les internautes à «profiter du beau temps en famille» tout en alléguant qu’« il y a plusieurs choses à dire sur l’héritage du catholicisme au Québec, mais je vous soumets qu’une discussion sur Twitter ne nous avancera pas à grand chose ».

Enfin, en ce qui me concerne, François Legault joue un jeu dangereux quand il condamne la prière dans les écoles musulmanes arguant que cette pratique va à l’encontre de la laïcité (ce avec quoi je suis entièrement en accord), alors qu’il contourne la référence à la laïcité en associant le catholicisme à notre patrimoine. En ce sens, le gazouillis de François Legault est pour le moins malhabile, voire compromettant, et tombe dans le piège du deux poids deux mesures.

Le Devoir 13 avril 2023
vigile.quebec tribune libre 13 avril 2023

L’enseignement, une question de communication (version abrégée)

10 avril 2023

J’ai toujours été perplexe devant l’approche pédagogique d’un enseignant qui débutait son contenu de cours dès le son de la cloche comme si ce signal avait un effet magique sur les élèves qui mettaient leur cerveau illico en position « on ».

Or, la réalité est toute autre. Ou les élèves arrivent les idées ailleurs pour leur premier cours de la journée, ou ils ont pu décompresser entre deux cours en échangeant avec des amis, ou ils reviennent de leur période de dîner, ou ils débutent leur dernier cours de la journée plus fatigués et moins concentrés.

Après quelques mois d’essais plus ou moins efficaces lors de ma première année d’enseignement, et nonobstant le fait que certains enseignants alléguaient que je perdais un temps « précieux », j’ai vite compris qu’il était utopique de débuter le cours dès le son de la cloche. Aussi ai-pris vite l’habitude de créer le lien avec le groupe d’élèves assis devant moi, un lien qui jouait le rôle de canal de communication entre eux et moi.

Alors, lorsque que je ressentais que j’avais capté leur attention, et seulement à ce moment-là, je pouvais commencer mon cours dans un climat plus propice à jouer mon rôle premier d’enseignant, à savoir communiquer des connaissances à des apprenants.

quebecebdo tribune libre 10 avril 2023
Le Soleil (version numérique) 11 avril 2023