L’argent n’a pas d’odeur

18 avril 2024

À la question de savoir quoi répondre aux provinces qui se plaignent de voir le fédéral marcher dans leurs plates-bandes, le premier ministre Justin Trudeau, en point de presse, a clamé que «les citoyens s’en foutent de quel ordre de gouvernement est responsable de quoi. Ils veulent juste que leur loyer soit abordable, que leur épicerie ne coûte pas trop cher, que leurs enfants soient en bonne situation pour pouvoir réussir.» Et la fédération canadienne dans tout ça? «Elle doit fonctionner en partenariat.. Là où les provinces doivent être encouragées à en faire un petit peu plus, on va être là pour les encourager, les inciter, et leur offrir plus d’argent pour pouvoir le faire. C’est comme ça qu’une fédération doit fonctionner ».

Cette déferlante de nouveaux programmes empiétant sur les compétences provinciales de la part du premier ministre du Canada laisse à penser que, pour le commun des mortels, l’argent n’a pas d’odeur, et, à ce sujet, je suis porté à penser que Justin Trudeau n’a pas complètement tort, notamment dans le cadre de la crise du logement. En effet, pendant que le Québec tergiverse sur les moyens à prendre pour contrer la pénurie de logements, Ottawa lance des programmes concrets pour la pallier.

Mais là où le bât blesse avec le plus d’acuité, ce sont les commentaires à peine voilés des analystes politiques, voire de certains constitutionnalistes, se prononcer timidement sur les avantages concrets des mesures anti-constitutionnelles de Trudeau. De quoi en perde son latin…

À la veille d’un scrutin imminent, je suis d’avis que les engagements de Justin Trudeau sont des mesures purement électoralistes dans le but de «refaire son image» qui s’est ternie considérablement au cours des derniers sondages à la faveur de Pierre Poilievre qui, en passant, devra faire preuve d’imagination pour contrer le climat social nocif actuel devant un premier ministre qui a mis la table pour engager le combat devant son adversaire conservateur.

vigile.quebec tribune libre 17 avril 2024
 

Priorité aux conditions de travail

17 avril 2024

Il fut un temps pas si lointain où les revendications touchant les augmentations salariales constituaient un élément prioritaire des négociations de conventions collectives entre le front commun et le gouvernement.

Or, nonobstant l’importance attachée aux salaires lors des dernières négociations, force est de constater que l’amélioration des conditions de travail a constitué l’élément essentiel des négociations au sein des enseignants et des infirmières, lesquelles ont récemment rejeté la dernière entente qui leur a été proposée en raison, particulièrement, des conditions de travail.

Par ailleurs, même si les enseignants ont accepté de justesse la dernière entente, la pénurie d’enseignants et de personnels spécialisés est toujours criante, laissant derrière elle la lourdeur de la tâche qui persiste à créer, entre autres, un sentiment de désaveu auprès des étudiants en sciences de l’éducation, et une prise de retraite prématurée chez certains enseignants. Du côté des infirmières, deux éléments de mésentente semblent achopper actuellement, soit les transferts d’infirmières dans dans d’autres hôpitaux, et le temps supplémentaire obligatoire (TSO) auquel elles sont périodiquement assignées.

Les mondes de la santé et de l’éducation semblent voués à d’éternels chambardements qui se traduisent par une carence d’attractivité aux yeux des étudiants désireux d’y faire carrière, et par une démobilisation systémique du personnel en place. Conséquemment, il m’apparaît urgent que le gouvernement fasse preuve de «flexibilité» eu égard aux conditions de travail de ces deux groupes de travailleurs… C’est une simple question d’imputabilité sociale!

vigile.quebec tribune libre 17 avril 2024

Le référendum comme ultime chance de s’affranchir

16 avril 2024

Fidèle à sa promesse lancée lors de la dernière campagne électorale, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), à l’occasion du Conseil national du PQ, est revenu sur son intention de tenir un référendum sur la souveraineté du Québec advenant la formation d’un gouvernement péquiste en 2026 au plus tard d’ici la fin de la décennie. «Les Québécois doivent réaliser que notre prochain rendez-vous avec l’histoire est peut-être, fort probablement, notre chance ultime de se donner une pérennité linguistique et culturelle», a-t-il clamé devant ses militants.

En toile de fond, PSPP s’en est pris vertement à Justin Trudeau qui bafoue cavalièrement les champs de compétences du Québec. «L’empiétement systématique dans tous les champs de compétences du Québec est également accompagné d’un discours qui est ouvertement décomplexé, sans aucun respect pour les règles de base de ce Canada».

Les derniers sondages reflètent une confortable avance du PQ de la part des électeurs. La CAQ de François Legault a atteint le fond du baril en se positionnant en quatrième position au chapitre des partis. Si la tendance se maintient, le PQ pourrait former un gouvernement majoritaire au prochain scrutin.

Par ailleurs, bon an mal an, l’appui des Québécois en faveur du «oui» à l’indépendance du Québec se maintient autour de 35%. Si l’on présuppose que les souverainistes d’origine péquiste insatisfaits des contre-performances du gouvernement Legault reviennent au bercail, cela aura pour effet d’augmenter le nombre d’adhérents à l’accession du Québec à son statut de pays.

PSPP n’a jamais dérogé de sa position eu égard à la tenue d’un référendum. Trente ans après le dernier référendum, je suis d’avis que les Québécois sont mûrs pour saisir ce référendum comme l’ultime chance de s’affranchir du carcan fédéral

vigile.quebec tribune libre 15 avril 2024.

Québec et Ottawa, deux solitudes

16 avril 2024

Alors que, du côté d’Ottawa, le gouvernement Trudeau a réitéré son intention d’intervenir si la légitimité de la Loi sur la laïcité de l’État se rendait à la Cour suprême, une heure après l’annonce de la décision de la Cour d’appel québécoise qui donne raison à Québec sur presque toute la ligne, le premier ministre français, Gabriel Attal, livrait un puissant plaidoyer en faveur de la laïcité au Salon bleu en ces termes: «Face à ceux qui font mine de ne pas comprendre ce qu’est la laïcité, qui voudraient la détourner, faire croire qu’elle est une forme d’arme antireligion, faire croire qu’elle est une forme de négation des religions, faire croire qu’elle est une forme de discrimination, nous répondons que la laïcité que la laïcité est la condition de la liberté, est la condition de l’égalité, est la condition de la fraternité.»

Les termes utilisés par Gabriel Attal sont fermes et sans équivoque, et constituent un appui inconditionnel envers le Québec dans l’affirmation de son identité étatique. Ottawa aura beau invoquer sa Charte des droits et libertés, notamment la liberté de religion, je suis d’avis que la Loi sur la laïcité de l’État ne brime en rien cette liberté puisque que la Loi 21 ne touche que le port de signes religieux pour les personnes en ligne d’autorité sur leur lieu de travail.

La langue contribue aussi à l’émergence des deux solitudes entre Québec et Ottawa. D’un côté, le bilinguisme du fédéral, de l’autre la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français. Le français, aux yeux du fédéral, constitue une langue minoritaire au Canada et , de ce fait, est condamné à être tributaire d’un statut particulier et, par conséquent fragile.

Enfin, l’ingérence éhontée sur les compétences provinciales par Justin Trudeau au cours des dernières semaines donne lieu à un isolationnisme dénigrant du Québec eu égard à ses pouvoirs pourtant reconnus par la Constitution canadienne.

vigile.quebec tribune libre 15 avril 2024
Le Devoir 16 avril 2024


 

La jeunesse selon Gabriel Attal

14 avril 2024

La visite attendue du premier ministre de la France, Gabriel Attal, devant les parlementaires du Québec, quarante ans après celle de Laurent Fabius en 1984, a suscité des ovations debout à plusieurs occasions. Parmi les sujets abordés par le premier ministre, je retiens l'importance incommensurable qu’il voue à la jeunesse dans les luttes du siècle.

À plusieurs reprises au cours de son allocution, M. Attal a insisté sur le poids qu’incarnent les jeunes tel un vecteur central de ses convictions, un vent de fraîcheur qui contrastait avec l’atmosphère lourde qui pèse souvent entre les murs du Salon bleu. À 34 ans, Gabriel Attal est devenu le plus jeune à accéder à la fonction de premier ministre dans l’histoire de la Ve République et, à cet effet, sa crédibilité dans ses propos envers l’importance des jeunes revêt une légitimité dont il peut se prévaloir sans l’ombre d’un doute.

Aux yeux du jeune premier ministre, la jeunesse incarne le fer de lance de la société et, à ce titre, elle doit faire partie des priorités des gouvernants. S’inspirant du thème de la jeunesse, il a assuré que la France se battrait aux côtés du Québec pour que les jeunes puissent vivre librement, en français. «Nous devons nous battre. Et le message que je suis venu vous passer ici, c’est que nous nous battrons pour que chaque enfant, chaque jeune puisse avoir accès à des livres, des articles, des jeux vidéo, des films, des séries en français», a-t-il affirmé avec conviction.

Les jeunes sont parfois récalcitrants eu égard aux normes de conduite. Or, la position de Gabriel Attal tranche avec cette assertion négative de la jeunesse. Au contraire, le premier ministre français mise sur le potentiel de la jeunesse tel un bouclier qui lui permettra, moyennant l’appui des gouvernements, de jouer un rôle déterminant au sein de la société.

vigile.quebec tribune libre 12 avril 2024

 

 

Tergiversation de PSPP sur le troisième lien

14 avril 2024

Depuis son entrée officielle à titre de député de Camille-Laurin à l’Assemblée nationale en 2022, Paul St-Pierre Plamondon a toujours fait preuve d’une transparence sans défaillance dans ses interventions en Chambre et envers les représentants des médias.

Fidèle à son style franc et honnête, PSPP, dans la saga sur le tunnel autoroutier entre Québec et Lévis, a toujours, depuis le début, fait preuve de rigueur eu égard à son véto contre ce projet. Or, depuis quelques jours, le refus du chef péquiste d’exclure la construction d’un troisième lien autoroutier en 2026 m’apparaît électoraliste en plus de contribuer à l’effritement du front commun des oppositions contre cette infrastructure routière. Une tergiversation à laquelle PSPP ne nous avait pas habitués, et qui, à mon sens, joue en sa défaveur eu égard à sa crédibilité.

vigile.quebec tribune libre 12 avril 2024
Le Soleil (version numérique) 14 avril 2024

C’est quoi le rapport?

10 avril 2024

Un proverbe dit qu’«une image vaut mille mots». Dans la foulée de cet adage, depuis six mois, des images apocalyptiques nous proviennent de Gaza. Des centaines de milliers de Gazaouis y sont entassés à travers les ruines, privés des besoins vitaux élémentaires, telles l’eau et la nourriture. La famine, imperturbable, frappe à leur porte. Des images indescriptibles!

Pendant ce temps, ici au Québec, notre premier ministre apparaît sur Tik Tok en train de bouffer un bon fufu sauce graine. Comme diraient les jeunes, «mais c’est quoi le rapport?» Quelle image François Legault désire-t-il nous faire voir? En quoi est-elle pertinente eu égard à sa fonction de premier ministre du Québec dans un contexte où les programmes sociaux périclitent sans coup férir?

Si François Legault désirait redorer son image en s’exhibant dans la peau d’un citoyen ordinaire, il a, selon moi, complètement raté la cible. Je suis plutôt d’avis qu’une telle exposition «publicitaire» n’aura aucun effet positif dans les sondages. Enfin, si monsieur Legault ne prend pas le temps de répondre aux questions légitimes des journalistes concernant des dossiers «chauds», il m’apparaît incongru qu’il prenne le temps de flirter avec la gastronomie sur Tik Tok.

vigile.quebec tribune libre 10 avril 2024

La peur systémique des Québécois

10 avril 2024

C’est Sénèque, philosophe de l'école stoïcienne, dramaturge et homme d'État romain du premier siècle, qui disait que «Ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur».

Dans cette foulée, force est de constater que l’assertion de Sénèque prend tout son sens dans la décision de plusieurs Centres de service scolaires de fermer les écoles à l’occasion de l’éclipse solaire par peur de blessures oculaires et ce, malgré toutes les précautions formulées par les organismes de santé publique. Ce faisant, des milliers de jeunes Québécois ont été privés d’un phénomène astral phénoménal et historique.

À cet effet, tous les spécialistes invités à l’émission 24/60 sur ICI RDI du 8 avril, dont Charles Tisseyre, se sont montrés unanimes pour condamner la décision des directions d’écoles de fermer leur école en cet après-midi historique

Le 8 avril 2024 s’inscrit maintenant pour des milliers de jeunes Québécois dans la lignée des occasions manquées en raison de cette peur systémique des Québécois. Puisse un jour notre peur se transformer en audace, seule attitude qui ouvrira la porte de l’univers à notre jeunesse assoiffée de savoir!


vigile.quebec tribune libre 10 avril 2024
 

Dehors les personnes âgées!

7 avril 2024

C’est bien connu, les personnes âgées incarnent le maillon faible de notre société dite «civilisée», l’hécatombe dans les CHSLD lors de la pandémie en fait foi sans l’ombre d’un doute. Par ailleurs, nous vivons actuellement une des pires crises du logement que le Québec n’ait jamais connue. Et, au centre de cette crise, des aînés se voient évincés cavalièrement par des propriétaires sans scrupule ni aucun sens du civisme.

Dans cette saga, Gabriel Nadeau-Dubois (GND), chef parlementaire de la deuxième opposition et député de Gouin, a entrepris une vaste sensibilisation en faveur des droits des personnes âgées. Au cours des dernières semaines, un large consensus a pris forme autour de l’urgence de moderniser la loi adoptée en 2016, surnommée loi Françoise David, afin de protéger plus d’aînés locataires contre les évictions. Le programme modifié étendrait la loi actuelle aux personnes âgées de 65 ans ou plus qui vivent à la même adresse depuis au moins cinq ans, contre 70 ans et 10 ans, respectivement, dans la loi actuelle.

Pour l’instant, François Legault fait la sourde oreille au projet de GND. Encore une fois, le maillon faible de notre société recueille les pots cassés, assaillis honteusement par des propriétaires voraces et insensibles sans coup férir. Conséquemment, il est plus que temps, M.Legault, que vous preniez acte dès maintenant d’une telle ignominie envers les personnes âgées, et que vous soumettiez la proposition de GND à une commission parlementaire sur laquelle des représentants des aînés pourraient apporter leur expertise réaliste de la situation catastrophique dans laquelle sont appelées à vivre de nombreuses personnes âgées au Québec en 2024.

vigile.quebec tribune libre 6 avtil 2024

Dans l’ombre du déficit

7 avril 2024

Depuis quelques jours, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, multiplie les programmes d’aide aux Canadiens, notamment aux jeunes générations. Nonobstant l’ingérence manifeste d’Ottawa dans les champs de compétences des provinces eu égard à la plupart de ces programmes, un des arguments clés de Justin Trudeau consiste à offrir une chance équitable pour chaque génération.

«Le logement est l’une des principales sources de préoccupation pour les jeunes à l’heure actuelle. C’est particulièrement vrai pour les locataires, qui ont l’impression que tout joue contre eux. Ils sont confrontés à des loyers qui montent en flèche, à des rénovictions, à une concurrence déloyale et à un manque d’options», dixit Justin Trudeau.

Personne n’est contre la vertu…En revanche, ce dont le premier ministre oublie de parler, c’est de l’énormité des dépenses occasionnées par ces investissements, lesquelles feront grimper le déficit du gouvernement canadien à des sommets jamais égalés. Et qui devra payer ce déficit, y compris les intérêts? Ce sont les mêmes jeunes générations auxquelles Justin Trudeau avait promis l’équité intergénérationnelle.

vigile.quebec tribune libre 6 avril 2024
Le Soleil (version numérique) 7 avril 2024