Détermination ou entêtement?

20 février 2024

La politique emprunte parfois des chemins qui nous interrogent sur les raisons de ses décisions qui sont basées ou sur la détermination ou sur l’entêtement. Il en est ainsi du vote unanime de la CAQ en faveur de son refus d'imposer des sanctions administratives aux conducteurs dont le taux d'alcool serait plus élevé que 0,05 alors que le taux prévu au Québec est de 0,08.

Un résultat qui entre en contradiction avec une recommandation de la santé publique et qui fait fi du fait que toutes les provinces canadiennes, à l'exception du Québec, imposent des sanctions administratives dès 0,05 et qu’une telle mesure a permis à la Colombie-Britannique d'enregistrer une baisse de 52% des accidents mortels. Autre comportement grégaire inacceptable malgré l’aspect indéniablement très important de la proposition du PLQ résulte du fait que les députés caquistes n’ont pas exercé leur libre opinion, préférant s’en tenir servilement à la ligne de parti.

Nonobstant l’argumentaire de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, à l’effet que le gouvernement du Québec a déjà posé de nombreux gestes dans les dernières décennies pour renforcer la sécurité routière, notamment un plan d'action déposé l'été dernier, je suis d’avis que la CAQ donne l’impression d’être seule à «avoir le pas dans le régiment» et que le seuil entre la détermination et l’entêtement me semble fragile..

Par ailleurs, je me demande si la décision de la CAQ n’est pas reliée au fait que les propriétaires de bars et de restaurants voient dans le 0,05 une éventuelle baisse de leur clientèle et que les régions ne bénéficient pas du transport en commun nécessaire pour accommoder les clients des bars et des restaurants, une part de ces clientèles faisant inévitablement partie de l’électorat caquiste.

vigile.quebec tribune libre 20 février 2024
Le Devoir 24 février 2024

Ensemble contre l’intimidation

18 février 2024

En 2012, le Québec a adopté unanimement la Loi visant à prévenir et à combattre l’intimidation et la violence à l’école. En vertu de cette Loi, chaque conseil d’établissement devait adopter un plan de lutte contre l’intimidation et la violence. De surcroît, depuis 2021, le Québec a un Plan d’action concerté pour prévenir et contrer l’intimidation et la cyberintimidation. Alors, comment expliquer qu’en 2024, avec autant de beaux plans dans les classeurs, on soit aussi peu proactifs dans les écoles secondaires?

Dans mes recherches, Google m’a conduit à cette définition de l’intimidation: « […] tout comportement, parole, acte ou geste délibéré ou non à caractère répétitif, exprimé directement ou indirectement, y compris dans le cyberespace, dans un contexte caractérisé par l’inégalité des rapports de force entre les personnes concernées, ayant pour effet d’engendrer des sentiments de détresse et de léser, blesser, opprimer ou ostraciser ».

Un élément de cette définition m’apparaît particulièrement intéressant, à savoir « dans un contexte caractérisé par l’inégalité des rapports de force entre les personnes concernées». En termes clairs, l’intimidation se caractérise par l’emprise du «méchant» sur le «bon», le méchant utilisant la violence physique et/ou psychologique comme massue pour déconcerter l’innocent incarné par le «bon».

Alors, quoi faire pour annihiler ces comportements destructeurs? Deux paramètres, selon moi, entrent en jeu: les parents et les directions des écoles. Partant du fait accompli que les parents sont les premiers responsables de leurs enfants, l’éducation au respect des autres devrait débuter à la maison et se poursuivre à l’école. Et je ne connais pas d’autres moyens pour exercer cette démarche qu’elle soit appuyée par des règles claires et strictes à la maison comme à l’école.

vigile.quebec tribune libre le 18 février 2024

Coderre le missionnaire

18 février 2024

Le retour médiatisé de Denis Coderre devant les caméras suscite pour le moins son lot de commentaires provenant de la presse et des médias sociaux. Son charisme soulève l’intérêt jusqu’à l’Assemblée nationale où il a rencontré le chef du PQ et entamé un échange tournant autour de l’axe souverainiste-fédéraliste.

À ce sujet, Denis Coderre est formel. N’eût-été de la remontée en flèche du PQ dans les sondages, il ne s’engagerait pas sur la scène politique provinciale. Selon ses propres dires, il se sent appelé dans une mission précise, à savoir relancer la saga entre le oui et le non, et garder le Québec au sein du Canada. «S'il n'y avait pas un troisième référendum éventuel, si on n'avait pas parlé d'indépendance, je ne serais peut-être pas là. C'est le déclencheur», a-t-il confié en entrevue.

Aux yeux du candidat pressenti à la chefferie du PLQ, le Parti libéral du Québec est rendu «trop à gauche» à son goût. «Le PLQ a toujours été le parti de l'économie. Si on veut distribuer la richesse, il faut toujours bien la créer». Par ailleurs, la CAQ de François Legault ne peut rien contre le retour de cette montée du souverainisme qui se dessine, la position des caquistes étant «trop timide».

Denis Coderre arrivera-t-il à ramener les anciens militants du PLQ? Comment réagira l’aile jeunesse du PLQ devant un candidat de la vieille garde? Quelle sera l’attitude des nombreux jeunes maires des municipalités élus lors du dernier scrutin municipal? Toutes des questions qui laissent perplexes eu égard à celui qui s’auto-proclame le sauveur du Québec à l’intérieur du Canada…

vigile.quebec tribune libre 18 février 2024

François Legault, capitaine Canada?

15 février 2024

S’il existe quelqu’un à qui François Legault n’aime pas être comparé, c’est bien à Jean Charest. Eh bien, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, en rajoute une couche en dépeignant son chef comme le meilleur capitaine Canada tout en affirmant qu’il est le mieux positionné pour défendre le Canada et bloquer un référendum sur l’indépendance du Québec.

Il n’en fallait pas davantage pour que François Legault rectifie le tir en déclarant qu’il préférait être qualifié de «capitaine Québec» à l’intérieur du Canada. «Je pense que ça prend un Capitaine Québec à l’intérieur du Canada et il faut que les Québécois comprennent qu’on peut défendre notre langue, qu’on peut défendre notre identité et demander des mesures stratégiques pour promouvoir le français».

L’auteur du budget de l’an 1 d’un Québec souverain dans une vie antérieure aura beau invoquer son nationalisme envers le Québec, force est de constater qu’il est continuellement confronté aux humeurs fédéralistes, notamment eu égard à la loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français.

Par ailleurs, dans l’éventualité où le Parti québécois prenait le pouvoir en 2026 et qu’il tenait un référendum sur la souveraineté du Québec, le premier ministre n’aurait d’autre choix que de se ranger dans le clan du «non», et de se retrouver de facto le capitaine Canada au Québec lors du premier mandat d’un éventuel gouvernement péquiste.

vigile.quebec tribune libre 12 février 2024

De l’aide médicale à mourir anticipée

15 février 2024

Le Québec a fait preuve de vision en mettant de l’avant sa loi sur l’aide médicale à mourir (AMM) pour les personnes atteintes d’une maladie incurable. Or, au moment où il veut étendre l’application de l’AMM pour les gens atteints de maladies dégénératives qui souhaitent demander l'aide médicale à mourir anticipée, il se heurte au code criminel du fédéral qui ne permet pas les demandes anticipées.

À cet égard, Sandra Demontigny, une Québécoise atteinte d’Alzheimer précoce, qui milite depuis des années sur la question, est abasourdie: «On a travaillé avec le provincial toutes ces années et on arrive à cela? Je ne sais pas si c’est moi qui ne m’en souviens pas, mais on n’a jamais parlé du Code criminel fédéral qui allait tout stopper».

Dès lors que la demande d’aide médicale à mourir présuppose un consentement éclairé, force est de constater qu’une maladie dégénérative telle l’Alzheimer en arrivera avec certitude à une impossibilité eu égard au consentement éclairé.

Pour une énième occasion, le champ de compétence fédérale contrecarre une intention du Québec de légiférer sur un domaine pourtant de juridiction provinciale, à savoir la santé. Jusqu’à quand une telle ignominie obstruera-t-elle le droit à l’AMM pour des personnes comme Sandra Demontigny dont la volonté légitime s’inscrit dans son droit le plus fondamental de mourir dans la dignité?

vigile.quebec tribue libre 14 févier 2024
 

Remettons l’école sur ses rails

15 février 2024

Créée à la suite de nombreux débats dans les années 1950 et au début des années 1960 portant sur le faible niveau d'instruction et la piètre qualité de la langue française au Québec, la commission Parent s’était donné comme objectifs de «donner à chacun la possibilité de s’instruire, rendre accessibles à chacun les études les mieux adaptées à ses aptitudes et à ses goûts et préparer l'individu à la vie en société».

Plus de soixante ans plus tard, il m’apparaît opportun de se demander ce qu’est devenue l’école d’aujourd’hui eu égard à celle proposée dans le Rapport Parent. Nonobstant le fait que la société ait bien changé depuis lors, et pas toujours pour le mieux, il n’en demeure pas moins que le jeune est demeuré fondamentalement le même.

Par ailleurs, les dernières négociations des conventions collectives avec le gouvernement ont démontré hors de tout doute que l’école accueillait une clientèle fort diversifiée, une situation qui explique l’hétérogénéité des groupes-classes, la constitution des groupes ayant d’ailleurs été placée en priorité par les enseignants.

Or, si l’on se place dans la perspective du rapport Parent, à savoir de «donner à chacun la possibilité de s’instruire», force est de constater que les élèves à besoins particuliers passent outre cet objectif prioritaire. Les dernières réformes en éducation ont choisi de maintenir ces élèves dans les groupes réguliers, alléguant qu’ils seraient motivés en contact avec les élèves dits réguliers. Or, il faut bien l’admettre, cette stratégie a carrément échoué.

Dans ces circonstances, à mon avis, les élèves à besoins particuliers doivent être regroupés entre les mains de personnel spécialisé, tels le psychologues, les travailleurs sociaux, les orthopédagogues, les orthophonistes, etc… En attendant que la pénurie de main d’oeuvre s’estompe au sein de ce personnel, offrons la gestion de ces groupes à un enseignant volontaire accompagné d’une personne-ressource. Dès lors, l’école sera remise sur ses rails pour le plus grand bien de TOUS les élèves.

vigile.quebec tribune libre 14 février 2024
 

Le bunker de la CAQ

13 février 2024

Il aura fallu que François Legault soit replié dans ses derniers retranchements par l’opposition pour qu’il décide de la fin du financement populaire de son parti. Une rencontre avec la ministre Guilbault moyennant 200 $ lors d’un cocktail de financement de la CAQ aura déclenché toute cette saga.

En corollaire, tout laisse à penser que le premier ministre n’a pas du tout apprécié certains commentaires de députés de l’opposition, notamment du député solidaire Vincent Marissal qui a subi l’affront d’être traité de «lanceur de bouette national» par François Legault en le croisant au Parlement.

Une attitude agressive, voire impulsive. qui s’attaque à la forme plutôt qu’au fond, et qui donne l’impression que le caucus caquiste s’est littéralement enfermé dans une mentalité de bunker.

vigile.quebec tribue libre 12 février 2024
Le Soleil (version numérique) 13 février 2024
Le Devoir 13 février 2024

Le gros bon sens

9 février 2024

À force d’être répété ad nauseam, un slogan risque de perdre toute parcelle de «viande» autour du «squelette». C’est exactement ce qui se passe avec le slogan du Parti conservateur du Canada (PCC) actuellement. Or, dans les faits, que propose Pierre Poilievre aux Canadiens abstraction faite du gros bon sens? Qu’a-t-il à proposer d’autre aux Canadiens que «Les conservateurs ont un plan du gros bon sens» ou «Les Canadiens méritent un gouvernement du gros bon sens.»?

Par ailleurs, le chef du PCC profite de toutes les occasions favorables pour attaque Justin Trudeau sur les dossiers chauds, telle la crise du logement par les temps qui courent, un rôle qu’il exerce à merveille en temps que chef de l’opposition officielle. Mais ensuite, quand vient le temps de faire part de sa vision dans ses points de presse ou ses vidéos «du gros bon sens», les répliques sans profondeur de Pierre Poilievre nous laissent perplexes, voire confus.

Pourtant, il faudra bien qu’un jour, le chef de l’opposition ouvre son livre et fasse part à l’électorat canadien des moyens concrets qu’il veut mettre de l’avant pour apporter des solutions aux problèmes sociétaux actuels, tels les effets secondaires liés à l’inflation et aux changements climatiques. En attendant, nonobstant le fait que le contenant sonne le creux, Pierre Poilievre trône au-dessus des sondages bien au-dessus de Justin Trudeau. Le chef du PCC garde peut-être le contenu pour la prochaine campagne électorale. Qui sait?…

vigile.quebec tribune libre 8 février 2024
Le Soleil (version numérique) 12 février 2024

Référendum sur la souveraineté

9 février 2024

Un récent sondage révèle que le quart des électeurs péquistes voteraient contre la souveraineté, malgré la promesse de leur chef de tenir un référendum dans un premier mandat. En effet, le coup de sonde de la firme Léger indique que 72% des électeurs péquistes voteraient en faveur d’un Québec indépendant lors d’un prochain référendum, alors que 24% seraient contre. Selon le sondeur Jean-Marc Léger, «ça, c’est la nouvelle clientèle de Paul St-Pierre Plamondon qui veut une alternative forte à la CAQ nationaliste. Et, il ajoute que «la popularité du PQ est celle de Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) bien avant la popularité de la souveraineté».

Sans l’ombre d’un doute, le chef péquiste s’est démarqué depuis son entrée en Chambre, notamment lors de la saga sur le serment à la couronne britannique. De surcroît, PSPP ressort nettement de ses opposants par sa façon de faire de la politique « autrement», entre autres, par sa transparence et le respect envers ses adversaires politiques.

Dans ces circonstances, la tenue d’un référendum serait-elle trop précipitée lors d’un premier mandat en 2026? En d’autres termes, PSPP aurait-il avantage à retarder son échéance le temps que les «nouveaux arrivants» puissent prendre connaissance des lieux?

En revanche, le projet de PSPP de tenir un référendum sur la souveraineté du Québec a clairement été dévoilé tout au long de la dernière campagne électorale. Le dernier référendum au Québec remonte à près de 25 ans soit en 1995.

Selon mon analyse des faits, je suis d’avis que PSPP a franchi l’étape de non-retour, et qu’il se doit d’aller de l’avant avec son projet, indépendamment des sondages. De surcroît, sondages après sondages, l’appui à l’indépendance se maintient à 35%, ce qui représente un socle suffisamment solide pour partir en «croisade».

vigile.quebec tribune libre 8 février 2024

«On ne voit bien qu’avec le coeur»

6 février 2024

Dans un passage tiré du Petit Prince d’Antoine de St-Exupéry, le Renard lance un message au Petit Prince, attristé de voir des milliers de roses devant lui alors que, lui, n’en possède qu’une seule sur son astéroïde: «L’essentiel est invisible aux yeux, on ne voit bien qu’avec le coeur».

Depuis son adolescence, Camille Dorlodot, âgée maintenant de 25 ans, a une relation ardue avec la nourriture et une mauvaise estime d’elle-même liée à son poids. «Le plus dur dans le rétablissement, c’est de réaliser qu’au-delà du trouble, c’est la société qui est malade par rapport à l’alimentation», confie-elle entrevue. Retrouver une relation saine avec la nourriture quand on est entouré de messages favorisant la perte de poids, c’est tout le défi auquel fait face Camille.

«Je ne voulais pas en parler parce que, d’une certaine façon, j’étais bien dans mon trouble alimentaire, a-t-elle reconnu. Il venait répondre à des besoins de contrôle et une pression sociale à perdre du poids, à avoir l’air en santé.», renchérit Camille.Or, le plus difficile reste toutefois le regard de la société.

Heureusement, Camille a trouvé l’énergie nécessaire pour en parler à sa psychologue, qui l’a orientée vers la Maison l’Éclaircie, un organisme qui vient en aide aux personnes atteintes de troubles alimentaires et qui prône des rencontres hebdomadaires en groupe.

Aujourd’hui, grâce à ces échanges avec les membres du groupe, Camille a découvert tout un monde qui lui ressemble et qui lui a permis de faire abstraction des médias sociaux et de découvrir qu’«on ne voit bien qu’avec le coeur».

vigile.quebec tribune libre 6 février 2024