Le faucon pèlerin et le déclin de la langue française, une publicité qui fait jaser

27 mars 2023

De toute évidence, la publicité du ministre de la langue française, Jean-François Roberge, a suscité toutes sortes de réactions, bonnes et mauvaises, venant de toutes les sphères de la société québécoise. En ce sens, si le ministre avait comme objectif. notamment, de faire « jaser », on peut au moins lui concéder qu’il a atteint sa cible.

Bien sûr, on ne peut exiger d’un seul message publicitaire qu’il soulève un sentiment d’effervescence pour la lutte à la survie du français au Québec. Néanmoins, je suis d’avis que l’analogie entre la survie du faucon pèlerin en tant qu’espèce menacée avec la survie de la langue française en déclin au Québec mérite tout au moins une bonne note d’appréciation eu égard à l’originalité.

Les suites

Toutefois, une fois que la « jasette » se sera estompée (et c’est déjà commencé), quelles seront les prochaines étapes? Compte tenu que la publicité contient un message clair sur le fait que notre langue d’usage est truffée d’anglicismes, la difficulté d’y pallier, qui ne date pas d’aujourd’hui et qui n’est pas sur le point de disparaître, réside dans le fait que le Québec se trouve géographiquement entouré d’anglophones. Enfin, je crois qu’il faut être tout de même vigilant sur l’emploi des anglicismes tout en admettant qu’ils ne sont pas, selon moi, des facteurs majeurs contribuant au déclin du français.

Alors, quels sont -ils ces facteurs majeurs qui affectent l’assimilation du français à l’anglais, particulièrement dans le grand Montréal? Même si je suis conscient que je ne ferai pas preuve d’originalité, le sujet en étant un d’actualité depuis des années, je considère qu’il y a urgence d’étendre l’application de la loi 101 au Cégep à toutes les Québécoises et tous les Québécois ainsi qu’à tous les immigrants qui désirent s’inscrire au collégial.

De plus, il m’apparaît essentiel de signaler que des entreprises de compétence fédérale au Québec résistent à se conformer à la Charte de la langue française, plus de huit mois après l’adoption de sa réforme par l’Assemblée nationale. Près du tiers d’entre elles ne se sont pas inscrites auprès de l’Office québécois de la langue française (OQLF) dans les délais prévus par la réforme. Les entreprises à charte fédérale employant 50 personnes ou plus avaient jusqu’au 1er décembre dernier pour se signaler à l’OQLF comme le demande la nouvelle Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, mieux connue sous le nom de loi 96. Or, en date du 22 février, 358 employeurs s’étaient pliés à cette directive. Cela représente plus de 68% des 525 entreprises à charte fédérale répertoriées par Emploi et développement social Canada sur le territoire québécois en 2021.

Les acteurs

Dans sa première intervention publique à la suite de sa nomination à titre de ministre de la Langue française, Jean-François Roberge a résolument mis l’accent sur la contribution de chaque citoyen québécois à la protection et la promotion de la langue française au Québec en donnant l’exemple d’un français correct dans leurs communications professionnelles et sociales.

Quoique je sois en accord avec cette vision, il m’apparaît primordial que le gouvernement et les partis d’opposition se donnent une ligne de conduite qui met de l’avant une qualité de français exemplaire de la part des politiciens lorsqu’ils sont appelés à se prononcer à l’Assemblée nationale, lors de conférences de presse ou de points de presse.

Enfin, il serait plus que temps que les propriétaires commerciaux appliquent la loi 101 sur l’affichage qui stipule que « l'affichage public et la publicité commerciale doivent se faire en français ou également être faits à la fois en français et dans une autre langue pourvu que le français y figure de façon nettement prédominante ». En terminant, des efforts constants doivent être consentis par les propriétaires de commerces, notamment de restaurants, pour que les Québécois de langue française soient servis dans leur langue.

vigile.quebec triibune libre 28 mars 2023

Comment susciter l’attractivité de la profession d’enseignant?

21 mars 2023

Comme dans plusieurs secteurs d’activités sociales, l’enseignement souffre d’une grave pénurie de main d’oeuvre. Nombre d’admissions en Sciences de l’éducation en chute, postes vacants et recours aux contractuels, conditions de travail, notamment la lourdeur des tâches, image mitigée de la profession d’enseignant dans la société, taux d’échecs élevé aux tests d’admission à l’université, manque d’accompagnement du jeune enseignant en début de carrière, tous des facteurs qui portent sérieusement ombrage à l’attractivité de la profession d’enseignant.

Or, dans un tel contexte, quelles sont les pistes de réflexion pour inverser la tendance ? Quelles sont les motivations qui pourraient inciter un candidat à devenir enseignant aujourd’hui ? Des questions d’autant plus critiques que le Québec est déjà confronté à une pénurie quasi généralisée d’enseignants qualifiés ou à des perspectives alarmantes, du fait de la nécessité de remplacer de nombreux départs à la retraite, étant donné la pyramide des âges des enseignants actuels et malgré des départs retardés du fait de la crise économique. Enfin, l’accent est de plus en plus mis sur le caractère crucial de la qualité des enseignants confrontés à de nouveaux défis et de nouvelles attentes de la part de toutes les parties prenantes de l’éducation, que ce soit les parents, les élèves, les responsables politiques, etc.

Campagnes publicitaires

Redorer le blason de la profession auprès des jeunes générations est l’un des défis prioritaires pour pallier la désaffection des candidatures. La profession d’enseignant véhicule une image, bonne ou moins bonne, mais pas forcément réaliste, alors que pourtant tout le monde, en tant qu’élève, y a été confronté dans son parcours. Sur le plan de la communication, le ministère de l’Éducation (MEQ) aurait avantage à aller à la rencontre des jeunes avec des campagnes publicitaires efficaces,une approche envers laquelle le MEQ s’est toujours montré réticent.

Facteurs d’attractivité

À la lumière de mes recherches sur la toile, les principaux facteurs d’attractivité pouvant être influencés d’une manière relativement aisée par des mesures ciblées concernent :
- la qualité de l’information fournie sur la réalité de la profession d’enseignant et les compétences requises ;
- les salaires ;
- les conditions de travail, notamment la tâche ;
- les critères et modalités de recrutement des enseignants ;
- le soutien en début de carrière ;
- la qualité et la pertinence de la formation professionnelle continue ;
- l’impact de campagnes bien ciblées de recrutement ;
- la participation des enseignants aux réformes ;
- Le soutien aux enseignants en difficulté.

Autres considérations

- le statut social et le prestige des enseignants ;
- le nombre d’élèves par classe;
- la réduction de l’hétérogénéité des groupes ;
- la conjoncture économique et la situation de l’emploi ;
- l’évolution des attentes des parents ;
- l’évolution des mentalités, des attitudes et des comportements des élèves, notamment vis-à- vis de toute forme d’autorité et dans le cadre de leur surconsommation de médias sociaux. 

Conjoncture sociétale

La profession d'enseignant a été longtemps perçue comme une "vocation" au Québec, les communautés religieuses en étant les fidèles légataires. Avec la disparition progressive de celles-ci, des laïcs se sont engagés pour perpétuer la continuité de la profession.

Or, depuis quelques années, l'enseignement a perdu peu à peu de ses lettres de noblesse au détriment d'une conjoncture sociétale où la mission de l'école et, par ricochet la profession d’enseignant, se sont vues investies d'une pléiade de fonctions qui ne faisaient pas partie de leur rôle antérieurement.

Toutefois, l'école d'aujourd'hui n'a rien perdu de son rôle essentiel, à savoir former les adultes de demain. Une mission emballante à laquelle sont attachés des défis tout aussi emballants dans une société en constante évolution.

vigile.quebec tribune libre 20 mars 2023

Faut-il s’inquiéter de l’utilisation croissante des technologies en éducation?

16 mars 2023

Force est de constater que la qualité du français dans les institutions d’enseignement périclite dangereusement et, ce malgré les nombreux outils technologiques mis à la disposition des étudiants et cela, même lors des examens. Il y a là, à mon sens, de quoi s’interroger sérieusement sur les moyens utilisés pour améliorer la qualité du français chez les étudiants.

De son côté, Alexandre Gagné, enseignant et modérateur du groupe Facebook Chat GPT et IA (intelligence artificielle) en éducation, écrit que le robot, et plus largement l’intelligence artificielle, menacent l’école traditionnelle. Pourquoi aller à l’école si l’IA peut répondre à mes questions et me former? Pourquoi produire des écrits si l’IA le fait déjà mieux que la majorité des étudiants?, fait-il remarquer avec à propos, il faut bien l’admettre.

Revaloriser l’écriture

Et si l’on apportait comme hypothèse possible qu’une des raisons principales expliquant, du moins en partie, le déclin du français, réside dans le fait que les élèves n’écrivent plus, enfin bref, qu’ils sont en train d’oublier l’existence même d’un papier et d’un crayon. Or, n’est-ce pas en écrivant qu’on apprend à écrire?

Et pourtant, le rapport sur la maîtrise du français au collégial, commandé par l’ex-ministre Danielle McCann en septembre 2021, propose 35 recommandations qui s’articulent autour de trois principes : 1) réduire la place de la littérature et faire de l’« enseignement explicite » du français ; 2) accroître, de façon quasi totale, la place du numérique, des « outils technologiques » ; 3) intégrer les « correcticiels » comme Antidote, même lors de l’épreuve uniforme du MEQ.

Nonobstant le premier principe qui veut mettre l’accent sur la dynamique de la langue, notamment la grammaire et la syntaxe, avec lequel je suis entièrement en accord, je m’objecte carrément contre les moyens suggérés par les deux autres principes, particulièrement contre l’utilisation, à mon sens contre-productrice, des correcticiels et ce, même au moment de l’épreuve uniforme du MEQ en cinquième secondaire.

Je veux être clair. Toute technologie, quelle qu’elle soit, n’existerait pas sans l’apport essentiel du cerveau humain lequel a nécessairement besoin de stimuli pour se développer. Conséquemment, il est plus que temps de ressortir des boules à mites les grammaires et les dictionnaires, et de confronter les étudiants seuls avec leur crayon et devant la page blanche, dans l’objectif ultime qu’ils mettent sur papier les résultats de leurs propres réflexions.

L’enseignant et les technologies

De toute évidence, l’avènement croissant des technologies en éducation a modifié substantiellement le rôle de l’enseignant qui est passé de communicateur de connaissances auprès des élèves à un rôle de « guide » eu égard à l’apprentissage du fonctionnement de ces technologies.

En conséquence, il n’est pas étonnant d’assister à des résultats catastrophiques des étudiants au test d’admission des cégépiens en Sciences de l’éducation à l’université, l’enseignant de français de cinquième secondaire souffrant d’un manque de temps pour consolider les notions grammaticales, syntaxiques et lexicales de ses élèves qui se présentent au test en carence de connaissances sur ces notions inhérentes et essentielles à une bonne connaissance de la langue.

Le compromis

Quoi qu’on fasse, les technologies en éducation sont là pour rester. Il appartient aux écoles, notamment aux profs de français, de mettre sur pied un plan de cours ayant comme objectif de créer un espace où le temps consacré à l’utilisation des technologies et celui dédié aux cours traditionnels sur les mécanismes de la langue pourront évoluer en saine complémentarité pour le plus grand bien de l’apprentissage de notre langue comme outil essentiel de communication.

vigile.quebec tribune libre 16 mars 2023

Recentrons l’école sur le rôle essentiel de l’enseignant : communiquer des connaissances à des apprenants

14 mars 2023

Au début des années 2000, le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) entreprend de mettre de l’avant une réforme en profondeur. Devant certaines réticences provenant particulièrement du milieu de l’enseignement, les réformateurs brandissent la sempiternelle résistance au changement, tuant ainsi dans l’œuf toute possibilité de contestation. Dorénavant, prétendent ces réformateurs « visionnaires », l’apprenant, à savoir l'élève, sera le maître d’œuvre de sa formation, appuyé en cela par un professeur dont le rôle principal sera de « guider »  l’élève vers les sources de la connaissance. En réalité, cette approche consacre sans vergogne le rôle d'animateur de l'enseignant.

Comme le disait le philosophe, écrivain, essayiste et polémiste, Alain Finkielkraut, dans son livre intitulé « L’ingratitude; conversation sur notre temps », publié en 1999 chez Québec Amérique, « Instruire, c’était introduire l’élève à ce qui le dépasse. On raisonne aujourd’hui comme si le moi avait assisté à la création du monde. Rien ne dépasse, chacun est sujet, c’est-à-dire roi. Et l’actuelle exigence de mettre l’élève au centre du système éducatif, comme si autrefois on y mettait des lampadaires ou des pots de fleurs, vise, en réalité, à remplacer l’obligation faite à l’élève d’écouter le professeur par l’ordre d’écouter les jeunes intimé aux « animateurs » du primaire et du secondaire ».

L'élève-roi

Il n'en fallait pas davantage pour qu'apparaisse ce que j'appelerais le phénomène de l'élève-roi découlant en droite ligne de l'enfant-roi à la maison qui, rappelons-le, vit dans un monde ouaté où les contrariétés ne font pas partie des relations parents-enfants de peur de créer des frustrations aux enfants-roi.

Dans un tel contexte, il n'est pas surprenant que les élèves-rois ont en horreur les contrariétés, tels un échec dans un examen, une remarque sur son comportement ou pire encore, un appel téléphonique de l'enseignant aux parents sur l'indiscipline de leur enfant en classe. Or, là où le bât blesse avec le plus d'acuité, c'est qu'il arrive souvent que les parents pennent la défense de leur enfant si bien que l'enseignant se retrouve dans une situation pour le moins inconfortable, voire déstabilisante.

Dans cette foulée, permettez-moi de vous relater un fait vécu qui s'est déroulé lorsque j'occupais le poste de directeur d'école. J'avais convoqué une mère et son fils à mon bureau car le jeune avait vendu de la drogue à des élèves, un comportement qui était sanctionné par un renvoi selon les règlements de l'école. Toutefois, j'étais prêt à garder le jeune à l'école pour autant que la mère m'apporte son soutien. Or, elle me répondit qu'elle préférait fumer un joint avec son fils le samedi soir plutôt que de le voir traîner dans les rues avec sa gang. Inutile de vous dire que je n'avais pas d'autre choix que de renvoyer son fils de l'école.

Le maître

À chaque fois que l’école ouvre ses portes le matin, son but premier consiste à communiquer, via son corps professoral, des connaissances à des élèves qui se présentent à l’école d’abord et avant tout pour apprendre. Conséquemment, il est plus que temps que les enseignants reprennent leurs lettres de noblesse en revendiquant leur place comme premier responsable de l’acte pédagogique envers les « apprenants ». Pour ce faire, l’équipe-école doit s’atteler à déconstruire cette utopie de l’élève-roi autour duquel gravite toute la démarche pédagogique.

Dans l’esprit d’une vieille expression qui m’apparaît, surtout aujourd’hui, encore d’actualité, l’enseignant est le « maître » dans sa classe et, en ce sens, il dirige le déroulement de ses cours dans un climat et une approche pédagogique qu’il juge propices à l’apprentissage.

vigile.quebec tribune libre 14 mars 2023
 

 

Où sont passés le crayon et le papier?

13 mars 2023

Je ne voudrais pas paraître pour un dinosaure, mais pourtant la qualité du français dans les institutions d’enseignement périclitent dangereusement et, ce malgré les nombreux outils technologiques mis à la disposition des étudiants et cela, même lors des examens. Il y a là,, à mon sens, de quoi s’interroger sérieusement sur les moyens utilisés pour améliorer la qualité du français chez les étudiants.

Et si l’on apportait comme hypothèse possible qu’une des raisons principales expliquant, du moins en partie, le déclin du français, réside dans le fait que les élèves n’écrivent plus, enfin bref, qu’ils sont en train d’oublier l’existence même d’un papier et d’un crayon. Or, n’est-ce pas en écrivant qu’on apprend à écrire?

Et pourtant, le rapport sur la maîtrise du français au collégial, commandé par l’ex-ministre Danielle McCann en septembre 2021, propose 35 recommandations qui s’articulent autour de trois principes : 1) réduire la place de la littérature et faire de l’« enseignement explicite » du français ; 2) accroître, de façon quasi totale la place du numérique, des « outils technologiques » ; 3) intégrer les « correcticiels » comme Antidote, même lors de l’épreuve uniforme du MEQ.

Nonobstant le premier principe qui veut mettre l’accent sur la dynamique de la langue, notamment la grammaire et la syntaxe, avec lequel je suis entièrement en accord, je m’objecte carrément contre les moyens suggérés par les deux autres principes, particulièrement contre l’utilisation des « correcticiels » comme Antidote, même lors de l’épreuve uniforme du MEQ.

Je veux être clair. La technologie a été créée par le cerveau humain lequel a nécessairement besoin de stimuli pour se développer. Conséquemment, il est plus que temps de ressortir des boules à mites les grammaires et les dictionnaire, et que les étudiants soient confrontés seuls avec leur crayon et devant la page blanche, et mettent sur papier les résultats émergeant de leurs propres réflexions.

vigile.quebec tribune libre 12 mars 2023

Revalorisons le plus beau métier du monde : celui de l’enseignement

2 mars 2023

Au début des années 70’, lorsque j’ai débuté ma carrière dans l’enseignement, les classes des facultés des sciences de l’éducation étaient bondées. La profession d’enseignant occupait une place honorable dans l’échelle sociale du Québec. Les salaires étaient abordables et les conditions de travail, notamment la tâche, fort appréciables.

Or, dans la rubrique Faites la différence du Journal du 1er mars, un jeune élève de 13 ans, Gabriel Morin, de Val-des-Monts, signe une lettre titrée «Je n’ai pas de prof d’anglais depuis octobre». Devant cette situation pour le moins inquiétante, Gabriel a cherché des ressources autour de lui qui lui ont permis de cheminer en anglais. « Plus que jamais, le gouvernement doit agir pour combler le manque de personnel dans les écoles, car ce n’est pas tous les élèves qui ont ma chance. Ma génération mérite autant une éducation de qualité que celle que les générations précédentes ont reçue », lance Gabriel à la fin de sa lettre en guise de cri d’alarme.

Une tâche lourde

Si l’école désire valoriser la profession d’enseignant, elle devra d’abord s’attaquer, pour une majorité des nouveaux enseignants, à la lourdeur de leur tâche. Je veux parler ici des groupes dits réguliers dans lesquels son concentrés les élèves à besoins particuliers, communément appelés les élèves en difficultés d’apprentissage.

Dans le contexte actuel, l’enseignant qui a la charge de ces groupes, et ce sont souvent des nouveaux enseignants puisque les professeur d’expérience, ayant priorité, choisissent les groupes à projets particuliers, tels sports-études ou arts-études, se voit confronté à des groupes turbulents sans possibilité d’obtenir l’aide de personnels spécialisés, tels des psychologues, des travailleurs sociaux, des orthophonistes, des orthopédagogues et autres puisque ce secteur subit lui aussi une pénurie de personnel.

Une solution pour pallier cette pénurie est venue du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à l’effet que le personnel de garde à l’école pourrait venir « dépanner » les enseignants littéralement pris en otages par les élèves en difficulté. Une autre solution serait de demander aux étudiants inscrits dans des programmes spécialisés de faire des stages dans les groupes réguliers et ainsi appuyer les enseignants de ces groupes.

Redorer la profession d’enseignant

Depuis plusieurs années, la valorisation de la profession d’enseignant est devenu un sujet tabou. Or, dans la réalité, quelles solutions ont été effectivement mises de l’avant pour atteindre cette valorisation ? À mon avis, tant et aussi longtemps que l’enseignement portera le fardeau de tâches extrêmement lourdes pour plusieurs enseignants, peu d’étudiants issus des cégeps feront le saut en sciences de l’éducation de peur d’être confrontés à des situations de gestion de classe qui les rendent réticents à plonger dans une profession perçue socialement comme problématique.

À mon avis, il faut concentrer les efforts de valorisation en amont. À titre d’exemple, des rencontres entre des étudiants en sciences de l’éducation et des cégépiens pourraient susciter chez certains une curiosité qu’ils auraient peut-être le goût d’explorer. Des campagnes publicitaires attrayantes sous l’égide du Ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) pourraient être mises sur pied et présentées sur les médias sociaux quelques semaines avant la période d’admission dans les universités.

Enfin, la profession d’enseignant est en manque d’amour. Et pourtant, elle incarne, à mes yeux, le plus beau métier du monde, à savoir de permettre aux jeunes québécois de développer leurs capacités intellectuelles et sociales, et de former les adultes de demain. Que demander de mieux comme défi professionnel?

https://www.journaldequebec.com/2023/03/02/revalorisons-le-plus-beau-metier-du-monde-celui-de-lenseignement

Le Journal "Faites la différence" (version numérique) 2 mars 2023
vigile.quebec tribune libre 5 mars 2023

Vivement des États généraux sur l’éducation!

27 février 2023

Le réseau scolaire québécois craque de partout. Les enseignants sont à bout de souffle écrasés par la lourdeur de leur tâche, le manque de personnel enseignant et spécialisé prend des proportions alarmantes, plusieurs jeunes enseignants démissionnent dès leur première année d’enseignement, les étudiants en sciences de l’éducation échouent en masse l’examen de français obligatoire pour leur admission, les élèves à besoins particuliers sont disséminés dans les groupes réguliers, le décrochage scolaire atteint des proportions inquiétantes, la violence des élèves envers le personnel est en croissance, plusieurs écoles sont en décrépitude depuis des décennies…

À mon sens, l’heure est venue pour que tous les intervenants en éducation au Québec se réunissent pour recréer l’harmonie indispensable dans notre réseau scolaire à défaut de quoi ce sont des générations de jeunes québécois dont l’avenir sera entaché pour le reste de leur vie. L’éducation est la pierre angulaire de toute société qui aspire à former une jeunesse apte à faire face aux nombreux défis que la vie leur réservera sur le marché du travail.

Déterminer les priorités

À mon avis, les participants à ces états généraux doivent d’abord s’entendre sur le rôle primordial de l’école, et pour ce faire, établir des priorités et des moyens pour les réaliser. À titre d’exemple, une des premières priorités pourrait être de faire en sorte que tous les élèves du Québec terminent leurs études secondaires.

Le français étant la langue d’usage au Québec, des efforts concertés entre tous les enseignants pourraient être consacrés à la qualité du français écrit dans la foulée des résultats catastrophiques des élèves de cinquième secondaire à l’examen final de français du MEQ de juin 2022.

Par ailleurs, je suis d’avis que le développement du sens de l’effort chez les jeunes devraient être priorisés, non seulement dans les cours réguliers, mais dans toutes les activités parascolaires auxquelles le élèves participent.

Un autre élément essentiel qui devrait faire partie des priorités de l’école, à mon point de vue, concerne le respect envers soi, le personnel et les élèves, et le respect envers la propriété d’autrui, une valeur primordiale pour favoriser un climat sain à l’intérieur de l’école et favorable à un climat d’apprentissage motivant.

Cette liste de priorités n’a pas la prétention d’être exhaustive. Toutefois, elle a l’avantage de lancer le débat d’ouverture des États généraux sur l’éducation. Aussi m’apparaîtrait-il opportun que ce premier déblayage soit tenu en assemblée générale.

Créer des tables sectorielles

À mon avis, ces États généraux n’auront du succès que dans la mesure où les participants soient divisés, après la séance d’ouverture, en tables sectorielles où ils seraient regroupés par champs d’intérêts.

À titre d’exemples de tables sectorielles, la tâche des enseignants, la constitution des groupes-classes, la valorisation de la tâche et les moyens à prendre pour favoriser le rétention des jeunes enseignants, les moyens à mettre de l’avant pour favoriser l’apprentissage du français, comment mettre un frein à la violence envers le personnel, etc…

Retour en Assemblée générale

Après un certain nombre de jours en tables sectorielles, les participants seraient invités à revenir en Assemblée générale où un délégué, ayant été préalablement désigné par les membres de son groupe, serait mandaté pour présenter un rapport des discussions aux membres de l’Assemblée générale, et remettre ensuite son rapport au président des États généraux.

Enfin, une fois le rapport du président rédigé, il serait dirigé vers les Conseils d’établissement de chaque école qui auraient comme mandat d’élaborer un plan d’action contenant la politique d’implantation des diverses priorités retenues en Assemblée générale.

vigile.quebec tribune libre 1er mars 2023

Ne pas confondre aide médicale à mourir et euthanasie

24 février 2023

Dans un article écrit par Nathalie Elgrably et publié dans Le Journal du 23 février sous le titre « Pourquoi vénérer la « liberté » avec l’euthanasie? », l’autrice assimile à tort l’aide médicale à mourir à l’euthanasie qui, en passant, n’est légale que dans cinq pays, soit la Colombie, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et l'Espagne. Et, à partir de cet amalgame inapproprié, elle dénigre ce qu’elle appelle l’euthanasie (mais qui est en réalité l’aide médicale à mourir) en arguant que « l’accès à l’injection létale serait, dit-on, une question de « liberté » et de « dignité ».

Définitions et distinctions

Par ailleurs, à la suite d’une petite recherche effectuée sur la toile, j’ai appris, de sources sûres, que l'aide médicale à mourir vise à aider une personne atteinte d'une maladie grave et incurable à être accompagnée à sa demande par les médecins, après avis collégial, pour bénéficier d'une sédation terminale lui permettant d'en finir avec l'existence alors que l'euthanasie vise à administrer, au sein même de l'hôpital, à la demande d'un patient en phase terminale, un cocktail létal de médicaments sédatifs

De ces définitions, je ressors deux éléments distinctifs fondamentaux. Primo, le patient qui reçoit l’aide médicale à mourir est « atteint d’une maladie grave et incurable, alors que celui qui demande l’euthanasie est « en phase terminale ». Secundo, la décision d’accorder l’aide médicale à mourir se prend « en collégialité » dans un continuum de sois tandis l’euthanasie ne requiert que la « demande d’un patient ».

Manque d’éthique

Enfin, je suis sidéré par la froideur de Nathalie Elgrably lorsqu’elle écrit que « sachant que les derniers mois de la vie sont ceux qui coûtent le plus cher au système de santé, comment ne pas voir dans cet empressement à élargir l’euthanasie (lire aide médicale à mourir) non pas une volonté d’apaiser la douleur mais un subterfuge pour réaliser des économies et alléger la pression sur les finances publiques? » Une question bassement économique sur un sujet aussi sérieux que la fin de vie d’un être humain.

Éclaircissements de Véronique Hivon

Enfin, dans un article publié dans La Presse du 20 janvier 2013, la journaliste Nathalie Collard pose 10 questions à son invitée, Véronique Hivon. La première question est la suivante : Pouvez-vous nous dire quelle est la différence entre « aide médicale à mourir », « suicide assisté » et « euthanasie » ?

Réponse de Véronique Hivon : « L'aide médicale à mourir est le concept qui est ressorti des travaux de la commission de l'Assemblée nationale. Il reflète l'importance du contexte médical et fait également référence au fait que la demande vient expressément de la personne. L'idée est que l'aide médicale à mourir se situe dans un continuum de soins en fin de vie, c'est en quelque sorte le soin ultime qui peut être donné à quelqu'un. Le suicide assisté est un geste beaucoup plus isolé qui ne présuppose pas le contexte médical, au même titre que l'euthanasie. Pour le suicide assisté, c'est la personne qui procède à l'acte alors que pour l'euthanasie, c'est une tierce personne qui pose l'acte ».

https://www.journaldequebec.com/2023/02/23/pourquoi-venerer-la-liberte-avec-leuthanasie


 

Démissions en chaîne des enseignants

7 février 2023

Depuis le début de l’année scolaire 2022-2023, soit la moitié de l’année,1062 enseignants du réseau des écoles publiques du Québec ont remis leur démission comparativement à 665 pour l’année scolaire complète 2018-2019. Des démissions en chaîne qui démontrent à quel point notre réseau scolaire est malade.

Mais que se passe-t-il dans nos écoles pour que des enseignants de 20 ans d’expérience quittent leur profession parce qu’ils ont perdu le feu sacré qui les animait au début de leur carrière?

Les groupes réguliers

Parmi les raisons invoquées de la part des enseignants, ressort dans tous les cas la constitution hétéroclite des groupes dits « réguliers ». Les élèves à besoins particuliers constituent souvent la majorité des élèves d’un groupe si bien que l’enseignant s’épuise à leur porter une attention spéciale pendant qu’il délaisse le reste de la classe.

Et pourtant, ce n’est pas d’hier que le personnel enseignant réclame à hauts cris auprès du MEQ des ressources humaines indispensables pour leur venir en aide, à savoir des orthopédagogues, orthophonistes, travailleurs sociaux, psychologues, etc..Or, rien ne bouge. Il semble que, là aussi, la pénurie de main d’oeuvre sévit.

Peut-être serait-il pertinent de demander temporairement aux étudiants en formation dans ces domaines spécialisés de venir prêter main forte aux enseignants plutôt que de faire appel à des techniciennes en service de garde comme le propose le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, dans sa liste de priorités, d’autant plus que ces techniciennes n’ont aucune expertise pour être confrontées aux élèves à besoins particuliers.

Groupes hétérogènes ou homogènes?

Les experts en éducation sont partagés eu égard à la constitution des groupes « réguliers », d’un côté, les tenants de l’intégration des élèves à besoins particuliers, ce qui est le cas actuellement, de l’autre, les tenants de la formation de deux groupes distincts, à savoir les élèves à besoins particuliers dans un groupe, les autres dans un autre groupe.

Le constat est sans équivoque. Les groupes réguliers hétérogènes, à savoir ceux qui sont constitués d’élèves à besoins particuliers qui constituent de plus en plus la majorité des élèves, et d’élèves réguliers qui sont privés des contenus de matière du programme compte tenu des interventions fréquentes de l’enseignant envers les élèves à besoins particuliers, sont devenus, il faut bien l’admettre, des groupes ingérables.

On aura beau disposer de toutes les ressources en personnel spécialisé pour appuyer les enseignants, il restera toujours des élèves à besoins particuliers dans les classes compte teenu de leur croissance alarmante dans les groupes dits réguliers.

Par ailleurs, les tenants des groupes homogènes invoquent le fait que les élèves à besoins particuliers seront stimulés par les performances des élèves réguliers et que leurs résultats seront améliorés. À ce sujet, de mémoire, lorsque j’étais au primaire, il n’était pas question d’élèves à besoins particuliers. Or, les derniers de classe demeuraient les derniers tout au long de leurs études primaires.

Conséquemment, je suis d’avis que le moment est venu d’avoir une sérieuse discussion sur l’intégration des élèves à besoins particuliers dans les groupes réguliers qui n’ont plus de « réguliers » que le nom. En ce qui me concerne, je suis favorable au décloisonnement des élèves en deux groupes distincts. De ce fait, les élèves réguliers pourront bénéficier d’un climat favorable à l’apprentissage, et les élèves à besoins particulier pourront profiter des services professionnels du personnel spécialisé, quitte à intégrer le groupe régulier lorsque leur cheminement le leur permettra.

vigile.quebec tribune libre 7 février 2023
Le Soleil (version abrégée) (version numérique) 10 février 2023

Nomination d’Amira Elghawaby

3 février 2023

Justin Trudeau vient de nommer, pour un mandat de quatre ans, une représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. Amira Elghawaby sera « porte-parole, conseillère, experte et représentante dans les efforts du gouvernement fédéral pour lutter contre l’islamophobie, le racisme systémique, la discrimination raciale et l’intolérance religieuse », indique le communiqué émis par le bureau du premier ministre. 

Le cul-de-sac

La nomination d’Amira Elghawaby a soulevé l’ire du premier ministre François Legault qui voit dans cette décision une attitude méprisante de Justin Trudeau contre les Québécois, notamment en raison de certains propos de Mme Elghawaby qualifiant les Québécois de racistes et d’anti-musulmans.

Dans cette foulée, aucun doute dans mon esprit que la loi 21 sur la laïcité de l’État québécois est le premier déclencheur. Toutefois, si nous poussons plus à fond cette analyse et que nous regardons en amont de cette saga, nous retrouvons deux paradigmes diamétralement opposés, à savoir la défense des droits individuels invoqués par le premier ministre canadien, en l’occurrence ici, la liberté religieuse, et les droits collectifs défendus par François Legault, à savoir la laïcité de l’État.

Dans ces circonstances, je suis d’avis qu’aucun compromis ne pourra ressortir des éventuelles discussions qui auront ou auraient lieu dans un avenir plus ou moins rapproché, d’autant plus que Justin Trudeau a jeté son dévolu sur une militante voilée qui a déjà à son crédit plusieurs déclarations acerbes contre les Québécois alors que son rôle est d’agir comme médiatrice auprès des parties.

En bref, qu’Amira Elghawaby demeure ou non en fonction, le véritable débat va se jouer devant les tribunaux autour de la loi 21, notamment sur la validité de la clause dérogatoire qu’elle contient.Tout le reste n’est que politicaillerie qui n’a d’autre alternative que de se terminer dans un cul-de-sac.

Les excuses

« J’aimerais dire que je suis extrêmement désolée de la façon dont mes mots ont été reçus, de comment ils ont blessé les gens au Québec ( ) Je suis convaincue, je sais — et je le dis — que les Québécois ne sont pas racistes Ce n’était pas mon intention. Et je m’excuse sincèrement de les avoir blessés avec mes mots. » dixit Amira Elghawaby, au sortir de sa rencontre avec le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Sans entrer ici dans une analyse en profondeur de l’état intérieur dans lequel se trouvait Mme Elghawaby, au moment où elle a prononcé ces mots qui « ont blessé les gens du Québec », comment peut-on la croire lorsqu’elle affirme que « ce n’était pas son intention » ? Or, quelle était alors son intention ?

Comment Amira Elghawaby s’attendait-elle à ce que les Québécois réagissent devant des qualificatifs tels « racistes » et « anti-musulmans » ? Comment maintenant peut-on lui accorder quelque crédibilité lorsqu’elle affirme que les Québécois ne sont pas racistes ?

Toutes des questions qui me laissent à penser que Mme Elghawaby avaient bien réfléchi à ces paroles lors de ses déclarations, et qu’elles exprimaient sans le moindre doute le fond de sa pensée. Conséquemment, on ne peut lui demander sérieusement de « rétablir les ponts » qu’elle s’évertue depuis des années à faire tomber… Alors, vivement sa démission !