Le «mâle alpha» ou le retour en arrière

4 novembre 2024

Nous avons assisté à l‘émergence du féminisme, place maintenant au masculinisme, un mouvement qui prend de plus en plus d’expansion dans le monde, y compris au Québec. Selon les partisans de ce mouvement, l’homme a besoin de retrouver son identité dans un monde dans lequel les rôles des hommes et des femmes sont entremêlés, d’où le retour aux valeurs traditionnelles. Le «mâle» revendique les rôles qui lui étaient dévolus historiquement dans un temps pas si lointain, notamment la domination sur sa femme, espérant de la sorte redevenir l’«alpha», l’acteur principal de la vie en couple, la femme incarnant la soumission. Et, croyez-le ou non, certains couples adhèrent librement à ce mode de vie. Pour vous donner une petite idée de l’ampleur du phénomène, le mot-clic #alphamale comptait près de 900 millions de vues sur TikTok en 2023.

Or à mon avis, l’homme et la femme jouent des rôles complémentaires dans le tissu social, et forcément dans un couple. Le mouvement féministe a certes contribué à une crise d’identité de la part de l’homme qui cherche à retrouver sa place dans la société. En revanche, je suis d’avis que la domination ne peut qu’engendrer une collision brutale et déterminante au sein d’un couple du XXIième siècle. Conséquemment, il m’apparaît essentiel que l’homme retrouve ses repères et se réapproprie son rôle à l’intérieur d’un couple, notamment celui d’accompagnateur dans un projet d’émancipation des deux partenaires.

Enfin je respecte la libre expression pour tous pour autant qu’elle soit reconnue par tous. Aussi, en vertu du principe de l’égalité des sexes reconnu officiellement par l’Organisation des Nations Unies, je m’objecte fermement au retour en arrière drastique et déshumanisant tel que prôné par les «mâles alpha».

vigile.quebec tribune libre 3 novembre 2024

L’école à rythme d’apprentissage

4 novembre 2024

D’entrée de jeu, je voudrais dissiper toute confusion sur notre système d’éducation que certains qualifient péjorativement de système à trois vitesses en faisant référence aux écoles privées, aux écoles publiques à projets particuliers et aux écoles publiques dites régulières incluant les élèves à besoins particuliers. Or, à mon sens, partant du fait établi que tous les enfants ne naissent pas avec le même rythme d’apprentissage, ce dernier critère devrait servir de base au classement des différents types d’écoles.

Ensuite, pour ce qui est du retrait des subventions versées aux écoles privées comme le préconisent plusieurs experts, il m’apparaît pertinent de spécifier que les écoles privées reçoivent du gouvernement des subventions qui correspondent à 60 % de ce qui est versé à l'école publique pour un élève régulier, ce qui implique que les parents doivent débourser 40% des frais de scolarité. Or dans l’hypothèse où les écoles privées devenaient publiques, les frais encourus par le gouvernement seraient majorés de 40% par élève, soit une augmentation substantielle des argents puisés dans les poches des contribuables québécois.

D’autre part, selon des recherches effectuées sur l’intégration des élèves à besoins particuliers à l’intérieur des groupes réguliers, il a été prouvé que ces élèves, au lieu d’être motivés par les élèves réguliers, subissaient une baisse de motivation pouvant conduire malheureusement jusqu’au décrochage scolaire.

Au début des années soixante, le Rapport Parent décrétait le principe de l’admissibilité à l’école pour tous les jeunes du Québec du primaire au secondaire. L’avènement des écoles publiques à projets particuliers, tels les sports-études et les arts-.études, vient confirmer l’importance de reconnaître le rythme d’apprentissage des élèves. Enfin, je suis d’avis que le ministère de l’Éducation devrait instaurer une demi-journée d’activités parascolaires à l’horaire des groupes réguliers, une mesure qui permettrait aux élèves de se sortir du train train quotidien et, par ricochet, d’être mieux disposés sur les bancs d’école.

vigile.quebec tribune libre 3 novembre 2024

Pleins feux sur les enseignants et les infirmières

2 novembre 2024

Les systèmes d’éducation et de santé du Québec craquent de partout. Pénurie de personnel, mobilité des effectifs, temps supplémentaire obligatoire, élèves à besoins particuliers, lourdeur excessive des tâches, harcèlement psychologique ne sont que quelques exemples de sujets qui font les manchettes presque quotidiennement.

Et pourtant, derrière ce scénario pour le moins lugubre, des milliers d’enseignants et d’infirmières se dévouent corps et âme pour la réussite des élèves et le bien-être des patients qui leur sont confiés. Malheureusement, ils ne font pas la une des manchettes, ils ne font que leur travail «normal» dans l’ombre des écueils qu’ils rencontrent sur leur chemin professionnel.

Or l’être humain est viscéralement imprégné d’une soif toujours inassouvie de sensationnalisme, de ce qui sort de l’ordinaire et, de facto, les enseignants et les infirmières qui s’évertuent dans des systèmes en manque d’amour passent inaperçus.

Aujourd’hui, je désire rendre un hommage tout particulier à toutes celles et tous ceux qui, contre vents et marées, font preuve d’humanisme et de professionnalisme dans l’accomplissement de leurs tâches au sein des écoles et des hôpitaux du Québec. Puissent leur détermination et leur courage rejaillir et se propager dans notre société en quête d’amour!

vigile.quebec tribune lire 1er novembre 2024
 

La bourde monumentale de Biden

2 novembre 2024

Suite à la performance catastrophique de Joe Biden lors du débat contre Donald Trump, lequel débat a provoqué son retrait à titre de candidat démocrate à la présidence des États-Unis, voilà qu’à quelques jours des élections américaines, le président Biden, le regard hagard et la voix quasi inaudible, a comparé les électeurs républicains à des «ordures», une gaffe monumentale qui pourrait avoir des répercussions extrêmement fâcheuses sur le sprint final de la campagne électorale de la candidate démocrate Kamala Harris, et qui a été vite récupérée par le clan trumpiste.

En lien avec cette bourde aberrante, une question me triture les méninges: Joe Biden a-t-il été conseillé par son entourage rapproché pour s’aventurer aveuglément dans cette voie dangereuse, et si non, pourquoi ne lui est-il pas venu à l’esprit les répercussions catastrophiques qu’elle engendrerait? Et qui plus est, une gaffe lancée au beau milieu du rassemblement du parti démocrate où Kamala Harris prononçait le plus important discours de sa campagne devant le Capitole à Washington.

Ce n’est pas un secret pour personne, Joe Biden est de plus en plus soumis à des écarts de langage qui le conduisent dans des sentiers tortueux et malsains, et de facto, il devrait être encadré dans un agenda politique qui le tienne éloigné des médias pour le plus grand bien de Kamala Harris. La campagne tire à sa fin. Cette erreur stratégique aura-t-elle des répercussions négatives sur le vote populaire du 5 novembre? Il est un fait indéniable, les sondages placent depuis le début de la campagne les deux candidats nez à nez et à ce titre, la moindre petite bévue peut être déterminante. À suivre…

vigile.quebec tribune libre 1er novembre 2024

La boîte à surprise

30 octobre 2024

Je ne sais pas si vous avez la même impression que moi mais, à chaque occasion où le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, nous adresse la parole en point de presse, j’ai toujours l’impression qu’il sort directement d’une boîte à surprise. Dans cet optique, il n’est donc pas surprenant d’entendre le ministre, le regard outré et dévasté, eu égard au scandale au centre jeunesse de la Cité-des-Prairies arguer que «Ça lève le coeur».

Il fallait un grand coup pour condamner un scénario aussi scandaleux à Cité-des-Prairies et il est arrivé tel un boulet de canon. C’est la directrice nationale de la DPJ, Catherine Lemay, poste créé dans le prolongement des recommandations du Rapport Laurent, qui a été contrainte de démissionner. Par ailleurs, qu’en est-il de la DPJ du Centre de réadaptation pour jeunes en difficulté Cité-des-Prairies? Aucun commentaire comme si elle n’existait pas.

Le ministre Lionel Carmant occupe ses fonctions depuis maintenant six ans, et malgré ses hausses de ton pathétiques et ses promesses de réformer la culture des Centres jeunesse, le réseau de la DPJ n’a jamais été dans un état aussi pitoyable. En conséquence, peut-être serait-il opportun qu’il fasse un petit examen de conscience en appuyant sur la touche «retour» et délaisse pour un certain temps la touche «supprimer».

vigile.quebec tribune libre 30 octobre 2024

La «trumpite» aigüe

30 octobre 2024

Je définirais la «trumpite» aigüe comme une inflammation du seuil de tolérance liée à une surexposition et une saturation de termes vulgaires, dépravés, misogynes et autres qualificatifs du mème acabit. À cet effet, depuis le début de la campagne électorale présidentielle aux États-Unis, il ne se passe pas une journée sans que les médias soient inondés des propos disgracieux du candidat républicain, Donald J. Trump, dont l’arrogance n’a d’égale que sa hargne viscérale envers la candidate démocrate, Kamala Harris. Par ailleurs, le plus surprenant dans le cas de cette maladie réside dans le fait que les partisans de Trump semblent immunisés contre ce virus destructeur, et continuent d’appuyer sans réserve leur candidat. De facto, une question se pose: comment se fait-il qu’une immense proportion d’Américains donnent d’emblée leur adhésion à ces propos acrimonieux de la part de leur candidat favori? J’ai beau chercher à comprendre les raisons de leur choix, je n’arrive pas à trouver une raison valable, sinon qu’ils sont envoûtés par l’aura que Donalld Trump dégage…

vigile.quebec tribune libre 30 octobre 2024
 

Un ordre professionnel des enseignants: pour ou contre?

28 octobre 2024

Dans la foulée des récentes révélations sur le climat toxique instauré par des enseignants à l’école primaire Bedford, à Montréal, nombreux ont été les commentaires sur la pertinence de créer un ordre professionnel des enseignants.

Jetons d’abord un coup d’oeil sur les circonstances qui ont entraîné, pendant sept ans, la situation chaotique dans laquelle sont plongés l’ensemble des intervenants liés à ce conflit. On reproche notamment à ce groupe d’enseignants d’avoir eu recours à des techniques d’intimidation et d’humiliation, ainsi qu'à de la violence physique et psychologique envers certains élèves et membres du personnel. Certains d’entre eux ne reconnaissaient pas l’existence des troubles d’apprentissage et exerçaient une pression indue sur les jeunes en difficulté, qui recevaient des punitions pour leur incapacité à suivre le rythme des autres élèves. Certains enseignants croyaient qu’ils seraient en mesure de contrer les difficultés de certains élèves par une discipline d’une rigueur excessive, arguant qu’ils parviendraient de la sorte à les «casser» et leur permettre de retrouver le «droit chemin», etc…

À la lumière de ce scénario pour le moins fort inquiétant, il m’apparaît évident que certains dirigeants oeuvrant dans ou hors de l’école, notamment la direction et la directrice générale du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) ont fait preuve d’un laxisme éhonté et manqué lamentablement à leurs responsabilités liées à leur fonction élémentaire d’une saine gestion du personnel.

Or à la suite de ce fiasco administratif, certaines voix se sont élevées pour réclamer la création d’un ordre professionnel des enseignants qui, soit dit en passant, doit être recommandé par l’Office des professions du Québec lequel,en 2002, avait refusé une telle demande alléguant que la profession enseignante était déjà amplement encadrée. Le cas de l’école Bedford relève essentiellement d’un manque de leadership de la part des personnes déjà en place, et de facto, en mesure de prendre les décisions qui s’imposaient dès les premiers signes avant-coureurs. Conséquemment, je ne vois aucune utilité à créer un ordre professionnel des enseignants. À chacun des dirigeants des instances impliquées de prendre les responsabilités qui leur incombent.

vigile.quebec tribune libre 28 octobre 2024

Le français «full chill»

27 octobre 2024

Au risque de passer pour un dinosaure et par respect pour tous les Félix Leclerc et les Gilles Vigneault de ce monde, je m’érige en défenseur de notre belle langue française devant la destruction massive de son vocabulaire et de sa syntaxe dilapidés par les jeunes adeptes de ce qu’il est convenu d’appeler le français «full chill».

Pour réaliser son Dictionnaire du chilleur, l’auteur, Jérôme 50, a fait le tour du Québec pour répertorier les mots qui façonnent la langue des francophones de 15 à 35 ans, un amalgame qui s’inspire d’internet, de l’anglais sans égard aux anglicismes, et d’autres emprunts à d’autres cultures, telles l’espagnol, l’arabe et le créole. Aux yeux de l’auteur, ce dialecte demeure du français, «style» québécois avec ses distinctions, arguant que l’important réside dans le fait que les mots doivent évoluer et les idées circuler. Justement, parlant de circulation des idées, comment un jeune «chilleur» pourra-t-il communiquer avec une personne âgée s’exprimant dans un français «normal» alors qu’un cul-de-sac linguistique s’érige en barricade, et qu’un fossé infranchissable se creuse entre les deux «interlocuteurs»?

Ce n’est pas la première fois que la langue française est bombardée de toutes parts sous prétexte qu’elle doit s’ajuster aux nouvelles réalités d’aujourd’hui. Soit! Et après? Qu’advient-il de ses racines qui l’ont nourrie? Comment une castre d’individus peut-elle s’ingérer sans pudeur dans la structure profonde d’une langue et la transformer drastiquement et unilatéralement? À mon sens, ces questions méritent d’être posées et surtout que les «chilleurs» y apportent des réponses.

La langue française transporte avec elle des millénaires d’histoire et de culture qui l’ont lentement façonnée jusqu’à aujourd’hui. Elle a évolué avec les technologies modernes en créant de nouveaux mots dépeignant de nouvelles réalités. Le français incarne une langue fièrement défendue par nos ancêtres depuis des siècles, et à ce titre, elle ne peut ni ne doit être triturée tel un vieux chiffon. Au contraire, elle mérite amplement tout notre respect et doit être protégée soigneusement contre tous les «chilleurs» de ce monde.

vigile.quebec tribune libre 27 octobre 2024

Le cas Jacques Teasdale

25 octobre 2024

En décembre 2020, lors de la visite de Jacques Teasdale à l’urgence, une tomodensitométrie thoracique (TACO) a révélé la présence d’un stade précoce de cancer. Le rapport du TACO fut notamment envoyé à sa médecin de famille, qui, quelques semaines plus tard, a suggéré à M. Teasdale d’effectuer un suivi dans un an en l’informant qu’il avait un «nodule» au poumon. Mais, ce suivi n’aura jamais lieu. Pendant ce temps, de 2020 à 2024, M. Teasdale a été hospitalisé à cinq reprises pour des problèmes respiratoires, et à chaque occasion, il en ressortait avec un diagnostic de bronchite.

Or devant ces tergiversations malencontreuses, le fils de Jacques Tesdeale, Louis, à la suite du décès de son père, a l’intention d’engager une poursuite de 960 000$, notamment contre le CHU de Québec et sa médecin de famille, pour avoir «oublié» d’effectuer les suivis médicaux appropriés.

C’est un fait bien connu, le monde de la médecine forme un cercle tissé serré, et c’est bien qu’il en soit ainsi pour le plus grand bien de la protection et de la sécurité des patients. Toutefois, il arrive parfois que cette solidarité agisse comme paravent aux tristes conséquences de l’absence de suivi auprès d’un patient. Dans le cas de Jacques Teasdale, il semble que l’irréparable se soit produit… Dans ces circonstances, Il est à espérer que justice soit faite par respect pour les membres de sa famille, et pour éviter que de tels incidents malheureux ne se répètent envers d’autres patients.

vigile.quebec tribune libre 24 octobre 2024

La liste noire

25 octobre 2024

D’entrée de jeu, je dois admettre que je ne m’érige pas en défenseur du leadership de Justin Trudeau eu égard à la crise à laquelle il est confronté depuis des semaines. D’ailleurs, je suis plutôt d’avis qu’il devrait tirer sa révérence, l’usure du pouvoir ayant assez fait de ravages sur l’image du Parti libéral du Canada.   .

Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’acuité réside dans le fait qu’une poignée de députés d’arrière-ban, signataires d’une lettre dont on ignore le contenu et le nom des signataires, l’exhortent à réfléchir sur son avenir à titre de chef du PLC, et à prendre une décision à cet effet d’ici le lundi 28 octobre. Par ailleurs, sur le fond, à savoir le mécontentement de certains députés au sujet du leadership de Justin Trudeau à la tête du gouvernement, c’est leur droit le plus strict dans un parti politique qui accepte le droit à la libre expression.

En revanche, il m’apparaît pertinent, voire essentiel, de se demander en vertu de quel droit les signataires de la lettre sont en droit de placer le premier ministre en position d’ultimatum eu égard à son avenir en politique. Enfin, en ce qui regarde Justin Trudeau, je ne crois pas qu’il lui faille prendre un temps de réflexion… À mon avis, sa décision de mener la bataille en tant que chef du PLC lors de la prochaine campagne électorale est déjà prise.

vigile.quebec 24 octobre 2024
Le Soleil (version numérique) 28 octobre 2024