Plan de match du ministre Drainville

30 janvier 2023

Dans la foulée des résultats désastreux des élèves de cinquième secondaire aux examens finaux de français du MEQ de juin 2022, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a présenté une liste de priorités visant à améliorer l’école québécoise.

Parmi ses priorités, le ministre a fait savoir qu'il souhaite, entre autres, ajouter un deuxième adulte en classe, soit des éducatrices en services de garde, afin d'assister les enseignants qui doivent gérer des classes avec de plus en plus d'élèves en besoins particuliers. Le ministre Drainville souhaite de plus instaurer une voie rapide en raccourcissant le temps de formation des enseignants afin de combler la rareté de la main-d'œuvre. Enfin, le ministre veut mettre sur pied des programmes particuliers pour tous les élèves.

Considérations personnelles

Nonobstant l’intention louable d’ajouter une éducatrice en service de garde en milieu scolaire dans les classes ayant des élèves en besoins particuliers dans le but de prêter main forte à l’enseignant, je ne crois pas que cette éducatrice ait l’expertise nécessaire pour répondre à des cas aussi compliqués. Par ailleurs, il y a déjà une pénurie de main d’oeuvre dans les services de garde. En réalité, je suis d’avis que la solution se trouve dans la formation et l’engagement de personnel spécialisé pour ce type d’élèves.

En ce qui a trait à l’intention du ministre de raccourcir le temps de formation des enseignants et revenir ainsi à l’époque du certificat, je crains que cette avenue conduise à un nivellement par le bas et qu’elle produise un effet boomerang sur la qualité de l’enseignement. C’est sans compter la performance désastreuse en français des étudiants en sciences de l’Éducation au dernier test d’admission en français.

C’est un secret de polichinelle, les programmes particuliers arts-études et sports-études ont été implantés dans le secteur public pour compétitionner les programmes particuliers des écoles privées, ce qui, néanmoins, n’enlève rien aux avantages de tels programme conçus à prime abord pour les élèves doués qui doivent se plier à une diminution d’heures dans certains cours. Conséquemment, les élèves à besoins particuliers ne peuvent s’inscrire à ces programmes compte tenu de leurs retards scolaires.

Personne n’est contre la vertu, la vétusté d’un grand nombre d’écoles sur le territoire du Québec est criant. Reste à voir si Bernard Drainville aura une oreille attentive de la part des ministres responsables de gérer les goussets du gouvernement pour procéder à la rénovation et à la construction de nouvelles écoles. C’est à espérer de la part d’un gouvernement dont le premier ministre a fait de l’éducation sa première priorité dès son premier mandat en 2018.

Valorisation du français

En ce qui concerne la valorisation du français dans les écoles du Québec, le ministre Drainville s’est dit fort préoccupé par cet objectif et a déclaré qu’il mijotait, sans les nommer, quelques pistes de solutions.Toutefois, il s’est tout de même prononcé sur l’exigence d’accorder une partie de la note finale à la qualité du français dans les évaluations des disciplines autres que le français, ce avec quoi je suis pleinement en accord.

De plus et surtout, le gouvernement Legault doit renforcer la loi 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, en y intégrant l’obligation du français au Cégep à tous les francophones et aux nouveaux arrivants.

Enfin, les contenus des programmes de français au secondaire doivent être revus en y intégrant à chaque étape du secondaire, les notions sur les mécanismes de la langue, à savoir la grammaire, la syntaxe et le lexique. Et finalement, il est plus que temps que les enseignants ressortent des boules à mites les bons vieux dictionnaires et les bonnes vieilles grammaires.

Nécessaire arrimage entre les parents et l’école

20 janvier 2023

Fort d’une expérience de plus de trente ans dans le monde de l’enseignement dont huit à des postes de responsabilités aux services aux élèves et de directeur des études, j’ai été à même de constater, particulièrement au cours de mes trois années à la direction d’une école, à quel point nos jeunes sont souvent perturbés entre le milieu familial et l’école.

L’école en partenariat avec les parents

Dans cette perspective, il est plus que temps que parents et éducateurs s’assoient ensemble et déterminent les valeurs fondamentales qu’ils désirent intégrer dans un projet de partenariat. C’est ensemble que, parents et éducateurs, doivent identifier des paramètres équitables qui permettront aux jeunes de « franchir le pont » vers une autonomie progressive, basée sur le respect de soi et des autres.

Pour y parvenir, le conseil d’établissement de l’école, qui a pour mission de voir aux orientations générales de l’école, notamment, l’élaboration, la réalisation et l’évaluation du projet éducatif, la politique d’encadrement, les règles de conduite, les modalités d’application du régime pédagogique, le temps alloué à chaque matière, etc… avec la participation de la direction de l’école, doivent privilégier la prise en charge progressive de l’autonomie du jeune, le respect de soi, des autres et de la propriété d’autrui, le développement des capacités intellectuelles du jeune.

À mon sens, il est inacceptable que le mode de vie de l’école soit souvent à l’opposé de celui vécu dans la famille, une aberration qui place le jeune entre deux mondes fort différents qui laissent place à la manipulation de la part du jeune. Conséquemment, force est de constater que la solution à cette dichotomie malsaine réside dans la création d’une école en véritable partenariat avec les parents via le projet éducatif de l’école.

Relation parent-enfant-école

Pour assurer cette saine collaboration entre les parents et l’école, il m’apparaît essentiel que les parents ne protègent pas à outrance leur enfant devant une sanction infligée à son enfant avant d’avoir communiqué avec le membre du personnel qui lui a infligé cette sanction, à défaut de quoi, la chaîne de communication est brisée à la suite d’un manque d’information de la part du parent. Dans cette optique, les parents ne peuvent être témoins de tout ce qui se passe dans une classe, dans un gymnase, près des casiers des élèves,à la salle de récréation ou à la bibliothèque. Aussi convient-il d’aller aux sources avant de prendre position dans le conflit soulevé par la sanction.

De leur côté, les enseignants ont la responsabilité d’informer les parents sur toute situation qui s’est détériorée depuis quelque temps, notamment eu égard au comportement inadéquat de son enfant en classe ou sur une baisse substantielle dans ses résultats On doit s’attendre à la même démarche de la part des responsables des élèves dans des endroits hors de la classe.

Comité conjoint parents et éducateurs

Dans cette foulée, je suis favorable à la création d’un comité conjoint, à chaque étape du secondaire, formé de parents et de membres du personnel, dont trois enseignants, qui se réunirait une fois par mois pour échanger sur certains irritants rencontrés par une ou l’autre des composantes du comité, et apporter les correctifs nécessaires pour redresser la situation conflictuelle.

Enfin, selon mon expérience personnelle, le jeune, particulièrement au secondaire, a besoin de balises même si, a priori, il se montre réticent. En tant qu’adultes responsables, parents et éducateurs ont la responsabilité de créer, chacun dans son milieu respectif, un climat propice au respect des autres et à la valorisation du sens de l’effort en priorité.

vigile.quebec tribune libre 20 janvier 2023

Revenons à l’essentiel

11 janvier 2023

Un article, écrit par Daphnée Dion-Viens et paru dans le Journal du 5 janvier sous le titre « Un élève sur deux en difficulté dans des classes régulières, des profs à bout de souffle », a soulevé mon indignation et ma colère devant le désordre systémique dans lequel sont plongés des enseignantes et des enseignants du Québec encore aujourd’hui en 2023, notamment au primaire et au secondaire.

À l’aube d’une négociation

À la lecture des situations rocambolesques citées par l’autrice de l’article, force est de constater qu’aucun enseignant ou enseignante ne peut humainement tenir le coup pendant des mois dans de telles circonstances.

Or, dès le début de son premier mandat en 2018 à titre de premier ministre du Québec, François Legault s’était engagé formellement à faire de l’éducation sa première priorité. Depuis lors, l’ex-ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, s’est confondu en valse-hésitation jusqu’à la fin de son mandat. En conséquence, il n’est donc pas surprenant que les enseignants soient perplexes eu égard aux résultats qui émaneront de cette nouvelle ronde de négociation.

Pistes de solutions

1) D’entrée de jeu, le ministère de l’Éducation du Québec via les facultés des sciences de l’éducation doivent renverser la vapeur issue de la réforme des années du début 2000 au cours desquelles les élèves sont devenus le centre de leur apprentissage et le professeur un guide, et recentrer l’acte pédagogique autour de l’enseignant face à l’apprenant qu’est l’élève.

2) Ce retour aux sources de la pédagogie devrait contribuer à redorer la fonction d’enseignant, à lui redonner ses lettres de noblesse et, par conséquent, à mettre en lumière la valorisation de l’enseignement et attirer davantage de candidats vers les sciences de l’éducation.

3) Le contenu de la formation des maîtres doit être revu en profondeur de façon à diminuer les cours théoriques en didactique et offrir plutôt plusieurs stages d’enseignement dans les écoles, les débutants étant accompagnés au début d’un maître de stage.

4) Il faut revoir le classement des élèves en dificultés d’apprentissage eu égard à leur handicap et les réunir en petits groupes homogènes sous la supervision d’un membre du personnel spécialisé, quitte à ce que ces élèves retournent dans un groupe régulier lorsqu’ils auront cheminé suffisamment.

5) Il est certain qu’une telle démarche requiert une équipe substantielle de personnel spécialisé, tels des psychologues, des orthopédagogues, des orthophonistes, des techniciens en éducation spécialisée, etc…

6) La politique de non-redoublement, étendue à la majorité des écoles du Québec, doit être abolie car elle ne fait que déplacer le problème des élèves qui ont échoué avec des élèves qui ont réussi à passer leur année et qui seront retardés par les élèves qui n’ont pas été contraints de reprendre leur année scolaire.

La lumière au bout du tunnel

De telles solutions draconiennes nécessitent d’abord une volonté politique sans laquelle les problèmes demeureront entiers. Ensuite, pour rendre ces solutions concrètes, des budgets supplémentaires doivent être dégagés, notamment eu égard à la formation de petits groupes ciblés et, par ricochet, à l’engagement de personnels spécialisés supplémentaires.

Enfin, l’école doit demeurer un lieu d’apprentissage qui constitue sa première raison d’être. Par ailleurs, il ne faut pas faire abstraction du fait que le monde a changé depuis quelques décennies et que l’école doit s’adapter à cette nouvelle réalité. Toutefois, je demeure convaincu que, tout en conservant sa vocation première, l’école peut aussi prendre en charge les élèves en difficultés et leur permettre de cheminer à leur rythme dans un climat propice à l’apprentissage.

Le Journal "Faites la différence" 11 janvier 2023

Jusqu’où ira ce cafouillis infernal d’élèves dans des classes régulières?

7 janvier 2023

Un article, écrit par Daphnée Dion-Viens et paru dans le Journal du 5 janvier sous le titre « Un élève sur deux en difficulté dans des classes régulières, des profs à bout de souffle », a soulevé mon indignation et ma colère devant le cafouillis infernal dans lequel sont plongés des enseignantes et des enseignants du Québec encore aujourd’hui en 2023, notamment au primaire et au secondaire.

À l’aube d’une négociation

À la lecture des situations rocambolesques citées par l’autrice de l’article, force est de constater qu’aucun enseignant ou enseignante ne peut humainement tenir le coup pendant des mois dans de telles circonstances.

Lors d’une tournée dans certaines écoles, le nouveau ministre de l’éducation, Bernard Drainville, a pris acte de la situation : la lourdeur des groupes et la composition des classes ressortent comme le principal irritant dénoncé par les professeurs rencontrés.

Or, dès le début de son premier mandat en 2018 à titre de premier ministre du Québec, François Legault s’était engagé formellement à faire de l’éducation sa première priorité. Depuis lors, l’ex-ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, s’est pourfendu a tenter d’assainir l’aération dans les écoles!

En conséquence, il n’est donc pas surprenant que les enseignants soient perplexes eu égard aux résultats qui émaneront de cette nouvelle ronde de négociation. Bernard Drainville réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont lamentablement raté le coche? C’est à suivre…

Pistes de solutions

1) D’entrée de jeu, le ministère de l’Éducation du Québec via les facultés des sciences de l’éducation doivent renverser la vapeur issue de la réforme des années du début 2000 au cours desquelles les élèves sont devenus le centre de leur apprentissage et le professeur un guide, et recentrer l’acte pédagogique autour de l’enseignant face à l’apprenant qu’est l’élève.

2) Ce retour aux sources de la pédagogie devrait contribuer à redorer la fonction d’enseignant, à lui redonner ses lettres de noblesse et, par conséquent, à mettre en lumière la valorisation de l’enseignement et attirer davantage de candidats vers les sciences de l’éducation.

3) Le contenu de la formation des maîtres doit être revu en profondeur de façon à diminuer les cours théoriques en didactique qui, de toute façon, n’apporte rien de tangible lorsque le jeune professeur se retrouve devant un groupe d’élèves, et offrir plutôt plusieurs stages d’enseignement dans les écoles, les débutants étant accompagnés au début d’un maître de stage.

4) Les cas d’élèves en difficultés d’apprentissage, il faut bien l’avouer, ne cessent de croître dans les écoles primaires et secondaires du Québec. De ce fait, les classes dites « régulières » n’ont de régulières que le qualificatif. En conséquence, il faut revoir le classement de ces élèves eu égard à leur handicap et les regrouper en petits groupes homogènes sous la supervision d’un membre du personnel spécialisé, quitte à ce que ces élèves retournent dans un groupe régulier lorsqu’ils auront cheminé suffisamment.

5) Il est certain qu’une telle démarche requiert une équipe substantielle de personnel spécialisé, tels des psychologues, des orthopédagogues, des orthophonistes, etc., un personnel qui permettra à l’enseignant de faire ce pourquoi il est rémunéré, à savoir enseigner.

6) La politique de non-redoublement, étendue à la majorité des écoles du Québec, doit être abolie car elle ne fait que déplacer le problème des élèves qui ont échoué avec des élèves qui ont réussi à passer leur année et qui seront retardés par les élèves qui n’ont pas été contraints de reprendre leur année scolaire.

La lumière au bout du tunnel

De telles solutions draconiennes nécessitent d’abord une volonté politique.sans laquelle les problèmes demeureront entiers. Ensuite, pour rendre ces solutions concrètes, des budgets supplémentaires doivent être dégagés, notamment eu égard à la formation de petits groupes ciblés et, par ricochet, à l’engagement de personnels spécialisés supplémentaires.

Enfin, l’école doit demeurer un lieu d’apprentissage qui constitue sa raison d’être prioritaire. Par ailleurs, il ne faut pas faire abstraction du fait que le monde a changé depuis quelques décennies et que l’école doit s’adapter à cette nouvelle réalité. Toutefois, je demeure convaincu que, tout en conservant sa vocation première, l’école peut aussi prendre en charge les élèves en difficultés d’apprentissage et leur permettre de cheminer vers une place au soleil.

https://www.journaldequebec.com/2023/01/05/des-classes-qui-debordent-deleves-en-difficulte

vigile.quebec tribune libre 6 janvier 2023

Langue et culture, des concepts indissociables

23 décembre 2022

Une culture s'exprime principalement à travers une langue et une langue porte toujours les traits distinctifs d'une culture. Si l’on désire bien comprendre et connaître la culture d’un peuple, on se doit d’apprendre sa langue et vice versa. En bref, la langue et la culture d’un peuple sont des concepts indissociables.

À titre d’illustration de mon propos, le français parlé au Québec est très différent de tous les autres français parlés ailleurs dans le monde parce qu’il est le reflet des particularités de la culture québécoise qui elle diffère de la réalité des autres cultures où le français est la langue d’usage.

Le franco-québécois et ses particularités

Les expressions québécoises populaires, appelées « québécismes », donnent au français d'ici toute sa couleur et sa particularité. Chaque mot, chaque expression est un précieux héritage de nos ancêtres. On peut citer en exemples les mots « achaler » pour « harceler », « banc de neige » pour « congère », « barrer » pour « verrouiller », « capoter » pour s’extasier ». En bref, les québécismes sont des légataires de la culture québécoise.

À leur arrivée en Nouvelle-France au 17ième siècle, les colons français se sont intégrés aux tribus amérindiennes qui habitaient les terres de leurs ancêtres depuis des décennies. Il n’est donc pas surprenant que les nouveaux arrivants s’adaptent à la culture amérindienne en adoptant, entre autres, des « amérindianismes » qui ont survécu aux sévices du temps jusqu’à nos jours. Ainsi, les mots « achigan », « atoca », « caribou », « rabaska » et « touladi » sont des amérindianismes. Certains toponymes d’origine amérindienne ont aussi fait leur entrée dans la langue des colons, tels Gaspé qui signifie « le bout de la terre », Restigouche, « rivière au courant agréable » et bien sûr Québec, « passage rétréci ».

Jusqu’au début des années 60, la religion catholique a occupé une grande place dans la société québécoise. Elle s’est infiltrée partout, notamment dans les coutumes familiales, si bien que sont nés des « jurons » qui reflétaient souvent la frustration issue de l’omniprésence de la religion dans les foyers québécois. En effet, l’usage de termes sacrés dans la parole profane est un phénomène très répandu qui émerge dans des sociétés contrôlées par un pouvoir religieux puissant et coercitif. À titre d’exemples, on peut citer « Baptême! Bout de calvaire! Sacrebleu! Pardieu! Sacrement! Tudieu! Viarge! ».

Bien sûr, le contexte géographique anglophone autour duquel les francophones évoluent crée malheureusement un climat propice à l’ingérence d’« anglicismes » lexicaux, syntaxiques et sémantiques dans le message véhiculé par les francophones d’ici. Toutefois, depuis quelques années, notamment dans le monde de l’automobile, l’utilisation des mots tels « bumper », « power break », « muffler » et autres, ont tendance à être substitués par leurs correspondants français. Entre parenthèses, les Québécois n’ont rien à envier aux Français eu égard aux anglicismes, qui ne se gênent pas pour faire leur « grocery » ou aller au « drugstore ».

La littérature québécoise

La littérature québécoise foisonne de chefs d’oeuvre littéraires, et chacun d’eux transporte avec lui la culture d’une époque. Parmi eux, « Un homme et son péché » de Claude-Henri Grignon, « Le survenant » de Germaine Guèvremont, « La famille Plouffe » de Roger Lemelin, « Les belles-soeurs » de Michel Tremblay, ou « Le temps des lilas » de Marcel Dubé, toutes des œuvres qui, à leur façon, ouvrent les horizons sur les origines du franco-québécois d’aujourd’hui qui a su, notamment grâce au courage et à la détermination des valeureux colons d’ici, s’implanter comme une langue enracinée dans sa culture et dans sa langue en terre d’Amérique.

Par ailleurs, le 12 août de chaque année est l’occasion de mettre de l’avant la culture littéraire québécoise avec l’événement J’achète un livre québécois. Depuis le lancement de ce mouvement en 2014, plusieurs librairies du Québec ont pris part à cet événement en mettant en valeur des livres d’auteurs québécois dans leurs succursales. Ce mouvement permet depuis quelques années de sensibiliser et d’inciter les lecteurs à découvrir ou redécouvrir la littérature bien de chez nous en plus de promouvoir la culture d’ici.

vigile.quebec tribune libre 22 décembre 2022

Les traditions québécoises chez les jeunes

13 décembre 2022

Alors que l’on pourrait croire que les jeunes ne sont pas attachés aux traditions québécoises, il m’a été donné de constater au cours de mes années d’enseignement de la première à la troisième secondaire qu’au contraire, ils manifestent de l’intérêt pour les valeurs traditionnelles véhiculées au Québec depuis des décennies par leurs ancêtres.

Les chansons québécoises

À quelques occasions au cours de l’année scolaire, pendant la période réservée à la lecture, j’apportais des cassettes de chansons québécoises que je faisais jouer pendant qu’ils lisaient. Or, j’ai souvenir qu’un jour, pendant que Félix Leclerc chantait « Le p’tit bonheur », certains élèves fredonnaient timidement les paroles de la chanson.

Curieux de réaliser qu’ils connaissaient cette chanson tirées du folklore québécois, je demandai à certains élèves les raisons pour lesquelles ils savaient les paroles de cette chanson, ce à quoi ils répondaient qu’ils l’avaient apprise de leur grand-père qui avait coutume de chanter cette chanson à chaque occasion ils se rencontraient. Le même phénomène se produisait, par exemple, pour « La complainte du phoque en Alaska » de Beau dommage que leur grand-mère leur faisait jouer lors de leurs rencontres.

Les romans québécois

J’exigeais que chaque élève lise quatre livres durant l’année, dont un roman québécois dont ils devaient faire un bref résumé de l’histoire devant les élèves. Il était surprenant de constater avec quel engouement ils présentaient par exemple « Maria Chapdeleine » de l’auteur Louis Hémon , ou « Le Survenant » de Germaine Guèvremont, ou « La Sagouine » d’Antonine Maillet, ou « Les Plouffe » de Roger Lemelin, et avec quel intérêt les autres élèves les écoutaient.

Les héros

Un des sujets que j’avais inscrit à la liste que les élèves devaient explorer au cours d’une production orale était leur héros. Bien sûr, plusieurs élèves avaient choisi soit un athlète ou une vedette de cinéma ou un groupe de musique, mais un certain nombre d’élèves avaient opté pour leur père ou leur mère, ou leurs grands-parents. C’est dire à quel point certains jeunes vouaient un culte particulier envers leurs parents ou leurs grands-parents, et demeuraient attachés aux valeurs familiales.

Le temps des Fêtes

À l’approche du temps des Fêtes, la fébrilité s’emparait des élèves. Au début de décembre, je demandais aux élèves d’apporter une décoration de Noël, et nous précédions, dans l’esprit des Fêtes, à la décoration du local-classe. Dans le même esprit, se tenait un échange de cadeaux entre élèves lors de la dernière journée avant de partir en vacances, chacun d’eux ayant tiré un nom d’élèves au hasard.

Les événements marquants

Dans le but de favoriser le travail en équipes, les élèves devaient se regrouper selon leurs intérêts pour élaborer un journal d’époque à l’intérieur duquel cinq chroniques sur des sujets différents devaient apparaître.

Certains articles portaient sur la première traversée du Lac Saint-Jean par le Québécois Jacques Amyot, de la vie des draveurs du début de la colonie, des prouesses de Maurice Richard, de la traditionnelle messe de minuit à Noël, ou du rythme de vie exigeant des premiers colons arrivés en Nouvelle-France au 17ième siècle, etc…

Pénurie d’enseignants : les causes

6 décembre 2022

Pour l’année scolaire 2021-2022, le nombre d’enseignants embauchés sans brevet en vertu d’une tolérance d’engagement s’est élevé à 4783, un sommet inégalé au cours des cinq dernières années. Par ailleurs, trois mois après la rentrée scolaire 2022-2023, plus de 600 enseignants manquent toujours à l’appel, et la seule façon de pallier cette pénurie est de faire appel à des professeurs non légalement qualifiés. Selon les plus récents chiffres,109 postes réguliers à temps plein et 525 contrats d’enseignants sont toujours vacants.

Cursus du secondaire

Le cursus de cours au secondaire en français met l’accent sur les notions grammaticales, syntaxiques et lexicales au cours des trois premières années si bien que les deux dernières années du secondaire sont laissées pour compte au profit de la littérature.

Si vous ajoutez à cette situation le fait que le cursus collégial n’aborde que superficiellement les notions linguistiques, il n’est donc pas étonnant de constater qu’un grand nombre d’étudiants en sciences de l’éducation échouent le Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE), lequel est obligatoire pour obtenir leur brevet d’enseignement. Or, ce Test comprend deux parties, à savoir une production écrite et un questionnaire à choix multiples portant sur les phénomènes liés à la grammaire, la syntaxe et le lexique, ce questionnaire étant la partie de l’examen qui contient le plus grand nombre d’échecs. Enfin, en cas d’échec au Test, l’étudiant doit reporter son stage d’au moins un an, le temps de réussir l’examen.

Cursus universitaire

Au cours de leur première année de baccalauréat en sciences de l’éducation, les étudiants sont gavés de notions théoriques sur la didactique qui ne sont pas, pour la plupart, d’une grande utilité lorsque le nouvel enseignant se présente devant un groupe d’élèves en début d’année scolaire.

Par contre, les étudiants devraient, à mon sens, pouvoir bénéficier de rencontres avec des enseignants expérimentés au cours desquelles les échanges pourraient porter sur les différentes approches pédagogiques qui facilitent l’apprentissage des élèves et sur les meilleures méthodes pour assurer une saine gestion de classe.

Une note positive, dès leur deuxième année, les étudiants participent à des stages en compagnie d’un maître de stage. L’intégration du stagiaire se fait progressivement, celui-ci agissant d’abord comme observateur et ensuite comme responsable du groupe en présence du maître de stage.

Lourdeur de la tâche

Ce n’est pas d’hier que les enseignants se plaignent de la lourdeur de leur tâche, notamment depuis le phénomène croissant du nombre d’élèves éprouvant des difficultés d’apprentissage, tel le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH). 

Nonobstant le fait que je suis favorable à l’intégration de ces élèves au sein des groupes réguliers, force est de constater qu’on remarque, depuis plusieurs années, une pénurie de personnel spécialisé dans les écoles, tels les psychologues, les travailleurs sociaux, les orthophonistes, les psycho-éducateurs, lesquels apportent un soutien indispensable aux enseignants pour la gestion efficiente de leurs élèves et sans lesquels les enseignants passent un temps précieux qui se répercute sur les autres élèves qui risquent de prendre du recul sur le contenu de la matière.

Valorisation de la tâche

Depuis plusieurs années, la valorisation de la profession d’enseignant est devenu un sujet d’actualité. Or, dans la réalité, quelles solutions ont été effectivement mises de l’avant pour atteindre cet objectif? À mon avis, tant et aussi longtemps que l’enseignement portera le fardeau de tâches extrêmement lourdes, peu d’étudiants issus des cégeps feront le saut en éducation de peur d’être confronté à des situations de gestion de classe qui les rend réticents à plonger dans une profession perçue socialement comme problématique.

Le mot de la fin s’adresse à des parents retraités qui ont fait carrière dans l’enseignement. Si votre adolescent manifeste des intentions de se diriger vers la carrière d’enseignant ou si vous connaissez un jeune intéressé à une carrière d’enseignant, je vous invite fortement à l’encourager à choisir, malgré tout ce qu’on peut entendre, le plus beau métier du monde, à savoir celui de façonner le monde de demain.

vigile.quebec tribune libre 5 décembre 2022

Entretenir le lien avec les élèves

2 décembre 2022

Dernièrement, j’ai fait la connaissance d’un jeune enseignant lors d’une rencontre d’Anciens de mon alma mater qui me faisait part de ses difficultés d’ordre disciplinaire avec quelques-uns de ses élèves. « Ce sont toujours les mêmes qui dérangent le groupe, j’ai beau les avertir de se taire, voire les expulser du cours, ils recommencent toujours le même manège », me confia-t-il.

Retour en arrière

Il n’en fallait pas davantage pour que je me transporte dans le passé, au moment où je suivais des cours de didactique à l’université, lesquels devaient me préparer à devenir un « bon » enseignant. Malheureusement, ces cours « magistraux » sur l’histoire de la didactique ne m’ont été d’aucune utilité lorsque je rencontrai mes premiers élèves au début de ma carrière.

Par bonheur, ces cours offraient aussi des stages dans les écoles où un professeur avait accepté d’agir comme tuteur en permettant aux stagiaires, dans un premier temps, d’assister à ses cours et, dans un deuxième temps, de donner quelques cours en présence du maître de stage. Sans l’ombre d’un doute, ce sont ces stages pratiques qui m’ont vraiment initié à l’enseignement en plongeant au coeur de la profession.

Une question de communication

Plus tard, au début de ma carrière, j’appréhendais le premier contact avec « mes » élèves. Ce n’était pas le contenu de mon cours qui m’inquiétait, c’était les outils pédagogiques que je devais utiliser pour communiquer ce contenu à mes élèves qui me trituraient les méninges.

J’ai d’abord essayé l’approche qui m’apparaissait la plus efficace, à savoir qu’au son de la cloche, les élèves devaient prendre leur place rapidement et qu’aussitôt, j’entamais le contenu du cours. Mais je me suis vite rendu compte que cette approche ne fonctionnait pas, la plupart des élèves, encore sous l’effet de détente de la période de repos, n’étant tout simplement pas attentifs à ce que je tentais de leur communiquer.

Puis, l’expérience aidant, je me suis mis à laisser plus de temps aux élèves pour mieux se disposer à l’écoute, mais surtout pour me permettre de créer la communication avec eux en leur expliquant, par exemple, quelle sera l’utilité du prochain cours sur l’apprentissage de leur langue. En bref, j’avais appris que l’acte d’enseigner présuppose la création d’un canal de communication avec les élèves si j’espérais que le message se rende à leurs oreilles.

Aimer ses élèves

Régulièrement, au cours de ma carrière d’enseignant, je me faisais interpeller par un curieux qui se demandait comment je faisais pour avoir la patience d’« endurer » 35 adolescents pendant une heure et ce, tout au cours de l’année scolaire.

Je lui répondais qu’il faut d’abord et avant tout aimer ses élèves et les respecter tout en établissant un code de conduite flexible et propice à l’apprentissage.

À cet effet, j’ai gardé en mémoire une rencontre fortuite avec un jeune souffrant d’un cancer incurable. Après m’être assis sur le bord de son lit, je le regarde dans les yeux :

« Tu souffres?

Puis-je faire quelque chose pour toi?

Après un long moment de silence, il me dit :

Dans deux mois, je serai mort,…En attendant, aime-moi! »

Vivre avec le cancer

22 novembre 2022

Certes, le sujet sort de l’ordinaire. Enfin, que je me suis dit, des centaines de millions de personnes ont reçu ou recevront au cours de leur vie un diagnostic de cancer. Certaines en guériront, d’autres malheureusement en mourront.

Dans mon cas, j’ai reçu un diagnostic de cancer de stade 4 incurable le 21 février 2022 suite à un premier cancer au poumon droit découvert un an plus tôt et que je croyais guéri.

Quelques jours après le dignostic, je rencontre un oncologue dans le but de me faire un portrait de la situation. Il me propose des traitements en immunothérapie. Si j’accepte les traitements, l’espérance de vie est de 18 à 24 mois, et si tout va bien, peut-être davantage pour 30% des patients étant soumis à cette thérapie. J’accepte ces traitements qui ont pour effet de renforcer mon système immunitaire qui peut, de la sorte, attaquer plus vigoureusement les cellules cancéreuses.

Faire face à la réalité

Après un an sans aucun signe de mon premier cancer, j’avais espoir qu’il avait quitté mon corps à jamais. Mais le monstre en a décidé autrement. Il récidive avec encore davantage d’agressivité. Il vient chambouler toute ma vie, ma quiétude et ma sérénité. La fatale réalité m’a soudainement rattrapé.

Cette réalité de la mort que nous fuyons toute notre vie fait maintenant partie de mon quotidien. Et je n’ai d’autre choix que de l’apprivoiser, de continuer à vivre avec elle sans qu’elle n’accapare toutes mes pensées. Car la vie m’offre encore de magnifiques moments de joie et de bonheur compte tenu que mon corps réagit très bien aux traitements et que je n’éprouve aucun effet secondaire.

Savourer le moment présent

Le passé ne m’appartient plus et le futur ne m’appartient pas. Seul le présent m’appartient et c’est avec lui que j’ai décidé de continuer ma vie, entouré de mes proches. Les marées basses de notre vie nous invitent à marcher à la recherche de coquillages, ces merveilles de la mer si convoitées par les enfants. Malgré les moments pénibles que l’avenir me réserve, j’ai le goût de mordre dans la vie à l’image des oiseaux qui ne semblent pas préoccupés par demain, ou du sourire d’un enfant qui fait ses premiers pas et qui nous enseigne qu’il faut aller de l’avant avec confiance.

Aide médicale à mourir

J’ai livré plusieurs batailles au cours de ma vie professionnelle et, lorsque je m’engageais dans une bataille, c’était parce que je croyais que j’avais une chance de la gagner. Or, aujourd’hui, je suis devant un adversaire invincible, un cancer de stade 4 incurable. Aussi a-je décidé de lui concéder la victoire avant de me lancer inutilement dans un combat impossible à gagner.

En prenant la décision de demander l’aide médicale à mourir lorsque la vie ne m’apportera que souffrances, je pense d’abord à mon épouse et à mes deux filles à qui je désire éviter des moments de tristesse et de souffrance qu’elles n’ont aucune raison de supporter. Ainsi, elles garderont de moi le souvenir d’un époux et d’un père qui a choisi de mourir près d’elles dans la dignité.

L’école à trois vitesses, une réalité préoccupante

25 octobre 2022

Une étude de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) révèle que près de 44 % des élèves du secondaire étudient au privé ou dans des écoles publiques à programmes ou projets particuliers, ce qui implique que plus d’un élève sur deux fréquentent l’école publique dite « régulière » où sont concentrés des jeunes moins doués et issus de parents souvent moins fortunés.

Avec l’arrivée de Bernard Drainville au poste de ministre de l’Éducation, et connaissant sa détermination lorsqu’il aborde un dossier, j’ose espérer que le nouveau ministre saura pallier cet écueil pour le moins inquiétant auquel sont confrontés les jeunes qui fréquentent l’école publique « régulière ».

Petite histoire

D’entrée de jeu, le débat entre l’école publique et l’école privée remonte à la fin des collèges classiques qui a vu apparaître les écoles secondaires et les Cégeps. Depuis lors, un clivage s’est opéré entre les écoles privées, vestiges des anciens collèges classiques, et les écoles publiques, issues de la réforme.

Or, il m’apparaît qu’aujourd’hui, certaines écoles publiques ont réduit considérablement l’écart qui les défavorisait eu égard aux écoles privées en instaurant des programmes particuliers, notamment en arts et en sports, une initiative qui a vu apparaître un sentiment d’appartenance inégalé jusqu’à maintenant grâce à une participation massive des élèves aux programmes spéciaux.

Mais là où le bât blesse avec beaucoup d’acuité, réside dans le fait qu’une majorité de jeunes sont cantonnés dans des écoles qui n’accueillent que des élèves en difficulté d’apprentissage souffrant souvent du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), ou démotivés quant à l’importance de leurs études.

Pistes de solutions

À prime abord, je suis d’avis que la solution n’est pas de faire disparaître l’école privée et l’école publique à projets particuliers pour créer une école « égalitaire » où seraient regroupés tous les élèves. Ce serait, à mon avis, niveler par le bas le système d’éducation établi. On ne résout pas un problème en détruisant un système qui fonctionne bien pour quatre jeunes sur dix.

De ce fait, il est primordial d’outiller les écoles « régulières » des services d’orthopédagogues, d’orthophonistes, de psychologues et de travailleurs sociaux indispensables, grâce auxquels les enseignants pourront œuvrer dans un climat davantage propice à l’acquisition des connaissances de leurs élèves.

Ensuite, compte tenu que les parents des jeunes qui fréquentent l’école publique « régulière » sont souvent limités en terme de revenus, et que les activités prévues dans les programmes particuliers coûtent des frais relativement élevés, le ministère de l’Éducation pourrait prévoir des crédits versés aux familles concernées par un manque de liquidité, et ainsi permettre aux jeunes de se valoriser dans telle ou telle activité, ce qui, indubitablement aurait des répercussions sur leurs résultats scolaires et sur le sentiment d’appartenance à leur école.

Enfin, selon le psychologue et spécialiste en réussite et en adaptation scolaire, Égide Royer, le fait d'avoir des difficultés en lecture ou en mathématiques n'empêche pas d’avoir des goûts particuliers ou des habiletés que l'on peut développer en musique et en sport.

Article paru dans Le Journal du 25 octobre et entrevue avec Philipe-Vincent Foisy de QUB-Radio

https://www.journaldequebec.com/2022/10/25/lecole-a-trois-vitesses-une-realite-preoccupante

Le Journal "Faites la différence" (version internet) 25 octobre 2022
vigile.quebec tribune libre 25 octobre 2022