Connotation péjorative du féminisme

3 mars 2016

Le tollé de commentaires suscité par les positions anti-féministes des ministres Stéphanie Vallée et Lise Thériault ont eu l’heur de soulever un vieux débat, non pas sur la portée du féminisme en soi, mais sur l’appellation même du terme « féminisme » qui a transporté avec lui, au cours des décennies, un relent de vieilles querelles au goût amer et à connotation péjorative.

À tel point que nous en sommes arrivés aujourd`hui à distinguer « égalitarisme », un terme plus « in », et « féminisme » alors que ce dernier terme se définit pourtant comme un mouvement qui fait la promotion et la défense de l’« égalité » entre les hommes et les femmes. Somme toute, le récent débat nous conduit dans une guéguerre de mots inappropriée et stérile.

À mon sens, le combat sur l’égalité hommes-femmes ou le féminisme a fait un bon bout de chemin depuis des décennies au Québec. Toutefois, force est de constater qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres, les récentes coupures dans les Centres de la petite enfance (CPE) en étant une preuve indéniable.

Alors, Mmes Vallée et Thériault, cessez de vous attarder aux mots et passez aux créneaux où les femmes sont encore les premières victimes d’un système qui tarde dangereusement à concrétiser les vœux pieux en réalités en ce qui a trait aux droits inaliénables des femmes !

vigile.net tribune libre 3 mars 2016
quebechebdo 3 mars 2016
Le Journal de Québec 6 mars 2016 "À propos du féminisme"

Sauver RONA…avant de passer au suivant!

4 février 2016

C'est le 6 octobre 1939 qu'un groupe de quincailleries fonde Les Marchands en Quincaillerie ltée afin de contourner un monopole qui menaçait leur approvisionnement. Leur mission est de regrouper les commandes afin d'obtenir de meilleurs prix. Quelques années plus tard, Rolland Dansereau et Napoléon Piotte accèdent aux commandes de l'entreprise qui deviendra le Groupe RONA inc.

Or, 77 ans plus tard, RONA, un fleuron de l’économie québécoise, est sur le point d’être vendu au géant américain Lowe’s pour la somme de 3,2 milliards $, une transaction qui « réjouit les actionnaires ». Tel est l’argument massue utilisé par les propriétaires de l’entreprise pour jeter un peu de baume sur cet accord.

Mais qu’en est-il des conséquences directes de cette transaction, à savoir la perte du siège social au Québec et des emplois de ceux qui y travaillent, son engagement dans la communauté et les emplois liés aux fournisseurs des PME québécoises qui gravitent autour de RONA? Motus et bouche cousue sur ces écueils à part un engagement verbal du géant américain que tous ces emplois seront respectés…

«C’est une offre qu’on ne pouvait refuser», a déclaré Robert Sawyer, le président et chef de la direction de RONA. «On n’a pas eu le choix de se pencher sur cette offre et de voir ce qu’elle apportait aux actionnaires », a renchéri Robert Chevrier, le président du conseil d’administration. Qu’à cela ne tienne, la Caisse de dépôt possède encore 17 % des actions de l’entreprise québécoise. Au gouvernement libéral d’arrêter cet engrenage malsain qui s’acharne sur nos entreprises et de sauver RONA…avant de passer impassiblement au suivant!

quebechebdo 4 février 2016
vigile.net tribune libre 4 février 2016
 

La coupe déborde

25 avril 2014

La saga déclenchée par le coup médiatique de Joël Legendre concernant le remboursement par la RAMQ des frais liés aux traitements de fécondation in vitro soulève de nombreuses questions.

Parmi celles-ci, celle qui retient davantage mon attention concerne le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes, un principe qui a fait l’unanimité au sein de toutes les formations politiques tout au cours du débat sur le projet de loi 60.

En effet, comment peut-on défendre d’une part ce principe et permettre d’autre part que le corps de la femme soit utilisé comme des «machines» à reproduction pour pallier l’impossibilité de reproduction d’un couple homosexuel?

Une question fondamentale à laquelle tous les intervenants en la matière, politiciens et juristes, devront répondre à défaut de quoi ils ouvriront la porte à un débordement éthique et social insensé et scandaleux.

quebechebdo 25 avril 2014
Le Journal de Québec 27 avril 2014 "Débordement éthique"
vigile.net tribune libre 27 avril 2014 "Débordement éthique"
Le journal Métro 28 avril 2014
Le Soleil 29 avril 2014

Basse manipulation de l’opinion publique

3 avril 2014

D’entrée de jeu, je vous amène sur des extraits de deux commentaires qui ont été émis à la suite de la mise en ligne de mon article paru sur cette tribune en date du 1er avril sous le titre « Petite politique de merde » 

« Depuis le tout début, je remarque qu’à tous les points de presse de M. Couillard, il a le loisir de nous énoncer les parties de son programme, répondre aux questions qu’il veut bien accepter et mettre un terme à la controverse en montant le ton, ton très sec d’ailleurs… Pour Pauline Marois, je vous mets au défi de trouver un point de presse où on peut entendre l’énoncé de son programme sans qu’elle ne soit enterrée de questions anodines, souvent piégées ou en réaction aux déclarations de l’adversaire ou événements fortuits. »

« Ce matin à Trois-rivières, je crois, un média régional a demandé à Madame Marois s’il était permis de poser des questions sur ce qui était l’objet du point de presse, c’est-à-dire le programme du PQ pour les aînés, dont l’assurance autonomie, et Madame Marois en riant lui a répondu oui. »

Des réactions qui nous ramènent incontestablement au rôle prépondérant des journalistes responsables de la couverture de la campagne électorale. Et, entre autre, à la basse manipulation de l’opinion publique de la part d’une certaine presse fédéraliste qui n’a de cesse d’attaquer la chef du Parti québécois Pauline Marois sur la petite presse de merde, et de laisser toute la place au chef du PLQ Philippe Couillard sur les éléments de son programme électoral.

Il y a sans contredit quelque chose de scandaleux et d’anti-professionnel dans la stratégie démagogique de ces coureurs de petites sensations électoralistes de bas étage, d’autant plus que cette forme de couverture rejoint une part importante de l’électorat québécois pour qui l’image domine le message.

D’autant plus que, dans le cas de Mme Marois, la désinvolture avec laquelle le message contenu dans le point de presse auquel sont invités ces journalistes à sensations est relayé sous le tapis de la dernière révélation perverse du jour.

À partir du moment où l’inquiétude est semée dans la tête de l’électeur, que retiendra-t-il de cette campagne de salissage journalistique ? Quel choix fera-t-il lorsqu’il se retrouvera seul dans l’isoloir ? Le simple fait de poser ces questions dénote à n’en pas douter l’influence perverse de la basse manipulation de l’opinion publique par cette petite presse fédéraliste qui s’empresse autour de sa proie péquiste pour la dévorer !

vigile.net tribune libre 3 avril 2014

Le mépris de Mourani

19 décembre 2013

Comme des milliers de téléspectateurs, j’ai suivi avec beaucoup d’attention le débat « non-planifié » entre Maria Mourani et Bernard Landry sur le revirement de la députée indépendante concernant son option souverainiste sur les ondes de RDI à l’émission 24 heures en 60 minutes diffusée le 18 décembre.

Abstraction faite des belle paroles de civilité échangées entre les deux participants en guise d’entrée en matière, nous avons pu assister à une démonstration articulée de Bernard Landry sur la position paradoxale de Maria Mourani plaidant sa « nouvelle foi » dans la Charte canadienne des droits et libertés qui « nous protège en tant que Québécois […] de partis populistes, de ce genre de façon de faire de la politique », et ses antécédents politiques en tant que militante « acharnée » de la cause souverainiste québécoise.

Toutefois, c’est lorsque Bernard Landry a qualifié sa décision de « mépris » envers la société québécoise que le débat a atteint son degré d’émotivité le plus sensible, l’ancien premier ministre touchant du doigt le multiculturalisme perfide de Pierre-Elliot Trudeau, ce à quoi Maria Mourani a martelé son attachement aux valeurs d’égalité entre tous les Canadiens.

Comme disait M. Landry au début de cette confrontation, tout politicien a le droit de changer d’allégeance, invoquant le passage de René Lévesque du PLQ à la création du PQ. Néanmoins, encore faut-il que les arguments motivant une tel revirement puissent s’asseoir sur des bases démocratiques reconnues par l’État, ce qui, dans le cas présent, s’appuie sur une Constitution qui a été imposée au Québec contre son gré, un croc-en-jambe pernicieux à la protection de l’identité québécoise.

Dans un article paru dans Le Devoir du 19 décembre http://www.ledevoir.com/politique/c…, Gilles Duceppe évoque une Maria Mourani « intelligente » avec « beaucoup de talent, pas beaucoup de jugement ». « L’abandon des principes, ça la dérangeait pas beaucoup » Du côté des bloquistes, on prédit que « Mme Mourani se magasinera, dans les mois qui viennent, une place chez les libéraux — qui selon la nouvelle carte l’emporteraient dans sa circonscription d’Ahuntsic — ou encore chez les néodémocrates. » 

Enfin, je laisse la parole à Mario Beaulieu, le président de la Société Sant-Jean-Batiste : « Elle a mérité son prix pour ses actions passées [Patriote de l’année 2012], mais de prétendre que la Charte canadienne protège l’identité québécoise, on aimerait bien savoir où et comment ».

vigile.net tribune libre 19 décembre 2013
quebechebdo 20 décfembre 2013


135ième anniversaire de la naissance de Lionel Groulx

11 décembre 2013

« Nulle nation, si petite soit-elle, n’a l’obligation, encore moins le devoir d’accepter le génocide par complaisance pour un plus puissant. Le droit des petites nations à la vie n’est inférieur en rien au droit des grandes nations. » Lionel Groulx, 1964

« Groulx nous rappelle que nous ne sommes pas que des individus. Il nous rappelle que nous sommes des animaux politiques, c’est-à-dire que nous appartenons nécessairement à un héritage historique, lequel est précieux, et qu’il faut à tout prix conserver pour ne pas se renier soi-même jusqu’à s’éteindre. Non pas s’éteindre physiquement et individuellement , mais collectivement et culturellement : se folkloriser dans le grand banquet multiculturel. » http://www.vigile.net/Pourquoi-lire…

Fils de Léon Groulx et de Philomène Pilon, veuve en 1878, mariée en secondes noces à William Émond en 1879 ; frère d’Angélina, Albert et Julien ; demi-frère d’Alexandrine, Flore, Émilia, Sara, Valentine, Charles-Auguste, Imelda, Joséphine, Honorius, Paul et Cécile.

Il poursuit de longues études en Amérique et en Europe : · Académie des Clercs de Saint-Viateur (Vaudreuil), cours primaire, 1884-1890 · Séminaire de Sainte-Thérèse, baccalauréat ès arts, 1891-1899 · Grand Séminaire de Montréal, études théologiques, 1900-1903 · La Minerve (Rome), doctorat en philosophie, 1907 et doctorat en théologie, 1908 · Université de Fribourg, cours de littérature, 1909 · Université Laval à Montréal, maîtrise ès arts, 1917 · Université de Montréal, doctorat ès lettres, 1932

Il est ordonné prêtre à Valleyfield en 1903. Comme étudiant puis comme prêtre, il enseigne les belles-lettres et la rhétorique au Collège de Valleyfield de 1900 à 1915, avec une interruption de trois ans durant laquelle il effectue un voyage d’études à l’étranger entre 1906 et 1909.

De 1915 à 1920, il donne un cours d’histoire générale et d’histoire du commerce et de l’industrie à l’École des hautes études commerciales de Montréal. En 1915, il est nommé professeur à l’Université Laval à Montréal où il inaugure la première chaire d’histoire du Canada. Il y conserve cette fonction jusqu’en 1949, l’interrompant à quelques reprises pour des voyages de recherches ou de cours et de conférences : il travaille ainsi aux Archives de Londres et de Paris en 1921 et 1922, et est délégué par l’Université de Montréal pour donner des conférences sur l’histoire du Canada aux universités de Paris, de Lille et de Lyon en 1931.

Outre ses conférences et son enseignement universitaire, il donne des cours au Collège Basile-Moreau de Saint-Laurent, de 1927 à 1950, à l’École normale d’enseignement secondaire de Montréal et à la station radiophonique CKAC de Montréal en 1949 et 1950.

D’une activité débordante, il donne de multiples conférences, causeries et retraites fermées tant au Canada qu’à l’étranger, et milite dans de nombreux mouvements et organisations. Il est ainsi, entre autres : · directeur de L’Action française, 1920-1928 · vice-président de la Société Saint0Jean-Baptiste de Montréal, 1939 · président du Comité des fondateurs de l’Église du Canada, 1947-1965 · président-fondateur de l’Institut d’histoire de l’Amérique française, 1946-1967 · directeur de la Revue d’histoire de l’Amérique française, 1947-1967

Tout au long de sa vie, il multiplie les appels à la jeunesse et favorise l’éclosion de mouvements patriotiques organisés, notamment les Jeune-Canada dans les années trente et les Jeunesses laurentiennes au cours de la décennie suivante.

Distinctions honorifiques : · Médaille Chapleau · Médaille du Gouverneur général du Canada · Prix de l’Académie française · Médaille de la Société historique de Montréal · Médaille Mallat de Bassilan de la Société de géographie commerciale de Paris · Chanoine honoraire du diocèse de Montréal, Archevêché de Montréal · Membre de l’Académie canadienne-française · Professeur émérite de l’Université de Montréal, · Ordre de la fidélité française du Conseil de la vie française en Amérique · Médaille de la Société historique franco-américaine · Prix Champlain du Conseil de la vie française en Amérique · Mérite de la Société historique du Canada · Timbre historique à son effigie de l’Agence Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal · Prix du grand jury des lettres

Doctorats honorifiques : · Université d’Ottawa · Université Laval · Université de Montréal

Membre à vie : · Société Saint-Jean-Baptiste du diocèse de Sherbrooke · Société historique du Canada · Société généalogique canadienne-française

En conclusion, je vous invite à voir et à écouter ce documentaire exceptionnel de Pierre Patry tourné en 1960 intitulé Le chanoine Lionel Groulx, historien, http://www.onf.ca/film/chanoine_lio… 56 minutes de pur délice pour les amateurs d’histoire.

vigile.net tribune libre 11 décembre 2013 
quebechebdo 14 décembre 2013 (version abrégée)

Une décision qui sent la partisanerie

11 décembre 2012

Au même moment où Pauline Marois décidait de retirer la permanence à André Boisclair à titre de sous-ministre adjoint aux affaires internationales, évoquant cette fois-ci pour expliquer son recul, son écoute efficace du bon public, la première ministre annonçait la création du « comité des sages » ayant comme mandat de se pencher « sur les conditions d’emploi des titulaires en provenance de l’extérieur de la fonction publique ».

Or, durant ses neuf années de pouvoir, Jean Charest fut un fervent utilisateur des nominations partisanes, Mme Marois n’y échappant pas dès le début de son mandat par la nomination de Nicolas Girard à la tête de l’Agence métropolitaine de transport et, plus récemment, d’André Boisclair à titre de délégué général du Québec à New York.

Personne ne va mettre en doute l’utilité de la création d’un tel « comité des sages »… Par ailleurs, là où le bât risque de blesser, c’est que la première ministre a indiqué que le comité ne remontera pas plus loin dans le temps que 2003, année où, comme « par hasard », le Parti libéral du Québec a pris le pouvoir, alléguant que « dix ans, ça lui apparaissait raisonnable pour voir ce qui s’était passé. »

En conséquence, le comité chargé d’examiner les critères pour recruter de hauts dirigeants « en provenance de l’extérieur de la fonction publique » ne se penchera pas sur les nominations partisanes faites sous le gouvernement péquiste de Bernard Landry.

À titre d’argument, la première ministre a soutenu qu’elle n’est « pas intéressée par le passé ». Par ailleurs, il semble que le « passé » s’arrête à 2003 puisque Mme Marois a martelé, sur un ton accusateur, que ses conseillers ont répertorié « une cinquantaine de cas de membres du personnel politique du Parti libéral du Québec nommés avec garantie d’emploi à vie ».

Or, le PLQ n’a pas tardé à dresser sa propre liste de péquistes qui ont accédé à un tel statut, citant entre autres, le cas de Nicole Stafford qui dirige en ce moment le cabinet de Pauline Marois, Bernard Landry l’ayant nommée, en 2001, déléguée du Québec à Bruxelles.

En point de presse, la première ministre a soutenu que ce n’est pas pour éviter d’être embarrassée par son prédécesseur au Parti québécois, en l’occurrence Bernard Landry, que le mandat du comité s’arrête à 2003. « Je peux vous dire que notre feuille de route au Parti québécois est pas mal exemplaire », a-t-elle lancé.

« Nous ne voulons pas lancer une chasse aux sorcières, a commenté Mme Marois. [...] Nous voulons mettre en lumière qu’il y a des règles à respecter. Quelles sont les exigences pour les gens, qui sont dans la haute fonction publique ou qui veulent y entrer, pour aspirer à des fonctions de haut niveau ? »

À mon sens, les arguments fournis par Pauline Marois pour limiter à 2003 le mandat du comité souffre dangereusement du syndrome d’une « partisanerie voilée » par un délai aux « apparences raisonnables » mais qui risque de remettre en question la légitimité des travaux d’un tel comité considérant qu’il porte flanc à une critique facile de l’opposition. Conséquemment, je crois qu’il serait opportun, voire même nécessaire, pour ajouter davantage de crédibilité à ce comité, de remonter de quelques années l’étendue de son mandat.

vigile.net tribune libre 11 décembre 2012
quebechebdo 11 décembre 2012