Démission de David Johnston, et après?

11 juin 2023

Sans grande surprise, le rapporteur spécial dans l’affaire de l’ingérence étrangère dans les élections fédérales David Johnston, a remis sa démission. Repoussé dans ses derniers retranchements par l’opposition, l’ex-gouverneur général n’avait guère le choix, il était devenu la cible des partis d’opposition à tel point qu’on n’entendait plus parler d’ingérence étrangère.

Et maintenant, que va-t-il se passer? Where do we go from here? La réponse est entre les mains de Justin Trudeau. À mon sens, il a trois choix, ou il désigne un autre rapporteur spécial qui a comme mandat de continuer là où M. Johnston a laissé, ou il recommence au début avec un nouveau rapporteur spécial qui devra déterminer s’il doit y avoir ou non une commission d’enquête, ou il déclenche une commission d’enquête.

La première hypothèse est voué à une motion de refus de la part des partis d’opposition, la deuxième dépendra de la recommandation du nouveau rapporteur spécial à savoir une commission d’enquête ou non; si oui, le problème est réglé, si non, on recommence. La troisième obtient automatiquement la faveur des députés de la chambre des Communes.

Que va faire le premier ministre Trudeau? Personne ne le sait, pas même lui probablement en ce moment. Nul doute qu’il consultera ses conseillers. Par ailleurs, souvenons-nous que M. Trudeau s’était engagé au moment de la nomination de David Johnston comme rapporteur spécial qu’il endosserait sa recommandation, y compris une commission d’enquête. Politiquement, je suis d’avis qu’il devrait se rallier aux députés des Communes et déclencher une commission d’enquête pour le plus grand bien de la démocratie. Une saga à suivre…

vigile.quebec tribune libre 9 juin 2023
 

David Johnston au-dessus des institutions démocratiques

7 juin 2023

Dès lors que le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a procédé à la nomination de l’ex-gouverneur général David Johnston à titre de rapporteur spécial, ce dernier avait comme mandat de déterminer s’il fallait créer ou non une commission publique indépendante eu égard aux allégations d’ingérence chinoise dans le processus électoral canadien. On connaît maintenant la réponse du très honorable David Johnston.

Or, faisant fi d’un vote de non-confiance des députés de la Chambre des communes envers le rapporteur officiel de Justin Trudeau, M. Johnston s’est effrontément hissé au-dessus des institutions démocratiques incarnées par les députés élus siégeant aux Communes, ces mêmes institutions qu’il s’était engagé à respecter au moment de son allocution le confirmant comme rapporteur spécial.

Nonobstant les allégations de proximité entre David Johnston et la fondation Pierre Elliot Trudeau, je suis d’avis que le très honorable rapporteur spécial a littéralement perdu toute crédibilité avec comme corollaire, la lourdeur d’une perception négative à devoir supporter tout au long des audiences publiques qui devraient débuter bientôt.

Je ne connais pas le nombre de personnes qui se présenteront à ces audiences, ni les résultats et encore moins les recommandations qui en découleront. Toutefois, je suis prêt à parier que les conclusions de ces audiences publiques n’apporteront aucun élément nouveau sur l’ingérence chinoise… En termes clairs, nous aurons droit à des audiences bidon!

Le Soleil (version numérique) 7 juin 2023

Résister à la résistance au changement

7 juin 2023

De toute évidence, le projet de réforme du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, n’a pas l’heur d’être accueilli sans plusieurs bémols, un constat que le ministre attribue à la résistance au changement. Et, comme réponse à ce phénomène, M. Drainville argue que « nous allons résister à la résistance au changement! » En termes clairs, non seulement il déterminer la cause des critiques envers son son projet de réforme, mais il identifie le moyen pour la combattre. Face à un tel scénario basé sur le monologue, on est à mille lieues d’un dialogue constructif entre les parties.

Par ailleurs, nonobstant le fait que l’être humain manifeste souvent une résistance au changement, je suis d’avis que la pénurie de main d’oeuvre dans nos écoles devrait avoir une nette prépondérance sur la réforme des structures. Et, dans cette foulée, il m’apparaît irresponsable que les dernières mesures prises pour pallier ce phénomène, à savoir engager des jeunes qui ont complété leurs études secondaires alors que la plupart sont encore mineurs, ouvre la porte à un nivellement par le bas dont souffriront toute une pléiade d’élèves tout au cours de leurs études.

Autrement dit, ce n’est pas le temps de réformer les stratégies préventives des incendies. Il faut plutôt éteindre les feux avant que la maison ne brûle. Bien sûr, les enseignants ne poussent pas dans les arbres. Cependant, la complexité et la lourdeur des tâches actuelles des enseignants doivent être réévaluées en vue de leur permettre d’enseigner dans un climat propice à l’apprentissage. Et qui sait, peut-être favoriserons-nous ainsi une plus grande rétention des nouveaux enseignants et des enseignants plus expérimentés qui cessent prématurément leur carrière, à bout de souffle.

vigile.quebec tribune libre 6 juin 2023

À propos des données probantes en éducation

31 mai 2023

Parmi les solutions proposées par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainvillle dans son projet de réforme de l’éducation, l’Institut national d’excellence en éducation (INEE) a pour but de « dresser et maintenir à jour une synthèse des connaissances scientifiques disponibles concernant la réussite éducative et le bien-être des élèves ».

Or, parmi les concepts utilisés le plus souvent par le ministre lors de la présentation de l’INEE, il a fait, à moultes occasions, référence aux données probantes en éducation, lesquelles découleraient d’une « synthèse des connaissances scientifiques disponibles concernant la réussite éducative et le bien-être des élèves ».

Dans cette foulée, au cours de mes quelque trente années comme enseignant de français au secondaire, il nous arrivait fréquemment de nous réunir entre profs de français d’un même territoire scolaire pour échanger, notamment, sur nos approches pédagogiques liées à l’apprentissage de tel ou tel objectif. Et laissez-moi vous dire que je sortais de ces rencontres extrêmement enrichis. Ces échanges représentaient souvent des années d’expérience appuyées, il faut bien l’admettre, sur des « données probantes ».

Par contre, je demeure sceptique sur la signification accordée aux données probantes du ministre de l’Éducation en ce sens qu’elles semblent manifestement déconnectées de la réalité. En bref, j’ai beaucoup plus confiance aux enseignants sur le terrain pour assurer « la réussite éducative et le bien-être des élèves » qu’à des experts cantonnés dans une tour du MEQ et se basant sur des « connaissances scientifiques ».

vigile.quebec tribune libre 30 mai 2023
 

Nationalisme du PLQ : entre l’ombre et la lumière

31 mai 2023

La place du nationalisme québécois a littéralement envahi les interventions des quelque 400 membres du Parti libéral du Québec (PLQ) réunis en conseil général à Victoriaville. Manifestement, deux visions s’affrontent, certains militants souhaitant un retour à la défense de la nation québécoise, d’autres manifestant des réticences eu égard à cette position.

D’un côté, le président du comité de relance, André Pratte, assure qu’il n’y a pas de fissure auprès des membres et de l’autre, l’ex-président de la commission politique du PLQ, Jérôme Turcotte, argue que les nationalistes québécois se sentent marginalisés au PLQ et que « le Québec a besoin de tout sauf d’une succursale provinciale du PLC ».

Alors que le parti est miné par des sondages catastrophiques chez la majorité francophone, le PLQ , à mon sens, est à la recherche d’une voie qui le conduira auprès de ces électeurs qu’il a manifestement abandonnés au cours des dernières décennies au profit de politiques favorisant les anglophones, notamment dans la grande région du Montréal métropolitain.

En revanche, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault occupe déjà la place accordée au nationalisme québécois au sein du Canada, sans compter l’option fondamentale du Parti québécois (PQ), à savoir l’indépendance du Québec.

D’où le dilemme du PLQ qui est confronté à un choix difficile, soit de rester dans l’ombre d’un parti incapable de gagner l’électorat francophone, soit de se positionner clairement comme un parti nationaliste. En d’autres termes, rester dans l’ombre ou opter pour la lumière.

vigile.quebec tribune libre 30 mai 2023
Le Soleil (version numérique) 31 mai 2023

Tout simplement scandaleux!

28 mai 2023

La gouverneure générale Mary Simon empoche cette année 9500$ d’augmentation salariale, ce qui porte ses émoluments à 351 600$ annuellement. À titre comparatif, selon les données de l’institut de la statistique du Québec de 2022, le salaire moyen annuel au Québec se situe à 55 969$.

Mais ce n’est pas tout, le généreux salaire monarchique s’ajoute à tous les bénéfices accordés à la représentante du roi Charles III au Canada, dont le remboursement de ses frais d’habillement qui s’élèvent déjà à 38 000$ uniquement pour les 16 premiers mois du mandat de Mme Simon. Et pour ajouter à l’outrance, madame la gouverneure générale continuera de bénéficier des largesses du trésor public à son départ, puisqu’elle touchera 150 000$ par année de pension à vie, quelle que soit la durée de son mandat.

Et tous ces frais payés par les contribuables canadiens pour maintenir un poste essentiellement symbolique. Jusqu’à quand les Canadiens tolèreront-ils une telle ignominie?Tout simplement scandaleux, particulièrement dans le contexte où des millions de travailleurs canadiens se demandent s’ils pourront payer leur épicerie cette semaine!?

vigile.quebec tribune libre 27 mai 2023

Rien ne va plus…

28 mai 2023

Rien ne va plus dans le réseau scolaire du Québec. Le rapport de la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, sur notre réseau d’éducation, est accablant. La pénurie de main-d’œuvre dans le réseau scolaire du Québec a forcé le gouvernement à embaucher plus de 30 000 enseignants non qualifiés, la vaste majorité des 3778 autres profs non légalement qualifiés ayant une tolérance d’engagement détenaient un baccalauréat ou une maîtrise provenant d’une autre discipline que l’enseignement. Constat flagrant et malheureusement indiscutable : les élèves sont pris en otages par un système d’éducation malade, voire agonisant. 

Mais que s’est-il donc passé pour que notre réseau de l’éducation soit devenu à ce point dépassé par les événements? Où sont donc passés les étudiants en sciences de l’éducation? Pourtant, il n’y a pas si longtemps, on pouvait compter trois ou quatre postulants pour un seul poste d’enseignant…

Je vais risquer quelques éléments de réponses à ces questions. D’abord la profession d’enseignant a perdu peu à peu au fil du temps ses lettres de noblesse. Les enseignants sont devenus des « animateurs » auprès des élèves-rois qui orientent l’approche pédagogique des profs. Ensuite, une grande partie de étudiants qui se présentent au test d’admission en sciences de l’éducation échouent lamentablement, faute de connaissances élémentaires en français, notamment en grammaire, laquelle a été mise de côté dès la quatrième secondaire. Enfin, plusieurs jeunes enseignants démissionnent après leur première année d’expérience, confrontés à des groupes dits « réguliers » dans lesquels sont intégrés des élèves à besoins particuliers et pour lesquels une pénurie de personnels spécialisés manquent à l’appel.

Dans mon livre à moi, l’enseignement devrait être le plus beau métier du monde, à savoir former les adultes de demain. À ce sujet, il serait fort pertinent que des enseignants d’expérience rencontrent occasionnellement les cégépiens et leur fassent voir toute la beauté du métier d’enseignant…C’est St-Exupéry qui disait, « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le coeur de tes hommes et femmes le désir de la mer ».

vigile.quebec tribune libre 27 mai 2023

La CAQ, un deuxième mandat sans inspiration

24 mai 2023

La CAQ n’échappe pas à la tendance très fréquente eu égard aux difficultés inhérentes à un deuxième mandat. Bien assise sur ses lauriers avec l’élection de 90 députés, le cynisme et l’arrogance de la part de certains ministres font partie du train-train quotidien.

De l’autre côté de la rivière Outaouais, les coups pleuvent de toutes parts du gouvernement Trudeau alors que la troupe de François Legault fait preuve d’apathie, démontre des signes évidents de résignation et d’indifférence quand il ne se donne pas lui-même des coups de couteaux dans sa propre embarcation. Et c’est sans parler des contestations juridiques en cours des lois québécoises sur la langue et la laïcité qui risquent de subir des brèches importantes en Cour suprême.

Toutefois, c’est surtout au sujet du dossier de l’immigration que le bât blesse le plus sévèrement. Il y a environ un an, François Legault clamait à qui voulait l’entendre que le Québec deviendrait une seconde Louisiane s’il n’obtenait pas de nouveaux pouvoirs en immigration. Notre premier ministre du Québec, confiant d’obtenir gain cause contre Trudeau s’est littéralement fait rabrouer. Et, depuis lors, c’est l’omerta, et l’urgence brandie avec tant de conviction par Legault a fondu comme neige au soleil.

Enfin, le changement de cap soudain d’un tunnel auto-routier transformée en tunnel exclusivement réservé au transport en commun est venu ajouter la cerise sur le sundae. La pagaille est prise entre les Lévisiens et les citoyens de la Capitale nationale quoique plusieurs d’entre eux se proclament contre le nouveau projet. Un dossier qui démontre jusqu’à quel point l’équipage caquiste vogue sans inspiration sur une mer agitée.

vigile.quebec tribune libre 24 mai 2023


 

Référendum de 1995 : que la vérité soit révélée!

24 mai 2023

Le 30 octobre 1995, la population du Québec se prononce par référendum sur un projet constitutionnel visant à faire du Québec un État souverain. Les résultats serrés de cette consultation, 50,6 % pour le Non contre 49,4 % en faveur du Oui, démontrent à quel point la société québécoise est divisée sur cette question.

En janvier 2006, le Directeur général des élections du Québec confie le mandat au commissaire Bernard Grenier de faire enquête sur les activités d’Option Canada dans les mois qui ont précédé le référendum de 1995.

Aujourd’hui, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), demande au gouvernement Legault de déclassifier tous les documents qui font encore aujourd’hui l’objet d’une ordonnance de non-publication sans limite de temps afin que soient dévoilées toutes les informations qui se cachent dans les archives de la commission Grenier. Or, Paul St-Pierre Plamondon, affirme avoir obtenu un avis juridique qui atteste que le gouvernement du Québec peut, « par simple loi, déclassifier toute l’information obtenue dans le cadre de cette enquête ».

Le 30 octobre 1995 marque un point culminant dans l’histoire politique du Québec. L’option du Oui à un Québec souverain est venue à un cheveu de l’emporter sur le NON. Or, « on sait qu’en 1995, des dizaines de milliers de personnes qui n’avaient pas le droit de vote ont voté, mais on ne sait pas exactement combien de millions de dollars ont été dépensés de manière illégale du côté du Non […] Une partie de la réponse se trouve peut-être dans les témoignages et les documents de la commission Grenier », a déclaré le chef du PQ en entrevue,

Les Québécois ont le droit de savoir. C’est une question de probité et de transparence auxquelles les documents cachés encore aujourd’hui, 28 ans plus tard, ne peuvent échapper. Au nom de la démocratie, le premier ministre Legault doit accepter la proposition de PSPP et faire en sorte que la vérité soit révélée.

vigile.quebec tribune libre 24 mai 2023
Le Devoir 26 mai 2023 "Que la lumière soit faite!"

Drainville, ministre de l’Éducation « bas de gamme »

23 mai 2023

Lors de la nomination de Bernard Drainville à titre de ministre de l’Éducation, j’étais perplexe notamment en raison de son tempérament bourru qui n’inspirait rien de positif à la veille d’une négociation.

Depuis lors, les gaffes se multiplient. Allégation de comparaison boiteuse entre le salaire des députés et celui des enseignants, altercation avec la députée libérale Marwah Rizqy sur sa supposée démagogie dans le dossier du troisième lien, sortie publique contre le directeur du centre de Service scolaire du Pays-des-Bleuets au Lac-Saint-Jean, l’accusant d’un manque d’expérience, report de la mise en place de 2600 classes de maternelles 4 ans au lieu de bullshitter», défense du projet de troisième lien autoroutier arguant son désormais célèbre «lâchez-moi avec les GES!».

Et, à chaque occasion, des excuses ont suivi de la part de Bernard la gaffe. Soit! Or, M. Drainville occupe le poste de ministre de l’Éducation du Québec et, à ce titre, il se doit de se montrer exemplaire dans sa qualité du français et le choix de ses mots qui flirtent souvent avec l’injure et l’arrogance. En attendant, j’ai parfois l’impression qu’il a quitté le métier d’animateur à la radio mais que l’animateur de ligne ouverte ne l’a pas encore quitté. Il serait plus que temps qu’il adopte la stature d’un ministre de l’Éducation « haut de gamme ». en commençant par se tourner la langue sept fois avant d’ouvrir la bouche…

vigile.quebec tribune libre 22 mai 2023