Assisterons-nous au démantèlement de la CAQ?

2 avril 2024

La Coalition avenir Québec (CAQ) voit officiellement le jour le 14 novembre 2011 inspirée par Charles Sirois et François Legault qui ont avancé l’idée de regrouper des libéraux fédéralistes et des péquistes souverainistes autour de la notion de nationalisme, et dont l’allégeance s’était fragilisée au cours des dernières décennies. À l’issue du scrutin du 1er octobre 2018, la Coalition avenir Québec est appelée à former un gouvernement majoritaire. Puis, suite à une victoire décisive lors des élections de 2022, la CAQ forme un deuxième gouvernement majoritaire avec 90 députés.

Or, à mi-chemin de son deuxième mandat, les sondages révèlent que la CAQ de François Legault se retrouve au quatrième rang des partis eu égard aux intentions de vote au scrutin de 2026. Entre autres causes, le gouvernement Legault multiplie les tergiversations autour du troisième lien entre Québec et Lévis. De surcroît, il va de l’avant avec le projet d’usine de batteries suédoise Northvolt en contournant sans coup férir l’évaluation du BAPE.

Du côté des relations fédérales-provinciales, François Legault, quoique dans une position de force au Québec avec 72% des députés, fait face à des refus systématiques de la part d’Ottawa, notamment en santé et en immigration. Le nationalisme de François Legault se voit confronté à une démobilisation croissante de la part de ses militants caquistes qui zieutent de plus en plus du côté de leur ancien parti d’origine.

La CAQ s’enlise dans les sondages. Elle frappe le mur impitoyable de l’usure du pouvoir. Le nationalisme que François Legault avait mis de l’avant en tant que carte maîtresse a perdu sa valeur d’échange intermédiaire entre le fédéralisme et le souverainisme. Dans un tel contexte, comment réagira François Legault dans l’hypothèse d’une défaite cuisante en 2026? Dans un tel cas, assisterons-nous au démantèlement de la CAQ?…

Le Soleil (version numérique) 2 avril 2024
vigier.quebec tribune libre 2 avril 2024
 

Laxisme du ministre Carmant

31 mars 2024

J’ai suis toujours demeuré un peu perplexe dans la façon dont le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, gère ses dossiers, notamment son manque d’assurance quand vient le temps de les défendre en point de presse ou à l’Assemblée nationale lors de la période des questions.

Dernièrement, à la suite d’un refus d’accès de la députée solidaire Christine Labrie au Centre de réadaptation pour jeunes en difficulté d’adaptation de Val-du-Lac, le ministre des Services sociaux a fait valoir qu'une telle initiative est une «fausse bonne idée».«Parler aux jeunes, ce n'est pas nécessairement quelque chose qu'on doit faire, ce n'est pas quelque chose que moi-même je désire faire. On parle de jeunes qui sont en Protection de la jeunesse. Ce n'est pas des jeunes qu'on croise dans la rue, je pense qu'il faut vraiment mettre les choses en perspective ici», a allégué le ministre à l’Assemblée nationale. De surcroît, son cabinet précise que, lorsque Lionel Carmant se rend dans un centre jeunesse, ce n’est pas pour parler aux jeunes, mais aux intervenants et aux gestionnaires.

Tout laisse à croire qu’une certaine loi de l’omerta à peine voilée règne dans certains centres jeunesse pour jeunes en difficulté d’adaptation. Or, ces jeunes, pour la plupart des ados, sont les mieux placés pour exprimer ouvertement leurs états de santé physique et psychologique au sujet desquels les élus pourraient les interroger, et peut-être, entreprendre une route vers des pistes de solutions à leurs difficultés d’intégration.

À mon avis, les jeunes qui fréquentent ces centres doivent bénéficier d’un milieu de vie où ils ont espoir d’apercevoir le bout du tunnel, et non pas être traités comme des détenus exclus de toute communication avec l’extérieur. Conséquemment, monsieur Carmant, cessez votre laxisme improductif et ouvrez la voie au cheminement productif de ces jeunes en difficultés et qui ne demandent rien de moins que d’être écoutés.

vigile.quebec tribune libre le 30 mars 2024


 


 


 

L’ingérence, vous connaissez, monsieur Trudeau?

30 mars 2024

Sans l’ombre d’un doute, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, prépare le terrain en vue de la prochaine campagne électorale en annonçant divers nouveaux programmes, notamment sur les soins dentaires, la crise du logement, les immigrants temporaires et les garderies qui sont tous de compétence provinciale.

Nul doute que Justin Trudeau constate que son adversaire, Pierre Poilievre, domine en popularité dans les derniers sondages et qu’il a choisi la voie du «bon père de famille» envers «tous» les Canadiens d’un océan à l’autre. Quant à son empiétement manifeste dans les compétences provinciales, il fait le pari que les Canadiens, y compris les Québécois, accueilleront dans cette largesse les crédits supplémentaires qui seront versés dans leurs poches.

Or, la Constitution a clairement délimité les divers champs de compétence entre le fédéral et les provinces et ce partage fait foi de loi. Justin Trudeau aura beau invoquer sa «sympathie» envers les Canadiens qui sont aux prises avec une crise du logement, il ne peut faire fi des lois. Il appartient de facto aux provinces de gérer les domaines qui lui ont été octroyés par la Constitution.

Clairement, monsieur Trudeau veut «se refaire une beauté» avant la prochaine campagne électorale dont l’échéance arrive bientôt. En s’ingérant de la sorte dans les compétences provinciales, il attise l’ire des premiers ministres provinciaux qui, pour la plupart, sont très frileux quand il s’agit d’ingérence dans leurs champs de compétences. Justin Trudeau a emprunté un sentier semé d’embûches… A-t-il fait le bon choix?

vigile.quebec tribune libre 30 mars 2024
 

Oui à la rémunération des stagiaires en éducation

30 mars 2024

Durant ma carrière d’enseignant au secondaire, il m’a été donné la chance d’accueillir dans mes classes des stagiaires venant de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval. Quoique observateurs au début du stage, très rapidement, ils étaient soumis à la prestation de cours, dont ils élaboraient eux-mêmes les contenus. Bien qu’il eût été tout à fait pertinent de les rémunérer, il n’en était pas question à l’époque.

Or, le 30 mars 2023, les quatre partis représentés à l’Assemblée nationale, dont le gouvernement de la CAQ, ont adopté à l’unanimité une motion qui accorde le statut de salarié aux étudiants stagiaires du secteur public. Mais un an plus tard, rien n’a bougé.

Aujourd’hui, les stagiaires revendiquent à juste titre d’être rémunérés, ce qui leur permettrait d’atténuer la lourdeur des frais de scolarité et de l’augmentation du coût de la vie par rapport aux années 1980. Toutefois, la ministre québécoise de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, argue cavalièrement que son gouvernement « a fait des choix » budgétaires et que payer ses étudiants stagiaires n’en fait pas partie. « Dans ce budget-ci, on a fait des choix importants, exigeants. Des choix nécessaires. Et c’est ces choix-là. Alors en ce moment, dans le contexte, il n’est pas possible pour le gouvernement d’emprunter cette voie », a-t-elle expliqué.

La profession d’enseignant manque d’amour et, par effet collatéral, d’attractivité. La pénurie de main-d’oeuvre en éducation est littéralement alarmante. Le stage fait partie du curriculum des étudiants en sciences de l’éducation. Sa rémunération contribuerait, à mon avis, à jeter un peu de baume sur l’hésitation des étudiants qui pensent à emprunter le chemin de l’enseignement.

vigile.quebec tribune libre 28 mars 2024
Le Devoir 30 mars "Oui aux stagiaires rémunérés"
Le Soleil (version numérique) 31 mars 2024
 

Manoeuvre de diversion de Legault

30 mars 2024

Depuis quelques semaines, le premier ministre, François Legault, a décidé de ne répondre aux questions des journalistes dans le corridor de l’Assemblée nationale qu’une fois par semaine. À preuve, à une question d’un journaliste qui s’enquérait de la promesse électorale du gouvernement de réduire la taille de l’État, François Legault répondit cavalièrement que «le Canadien a gagné contre l’Avalanche du Colorado».

En guise de rappel, en début d’année, à la suite d’une série de déclarations inopinées de la part des ministres péquistes, le premier ministre avait annoncé en grandes pompes que dorénavant ils éviteraient les «distractions» dans leurs rencontres avec les journalistes. Soit!

Par ailleurs, je suis d’avis que François Legault, en tant que premier ministre, a la responsabilité, voire le devoir de répondre adéquatement aux journalistes dont le rôle est d’informer leurs lecteurs. La manœuvre de diversion incongrue de la part de M. Legault dans le cas pré-cité manque littéralement de professionnalisme et témoigne d’un dénigrement inacceptable envers la classe journalistique.

vigile.quebec tribune libre 28 mars 2024

Mon enseignant préféré

26 mars 2024

La carrière d’enseignant a la vie dure par les temps qui courent notamment en raison de la lourdeur de sa tâche. L’enseignement a été dépouillée de ses lettres de noblesse et peine en vain à se les accaparer à nouveau.

Or, il fut un temps où la carrière d’enseignant trônait sur les premiers échelons de l’échelle sociale. Dans cette foulée, j’ai souvenir encore d’un professeur de mathématiques qui entrait toujours en classe le sourire au lèvres et le regard attentionné à notre égard. Je sentais tout l’amour qu’il portait à sa profession et à ses élèves.

Un jour où il faisait tempête et que l’école s’était vidée en un clin d’oeil, je suis allé le rencontrer sur sa «tribune» pour lui demander des explications sur la notion d’hypoténuse en regard du triangle. Et avec une extrême générosité, il prit tout le temps nécessaire pour me l’expliquer, et sachez que je ne l’ai jamais oubliée.

Monsieur Lamontagne adorait ce qu’il faisait et manifestement, il aimait ses élèves. Il donnait tout ce qu’il avait de patience pour nous permettre de comprendre la notion présentée en cours. Il possédait ce que l’on appelait à l’époque, la «vocation».

Je demeure convaincu qu’encore aujourd’hui il existe des monsieur Lamontagne dans nos écoles et ce, malgré une conjoncture difficile. À celles-là et à ceux-là, je leur tire toute ma révérence pour leur contribution exceptionnelle à la société de demain. Sachez que vous occuperez à jamais une place de choix dans le coeur de vos élèves!

vigilequebec tribune libre 26 mars 2024
Le Soleil (version numérique) 27 mars 2024
 

Descente aux enfers de la CAQ

26 mars 2024

En politique, les tendances évoluent au gré des humeurs de l’électorat. À preuve, selon Qc125, si des élections avaient lieu maintenant, la CAQ de François Legault récolterait 11 sièges, étant relayé de ce fait au quatrième rang des partis, le PQ se retrouvant bon premier avec 69 circonscriptions.

Or. comment expliquer cette catastrophique dégringolade? À mon avis, force est de constater que les nombreuses tergiversations autour de la construction d’un troisième lien entre Québec et Lévis sont venues jeter la consternation auprès des électeurs, notamment chez l’électorat de la Capitale nationale d’où la CAQ est entièrement éliminée selon Qc125.

Deuxièmement, les échecs répétés des négociations avec Ottawa, notamment eu égard aux transferts en santé et tout récemment au dossier de l’immigration, et ce malgré la majorité écrasante de la CAQ à l’Assemblée nationale, ont révélé sans l’ombre d’un doute l’Impuissance de François Legault devant la centralisation systémique du gouvernement de Justin Trudeau.

Troisièmement, nonobstant l’approche humaine avec laquelle François Legault a géré la crise suscitée par la pandémie, le premier ministre, une fois cette période derrière lui, est revenu sur son dossier favori, à savoir l’économie, à commencer par celui de l’usine de batteries suédoise, Northvolt, à qui il a accordé un laisser-passer en contournant la participation du BAPE.

Pour la CAQ, ce sondage incarne ni plus ni moins que la descente aux enfers. Il lui reste quelque deux ans avant les prochaines élections pour remonter à la surface. Or deux ans, c’est très court dans le monde tumultueux de la politique…

vigile.quebec tribune libre 26 mars 2024

Erreur sur le motif de blâme

24 mars 2024

Un des derniers élus encore présents à l’Assemblée nationale et ayant voté pour la proposition de blâme envers Yves Michaud en décembre 2000, François Legault, est toujours convaincu d’avoir bien agi en appuyant le blâme contre Yves Michaud. «[Il] avait tenu des propos à l’égard du peuple juif qui étaient inacceptables et c’est ce qu’on a dénoncé et bon, c’est malheureux, et donc moi je juge que c’était des propos qui n’étaient pas acceptables à l’égard de la communauté juive», affirme-t-il.

Or, François Legault évoque des propos «tenus à la radio» par Yves Michaud alors que la motion de blâme de l’époque condamnait Yves Michaud pour des déclarations qu’il aurait faites à l’occasion des audiences des États généraux sur le français à Montréal le 13 décembre 2000, soit la veille du vote de blâme contre M. Michaud.

En termes clairs, François Legault, le 14 décembre 2000, a voté pour la motion de blâme contre Yves Michaud eu égard à des motifs autres que ceux qui le condamnaient…M. Legault, il est plus que temps que vous allumiez vos lanternes et que vous présentiez vos excuses à titre posthume envers Yves Michaud, cette fois-ci, pour les bons motifs!

vigile.quebec tribune libre le 24 mars Un des derniers élus encore présents à l’Assemblée nationale et ayant voté pour la proposition de blâme envers Yves Michaud en décembre 2000, François Legault, est toujours convaincu d’avoir bien agi en appuyant le blâme contre Yves Michaud. «[Il] avait tenu des propos à l’égard du peuple juif qui étaient inacceptables et c’est ce qu’on a dénoncé et bon, c’est malheureux, et donc moi je juge que c’était des propos qui n’étaient pas acceptables à l’égard de la communauté juive», affirme-t-il.

Or, François Legault évoque des propos «tenus à la radio» par Yves Michaud alors que la motion de blâme de l’époque condamnait Yves Michaud pour des déclarations qu’il aurait faites à l’occasion des audiences des États généraux sur le français à Montréal le 13 décembre 2000, soit la veille du vote de blâme contre M. Michaud.

En termes clairs, François Legault, le 14 décembre 2000, a voté pour la motion de blâme contre Yves Michaud eu égard à des motifs autres que ceux qui le condamnaient…M. Legault, il est plus que temps que vous allumiez vos lanternes et que vous présentiez vos excuses à titre posthume envers Yves Michaud, cette fois-ci, pour les bons motifs!

vigile.quebec tribune libre 24 mars 2024
Le Soleil (version numérique) 25 mars 2024

Pertinence d’un ordre professionnel des enseignants?

24 mars 2024

La création d’un ordre professionnel des enseignants a souvent été évoquée par le passé et, à chaque occasion, elle a avorté faute de consensus. Or, aujourd’hui, elle refait surface par la voix d’un groupe d’une dizaine d’enseignants du primaire et du secondaire arguant notamment que la profession est dévalorisée depuis longtemps.

Dans cette foulée, les dernières négociations entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement ont clairement démontré que le nœud du problème résidait dans la lourdeur de la tâche causée par la présence d’élèves à besoins particuliers dans les groupes réguliers, conjuguée à la pénurie de personnel spécialisé, un facteur déterminant qui joue nettement en défaveur de l’attractivité de la profession d’enseignant et contre laquelle un ordre professionnel des enseignants ne pourrait apporter aucune solution.

Par ailleurs, les tenants de la création de cet ordre professionnel argue la sécurité de l’élève en espérant mettre fin à l'impunité de certains collègues, citant en exemples des cas de violences verbales de la part d’enseignants à l’endroit d’élèves. Or, il s’avère que le gouvernement a récemment mis en place la création d’un Protecteur national de l’élève, et fait adopter le projet de loi 47, Loi visant à renforcer la protection des élèves, qui propose entre autres un code d’éthique pour chaque centre de services scolaire.

En guise d’arguments favorables à la mise sur pied d’un ordre professionnel des enseignants, le groupe allègue l’importance d’encadrer la profession, partant du principe que la profession enseignante est tout aussi valable qu’un avocat, un médecin ou un ingénieur. À cet effet, je suis d’avis que la présence d’un contrepoids entre ces professions et le client est inexistant alors que les enseignants disposent d’un syndicat pour faire le pont avec la direction d’école.

L’école incarne un milieu de vie dynamique où fourmille une pléiade d’intervenants liés les uns aux autres. En ce sens, elle doit éviter la multiplication des structures qui ne peuvent que retarder la mise sur pied de solutions aux problèmes qui s’y vivent. Enfin, je suis d’avis que les structures et les lois actuelles peuvent confronter et résoudre les problèmes efficacement sans l’ajout d’un défenseur inopportun de la loi et l’ordre.

vigile.quebec tribune libre 24 mars 2024

Un «palmarès» discriminatoire

22 mars 2024

Personne n’est contre la vertu. L’établissement d’une liste de données probantes relatives à l’état de la situation dans les écoles ne pourra qu’être fort utiles au ministre de l’Éducation eu égard aux décisions à prendre sur tel ou tel dossier.

Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’acuité, c’est sur le plan du palmarès des écoles que le ministre Drainville s’est dit prêt à publier officiellement dans les médias afin de «créer une saine émulation dans le réseau scolaire où l’amélioration passe forcément par la comparaison», a-t-il affirmé.

À cet effet, je suis plutôt d’avis que la publication d’un tel palmarès aura pour effet de créer un sentiment de démobilisation auprès des écoles accueillant une clientèle défavorisée, telles certaines écoles de quartiers. À mon sens, la véritable «émulation» émerge du groupe-classe avec l’appui constant de l’enseignant.

Si M. Drainville tient absolument à publier ce type de palmarès, qu’il le fasse en faisant ressortir la liste des dix écoles les plus performantes. De cette façon, les écoles moins «performantes» ne seront pas confrontées de façon discriminatoire aux écoles ayant obtenu les meilleurs résultats aux épreuves du ministère de l’Éducation.

vigile.quebec tribune libre 20 mars 2024