À vos crayons, chers élèves!

5 avril 2023

Les temps sont durs pour l’utilisation du crayon dans nos écoles, éclipsé par la prolifération des gadgets électroniques dont l’attrait ne cesse de croître en popularité.

Et pourtant, force est de constater que la qualité du français dans les institutions d’enseignement périclitent dangereusement. Il y a là, à mon sens, de quoi s’interroger sérieusement sur les moyens technologiques utilisés pour améliorer la qualité du français chez les élèves. Et si l’on apportait comme hypothèse possible qu’une des raisons principales expliquant, du moins en partie, le déclin du français, réside dans le fait que les élèves n’écrivent plus, enfin bref, qu’ils sont en train d’oublier l’existence même du crayon.

Cerveau à « off »

D’entrée de jeu, qu’on le veuille ou non, la présence des outils technologiques en éducation est là pour rester et évoluer continuellement. Aussi faut-il faire preuve de prudence eu égard à leur utilisation qui peut produire des effets néfastes sur le développement des facultés intellectuelles chez les jeunes. De plus, est-il utile de rappeler que c’est le cerveau humain qui a conçu ces outils et qu’en ce sens, ils existent comme moyens mis à la disposition des enseignants dans leur approche pédagogique occasionnellement.

Une des particularités de certains logiciels « correcticiels » comme Antidote, bien qu’utiles eu égard à certaines activités professionnelles, conduit inexorablement les élèves à une paresse intellectuelle qui va complètement à l’encontre du développement du sens de l’effort, une valeur fondamentale de l’école.

De surcroît, l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA), quoiqu’une avancée remarquable dans plusieurs sphères de la société, apporte par ailleurs son lot d’inconvénients en éducation, notamment l’incitation au plagiat. En effet, le robot ChatGPT, à titre d’exemple, dispose de capacités infinies, notamment de résumer un livre de 300 pages en trois secondes ou de faire une recherche sur un sujet précis dans la même période de temps. En termes clairs, le cerveau des élèves est placé en position « off ».

Bienfaits de l’écriture

Devant de tels écueils menaçant vertement le développement des facultés intellectuelles des élèves, l’écriture apparaît comme un moyen privilégié d’allumer l’imagination des jeunes tout en leur permettant d’acquérir des connaissances nouvelles sur leur langue. Dans notre monde de culture numérique, certains pourraient croire que l’apprentissage de l’écriture est sans intérêt et gaspille un temps d’apprentissage précieux. Or, frapper la touche « d » sur un clavier ne relève pas du même processus mental que de la coucher sur papier. Pour d’autres, l’écriture cursive semble être démodée et trop difficile à maîtriser. Or, écrire n’est difficile que si ce n’est pas automatique, et par conséquent inscrit dans la mémoire à long terme.

Selon les recherches effectuées sur le sujet, c’est à partir de la 4ème année du primaire que les exigences cognitives s’accélèrent brusquement. D’ailleurs, ceux qui sont capables d’écrire couramment ont une plus grande capacité de mémoire qui leur permet de planifier, d’organiser, de réviser et de récupérer un vocabulaire sophistiqué.

Le cerveau humain a nécessairement besoin de stimuli pour se développer. Conséquemment, il est plus que temps de ressortir des boules à mites les grammaires et les dictionnaires, et que les étudiants soient confrontés seuls avec leur crayon et devant la page blanche, et mettent sur papier les résultats émergeant de leurs propres réflexions. En bref, il est grand temps de remettre le crayon entre les mains des élèves.

vigile.quebec tribune libre 5 avril 2023
Le Journal "Faites la différence" (version numérique) 15 avril 2023

Priorisons un enseignement continu des structures de la langue au secondaire

3 avril 2023

Par les temps qui courent, le déclin du français autant parlé qu’écrit fait régulièrement la une des médias. Or, les derniers résultats des élèves de cinquième secondaire à l’examen de français écrit du MEQ de juin 2022 démontrent clairement de nombreuses lacunes dans les productions écrites des élèves eu égard aux structures de base de la langue française, à savoir la grammaire, la syntaxe et le lexique. Pourtant, en théorie, ces élèves, à la fin de leurs études secondaires, devraient maîtriser ces notions, ce qui n’est manifestement pas le cas considérant le nombre élevé d’élèves ayant échoué leur examen de français écrit en juin dernier. Se pose donc les questions, pourquoi? Et quoi faire? C’est ce à quoi je vais tenter de proposer des éléments de réponses dans cette lettre.

Toutefois, auparavant, il m’apparaît important de faire un petit détour du côté des Sciences de l’éducation des universités. Vous comprendrez aisément que le même problème de fautes de toutes sortes se répète lors du test d’admission en français pour les élèves du collégial intéressés à la profession d’enseignant. Cette situation s’explique par le fait que les cours de français du niveau collégial ont complètement évincé toutes notions grammaticales, syntaxiques et lexicales du programme du cours de français, alléguant que ces notions doivent être enseignées au secondaire, et que le français au collégial doit être concentré sur la littérature.

Dépannage obligé

De toute évidence, le programme de français au secondaire, tel qu’il est échelonné actuellement, ne permet pas un apprentissage complet et intégré de la part des élèves, les cours de langue étant concentrés dans les trois premières années du secondaire alors qu’en quatrième et cinquième secondaires, l’accent est mis sur la littérature et très peu sur la structure de la langue si ce n’est les cas les plus compliqués. Conséquemment, certaines règles se faufilent entre les mailles du système, et les effets pervers se font sentir lors de la production écrite de l’examen final du MEQ en fin de cinquième secondaire.

D’autre part, si, malgré ce redressement au secondaire, les élèves du collégial continuent à éprouver des difficultés sur certaines règles plus pointues, l’enseignant de français se doit, selon moi, de faire une pause eu égard à son cours régulier, et dépanner les élèves sur les notions linguistiques qui leur causent des difficultés.

Au risque de paraître pour un dinosaure, la dictée traditionnelle demeure, à mon avis, une approche pédagogique privilégiée pour perfectionner l’apprentissage du français, et ce même en quatrième et cinquième secondaires, et au collégial si nécessaire. Quoi qu’il en soit, il n’est jamais trop tard pour apprendre.

Arrimage des programmes

Dans les solutions proposée ci-dessus, les enseignants de quatrième, de cinquième secondaire et du collégial sont contraints de dépanner les élèves qui proviennent des degrés inférieurs, et qui éprouvent des difficultés sur le plan de français écrit.

Conséquemment, je verrais d’un bon œil un arrimage des programmes de français de la première secondaire jusqu’à la cinquième. De cette façon, les notions linguistiques seraient réparties équitablement eu égard à leur degré de difficulté. Un arrimage qui pallierait fort probablement les carences des élèves de cinquième secondaire à l’examen final du MEQ. Enfin, pour clore la boucle, il serait fort pertinent que les professeurs de français du Cégep reçoivent l’entièreté du programme de français du secondaire de façon à revenir sur des notions non suffisamment assimilées le cas échéant.

Enfin, dans ces conditions, il m’apparaît tout à fait plausible que les étudiants des institutions collégiales qui se présenteront au test d’admission en français en Sciences de l’éducation à l’université seront mieux préparés pour leur production écrite tout en redorant le blason des promotions ayant choisi l’enseignement comme profession.

vigile.quebec tribune libre 3 avril 2023

 

 

Le faucon pèlerin et le déclin de la langue française, une publicité qui fait jaser

27 mars 2023

De toute évidence, la publicité du ministre de la langue française, Jean-François Roberge, a suscité toutes sortes de réactions, bonnes et mauvaises, venant de toutes les sphères de la société québécoise. En ce sens, si le ministre avait comme objectif. notamment, de faire « jaser », on peut au moins lui concéder qu’il a atteint sa cible.

Bien sûr, on ne peut exiger d’un seul message publicitaire qu’il soulève un sentiment d’effervescence pour la lutte à la survie du français au Québec. Néanmoins, je suis d’avis que l’analogie entre la survie du faucon pèlerin en tant qu’espèce menacée avec la survie de la langue française en déclin au Québec mérite tout au moins une bonne note d’appréciation eu égard à l’originalité.

Les suites

Toutefois, une fois que la « jasette » se sera estompée (et c’est déjà commencé), quelles seront les prochaines étapes? Compte tenu que la publicité contient un message clair sur le fait que notre langue d’usage est truffée d’anglicismes, la difficulté d’y pallier, qui ne date pas d’aujourd’hui et qui n’est pas sur le point de disparaître, réside dans le fait que le Québec se trouve géographiquement entouré d’anglophones. Enfin, je crois qu’il faut être tout de même vigilant sur l’emploi des anglicismes tout en admettant qu’ils ne sont pas, selon moi, des facteurs majeurs contribuant au déclin du français.

Alors, quels sont -ils ces facteurs majeurs qui affectent l’assimilation du français à l’anglais, particulièrement dans le grand Montréal? Même si je suis conscient que je ne ferai pas preuve d’originalité, le sujet en étant un d’actualité depuis des années, je considère qu’il y a urgence d’étendre l’application de la loi 101 au Cégep à toutes les Québécoises et tous les Québécois ainsi qu’à tous les immigrants qui désirent s’inscrire au collégial.

De plus, il m’apparaît essentiel de signaler que des entreprises de compétence fédérale au Québec résistent à se conformer à la Charte de la langue française, plus de huit mois après l’adoption de sa réforme par l’Assemblée nationale. Près du tiers d’entre elles ne se sont pas inscrites auprès de l’Office québécois de la langue française (OQLF) dans les délais prévus par la réforme. Les entreprises à charte fédérale employant 50 personnes ou plus avaient jusqu’au 1er décembre dernier pour se signaler à l’OQLF comme le demande la nouvelle Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, mieux connue sous le nom de loi 96. Or, en date du 22 février, 358 employeurs s’étaient pliés à cette directive. Cela représente plus de 68% des 525 entreprises à charte fédérale répertoriées par Emploi et développement social Canada sur le territoire québécois en 2021.

Les acteurs

Dans sa première intervention publique à la suite de sa nomination à titre de ministre de la Langue française, Jean-François Roberge a résolument mis l’accent sur la contribution de chaque citoyen québécois à la protection et la promotion de la langue française au Québec en donnant l’exemple d’un français correct dans leurs communications professionnelles et sociales.

Quoique je sois en accord avec cette vision, il m’apparaît primordial que le gouvernement et les partis d’opposition se donnent une ligne de conduite qui met de l’avant une qualité de français exemplaire de la part des politiciens lorsqu’ils sont appelés à se prononcer à l’Assemblée nationale, lors de conférences de presse ou de points de presse.

Enfin, il serait plus que temps que les propriétaires commerciaux appliquent la loi 101 sur l’affichage qui stipule que « l'affichage public et la publicité commerciale doivent se faire en français ou également être faits à la fois en français et dans une autre langue pourvu que le français y figure de façon nettement prédominante ». En terminant, des efforts constants doivent être consentis par les propriétaires de commerces, notamment de restaurants, pour que les Québécois de langue française soient servis dans leur langue.

vigile.quebec triibune libre 28 mars 2023

L’étranger

26 mars 2023

 

Il s’est emparé de mon corps

Tel un otage sans défense

Il a décidé de mon sort

Tel un ravisseur sans décence


Et puis le temps a passé

Mon corps peinant à supporter

Ses sautes d’humeur inattendues

Qui me plongent dans l’inconnu


Parfois il me concède une trêve

Aussi sournoise que brève

Parfois il se remet au travail

Et je m’enfuie dans mon bercail

 

Les jours se suivent et se ressemblent

Tantôt tranquilles tantôt minés

À chaque réveil je tremble

Face à la lourde réalité

 

Je l’oublie pendant la journée

Toutefois il n’est jamais loin

Bien caché dans un coin

Épiant mes moindres pensées

 

Nous nous sommes apprivoisés

Nous sommes malgré nous reliés

Par une cruelle destinée

Qui est l’atout de l’étranger

 

L’étranger

24 mars 2023

L’étranger

Il s’est emparé de mon corps

Tel un otage sans défense

Il a décidé de mon sort

Tel un ravisseur sans décence

 

Et puis le temps a passé

Mon corps peine à supporter

Ses sautes d’humeur inattendues

Qui me plongent dans l’inconnu

 

Parfois il me concède une trêve

Aussi sournoise que brève

Parfois il se remet au travail

Et je m’enfuie dans mon bercail

 

Les jours se suivent et se ressemblent

Tantôt tranquilles tantôt minés

À chaque réveil je tremble

Face à la lourde réalité

 

Je l’oublie pendant la journée

Toutefois il n’est jamais loin

Bien caché dans un coin

Épiant mes moindres pensées

 

Nous nous sommes apprivoisés

Nous sommes malgré nous reliés

Par une cruelle destinée

Qui est l’atout de l’étranger

Comment susciter l’attractivité de la profession d’enseignant?

21 mars 2023

Comme dans plusieurs secteurs d’activités sociales, l’enseignement souffre d’une grave pénurie de main d’oeuvre. Nombre d’admissions en Sciences de l’éducation en chute, postes vacants et recours aux contractuels, conditions de travail, notamment la lourdeur des tâches, image mitigée de la profession d’enseignant dans la société, taux d’échecs élevé aux tests d’admission à l’université, manque d’accompagnement du jeune enseignant en début de carrière, tous des facteurs qui portent sérieusement ombrage à l’attractivité de la profession d’enseignant.

Or, dans un tel contexte, quelles sont les pistes de réflexion pour inverser la tendance ? Quelles sont les motivations qui pourraient inciter un candidat à devenir enseignant aujourd’hui ? Des questions d’autant plus critiques que le Québec est déjà confronté à une pénurie quasi généralisée d’enseignants qualifiés ou à des perspectives alarmantes, du fait de la nécessité de remplacer de nombreux départs à la retraite, étant donné la pyramide des âges des enseignants actuels et malgré des départs retardés du fait de la crise économique. Enfin, l’accent est de plus en plus mis sur le caractère crucial de la qualité des enseignants confrontés à de nouveaux défis et de nouvelles attentes de la part de toutes les parties prenantes de l’éducation, que ce soit les parents, les élèves, les responsables politiques, etc.

Campagnes publicitaires

Redorer le blason de la profession auprès des jeunes générations est l’un des défis prioritaires pour pallier la désaffection des candidatures. La profession d’enseignant véhicule une image, bonne ou moins bonne, mais pas forcément réaliste, alors que pourtant tout le monde, en tant qu’élève, y a été confronté dans son parcours. Sur le plan de la communication, le ministère de l’Éducation (MEQ) aurait avantage à aller à la rencontre des jeunes avec des campagnes publicitaires efficaces,une approche envers laquelle le MEQ s’est toujours montré réticent.

Facteurs d’attractivité

À la lumière de mes recherches sur la toile, les principaux facteurs d’attractivité pouvant être influencés d’une manière relativement aisée par des mesures ciblées concernent :
- la qualité de l’information fournie sur la réalité de la profession d’enseignant et les compétences requises ;
- les salaires ;
- les conditions de travail, notamment la tâche ;
- les critères et modalités de recrutement des enseignants ;
- le soutien en début de carrière ;
- la qualité et la pertinence de la formation professionnelle continue ;
- l’impact de campagnes bien ciblées de recrutement ;
- la participation des enseignants aux réformes ;
- Le soutien aux enseignants en difficulté.

Autres considérations

- le statut social et le prestige des enseignants ;
- le nombre d’élèves par classe;
- la réduction de l’hétérogénéité des groupes ;
- la conjoncture économique et la situation de l’emploi ;
- l’évolution des attentes des parents ;
- l’évolution des mentalités, des attitudes et des comportements des élèves, notamment vis-à- vis de toute forme d’autorité et dans le cadre de leur surconsommation de médias sociaux. 

Conjoncture sociétale

La profession d'enseignant a été longtemps perçue comme une "vocation" au Québec, les communautés religieuses en étant les fidèles légataires. Avec la disparition progressive de celles-ci, des laïcs se sont engagés pour perpétuer la continuité de la profession.

Or, depuis quelques années, l'enseignement a perdu peu à peu de ses lettres de noblesse au détriment d'une conjoncture sociétale où la mission de l'école et, par ricochet la profession d’enseignant, se sont vues investies d'une pléiade de fonctions qui ne faisaient pas partie de leur rôle antérieurement.

Toutefois, l'école d'aujourd'hui n'a rien perdu de son rôle essentiel, à savoir former les adultes de demain. Une mission emballante à laquelle sont attachés des défis tout aussi emballants dans une société en constante évolution.

vigile.quebec tribune libre 20 mars 2023

Faut-il s’inquiéter de l’utilisation croissante des technologies en éducation?

16 mars 2023

Force est de constater que la qualité du français dans les institutions d’enseignement périclite dangereusement et, ce malgré les nombreux outils technologiques mis à la disposition des étudiants et cela, même lors des examens. Il y a là, à mon sens, de quoi s’interroger sérieusement sur les moyens utilisés pour améliorer la qualité du français chez les étudiants.

De son côté, Alexandre Gagné, enseignant et modérateur du groupe Facebook Chat GPT et IA (intelligence artificielle) en éducation, écrit que le robot, et plus largement l’intelligence artificielle, menacent l’école traditionnelle. Pourquoi aller à l’école si l’IA peut répondre à mes questions et me former? Pourquoi produire des écrits si l’IA le fait déjà mieux que la majorité des étudiants?, fait-il remarquer avec à propos, il faut bien l’admettre.

Revaloriser l’écriture

Et si l’on apportait comme hypothèse possible qu’une des raisons principales expliquant, du moins en partie, le déclin du français, réside dans le fait que les élèves n’écrivent plus, enfin bref, qu’ils sont en train d’oublier l’existence même d’un papier et d’un crayon. Or, n’est-ce pas en écrivant qu’on apprend à écrire?

Et pourtant, le rapport sur la maîtrise du français au collégial, commandé par l’ex-ministre Danielle McCann en septembre 2021, propose 35 recommandations qui s’articulent autour de trois principes : 1) réduire la place de la littérature et faire de l’« enseignement explicite » du français ; 2) accroître, de façon quasi totale, la place du numérique, des « outils technologiques » ; 3) intégrer les « correcticiels » comme Antidote, même lors de l’épreuve uniforme du MEQ.

Nonobstant le premier principe qui veut mettre l’accent sur la dynamique de la langue, notamment la grammaire et la syntaxe, avec lequel je suis entièrement en accord, je m’objecte carrément contre les moyens suggérés par les deux autres principes, particulièrement contre l’utilisation, à mon sens contre-productrice, des correcticiels et ce, même au moment de l’épreuve uniforme du MEQ en cinquième secondaire.

Je veux être clair. Toute technologie, quelle qu’elle soit, n’existerait pas sans l’apport essentiel du cerveau humain lequel a nécessairement besoin de stimuli pour se développer. Conséquemment, il est plus que temps de ressortir des boules à mites les grammaires et les dictionnaires, et de confronter les étudiants seuls avec leur crayon et devant la page blanche, dans l’objectif ultime qu’ils mettent sur papier les résultats de leurs propres réflexions.

L’enseignant et les technologies

De toute évidence, l’avènement croissant des technologies en éducation a modifié substantiellement le rôle de l’enseignant qui est passé de communicateur de connaissances auprès des élèves à un rôle de « guide » eu égard à l’apprentissage du fonctionnement de ces technologies.

En conséquence, il n’est pas étonnant d’assister à des résultats catastrophiques des étudiants au test d’admission des cégépiens en Sciences de l’éducation à l’université, l’enseignant de français de cinquième secondaire souffrant d’un manque de temps pour consolider les notions grammaticales, syntaxiques et lexicales de ses élèves qui se présentent au test en carence de connaissances sur ces notions inhérentes et essentielles à une bonne connaissance de la langue.

Le compromis

Quoi qu’on fasse, les technologies en éducation sont là pour rester. Il appartient aux écoles, notamment aux profs de français, de mettre sur pied un plan de cours ayant comme objectif de créer un espace où le temps consacré à l’utilisation des technologies et celui dédié aux cours traditionnels sur les mécanismes de la langue pourront évoluer en saine complémentarité pour le plus grand bien de l’apprentissage de notre langue comme outil essentiel de communication.

vigile.quebec tribune libre 16 mars 2023

Recentrons l’école sur le rôle essentiel de l’enseignant : communiquer des connaissances à des apprenants

14 mars 2023

Au début des années 2000, le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) entreprend de mettre de l’avant une réforme en profondeur. Devant certaines réticences provenant particulièrement du milieu de l’enseignement, les réformateurs brandissent la sempiternelle résistance au changement, tuant ainsi dans l’œuf toute possibilité de contestation. Dorénavant, prétendent ces réformateurs « visionnaires », l’apprenant, à savoir l'élève, sera le maître d’œuvre de sa formation, appuyé en cela par un professeur dont le rôle principal sera de « guider »  l’élève vers les sources de la connaissance. En réalité, cette approche consacre sans vergogne le rôle d'animateur de l'enseignant.

Comme le disait le philosophe, écrivain, essayiste et polémiste, Alain Finkielkraut, dans son livre intitulé « L’ingratitude; conversation sur notre temps », publié en 1999 chez Québec Amérique, « Instruire, c’était introduire l’élève à ce qui le dépasse. On raisonne aujourd’hui comme si le moi avait assisté à la création du monde. Rien ne dépasse, chacun est sujet, c’est-à-dire roi. Et l’actuelle exigence de mettre l’élève au centre du système éducatif, comme si autrefois on y mettait des lampadaires ou des pots de fleurs, vise, en réalité, à remplacer l’obligation faite à l’élève d’écouter le professeur par l’ordre d’écouter les jeunes intimé aux « animateurs » du primaire et du secondaire ».

L'élève-roi

Il n'en fallait pas davantage pour qu'apparaisse ce que j'appelerais le phénomène de l'élève-roi découlant en droite ligne de l'enfant-roi à la maison qui, rappelons-le, vit dans un monde ouaté où les contrariétés ne font pas partie des relations parents-enfants de peur de créer des frustrations aux enfants-roi.

Dans un tel contexte, il n'est pas surprenant que les élèves-rois ont en horreur les contrariétés, tels un échec dans un examen, une remarque sur son comportement ou pire encore, un appel téléphonique de l'enseignant aux parents sur l'indiscipline de leur enfant en classe. Or, là où le bât blesse avec le plus d'acuité, c'est qu'il arrive souvent que les parents pennent la défense de leur enfant si bien que l'enseignant se retrouve dans une situation pour le moins inconfortable, voire déstabilisante.

Dans cette foulée, permettez-moi de vous relater un fait vécu qui s'est déroulé lorsque j'occupais le poste de directeur d'école. J'avais convoqué une mère et son fils à mon bureau car le jeune avait vendu de la drogue à des élèves, un comportement qui était sanctionné par un renvoi selon les règlements de l'école. Toutefois, j'étais prêt à garder le jeune à l'école pour autant que la mère m'apporte son soutien. Or, elle me répondit qu'elle préférait fumer un joint avec son fils le samedi soir plutôt que de le voir traîner dans les rues avec sa gang. Inutile de vous dire que je n'avais pas d'autre choix que de renvoyer son fils de l'école.

Le maître

À chaque fois que l’école ouvre ses portes le matin, son but premier consiste à communiquer, via son corps professoral, des connaissances à des élèves qui se présentent à l’école d’abord et avant tout pour apprendre. Conséquemment, il est plus que temps que les enseignants reprennent leurs lettres de noblesse en revendiquant leur place comme premier responsable de l’acte pédagogique envers les « apprenants ». Pour ce faire, l’équipe-école doit s’atteler à déconstruire cette utopie de l’élève-roi autour duquel gravite toute la démarche pédagogique.

Dans l’esprit d’une vieille expression qui m’apparaît, surtout aujourd’hui, encore d’actualité, l’enseignant est le « maître » dans sa classe et, en ce sens, il dirige le déroulement de ses cours dans un climat et une approche pédagogique qu’il juge propices à l’apprentissage.

vigile.quebec tribune libre 14 mars 2023
 

 

Où sont passés le crayon et le papier?

13 mars 2023

Je ne voudrais pas paraître pour un dinosaure, mais pourtant la qualité du français dans les institutions d’enseignement périclitent dangereusement et, ce malgré les nombreux outils technologiques mis à la disposition des étudiants et cela, même lors des examens. Il y a là,, à mon sens, de quoi s’interroger sérieusement sur les moyens utilisés pour améliorer la qualité du français chez les étudiants.

Et si l’on apportait comme hypothèse possible qu’une des raisons principales expliquant, du moins en partie, le déclin du français, réside dans le fait que les élèves n’écrivent plus, enfin bref, qu’ils sont en train d’oublier l’existence même d’un papier et d’un crayon. Or, n’est-ce pas en écrivant qu’on apprend à écrire?

Et pourtant, le rapport sur la maîtrise du français au collégial, commandé par l’ex-ministre Danielle McCann en septembre 2021, propose 35 recommandations qui s’articulent autour de trois principes : 1) réduire la place de la littérature et faire de l’« enseignement explicite » du français ; 2) accroître, de façon quasi totale la place du numérique, des « outils technologiques » ; 3) intégrer les « correcticiels » comme Antidote, même lors de l’épreuve uniforme du MEQ.

Nonobstant le premier principe qui veut mettre l’accent sur la dynamique de la langue, notamment la grammaire et la syntaxe, avec lequel je suis entièrement en accord, je m’objecte carrément contre les moyens suggérés par les deux autres principes, particulièrement contre l’utilisation des « correcticiels » comme Antidote, même lors de l’épreuve uniforme du MEQ.

Je veux être clair. La technologie a été créée par le cerveau humain lequel a nécessairement besoin de stimuli pour se développer. Conséquemment, il est plus que temps de ressortir des boules à mites les grammaires et les dictionnaire, et que les étudiants soient confrontés seuls avec leur crayon et devant la page blanche, et mettent sur papier les résultats émergeant de leurs propres réflexions.

vigile.quebec tribune libre 12 mars 2023

Revalorisons le plus beau métier du monde : celui de l’enseignement

2 mars 2023

Au début des années 70’, lorsque j’ai débuté ma carrière dans l’enseignement, les classes des facultés des sciences de l’éducation étaient bondées. La profession d’enseignant occupait une place honorable dans l’échelle sociale du Québec. Les salaires étaient abordables et les conditions de travail, notamment la tâche, fort appréciables.

Or, dans la rubrique Faites la différence du Journal du 1er mars, un jeune élève de 13 ans, Gabriel Morin, de Val-des-Monts, signe une lettre titrée «Je n’ai pas de prof d’anglais depuis octobre». Devant cette situation pour le moins inquiétante, Gabriel a cherché des ressources autour de lui qui lui ont permis de cheminer en anglais. « Plus que jamais, le gouvernement doit agir pour combler le manque de personnel dans les écoles, car ce n’est pas tous les élèves qui ont ma chance. Ma génération mérite autant une éducation de qualité que celle que les générations précédentes ont reçue », lance Gabriel à la fin de sa lettre en guise de cri d’alarme.

Une tâche lourde

Si l’école désire valoriser la profession d’enseignant, elle devra d’abord s’attaquer, pour une majorité des nouveaux enseignants, à la lourdeur de leur tâche. Je veux parler ici des groupes dits réguliers dans lesquels son concentrés les élèves à besoins particuliers, communément appelés les élèves en difficultés d’apprentissage.

Dans le contexte actuel, l’enseignant qui a la charge de ces groupes, et ce sont souvent des nouveaux enseignants puisque les professeur d’expérience, ayant priorité, choisissent les groupes à projets particuliers, tels sports-études ou arts-études, se voit confronté à des groupes turbulents sans possibilité d’obtenir l’aide de personnels spécialisés, tels des psychologues, des travailleurs sociaux, des orthophonistes, des orthopédagogues et autres puisque ce secteur subit lui aussi une pénurie de personnel.

Une solution pour pallier cette pénurie est venue du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à l’effet que le personnel de garde à l’école pourrait venir « dépanner » les enseignants littéralement pris en otages par les élèves en difficulté. Une autre solution serait de demander aux étudiants inscrits dans des programmes spécialisés de faire des stages dans les groupes réguliers et ainsi appuyer les enseignants de ces groupes.

Redorer la profession d’enseignant

Depuis plusieurs années, la valorisation de la profession d’enseignant est devenu un sujet tabou. Or, dans la réalité, quelles solutions ont été effectivement mises de l’avant pour atteindre cette valorisation ? À mon avis, tant et aussi longtemps que l’enseignement portera le fardeau de tâches extrêmement lourdes pour plusieurs enseignants, peu d’étudiants issus des cégeps feront le saut en sciences de l’éducation de peur d’être confrontés à des situations de gestion de classe qui les rendent réticents à plonger dans une profession perçue socialement comme problématique.

À mon avis, il faut concentrer les efforts de valorisation en amont. À titre d’exemple, des rencontres entre des étudiants en sciences de l’éducation et des cégépiens pourraient susciter chez certains une curiosité qu’ils auraient peut-être le goût d’explorer. Des campagnes publicitaires attrayantes sous l’égide du Ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) pourraient être mises sur pied et présentées sur les médias sociaux quelques semaines avant la période d’admission dans les universités.

Enfin, la profession d’enseignant est en manque d’amour. Et pourtant, elle incarne, à mes yeux, le plus beau métier du monde, à savoir de permettre aux jeunes québécois de développer leurs capacités intellectuelles et sociales, et de former les adultes de demain. Que demander de mieux comme défi professionnel?

https://www.journaldequebec.com/2023/03/02/revalorisons-le-plus-beau-metier-du-monde-celui-de-lenseignement

Le Journal "Faites la différence" (version numérique) 2 mars 2023
vigile.quebec tribune libre 5 mars 2023