Une proposition qui tient de la pensée magique

12 septembre 2023

Décidément, la liste des propositions de solutions pour contrer la pénurie d’enseignants ne cesse de s’allonger et pas toujours dans la bonne direction. C’est le cas, à mon avis, de la proposition de l’ex-directrice d’école Yolande Brunelle qui envisage de réduire le parcours scolaire d’un an, en abolissant la sixième année et en répartissant son curriculum sur la cinquième année et la première secondaire.

Primo, cette proposition n’a qu’un caractère logistique et n’accentuera en rien l’attractivité de la profession d’enseignant, ce qui est à mon sens, l’aspect sur le quel le MEQ doit concentrer ses efforts. Secundo, et c’est là que le bât blesse avec le plus d’acuité, une telle proposition laisserait supposer que les curriculum de cinquième année et de première secondaire sont à toutes fins pratiques insuffisants et qu’ils pourraient faire place à une augmentation de contenu.

Or, à ma connaissance, aucun constat, jusqu’à ce jour, n’a été mis sur la table à cet effet. Alors pourquoi ferait-il maintenant partie des solutions à la pénurie d’enseignants? Poser la question, c’est y répondre. À mon sens, une telle proposition tient carrément de la pensée magique, notamment eu égard au fait que les élèves de cinquième année et de première secondaire ne présentent pas de sur-performance notable jusqu’à maintenant dans leurs résultats pour qu’ils puissent supporter une augmentation de contenu dans leurs matières.

M. Drainville, je vous incite fortement à persiste dans votre intention de ne pas adhérer à cette piste de solution. Les curriculum du primaire et du secondaire ne se manipulent pas comme au casino en mélangeant les cartes sur la table et en espérant tirer la bonne…

vigile.quebec tribune libre 10 septembre 2023
Le Soleil (verson numérique) 23 septembre 2023

Les aventures de Geneviève

6 septembre 2023

Après la saga déclenchée par l’«oubli» du port de la ceinture de sécurité en voiture, la ministre des Transports, Geneviève Guilbaut, en remet une couche en publiant une photo en compagnie de Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse, et son amoureux des dernières années, sur les réseaux sociaux.

Perçue comme une travailleuse infatigable, traitant ses dossiers consciencieusement, une fonceuse, certains la prétendant même comme la dauphine de François Legault, Mme Guilbault, ces temps-ci, mène une vie de «rock star» sur qui tous les regards sont tournés.

D’entrée de jeu, la ministre est en droit de choisir le genre de vie qu’elle veut vivre. Toutefois, eu égard à son siège au cabinet des ministres, elle aurait avantage à soulever le pied de l’accélérateur concernant sa vie personnelle, à défaut de quoi la crédibilité qu’elle a su acquérir en pilotant des dossiers chauds, notamment celui du troisième lien entre Québec et Lévis, risque de s’effriter passablement.

La politique pardonne difficilement les écueils de parcours. Madame Guilbault n’a rien fait de particulièrement répréhensible. Toutefois, le revirement soudain dans sa vie personnelle affiché ouvertement au grand public risque d’être perçu par plusieurs comme un erreur de jugement, une situation avec laquelle elle devra vivre et surtout qu’elle aura à défendre…

vigile.quebec tribune libre 5 septembre 2023

Sur la notion de compétence en éducation

1 septembre 2023

S’il est un terme qui est utilisé de toutes parts par les temps qui courent en éducation, c’est la compétence requise pour enseigner. Ainsi en est-il, d’une part, des voix qui s’élèvent pour saluer la contribution des enseignants non légalement qualifiés et rappeler qu’un enseignant sans diplôme n’est pas forcément incompétent, et d’autre part, de l’initiative qui vise à encourager les profs à afficher leur diplôme d’enseignement bien en vue dans leur classe à la rentrée, pour faire valoir leur compétence.

À mon sens, un constat est indéniable, on ne s’improvise pas enseignant même si l’on est couvert de maîtrises et de doctorats dans quelque champ d’activités que ce soit. D’entrée de jeu, l’enseignement requiert des connaissances en didactique, à savoir les étapes à franchir pour arriver à communiquer ses «compétences» aux élèves, à commencer par capter leur attention à défaut de quoi la communication est littéralement inexistante.

Dans cette foulée, je verrais d’un bon oeil la mise sur pied de stages de formation en classe sous la supervision d’un enseignant qualifié. À titre d’exemple, je verrais mal un apprenti-pompier se rendre sur les lieux d’un incendie avant même d’avoir été formé sur les différentes mesures à prendre pour maîtriser le foyer d’incendie.

Enfin, l’éducation doit être au centre des priorités d’une société, et elle ne peut souffrir d’un nivellement par le bas dans lequel toute une génération de jeunes québécois seraient pris en otages. L’enseignement ne peut se permettre de tergiverser sur la notion de compétence au même titre que toutes les professions dont le travail principal consiste à entrer en relation avec des êtres humains.

vigile.quebec tribune libre 31 août 2023

Pour l’amour de nos enfants…

1 septembre 2023

D’entrée de jeu, je tiens à signaler que je suis en complet désaccord avec les propos haineux parus sur les médias sociaux eu égard à l’engagement d’une enseignante non binaire dans une école primaire du Centre de services scolaire des Hautes-Rivières.

De plus, je me montre ouvert aux stratégies utilisées par la direction, notamment l’envoi d’une lettre aux parents. «À l’intérieur de l’école, le personnel, les élèves et les parents ont très bien réagi.. et la grande communauté de l’école a témoigné de sa solidarité et d’un soutien qui font chaud au cœur», a affirmé en entrevue la directrice. Enfin, les parents concernés ont été informés qu’une enseignante à temps partiel dans deux groupes de la fin du primaire préfère être désignée comme Mx (qui se prononce «Mix»), au lieu de monsieur ou madame, puisqu’elle s’identifie comme une personne non binaire.

Toutefois, un aspect très important de cette situation pour le moins inédite concerne les enfants à qui l’école ouvrira une discussion sur «l’ouverture, les différences et les appellations de genre» avec les élèves concernés par ce contexte. Or, considérant que les jeunes du primaire sont déjà confrontés à des changements affectifs, sociaux, physiques et psychologiques majeurs durant cette période cruciale de leur vie, est-il vraiment pertinent de les placer dans un contexte que je qualifierais de court-circuitage inopportun?

Pour l’amour de nos enfants, n’est-il pas préférable de les laisser vivre leur vie d’enfants avec leurs rêves et leur belle naïveté? Pourquoi les embrigader dans un monde d’adultes qui risque de les sortir de leur monde sans raison apparente sauf celle de respecter la liberté de l’enseignante? Enfin, pourquoi la dite enseignante ne se ferait-elle pas nommée tout simplement par son prénom?

vigile.quebec tribune libre 31 août 2023


 

Le feuilleton dans Jean-Talon

26 août 2023

La campagne électorale dans Jean-Talon n’est pas encore lancée officiellement que le feuilleton du nouveau candidat péquiste dans Jean-Talon, Pascal Paradis, soulève des questions dont les réponses actuelles des principaux intéressés ne semblent pas faire l’unanimité auprès des médias.

D’un côté, M.Paradis affirme qu’il s’est fait confirmer par le chef de cabinet du premier ministre, Martin Koskinen et la directrice générale de la CAQ, Brigitte Legault, que le projet du troisième lien entre Québec et Lévis sera envoyé aux calendes grecques après les prochaines élections. De l’autre côté, quelques heures après la sortie de Pascal Paradis, le bureau du premier ministre a nié sans détour ces affirmations.

Toutefois, pour ajouter un peu de substance au scénario de M. Paradis, il eût été préférable, voire plus crédible, que ce dernier prenne les devants en lançant cette fronde aux hauts dirigeants de la CAQ au lieu de se placer sur la défensive à la suite des révélations de la CAQ sur le copinage du candidat péquiste auprès de M. Koskinen.

Enfin, la politique étant ce qu’elle est, vous connaissez la suite, les deux parties se renverront la balle pendant quelques jours puis le match se terminera par un verdict nul… En bref, on ne connaîtra jamais la vérité de ce feuilleton digne d’un navet littéraire!

Le Devoir 26 août 2023
Le Soleil (version numérique) "Pascal Paradis au feuilleton dans Jean-Talon" 27 août 2023

L’éducation, la priorité des priorités de M. Legault?

25 août 2023

Dès le tout début de son premier mandat en 2018 à titre de premier ministre du Québec, François Legault clamait sur tous les médias qu’il ferait de l’éducation sa «priorité des priorités» Or, nonobstant les efforts consentis pour mettre de l’avant les maternelles 4 ans, le reste du réseau scolaire a été littéralement relégué sur les tablettes.

Et pourtant, au cours des dernières décennies, toutes les statistiques concernant le bassin d’enseignants au Québec démontraient clairement que le secteur de l’éducation se dirigeait vers une pénurie de main d’oeuvre à moyen terme. Aujourd’hui, plus de 8 500 enseignants manquent à l’appel quelques jours seulement avant la rentrée des classes, et le premier ministre et son ministre de l’Éducation «travaillent fort» pour que chaque élève puisse bénéficier d’une présence «adulte» en classe, les mesures proposées, notamment l’engagement d’enseignants non qualifiés, ne faisant que contribuer au nivellement par le bas avec, en otages, toute une génération de jeunes québécois.

À mon avis, la solution à la pénurie de main d’oeuvre en éducation est directement proportionnelle au manque d’attractivité de la profession qui est devenue, sous le poids des réformes parrainées par d’«illustres penseurs», d’une lourdeur insupportable. De surcroît, l’intégration des jeunes à besoins particuliers dans les groupes dits «réguliers» , qui nécessitent l’appui de personnel spécialisé lui-même en pénurie, est venue ajouter à la lourdeur de la tâche des enseignants déjà submergés par la paperasse administrative et les réunions de toutes sortes.

M. Legault, si vous désirez vraiment faire de l’éducation la priorité de vos priorités, agissez dans ce sens en redonnant d’abord et avant tout à l’enseignement ses lettres de noblesse, et en octroyant au personnel de l’éducation un salaire digne des responsabilités qui leur incombent, notamment et surtout la formation des adultes du Québec de demain.

vigile.quebec tribune libre 25 août 2023

Un pays, deux provinces, une tendance

25 août 2023

Des chiffres dévoilés par Statistique Canada le 22 août révèlent des résultats pour le moins alarmants. En effet, l’anglais continue sa progression dans les foyers et les milieux de travail au Québec, tandis que le français poursuit sa tendance vers la minorisation en Ontario.

À titre d’exemples, 51,7% de Québécois sont capables de soutenir une conversation en anglais, un sommet historique, 35,4% des travailleurs au Québec utilisent l’anglais au moins régulièrement au travail, 66,6% des immigrants au Québec peuvent soutenir une conversation en anglais contre 48,9 % des personnes nées ici et 13% de Québécois ont l’anglais comme langue plus souvent parlée à la maison, en hausse de 1,2 % entre 2016 et 2021.

En Ontario, le poids démographique des Ontariens en mesure de soutenir une conversation en français a chuté à 11,1%, son niveau le plus bas en 50 ans. Au travail, le français est utilisé de manière prédominante chez 1,2% des Ontariens occupant un emploi. C’est un secret de polichinelle, le français en Ontario au mieux stagne, au pire périclite.

Dans quelque scénario que ce soit, le Québec est perdant. Et il ne faut pas chercher bien longtemps pour en connaître la raison: le sacro-saint bilinguisme de Pierre Elliot Trudeau. À cet effet, toutes les études sur le bilinguisme étatique en arrivent à la conclusion que les défenseurs de ce concept nagent en pleine utopie. Il est historiquement prouvé que tous les États qui parlaient deux langues finissaient toujours par en privilégier une et ainsi contribuer à l’extinction de l’autre.

Le Canada est un pays à majorité anglophone, et indubitablement, l’anglais continuera de gruger le français jusqu’à sa disparition… À moins que le Québec acquière son indépendance et insère dans sa Constitution le français comme langue officielle de l’État québécois. C’est une simple question de gros bon sens!

vigile.quebec tribune libre 25 août 2023  

Haro sur le cellulaire à l’école

24 août 2023

D’entrée de jeu, laissez-moi vous raconter une anecdote fort révélatrice de la soumission systémique aux technologies qui envahissent littéralement le monde «moderne». Dernièrement, lors d’un voyage d’agrément dans les Antilles, nous étions assis, ma femme et moi, dans le hall de notre hôtel en train de siroter un cocktail. À quelques mètres de nous, prenaient place, selon toute évidence, le père, la mère et leurs deux enfants, tous les quatre les yeux rivés sur leur cellulaire. Lorsque nous nous sommes levés pour aller à la salle à manger quelque trente minutes plus tard, les quatre membre de la famille famille n’avaient pas levé les yeux de leur bidule. Et dire qu’ils étaient probablement là pour passer des vacances en famille…

Dans la foulée de cette dépendance malsaine au cellulaire, le débat est ouvert par les temps qui courent sur la présence ou non du cellulaire à l’école. En ce qui me concerne, la solution est claire, le cellulaire doit être banni de l’école, point final. Cet engin électronique constitue, à mon sens, le plus grand perturbateur d’une saine communication entre la maître et l’élève.

De surcroît, il se faufile sournoisement dans les corridors, à la cafétéria, entre les cours, à la salle de récréation, si bien qu’il s’érige en obstacle impertinent contre le phénomène de socialisation si important, voire crucial, pendant les diverses étapes d’évolution des jeunes.

L’école incarne une mini-société sur laquelle il est toujours possible d’exercer un contrôle. Les gadgets électroniques, tel le cellulaire, vont carrément à l’encontre de la mission de l’école, à savoir ouvrir les jeunes au monde qui les entoure. Par conséquent, le MEQ a, non seulement le pouvoir, mais aussi le devoir de veiller à la poursuite de cette mission. Haro sur le cellulaire à l’école…

vigile.quebec tribune libre 23 août 2023
 

Bernard Lagaffe

22 août 2023

De toute évidence, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, semble avoir développé une propension naturelle pour «se mettre les pieds dans les plats». Cette fois-ci, en réaction à l’ancienneté qui est responsable, selon le ministre, du fait que les nouveaux enseignants se retrouvent toujours à enseigner à des groupes difficiles, il a avancé l’idée qu’il serait souhaitable de confier aux jeunes enseignants des classes de maternelle 4 ans «qui sont moins exigeantes». «Je pense que ça pourrait être une belle façon de les amener à aller chercher cette expérience-là», a-t-il lancé.

Il n’en fallait pas davantage pour que les réseaux sociaux s’enflamment, notamment de la part d’enseignantes de classes de préscolaire. «Je suis profondément outrée, déçue et gênée par ces propos. Quelle opinion biaisée de notre travail vous avez!…Cessez de faire des commentaires aussi dégradants envers vos enseignants, surtout ceux du préscolaire. Montrez-leur plutôt de la reconnaissance afin de stopper cette pénurie et d'inciter les jeunes à choisir cette profession», peut-on lire.

On se souviendra qu’au printemps dernier, Bernard Lagaffe avait présenté ses excuses aux profs après le tollé soulevé par sa comparaison entre le salaire des députés et celui des enseignants. C’est un secret de polichinelle que Bernard Drainville n’a pas inventé la diplomatie. D’ailleurs, à cet effet, j’avais écrit un billet à l’effet que je ressentais de sérieux doutes sur le fait que Bernard Drainville était l’homme de la situation à titre de ministre de l’Éducation, et qui plus est, dans un contexte de négociation, où il lui faudrait «marcher sur des œufs», ce qui n’est pas, hors de toute, sa «tasse de thé».

Dans un contexte de pénurie de main d’oeuvre en éducation, dans lequel plusieurs enseignants d’expérience tirent leur révérences, débordés par la lourdeur de leur tâche, M. Drainville aurait tout avantage à proposer des mesures suscitant l’attractivité de la profession d’enseignant au lieu de multiplier les gaffes qui le disqualifient carrément aux yeux des enseignants.

Le Soleil (version numérique) 22 août 2023
vigile.quebec tribune libre 23 août 2023

Élever le niveau de lecture des élèves

17 août 2023

D’entrée de jeu, il m’apparaît sain de spécifier que les jeunes du secondaire ne manifestent pas tous un intérêt pour la lecture, d’où la prudence à faire preuve devant l’initiative de professeurs de français au secondaire eu égard à l’ajout de classiques de la littérature parmi les lectures obligatoires en français.

À cet effet, du temps où j’enseignais le français au secondaire, je commençais toujours l’année scolaire en offrant aux élèves le choix du livre qu’ils souhaitaient lire, conscient que le niveau de lecture des élèves variaient d’un à l’autre, et que certains d’entre eux lisaient peu, voire pas du tout. Et, plus l’année avançait, plus j’élevais mes exigences en les obligeant, par exemple, à lire un roman, et ainsi jusqu’à la dernière étape où ils devaient lire un roman québécois.

«Il faut mettre sur pied, avec des experts en littérature et en pédagogie et avec des enseignants, un répertoire argumenté d’œuvres tirées de la littérature québécoise et universelle, mais assez vaste pour qu’il reste une liberté pédagogique aux profs», lance Lili-Marion Gauvin-Fiset, qui enseigne le français à l’école Joseph-François-Perrault, à Québec.

Personne n’est contre la vertu. Un tel répertoire, quoique très intéressant, risque d’abandonner en chemin certains élèves qui n’ont pas de propension naturelle pour la lecture et de les rebiffer davantage contre ce passe-temps. Je demeure convaincu que ces élèves dévoreront une revue sur leur sport préféré, l’objectif de départ étant de les initier à la lecture, et de les amener progressivement à développer leur goût pour une lecture d’un plus haut niveau.

Notre littérature fait partie intégrante de la culture québécoise. En tant que société responsable, nous nous devons d’initier nos jeunes aux grands auteurs québécois. Encore faut-il développer chez eux une attractivité pour la lecture, laquelle contribuera grandement à susciter chez eux le goût d’aborder les grands auteurs québécois.

vigile.quebec tribue libre 16 août 2023
Le Soleil (version numérique) 20 août 2023