La dégringolade de François Legault

12 décembre 2023

Au moment où la CAQ prend le pouvoir en 2018, le Québec est ankylosé sous le poids des coupures budgétaires émanant du gouvernement de Philippe Couillard. Le désir de changement est tellement fort qu’on aurait pu prévoir l’issue de la campagne avant la fin. Le climat politique est donc propice à l’émergence de projets mobilisateurs tels la naissance de la Loi 21 sur la laïcité de l’État et de la Loi 96 sur d'importantes modifications à la Charte de la langue française.

En 2020, la COVID 19 vient chambarder les habitudes de vie des Québécois. Le Québec est littéralement sous le choc. Durant cette période noire, François Legault se démarque par sa capacité à jouer le rôle de «bon père de famille» en mobilisant les Québécois autour de règles de conduite contraignantes. L’étoile de François Legault atteint son apogée.

En 2022, lors du scrutin général, la CAQ obtient une majorité écrasante. Or, la boussole de Françoi Legault semble tout à coup avoir perdu le nord. Rien ne va plus au royaume de la CAQ. Les tergiversations dans le dossier de la SAAQ créent de nombreuses insatisfactions auprès des Québécois. Ainsi en est-il des changements de cap sur le troisième lien et le tramway à Québec. Les sondages commencent à démontrer une perte importante de la popularité des Québécois envers François Legault. C’est sans compter la saga des Kings de Los Angeles dans le décor.

Et, pour clore le portrait, le vent des négociations dans le secteur public prend la direction des syndiqués au détriment du gouvernement. Les sondages révèlent une augmentation croissante de la faveur des Québécois auprès du PQ au détriment de la CAQ. Même si les élection de 2026 sont encore loin, il n’en reste pas moins que l’usure du pouvoir continue de gruger la popularité de François Legault. Bien malin celui qui pourrait prévoir son avenir sur la scène politique Québécoise…

vigile.quebec tribune libre 10 décembre 2023
Le Soleil (version numérique) 12 décembre 2023
 

L’auto-infantilisation selon Legault

27 novembre 2023

Je me rappelle qu’un jour, ma fille, alors âgée de huit ans, est arrivée à la maison en larmes en se plaignant que ses amis étaient fâchés contre elle! C’est précisément cette image qui m’est apparue en tête lorsque j’ai entendu notre premier ministre avouer péniblement en point de presse qu’il était très conscient que les Québécois étaient «fâchés contre lui» et qu’il allait essayer de faire mieux pour regagner leur confiance.

Puis, à l’exemple de ma fille qui est demeurée coite sur les raisons de cette mésentente avec ses amis, François Legault a répondu tout bonnement qu’il ne voulait pas «commencer à jouer à l’analyste, c’est un ensemble de raisons» comme s’il n’avait pas le goût d’entrer dans le vif du sujet.

Ce n’est pas la première fois que le premier ministre utilise l’auto-infantilisation pour se sortir du pétrin. Et pourtant, en réalité, les citoyens ne sont pas fâchés contre lui, mais plutôt déçus de ses dernières tergiversations, notamment eu égard au projet de tramway à Québec. Encore une fois, François Legault a emprunté la voie de l’enfance au lieu de celle de l’adulte, qui aurait été d’avouer sa déception d’avoir trahi ses citoyens.

Un premier ministre, M. Legault, assume ses choix sans les envelopper d’un ruban rose. Je vous invite donc à y faire face et à les assumer sans tomber dans un mélodrame enfantin dans un effort de dédramatisation complètement hors contexte.

Le Soleil (version numérique) le 27 novembre 2023

 

La notion de priorité selon Éric Girard

16 novembre 2023

Pas plus tard qu’il y a une semaine, le ministre des Finances, Éric Girard, lors de la présentation de sa mise à jour économique, annonçait aux Québécois qu’ils devraient «se serrer la ceinture» au cours des prochains mois. Or, on apprend aujourd’hui que les Kings de Los Angeles tiendront la fin de leur camp d’entraînement au Centre Vidéotron en octobre 2024 sous l’initiative du gouvernement du Québec qui octroiera une somme de 5 à 7 millions $ pour faciliter la venue de l’équipe à Québec.

Je n’ai rien contre la venue des Kings de Los Angeles au Centre Védéotron. Toutefois, dans les contexte d’une inflation galopante jumelée à une période de négociation collective du secteur public, il y a tout lieu de s’interroger sur la notion de priorité du ministre des Finances dans le fait qu’il puise 5 millions $ dans les poches des contribuables pour venir en aide à des propriétaires milliardaires. Tout simplement scandaleux!

Dans cette foulée, je ne puis qu’abonder dans les sens du député de Jean -Talon, Pascal Paradis, qui y est allé de ce commentaire: « J'adore le hockey, je suis heureux que des équipes de la LNH viennent jouer à Québec. Mais allouer 5 à 7 millions de l'argent des contribuables pour ça? Pendant qu'on nous dit qu'il n'y a plus d'argent pour traiter adéquatement les enseignants, les infirmières, [...]que les banques alimentaires et les organisations communautaires sont à bout de souffle et de moyens? »

Quant à vous, M. Girard, une tache attaquant votre crédibilité vient d’apparaître sur votre dossier de ministre «responsable» des Finances… Vous devez en prendre bonne note et éviter de tels écarts de conduite dans vos prochaines discussions avec les magnats du hockey professionnel!

Le Devoir 16 novembre 2023
Le Soleil 18 novemre 2023

Les parents à besoins particuliers

13 novembre 2023

Depuis belle lurette, les élèves à besoins particuliers font les manchettes des articles les associant à la lourdeur de la tâche des enseignants. Dans cette foulée, il arrive fréquemment que les auteurs de ces articles les associent aux lacunes de certains parents eu égard à l’éducation de leurs enfants, notamment à la fréquence de l’utilisation des médias sociaux à la maison, et au climat de violence qui règne à la maison.

D’entrée de jeu, je me refuse à placer tous les parents dans le même bateau, conscient que plusieurs d’entre eux ont réussi à établir un sain équilibre envers l’utilisation des médias sociaux, Par contre, pour certains parents, le contrôle sur une utilisation modérée des médias sociaux devient illusoire si bien que les parents de ces jeunes abandonnent au profit d’un calme «apparent» à la maison. Il n’en faut pas davantage pour que ces jeunes développent un problème de concentration à l’école.

Le climat qui règne à la maison eu égard au respect de chacun des membres de la famille est révélateur de l’attitude que développera le jeune en société, notamment à l’école. À titre d’exemple, un climat de violence les uns envers les autres sans intervention de la part des parents risque fort de se répercuter à l’école de la part du jeune qui vit un tel climat à la maison.

Le manque de concentration des jeunes et la violence envers le personnel scolaire sont souvent identifiés comme des sources importantes attribuées aux élèves à besoins particuliers. Peut-être pourrions-nous fouiller en amont auprès des parents à besoins particuliers…

vigile.quebec tribune libre 6 novembre 2023
 

C’est la faute à l’inflation!

13 novembre 2023

Selon un sondage Léger/Le Journal-TVA, les intentions de vote pour la CAQ ont chuté à 30%, en baisse de 4% en un mois et de onze points depuis les élections générales de 2022 et, pour la première fois depuis la naissance de la CAQ, François Legault est moins populaire que son parti.

«C’est sûr que ça me fait de la peine de voir la baisse d’appuis des Québécois à mon égard, puis j’en prends toute la responsabilité… Je vais essayer d'être meilleur», a commenté M. Legault. On se serait attendu à ce que le premier ministre fasse preuve d’humilité en citant en exemples des attitudes ou des déclarations qu’il regrettait dans l’exercice de ses fonctions.

Mais il a réagi tout autrement. En effet, questionné à deux reprises sur les causes de cette décote, le chef caquiste a uniquement évoqué l’inflation qui frappe le portefeuille des Québécois en répondant qu’il envisageait d’aider à nouveau les Québécois face à la hausse du coût de la vie. «Je sais que les Québécois, actuellement, souffrent beaucoup de l’augmentation des prix puis je vais essayer de voir comment je peux mieux les aider», a-t-il argué.

En termes clairs, ce n’est pas de ma faute si ma cote de popularité a baissé dans ce sondage, c’est la faute à l’inflation!

vigile.quebec tribune libre 6 novembre 2023

Marchand doit répondre présent

9 novembre 2023

Dans le dernier sondage, on apprend que la cote de popularité de Bruno Marchand à la mairie de Québec a chuté, et que près de la moitié des citoyens de la Capitale nationale souhaitent un changement à la mairie. Dans cette foulée, Bruno Marchand a affirmé «qu’il faut écouter» la population et a promis qu’il annoncera «rapidement» ses couleurs quant à une éventuelle candidature à la mairie de Québec en 2025.

À mon avis, le dossier chaud sur le tramway jouera un rôle clé dans la décision du maire. Bruno Marchand fait preuve d’une détermination sans borne dans ce dossier qu’il juge capital pour la réputation de Québec. Les multiples embûches que rencontre le projet de tramway l’obligent à affirmer «qu’il faut écouter» la population.

À mon sens, le tramway est un incontournable et, conséquemment, le maire doit continuer de se tenir debout et d’aller de l’avant dans ce projet d’un réseau de transport collectif structurant, Dans mon esprit, il ne fait aucun doute que les planètes sont alignées pour donner suite à ce projet.

Par contre, tant et aussi longtemps que le gouvernement Legault voguera dans des tergiversations à n’en plus finir, Bruno Marchand doit garder le cap sur la réalisation du tramway en espérant que le gouvernement provincial se commette enfin, D’ici là, l’éventuel deuxième mandat de Bruno Marchand doit faire partie de son plan de carrière à venir.

Le Devoir 9 novembre 2023

PSPP en avance comme meilleur premier ministre

6 novembre 2023

Même si la plupart des analystes attribuent la montée du chef du PQ dans les sondages à sa victoire lors des élections partielles dans Jean-Talon, je suis plutôt d’avis que la popularité de PSPP remonte à la croisade qu’il a menée eu égard à l’abolition du serment d’allégeance des députés au roi Charles III, une lutte qu’il a assumée avec courage, respect et détermination, et que la plupart des experts jugeaient perdue d’avance.

Il n’est donc pas surprenant qu’aujourd’hui un denier sondage le place en tête parmi les chefs de partis à titre de meilleur premier ministre devant François Legault qui, pour la première fois, se retrouve moins populaire que son parti.

Nonobstant les deux événements cités plus haut, PSPP est arrivé sur la scène politique en adoptant la transparence comme fer de lance. Dans cette foulée, le fait qu’il ait ressorti du placard la souveraineté du Québec au cours de la campagne électorale démontre à quel point PSPP fait preuve d’ouverture dans ses communications avec les médias et ses militants.

Le dernier sondage consacre, à mon sens, la popularité croissante de PSPP face à la descente d’un François Legault dont l’usure du pouvoir contribue de plus en plus à pâlir son étoile. De son côté, PSPP a redonné à la souveraineté ses lettres de noblesse. Reste à voir si le temps persistera à maintenir sa bonne étoile jusqu’au prochain scrutin…

vigile.quebec tribune libre 2 novembre 2023

Legault, capitaine Canada malgré lui

6 novembre 2023

La victoire du Parti québécois (PQ) dans Jean-Talon et la sortie du projet de Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) eu égard au budget de l’an 1 d’un gouvernement souverainiste ont eu pour effet de projeter le PQ à l’avant-scène de la politique québécoise.

D’un autre côté, compte tenu que le Parti libéral du Québec (PLQ) ne peut assumer la défense du fédéralisme dans l’état délabré où il se retrouve, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, n’aura d’autre choix que de jouer bien malgré lui le rôle de capitaine Canada devant les arguments répétés de PSPP sur les avantages d’un Québec souverain.

François Legault pourra toujours invoquer son option nationaliste, force est de constater que ses échecs eu égard à ses demandes à Ottawa, notamment sur les transferts en santé, laissent voir un nationalisme qui souffre pour le moins de plomb dans l’aile. Et, de surcroît, l’argument-clé de François Lefault à l’effet que les «Québécois sont ailleurs» risquent de recevoir une oreille moins attentive de la part de l’aile souverainiste de la CAQ compte tenu de la montée impressionnante du PQ dans les sondages.

À mon avis, François Legault a cru que son option nationaliste à l’intérieur d’un État fédéraliste et de surplus, à la tête d’un gouvernement fortement majoritaire, lui conférerait un poids décisionnel devant le gouvernement fédéral, mais c’était bien mal connaître le côté centralisateur de Justin Trudeau.

Les jeux sont ouverts, M. Legault, à vous de jouer. Toutefois, méfiez-vous de votre adversaire, peut-être vous fera-t-il regretter d’avoir changé de camp à une certaine époque pas si lointaine!

vigile.quebec tribune libre 31 octobre 2023

Les élèves à besoins particuliers: le cul-de-sac

6 novembre 2023

Selon les résultats catastrophiques d’une enquête menée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et obtenue par Le Journal, 57% des employés des écoles primaires et secondaires sont victimes de détresse psychologique. La détresse psychologique frappe davantage les enseignants (62%), suivi des professionnels et des employés de soutien… Une donnée ahurissante!

L’étude permet aussi de mettre le doigt sur des «risques psychosociaux» qui peuvent avoir un impact sur la santé mentale du personnel scolaire, comme la charge de travail élevée (71% des répondants), et la faible reconnaissance au travail (56% des répondants). Selon M. Simon Viviers, professeur à l’Université Laval, la dégradation des conditions de travail causée par l’augmentation du nombre d’élèves en difficulté pourrait expliquer la hausse importante des cas de détresse psychologique au cours des dernières années. «C’est là où le bât blesse», affirme-t-il.

L’école du Québec est malade, elle n’arrive plus à répondre aux besoins de tous les élèves, une situation drainant dans son sillon une tâche immensément lourde pour le personnel enseignant. De surcroît, le personnel spécialisé, tels les psychologues, les travailleurs sociaux, les orthopédagogues, etc, sont en pénurie de main d’oeuvre. Le personnel en service de garde a été appelé à l’aide par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, un compromis qui ne peut répondre à la complexité des tâches inhérentes au personnel spécialisé.

C’est la quadrature du cercle. Comment peut-on répondre aux exigences des élèves à besoins particuliers hic et nunc? La seule voie possible se trouve, à mon avis dans le curriculum du personnel spécialisé que l’on pourrait concentrer afin de permettre à des étudiants inscrits en sciences de l’éducation d’agir comme stagiaires auprès des enseignants.

vigile.quebec tribune libre 25 octobre 2023

La seconde vie de François Legault

6 novembre 2023

En mai 2005, un document écrit par le député de Rousseau, François Legault, est publié. Intitulé "Finances d'un Québec souverain", le document ramène à l'avant-scène la question des finances publiques hypothétiques d'un Québec souverain et relance du même coup tout le débat de la question souverainiste du Québec.

Dix-huit ans plus tard, alors que le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), présente son budget de l’an 1 d’un parti souverainiste au Québec, François Legault se retrouve à la tête d’un gouvernement nationaliste et fédéraliste qui a été créé en grande partie de libéraux et de péquistes désillusionnés au sein du Parti libéral du Québec (PLQ) et du Parti québécois (PQ).

De son côté, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a fait le pari qu’il obtiendrait la collaboration du gouvernement fédéral de Justin Trudeau eu égard à ses demandes. Or, le dossier sur l’échec des demandes des provinces et territoires sur les transferts en santé vient lui enlever ses illusions sur le fédéralisme collaboratif qu’il avait espéré et, par ricochet, atténuer sa vision du nationalisme.

Aujourd’hui, en remettant l’option souverainiste à l’avant-scène de la la politique québécoise, Paul St-Pierre Plamondon force François Legault à se faire le défenseur du fédéralisme contre l’option souverainiste, une situation délicate , notamment eu égard à l’empiétement de Justin Trudeau sur les pouvoirs du Québec en santé.

Conséquemment, une question se pose: François Legault a-t-il fait le bon choix en décidant de troquer son souverainisme pour un nationalisme de collaboration avec Ottawa? Pour l’instant, sa seconde vie semble le mener tout droit dans le mur.

viile.quebec tribune libre 25 octobre 2023