Le chemin de Damas d’Enrico Ciccone
21 février 2025 Il est de notoriété publique que le député libéral de Marquette et ex-joueur de la LNH, Enrico Ciccone, avait la réputation de bagarreur au hockey, à preuve sa présence de 1469 minutes au banc des pénalités en 374 parties. Or depuis son accession à l’Assemblée nationale, celui qu’on qualifiait du surnom peu reluisant de «goon» sur la patinoire s’est donné comme défi de combattre le phénomène systémique des bagarres dans le hockey.
Il n’en fallait pas davantage pour que notre premier ministre n’intervienne en chambre en déclarant qu’il «pense que ça n’a pas sa place, ce qu’on a vu avec les deux frères Tkachuk, comme ça n’avait pas sa place, le rôle que jouait le député de Marquette quand il jouait au hockey». Et, pour ajouter à son offense cinglante, Enrico Ciccone prétend que François Legault lui aurait aussi lancé, à micro fermé, qu'il n’aurait même pas eu de réelle carrière de hockeyeur n’eût été son style bagarreur.
«J’ai pris ma retraite à 30 ans. J’ai toujours dû prouver à tout le monde qu'on n'est pas des imbéciles, les joueurs de hockey, qu'on est capables d'avoir une voix, qu'on est capables de faire changer les choses. C’est pour ça que je suis à l'Assemblée nationale aujourd'hui. C'est ma mission», a fait savoir M. Ciccone. «Puis, un chef d'État me dit : toi, tu ne serais pas ici si tu ne t'étais pas battu.» Diplomate, notre premier ministre, non?
En concentrant toutes ses énergies sur son combat contre les coups de poing en plein visage lors des matchs de hockey, le bagarreur Enrico Ciconne a choisi d’entreprendre un long chemin de Damas, sa réputation le devançant étant perçue par certains amateurs de hockey, dont le premier ministre, comme un obstacle à sa crédibilité.
En revanche, je suis plutôt d’avis que son passé, à l’exemple de plusieurs personnalités publiques, tel René Lévesque qui est devenu premier ministre du Québec malgré son expulsion du Collège des Jésuites durant ses études classiques en raison de ses mauvaises notes, lui permet de se conscientiser au phénomène des bagarres et, de facto, d’y apporter des pistes de solutions concrètes et constructives. Persévérez dans votre «mission», M. Ciccone, la qualité du hockey ne s’en portera que mieux.
vigile.quebec tribune libre 20 février 2025