«Le français va très bien, merci»…vraiment?

20 juillet 2023

Un groupe de 18 linguistes francophones originaires du Canada, de la Suisse, de la Belgique et de la France, affirment, dans un essai de 65 pages publié récemment, que «le français va très bien, merci». Selon ces linguistes «chevronnés», il ne faudrait pas s’inquiéter de l’avenir du français ni de sa dégradation aussi bien à l’écrit qu’à l’oral. Bien au contraire, il faudrait s’en réjouir et y voir une saine évolution de la langue, et condamner la prolifération de supposées idées fausses sur la langue française, notamment dans les médias et le milieu de l’enseignement. Dans cette foulée, ils arguent que les anglicismes devraient être perçus comme un enrichissement et qu’il faudrait et, de surcroît, privilégier l’utilisation d’Antidote aux dictées pour apprendre à écrire.

Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’acuité, c’est que les linguistes n’ont considéré dans leur étude que l’aspect formel de la langue en excluant catégoriquement le fait que notre langue incarne aussi et surtout un outil identitaire et culturel.

Par ailleurs, les données du dernier recensement de Statistique Canada, dévoilées l’automne dernier, démontrent sans le moindre doute que le français continue de décliner tant au Canada qu’au Québec. Enfin, je suis d’avis que les pires ennemis de la survie de notre langue sont les médias sociaux qui triturent la structure de la phrase et le lexique en une sorte de jargon incompréhensible réservé exclusivement aux initiés de ce club «sélect».

À mon sens, ces linguistes se conduisent comme des charlatans au service d’une langue dénaturée qui accentue son déclin, voire sa disparition. Leur laxisme éhonté doit être condamné sur-le-champ… C’est une simple question de fierté envers notre valeureuse langue française qui a su surmonter par monts et par vaux les écueils que l’histoire a placés devant elle en terre d’Amérique.

vigile.quebec tribune libre 18 juillet 2023

Refusée à la suite d’un processus de sélection à 4 ans

16 juillet 2023

Après que François Legault ait fait campagne pour l’implantation des maternelles 4 ans à tous les enfants du Québec, une fillette de 4 ans a été refusée en maternelle à la suite d’un processus de sélection obligatoire pour les jeunes inscrits au Programme d’éducation internationale. Or, d’autres écoles primaires publiques offrent le même programme à tous leurs élèves, et ce, sans sélection.

De son côté, le Centre de services scolaire indique qu’il y a un processus de sélection « parce que l’école a fait le choix d’offrir un programme enrichi. Les enfants doivent démontrer certaines qualités ou aptitudes pour être en mesure de suivre le rythme et de s’impliquer dans les activités d’enrichissement ou obligatoires ».

Après avoir déposé cet automne une demande d’injonction qui a été rejetée, les parents de la fillette ont fait une nouvelle demande d’admission pour la rentrée, qui a de nouveau été écartée. Pour un élève qui veut être admis en première année, le processus de sélection est cette fois-ci basé sur le bulletin de maternelle et l’évaluation de l’enseignant(e).

Comprenons-nous bien. Une enfant de 4 ans, qui amorce son parcours scolaire, se voit, dès le départ, confrontée à un processus de sélection et refusée. Cette enfant est d’ores et déjà marquée du signe de l’échec avant même d’avoir pu prendre sa place derrière un pupitre.

En ce qui me concerne, je suis d’avis que l’accès à la maternelle 4 ans devrait être ouvert à tous les enfants du Québec. Conséquemment, un Programme d’éducation internationale à des enfants de 4 ans inscrits en maternelle n’a tout simplement pas sa place.

Il m’apparaîtrait plus pertinent de développer la socialisation, le respect de soi et des autres, le sens de l’effort et les bases du français écrit au lieu de plonger l’enfant prématurément dans un monde qui lui est totalement étranger, voire inutile à un si bas âge.

Le Soleil 15 juillet 2023

Violence chez des jeunes du primaire

5 juillet 2023

À n’en pas douter, le monde de l’éducation est malmené par les temps qui courent. Quand ce n’est pas la pénurie de main d’oeuvre, ce sont les groupes dits réguliers constitués en grande partie d’élèves à besoins particuliers, ou ce sont les problèmes d’ajustement causés par l’arrivée de l’intelligence artificielle, etc…

Or, on apprend que, selon des données de la CNESSST, une tendance vers des actes de violence envers les enseignants dès le primaire tend à dégénérer de plus en plus. C’est le cas de Nathalie (nom fictif) qui a été mordue et frappée au visage par un enfant de sa classe qui avait lancé des chaises à deux reprises, dont une fois vers une technicienne en éducation spécialisée.

Dans cette foulée, les agressions physiques contre le personnel en milieu scolaire sont en progression constante depuis une dizaine d’années. La situation s’est toutefois dégradée depuis la pandémie. Alors que la CNESST recensait 357 lésions professionnelles pour violence physique en 2019, ce nombre étant passé à 507 en 2021 et 564 en 2022. 

Mais quelles sont les causes de comportements violents de la part de jeunes du primaire? Loin de moi l’idée de jeter le blâme sur le milieu familial dans son ensemble. Toutefois, il m’apparaît possible que le jeune soit confronté à des scènes de violence en milieu familial, et qu’il les reproduit en milieu scolaire. De plus, les jeux vidéos sont truffés de scènes de violence.

Nathalie en est à sa première année d’expérience en tant qu’enseignante et elle envisage sérieusement de quitter la profession alléguant qu’elle « aurait souhaité continuer mais qu’elle n’est pas capable de faire ce qu’elle aime, soit d’enseigner ».

vigile.quebec tribune libre 4 juillet 2023
Le Devoir (version abrégée) "Violence au primaire" 5 juillet 2023

La relation d’amour entre Mme Bombardier et la langue française

5 juillet 2023

Depuis l’annonce du décès subit de Denise Bombardier, les commentaires dans les médias et les réseaux sociaux, tantôt élogieux, tantôt mesquins, fusent de partout et, de toute évidence, Mme Bombardier ne laisse personne indifférent.

Denise Bombardier s’est exprimée sur plusieurs tribunes à travers le monde et, toujours, elle se souciait de la qualité de ses interventions, notamment par l’utilisation du terme précis appliqué au contexte qu’elle exposait. La langue française représentait aux yeux de Denise Bombardier, non seulement un moyen de communication, mais aussi une richesse ancestrale qu’il fallait utiliser avec respect et une certaine vénération. Elle avait en horreur ces supposés bien-pensants qui se gargarisent de mots pour épater la galerie mais qui, en réalité, étendent leur culture comme de la confiture pour l’étendre le plus possible sur leur pain grillé.

Autant Mme Bombardier était une personne entière et authentique, autant son discours incarnait à la perfection ses états d’âme. La langue française se dressait comme sa fidèle complice, et le choix de ces mots reflétait toujours le registre précis.

Mme Bombardier a exprimé à moultes reprises au cours de ses présences dans les médias et dans ses chroniques son immense inquiétude eu égard à la détérioration de la langue française, à son déclin, voire à sa disparition. Et, à ces moments-là, elle se déchaînait comme si on attaquait son amoureux. Enfin bref, Denise Bombardier vivait ne relation d’amour avec la langue française… et malheur à ceux qui s’y attaquaient!

vigile.quebec tribune libre 4 juillet 2023
 

Leçon de vie

3 juillet 2023

Elle n’avait que 45 ans, clouée au lit en soins palliatifs à la suite d’un diagnostic de tumeur incurable au cerveau. Ses jours étaient comptés. Cette journée-là, je débutais mon bénévolat aux soins des malades.

En cet après-midi splendide de la mi-août, je lui offre de la transporter dans son lit sur la terrasse. Esquissant un léger sourire, elle accepte. Je me sentais désemparé. Comment amorcer la conversation avec une personne dont la lenteur d’exécution fait peine à entendre? Finalement, je me lance : « C’est une belle journée aujourd’hui, le soleil brille, les oiseaux chantent… » Alors, elle me regarde, les yeux grand ouverts : « Oui, mais ne faites comme moi, n’attendez pas qu’il soit trop tard! ».

Je venais de recevoir une leçon de vie d’une femme au seuil de la mort qui me priait d’apprécier le moment présent, à moi qui a toujours été poussé par l’urgence de vivre…Depuis lors, mes oreilles se sont ouvertes aux chants mélodieux des oiseaux.

vigile.quebec tribune libre 2 juillet 2023
 

 

Une fête nationale sans ferveur patriotique

3 juillet 2023

La désignation d’Émile Bilodeau à titre d’animateur de la fête nationale du Québec a fait couler beaucoup d’encre et, à mon avis, à juste titre. Dans un événement qui se voulait rassembleur, les organisateurs du Mouvement national des Québécois (MNQ) ont confié l’animation de la fête à un artiste qui s’est prononcé ouvertement contre la loi sur la laïcité du Québec, une valeur chère à la très grande majorité des Québécoises et des Québécois.

Nonobstant le talent évident des artistes invités à la fête, et sans me lancer dans la mélancolie du « bon vieux temps », le patriotisme des Deschamps, Vigneault, Leclerc et Charlebois manquait cruellement à la célébration du nationalisme québécois. En réalité, les spectateurs ont pu assister à une série de chansons incitant à la fête mais dénuées de toute manifestation de ferveur envers la nation.

Le nationalisme québécois ballotte dans un monde dans lequel il s’avère de plus en plus difficile de définir l’identité québécoise. Des valeurs qui nous sont chères, comme la langue et la laïcité, sont assimilées à du racisme et attaquées devant les tribunaux. Le multiculturalisme a pris de plus en plus de place dans la société québécoise qui peine à défendre ses valeurs, voire à les reconnaître.

Le Québec foisonne de talents capables de créer un climat de patriotisme lors de la fête nationale des Québécois. Aussi faut-il confier l’animation de cette fête à un Québécois fier de ses origines et de ses valeurs québécoises, et capable de les communiquer à la foule.

vigile.quebec tribune libre 2 juillet 2023

Coûts exorbitants des voyages de Fitzgibbon

27 juin 2023

De toute évidence, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a abandonné théoriquement le monde des affaires, mais le monde des affaires ne l’a jamais véritablement abandonné. À titre de preuves, les voyages princiers qu’il s’offre dans le cadre de ses fonctions aux frais des contribuables.

Le voyage du ministre à Davos en Suisse en janvier 2023 illustre à merveille sa propension viscérale à dépenser sans commune mesure : coût des déplacements du ministre, 30 579$, dont le billet d’avion en classe affaires au montant de 8609$ et 21 000$ consacrés à l’embauche d’un chauffeur pour la durée de la mission, hébergement et autres frais14 481$, frais de l’accompagnateur 11 493$, facture totale, 56 553$ pour une durée de 8 nuitées.Or, des navettes gratuites sillonnent Davos dans le but d’alléger la pollution et la congestion qu’engendre l’intense circulation automobile pendant la durée du sommet.

La décence a ses limites et le ministre les a outrancièrement franchies, notamment à Davos. En somme, M. Fitzgibbon agit comme un homme d’affaires qui voyage sur le bras de sa compagnie sans égard aux dépenses encourues dans ses déplacements à travers le monde. Or, le hic, c’est que le ministre est un employé de l’État québécois et, de ce fait, il est imputable envers ses commettants, à savoir les contribuables du Québec.

Depuis les débuts de sa carrière politique, Pierre Fitzgibbon a été interpelé à maintes reprises pour des raisons d’éthique. À mon sens, des dépenses aussi exorbitantes encourues lors de ses voyages représentent un manque d’éthique flagrant envers les payeurs de taxes québécois, dont plusieurs, par les temps qui courent, peinent à se loger et à se nourrir convenablement.

Conséquemment, je suis d’avis que le commissaire à l’éthique et à la déontologie devrait tout au moins lui servir un sérieux avertissement en lien avec ses dépenses éhontées au cours de ces voyages dans le cadre de ses fonctions. C’est une simple question de rappel à la décence élémentaire.

vigile.quebec tribune libre 26 juin 2023

Haro sur le MNQ

25 juin 2023

Certains médias s’activent beaucoup autour de la décision du PQ de ne pas vouloir être vu aux côtés du chanteur Émile Bilodeau lors du spectacle de la fête nationale des Québécois du 24 juin sur les plaines d’Abraham.

Or, voici un olibrius de 26 ans qui réclame sur toutes les tribunes la disparition du PQ, qui milite ouvertement pour QS, et qui tombe à bras raccourcis sur la loi 96 sur la laïcité de l’État québécois. Et, de surcroît, plusieurs analystes de la scène politique québécoise se demandent pourquoi le PQ a décidé de boycotter la fête nationale. En somme, traitez-moi de tous les noms, ce n’est pas grave, j’irai faire des courbettes devant l’animateur « vedette ».

Et si on abordait maintenant le choix du Mouvement national des Québécois (MNQ), organisateur des festivités du 24 juin. Croyez-vous d’une part qu’il soit imaginable que le MNQ ne soit pas informé des controverses suscitées par les propos répétés pour le moins incisifs d’Émile Bilodeau? Et d’autre part, est-il pensable que les organisateurs n’aient pas su prévoir la réaction tout à fait légitime du PQ, et des centaines de milliers de défenseurs de la loi 96?

Je ne connais pas les motifs « profonds » qui ont guidé les responsables du MNQ pour choisir Émile Bilodeau comme animateur de la fête nationale Or, s’ils ont voulu provoquer, ils ont réussi. Toutefois, leur choix demeure quant à moi, une décision malencontreuse qui risque de ternir les lettres de noblesse de la fête nationale des Québécois. Haro sur le MNQ…point final.

vigile.quebec tribune libre 22 juin 2023

Paul St-Pierre Plamondon, un chemin en droite ligne

21 juin 2023

Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) arrive à la tête du PQ le 9 octobre 2020, avec 56 % des voix seulement, au troisième tour de scrutin. Peu connu sur la scène politique québécoise, son élection suscite des doutes dans les officines du Parti québécois (PQ).

N’en déplaise à ces spéculations sur sa capacité à assumer pleinement son rôle de chef du PQ, PSPP fait acte de présence à toutes les tribunes qui lui son offertes pour se présenter comme le politicien qui ose faire de la politique autrement, notamment dans le respect de ses adversaires politiques.

À mon sens, deux éléments majeurs ont marqué le début de la popularité de PSPP. D’abord, la campagne électorale qu’il a menée en 2022 en ayant le courage de sortir des boules à mites le thème de l’indépendance du Québec que ses prédécesseurs avaient depuis des lunes relégué aux oubliettes… de peur de faire peur.

Ensuite, n’eût été de la ténacité et de l’opiniâtreté démontrées par le chef du Parti québécois tout au long de la saga portant sur le serment d’allégeance au roi Charles III, tout porte à croire que cette tradition vétuste et caduque serait demeurée obligatoire lors de la cérémonie d’assermentation des députés de l’Assemblée nationale du Québec.

Le défi qui se dresse maintenant devant PSPP demeure le retour des jeunes dans le giron du PQ, ces jeunes qui ont déserté le PQ comme le démontrent les derniers sondages. Et comment rapatrier les souverainistes, qui représenteraient 37 % de l’électorat ? Penchera-t-il du côté d’un « bon gouvernement » ou du report du référendum lorsque les « conditions gagnantes » se présenteront ?

Dans mon esprit, PSPP n’empruntera sûrement pas la voie de la tergiversation. Il empruntera plutôt le chemin en droite ligne comme il l’a fait depuis son entrée en politique…Et c’est exactement ce que souhaitent les militants!

vigile.quebec tribune libre 20 juin 2023

Émile Bilodeau, un bon choix?

21 juin 2023

De toute évidence, la nomination d’Émile Bilodeau à titre d’animateur de la fête nationale des Québécois ne fait pas l’unanimité. C’est le cas notamment du Parti québécois qui a reçu sa part de mots acerbes de la part d’Émile Bilodeau qui est allé jusqu’à souhaiter carrément sa disparition.

Mais là où le bât blesse avec le plus d’acuité, c’est que Bilodeau s’est prononcé à maintes reprises contre la loi 21 sur la laïcité de l'État Québécois, une loi fondamentale appuyée par la grande majorité des Québécois, et qui dissocie une fois pour toutes l’Église de l’État.

Ceci étant dit, je suis d’avis que les artistes ont droit à l’expression de leurs sentiments politiques, mais il m’apparaît primordial de faire la différence entre la prestation musicale d’un artiste invité et l’exigeante mission confiée à l’animateur de l’événement national qui doit se garder à la hauteur du rôle qui lui a été confié.

Conséquemment, nonobstant les qualités reconnues d’interprète d’Émile Bilodeau, certaines de ces déclarations antérieures, notamment sur la loi 21, le disqualifie comme animateur de la fête nationale des Québécois pour qui la laïcité de l'État incarne une victoire mémorable sur l’emprise de la religion sur leur mode vie pendant des décennies.

vigile.quebec tribune libre 20 juin 2023
Le Soleil (version numérique) 21 juin 2023