Le silence est d’or

7 juin 2024

À la veille de la rentrée parlementaire en janvier 2024, un sondage donne à François Legault et à ses troupes leur pire résultat dans les intentions de vote depuis l’hiver 2016, alors qu’ils étaient dans l’opposition. À l’échelle provinciale, le PQ obtient 32 % des intentions de vote, comparativement à 21 % pour la CAQ. En octobre 2022, quand il a repris le pouvoir pour un second mandat, la CAQ avait obtenu 41 % des suffrages.

Aux yeux de François Legault, qui a demandé à ses députés de la discipline après une année 2023 marquée par les controverses, notamment la hausse du salaire des élus, la défaite cuisante dans Jean-Talon, la subvention pour la venue des Kings de Los Angeles au centre Vidéotron, la grève interminable en éducation, etc, ce nouveau coup de sonde donne le ton à la nouvelle année politique qui débute à Québec. Dorénavant, les élus caquistes éviteront ce que François Legault qualifie de «distractions».

De son côté, le premier ministre gardera le silence eu égard aux questions des journalistes qui lui sont posées dans le couloir conduisant au salon Bleu. Or, contre toute attente, un dernier sondage Léger donne au PQ 32% des intentions de vote contre 25% à la CAQ, soit une hausse de 3% sur le dernier sondage.

La CAQ de François Legault aurait-elle réussi à juguler l’hémorragie au même moment où François Legault a pris la décision de ne plus répondre aux questions des journalistes? Si tel est le cas, force est de constater que, pour monter dans les sondages, il vaut mieux s’en tenir à l’adage qui dit que le silence est d’or.

vigile.quebec tribune libre 6 juin 2024

Jean-Pierre Ferland, toujours vivant

3 juin 2024

Dans la foulée d’une kyrielle de téléspectateurs, j’ai suivi avec intérêt les funérailles nationales de Jean-Pierre Ferland sur mon petit écran. Une cérémonie digne des grands personnages de la scène qui aura marqué l’imaginaire des Québécois pendant des décennies.

Les témoignages de sa conjointe, de sa fille et de son fils étaient animés d’une complicité touchante avec le disparu à tel point que nous entrions bien malgré nous en relation intime avec Jean-Pierre. Le sourire légendaire du «faiseux de chansons», comme il se plaisait lui-même à se définir, rayonnait dans toute l’enceinte de la basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal, convertie pour l’occasion en un hommage grandiose à monsieur Jean-Pierre Ferland.

Parmi les prestations entendues lors de la cérémonie, je retiens une de ses chansons fétiche Avant de m’assagir dans laquelle Jean-Pierre Ferland dépeint avec vigueur toute sa soif de vivre en ces mots: «Je veux mourir ma vie/Et non vivre ma mort», un amalgame de mots avec lesquels lui seul avait cette capacité magistrale de nous surprendre et de nous émerveiller.

Le 1er juin 2024, à l’aube de ses 90 ans qu’il aurait fêté le 24 juin, nous avons pu revivre un immense pan de la richesse des textes de ce géant des mots qui avait ce don extraordinaire de nous faire voyager dans son univers. Jean-Pierre Ferland, un personnage plus grand que nature, sera toujours vivant dans l’inconscient collectif des Québécois qui fredonneront encore longtemps les paroles de ses chansons.

Merci à toi, Jean-Pierre, de nous avoir transportés si généreusement pendant des décennies dans ton monde imaginaire. Repose en paix maintenant, tu le mérites amplement!

vigile.quebec tribune libre 2 juin 2024
 

La chasse aux sorcières

1 juin 2024

Depuis son arrivée fracassante sur la scène politique américaine, Donald J. Trump n’a cessé de jouer le personnage de la victime contre les attaques incisives de ses adversaires en les qualifiant de chasses aux sorcières. Selon Google, «la victimisation désigne l’attitude par laquelle une personne se pose en victime dans le but conscient ou inconscient de susciter chez autrui le sentiment de pitié ou de culpabilité».

Or, là où le bât blesse avec le plus d’acuité, c’est le fait que cette comédie digne des grands classiques percole avec conviction auprès de ses supporteurs qui persistent à lui octroyer leur appui sans condition. À preuve, la décision unanime des douze jurés dans un procès au criminel faisant de Donald Trump un condamné ne semble aucunement faire baisser son avance en tête de la course à la présidence des États-Unis.

Au contraire, cette condamnation attise davantage la sympathie de ses troupes qui y voient une chasse aux sorcières de la part de ses détracteurs. L’image de la victime reprend instantanément le devant de la scène sans coup férir.

Or, comment expliquer ce phénomène surréaliste? À mon avis, une forte partie de l’électorat américain, notamment les républicains, sont embrigadés dans un scénario western où Trump joue le rôle du «bon» contre les «méchants» démocrates. À n’en pas douter, cette stratégie porte ses fruits. À cet effet, quelle que soit la sentence à laquelle Trump sera condamné, ses fans persisteront à l’appuyer jusqu’au 5 novembre 2024.

Le Devoir 1er juin 2024
vigile.quebec tribune libre 2 juin 2024
Le Soleil (version numérique) 3 juin 2024
 

La gestion de classe, un enjeu primordial

29 mai 2024

La gestion de classe incarne un enjeu essentiel à la communication des connaissances auprès des élèves. À cet effet, un article de la chargée de cours, Pascale Bourgeois, de l’UQÀM, dont voici un extrait, s’avère très révélateur. «… un changement paradigmatique s’est opéré en éducation au cours du XXe siècle, nous faisant passer d’une éducation centrée sur les connaissances à une éducation centrée sur l’enfant, collée sur ses besoins, ses intérêts individuels. L’enseignement axé sur la maîtrise des connaissances aux termes d’effort, de rigueur et de discipline est, depuis longtemps déjà, dépassé.»

À cet effet, tout au long de mes quelque 30 années d’expérience en éducation, il m’a été donné l’occasion de rencontrer plusieurs nouveaux enseignants dont leur approche au sujet de la gestion de classe ouvrait la porte à des débordements en relation avec les comportements des élèves. Je veux parler ici des jeunes enseignants qui, dans le but de s’attirer la sympathie des jeunes, favorisaient une approche égalitaire, espérant ainsi tisser des liens privilégiés avec eux. Or, cette approche «centrée sur l’enfant» dégénérait rapidement en une cacophonie générant un climat d’apprentissage défavorable, voire impossible.

Qu’on le veuille ou non, la gestion de classe se retrouve dans le prolongement de la ligne d’autorité dans la relation enseignant-élève. En ce sens, il serait utopique que l’enseignant soit considéré comme l’ami de ses élèves, une approche qui viendrait contrecarrer un sain climat d’apprentissage.

Dans ces circonstances, les approches à privilégier concernant la gestion de classe doivent absolument être abordées lors de la formation des futurs enseignants. À mon sens, les jeunes, quoique rébarbatifs à toute forme d’autorité, se plieront volontiers aux doléances des enseignants qui exploitent l’approche de la main de fer dans un gant de velours.


vigile.quebec tribune libre 28 mai 2024
 

Et les patients?

29 mai 2024

La saga que se livrent actuellement les omnipraticiens et le ministre de la Santé, Christian Dubé, eu égard à l’abolition de la prime de 120$ versée aux médecins au moment où ils prennent en charge un patient «orphelin» est en train de dégénérer en un champ de bataille agressif, voire virulent. Difficile, dans un tel scénario, de déterminer qui sont les «bons» et qui sont les «méchants».

D’un côté, le ministre qui refuse de négocier «avec un gun sur la tempe», et de l’autre, les médecins généralistes qui allèguent l’odieux de la décision unilatérale du ministre. Et, pris en otages dans cette guerre de pouvoir, ce sont quelque 5700 patients qui ont survécu à la purge des médecins par rapport aux 18 398 en liste la semaine dernière qui attendent depuis des mois un rendez-vous avec un omnipraticien.

Dans ces circonstances, les médecins généralistes donnent carrément l’impression de contourner le guichet d’accès à la première ligne (GAP) pour une prime, disons-le, dérisoire de 120 $ par patient, et le ministre use de son pouvoir éhontément en abolissant cette prime sans aucune négociation préalable.

Depuis quelques années, la période d’accès à un médecin de famille a atteint des proportions sans précédent, voire même inhumaines pour des milliers de patients qui souffrent le martyre quotidiennement. C’est dans un tel tohu-bohu que la nouvelle PDG de Santé Québec, Geneviève Biron, s’est engagée à désengorger l’accès aux médecins de famille et à placer le patient au centre de ses priorités. Reste à savoir si elle et son équipe réussiront à gagner leur pari…

vigile.quebec tribune libre 28 mai 2024
Le Devoir 29 mai 2024

Déshabiller Paul pour habiller Jean

20 mai 2024

Selon Meggie Richard, présidente de l’assemblée des MRC de la Côte-Nord, la crise qui sévit actuellement dans le réseau de la santé sur la Côte-Nord, où un plan de réduction de services a été établi pour répondre à la réduction de personnel causée par la fin du recours aux agences privées en santé, aurait pu être évitée si Québec avait été à l’écoute des réalités régionales.

Par ailleurs, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a opté, selon ses propres paroles, en misant sur «le meilleur des deux mondes» en procédant à la création d’équipes volantes en santé en région éloignée, en termes clairs, en déshabillant Paul pour habiller Jean.

Aux yeux de Mme Richard, Québec, en établissant ces équipes volantes partout au Québec sans distinction eu égard à certaines régions aux besoins particuliers établit un système «mur à mur». «Encore une fois, on se voit mettre dans le même panier que les grands centres, alors qu’on a une situation très particulière», allègue-elle en entrevue à LCN.

D’un autre côté, il m’apparaît opportun de s’interroger sur les motifs justifiables pour lesquels Christian Dubé a dû s’inspirer du privé comme bouée de secours pour pallier la crise en santé au Québec. En bref, pourquoi a-t-il fallu des années de cauchemar chez les patients de la Côte-Nord pour que notre ministre de la Santé fasse appel à des équipes volantes chez le personnel infirmier public? Un revirement de la part du ministre qui laisse supposer un retard inquiétant du système public sur le privé…

vigile.quebec tribune libre 19 mai 2024

ChatGPT, un incitatif au plagiat

18 mai 2024

La prolifération de l’accessibilité aux robots conversationnels comme ChatGPT chez les étudiants universitaires a pris une ampleur pour le moins inquiétante, voire hors de contrôle. À cet effet, une recherche sur les incitatifs à plagier réalisée par Catherine Déri, post-doctorante à l’Université du Québec en Outaouais, révèle que, outre l’absence de crainte de se faire prendre (79,5% des répondants), c’est le «manque de temps» (52,6%) et le fait qu’il est «facile de copier-coller de l’Internet» (48,3%) qui inciteraient le plus à plagier. Or, Il existe des logiciels de détection de textes plagiés mais ils ne sont pas à point car ils accusent du retard face au développement extrêmement rapide des robots conversationnels.

Conséquemment, il est plus que temps que tous les intervenants en enseignement supérieur décrètent un moratoire, prennent un temps d’arrêt et fixent des balises uniformes pour tous les établissements d’enseignement supérieur eu égard à une utilisation sécuritaire de ChatGPT dans chacune des institutions. Dans cette foulée, ChatGPT doit demeurer un moyen et non un but, les enseignants se doivent de construire leurs plans de cours en ayant comme objectif l’utilisation occasionnelle de l’intelligence artificielle (IA) au moment où elle apporte une information pertinente supplémentaire à leurs contenus de cours.

À mon avis, toute nouvelle approche pédagogique axée sur une nouvelle technologie, quelle qu’elle soit, doit être encadrée par des balises strictes pour éviter un débordement nocif sur l’acte pédagogique dont le fondement repose sur la dualité enseignant-apprenant. L’institution supérieure est un lieu d’apprentissage mais aussi un lieu d’acquisition de valeurs, telles le respect des autres et de soi,le sens de l’effort et l’éducation à la socialisation. Dans ce contexte, il m’apparaît essentiel, voire vital, qu’elle conserve cette vocation fort utile à l’émancipation de la main d’oeuvre de demain à défaut de quoi les robots conversationnels risquent de courtcircuiter le lien essentiel entre l’apprenant et l’enseignant.

Le Soleil (version numérique) 18 mai 2024
vigile.quebec tribune libre 19 mai 2024
Le Devoir (version abrégée) 21 mai 2024

Cohabitation entre présentiel et télétravail

16 mai 2024

Le confinement lié à l’épidémie de la COVID-19 a donné lieu à une multitude de changements dans la vie des Québécois, notamment à l’avènement du télétravail. Or, depuis le retour à la vie normale, plusieurs travailleurs et travailleuses ont maintenu une part de leur horaire de travail en télétravail, un phénomène attribué pour la plupart à la flexibilité engendrée par ce type d’horaire.

Aujourd’hui, plusieurs employeurs revendiquent le retour au travail à temps plein en présentiel, cette exigence suscitant, comme il fallait s’y attendre, une pléiade de contestations. À mon sens, les deux types d’organisation du travail comportent leurs avantages respectifs, le présentiel favorisant l’émergence d’un esprit d’équipe valorisant les contacts humains entre les employés, le télétravail faisant place à une plus grande latitude dans l’organisation du facteur travail/famille.

En conséquence, je suis d’avis qu’employeurs et employés se doivent de s’asseoir ensemble et s’entendent sur l’horaire de travail des employés, la médiation entre les membres de l’équipe de travail constituant sans aucun doute le meilleur moyen d’obtenir le rendement optimal du groupe de travail.

Enfin, en ce qui me concerne, une proportion hebdomadaire de trois jours de télétravail jumelés à deux jours de présentiel représenterait la formule idéale qui répondrait aux avantages et du présentiel et du télétravail, tout en conjuguant flexibilité et esprit d’équipe.

vigile.quebec tribune libre 15 mai 2024

 

L’isolement, effet pervers des médias sociaux

10 mai 2024

Selon le Bulletin de l’activité physique chez les enfants et les jeunes de ParticipACTION de 2024, en 2023, seulement 27% des enfants et des jeunes, soit 49% chez les 5 à 11 ans, 17% chez les 12 à 17 ans, ont respecté la limite de temps d’écran recommandée à des fins de loisir, soit un maximum de deux heures par jour.

Or, parmi les effets pervers collatéraux imputés aux médias sociaux se retrouve le phénomène de l’isolement social. De surcroît, l’être humain est une créature fondamentalement sociale et son isolement risque de conduire à des épisodes d’anxiété, d’introversion,voire de dépression.

Comme la grande majorité du temps consacré aux médias sociaux se passe à la maison, il m’apparaît essentiel que les parents voient à ce que leur(s) enfants(s) respecte(ent) la limite de deux heures par jour, à défaut de quoi ils contribueront à sa(leur) désocialisation, et, par conséquent, au rejet de tout groupe d’amis. Quant à l’utilisation du cellulaire à l’école, à mon sens, il doit être banni au primaire et au secondaire, l’école devant être un lieu privilégié d’échanges entre les élèves.

L’isolement relié aux médias sociaux constitue un fléau qui a des répercussions dramatiques sur le développement social des jeunes. Aussi faut-il adopter un mode de vie qui pallie ces inconvénients en favorisant prioritairement les activités ludiques entre les jeunes que ce soit à la maison ou à l’école.

vigile.quebec tribune libre 9 mai 2024

Il faut sauvegarder le Colisée de Québec

10 mai 2024

Au début de mars, le maire de Québec, Bruno Marchand, avait réitéré son souhait de démolir le Colisée de Québec, alléguant notamment qu’il n’était pas rentable et, du même souffle, qu’il souhaitait utiliser l’espace pour bâtir quelque 800 logements. Par ailleurs, le 30 avril, lors d’une consultation publique visant à obtenir l’avis des citoyens sur leur vision eu égard au développement du secteur nord-est du site d'ExpoCité, ce secteur incluant le Colisée, ils ont tous penché pour la préservation du Colisée de Québec. Les participants ont proposé plusieurs usages que la Ville pourrait faire de l’édifice construit en 1949, à savoir des logements, des ateliers d’artistes, un pôle sportif et culturel, une ferme urbaine, un musée des Nordiques, etc…

Or, au-delà des considérations utilitaires que pourrait prendre le Colisée,un argument de taille est ressorti de la consultation publique, soit la valeur sentimentale que vouent les Québécois envers le «vieux» Colisée où ont évolué des légendes du hockey, telles Jean Béliveau avec les As de Québec, Guy Lafleur de ses exploits au Tournoi international de hockey pee-wee à ses années glorieuses avec les Remparts de Québec sans oublier la présence du fabuleux Jean-Claude Tremblay avec les Nordiques de Québec, l’as de fabricants de jeux avec les Nordiques, Peter Stastny, et j’en passe…

Le Colisée de Québec incarne tout un pan de la sphère sportive à Québec pour des centaines de milliers de spectateurs imbus de cette soif du hockey si prédominante dans le coeur des Québécois. À mon sens, il serait malvenu, voire sacrilège, d’extirper cet édifice «patrimonial» du paysage de la Capitale nationale.

vigile.quebec tribune libre 9 mai 2024
Le Devoir 15 mai "Il faut sauvegarder le Colisée"