L’intimidation, une arme pernicieuse

26 septembre 2024

La violence à l’école, notamment l’intimidation, est devenue un phénomène pernicieux auquel bon nombre de victimes sont confrontées quotidiennement. On assiste à un afflux d’insultes qui s’adressent souvent à des particularités physiques ou psychologiques et qui envahissent le cerveau de la victime de pensées négatives, pouvant même parfois susciter chez elle des pensées suicidaires, voire une tentative de suicide.

Ainsi en est-il d’Emy Charbonneau, une adolescente de 14 ans, qui a vécu l’intimidation dès la troisième année du primaire dans une école de Saint-Amable, en Montérégie. «Des enfants qui me disaient: “T’es trop grosse, on veut pas jouer avec toi, grosse vache.”Puis, en cinquième, c’était des: “Va te suicider, va te pendre”», raconte la victime.

À ce sujet, une étude menée par l’équipe de la Dre Marie-Claude Geoffroy, chercheuse au CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, révèle que les adolescents victimes d’intimidation constamment pendant deux années scolaires sont cinq fois plus susceptibles d’avoir des idées suicidaires que des adolescents qui ne le sont pas. Actuellement, au Canada, 7,4 % des adolescents âgés de 14 à 15 ans ont sérieusement pensé à se suicider en 2008-2009 et 3,3 % ont tenté de passer à l’acte selon une étude parue dans le Canadian Medical Association Journal en 2014.

Par son témoignage, Emy tient à témoigner de ce qu’elle a vécu pour éveiller les consciences et rappeler les conséquences destructrices de l’intimidation, une intention louable qui décrit admirablement les conséquences perverses de l’intimidation. Par ailleurs, une petite lueur d’espoir pointe à l’horizon, à savoir l’implantation du cours de Culture et citoyenneté québécoise à l’intérieur duquel sont abordées les méfaits de la violence à l’école, une initiative dont il faut souligner la pertinence en ces temps de violence systémique chez les jeunes.

vigile.quebec tribune libre 26 septembre 2024

 

Une main de fer dans un gant de velours

4 août 2024

Durant mes quelque trente ans dans le monde de l’éducation, il m’a été donné, à de nombreuses occasions, de constater à quel point la relation maître-élève jouait un rôle capital, notamment au sein du climat propice à l’apprentissage chez les élèves. L’enseignement est une profession qui exige beaucoup de tact qui se traduit par un heureux mariage de fermeté et de souplesse.

Pendant toutes ces années, j’ai pu voir se défiler une pléiade de nouveaux enseignants appelés à faire leurs armes auprès des élèves et parmi eux, un bon nombre avait choisi l’approche d’égal à égal avec leurs élèves, espérant ainsi privilégier leur relation. Or, force est de constater que cette approche nuisait considérablement au climat d’apprentissage, les élèves en étant arrivés à considérer leur professeur comme un bon ami, et son autorité étant durement mise à mal.

Dans cette foulée, les parents ont un rôle primordial à jouer, à savoir qu’ils doivent se situer dans le prolongement de l’école eu égard à la mise sur pied d’une ambiance familiale axée sur la fermeté et la souplesse. En ce sens, les parents, lors d’une sanction appliquée à leur enfant, se doivent d’appuyer l’enseignant à défaut de quoi ils contribueront à créer un climat néfaste à l’équilibre d’une saine maturité de leur enfant.

En résumé, le mythe de l’enfant-roi est inconciliable avec la vie en société jonchée d’écueils à surmonter pour parvenir à un sain mode de vie. Les élèves, sous leur apparence négative vis-à-vis l’autorité, ont fondamentalement besoin d’un adulte dont l’autorité est manifeste, une autorité basée sur le principe de la main de fer dans le gant de velours Et, en ce sens, l’établissement d’un cadre fonctionnel autant à l’école qu’à la maison est d’une importance capitale pour former les jeunes au plein épanouissement de leur personnalité.

Le Soleil (version numérique) 2 août 2024 
vigile.quebec tribune libre 6 août 2024
Le Devoir 12 août 224
 

Les excuses d’Amira Elghawaby

3 février 2023

« J’aimerais dire que je suis extrêmement désolée de la façon dont mes mots ont été reçus, de comment ils ont blessé les gens au Québec ( ) Je suis convaincue, je sais — et je le dis — que les Québécois ne sont pas racistes Ce n’était pas mon intention. Et je m’excuse sincèrement de les avoir blessés avec mes mots. » dixit Amira Elghawaby, au sortir de sa rencontre avec le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Sans entrer ici dans une analyse en profondeur de l’état intérieur dans lequel se trouvait Mme Elghawaby, au moment où elle a prononcé ces mots qui « ont blessé les gens du Québec », comment peut-on la croire lorsqu’elle affirme que « ce n’était pas son intention » ? Or, quelle était alors son intention ?

Comment Amira Elghawaby s’attendait-elle que les Québécois réagiraient devant des qualificatifs tels « racistes » et anti-musulmans ? Comment maintenant peut-on lui accorder quelque crédibilité lorsqu’elle affirme que les Québécois ne sont pas racistes ?

Toutes des questions qui me laissent à penser que Mme Elghawaby avaient bien réfléchi à ces paroles lors de ces déclarations, et qu’elles exprimaient sans le moindre doute le fond de sa pensée. Conséquemment, on ne peut lui demander sérieusement de « rétablir les ponts » qu’elle s’évertue depuis des années à détruire… Alors, vivement sa démission !


vigile.quebec tribune libre le 2 février 2023
Le Soleil (version numérique) 4 février 2023

François Legault, le premier ministre téflon

5 octobre 2022

La plupart des analystes politiques s’entendent pour affirmer que François Legault a mené une campagne plutôt décevante. À cet effet, tout au cours de la campagne, il a donné l’impression qu’il n’avait pas le coeur à répondre aux questions des journalistes lors des points de presse qu’il a accordés. En bref, il semblait trouver le temps long et avoir hâte que la campagne se termine.

Et, comme si ce n’était pas assez, François Legault a multiplié les gaffes, notamment eu égard à l’immigration, d’une part en associant maladroitement l’immigration à la « violence », et d’autre part, en qualifiant d’« incendiaire » l’hypothèse selon laquelle le seuil d’immigration pourrait être élevé au-dessus de 50 000 annuellement. Et, de surcroît, son ministre de l’immigration, Jean Boulet, est venu ajouter de l’huile sur le feu en déclarant que les immigrants ne s’intégraient pas à la culture québécoise.

Eh bien, qu’à cela ne tienne, sondages après sondages, les Québécois continuaient de favoriser largement le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) comme celui, parmi les quatre autres chefs, qu’ils percevaient comme le meilleur premier ministre.

Mais comment peut s’explique ce phénomène à l’effet que rien ne semble ternir la popularité de François Legault quoi qu’il advienne? À mon avis, la raison principale réside dans le fait que François Legault est un politicien franc, qui fait preuve de simplicité et qui n’hésite pas à se rétracter s’il a commis une bévue. Somme toute, un politicien qui demeure à l’écoute des Québécois. En résumé, un premier ministre téflon sur qui les erreurs de parcours semblent n’avoir aucune emprise.

quebechebdo tribune libre 5 octobre 2022
vigile.quebec tribune libre 5 octobre 2022

SuperFrancoFête: absence injustifiée d’Ottawa

26 août 2022

Encore récemment, lors d’un point de presse, Justin Trudeau, adoptant un air compatissant, arguait que le fédéral ferait tout en son pouvoir pour ralentir le déclin du français au Québec, notamment dans la grande région métropolitaine de Montréal.

Or, on apprend que le gouvernement canadien est toujours absent financièrement de la SuperFrancoFête, un événement qui fait la promotion de la langue française et qui sera vu dans plus de 200 pays et sous-titré en 15 langues. De surcroît, aucun représentant du gouvernement fédéral n’était présent à la conférence de presse pour lancer l’événement le 10 août dernier Sur un budget total de 3 millions $, une aide financière de 500 000 $ est demandée au fédéral, une subvention on ne peut plus raisonnable.

Pourtant, les organisateurs ont rencontré une vingtaine d’intervenants à Patrimoine canadien et l’événement était inadmissible à tous ces programmes. Sylvain Parent-Bédard, le président de SISMYK, la division musicale de ComediHa! qui organise l’événement, a également rencontré personnellement le ministre Pablo Rodriguez qui a cherché une alternative, mais avec le même résultat négatif.

Nonobstant le fait qu’avec ou sans le financement du fédéral, la SuperFrancoFête prévue le 31 août prochain à l’Agora de Québec aura bel et bien lieu, le refus d’Ottawa de participer au financement de l’activité démontre à quel point la place du français au sein du Canada sera toujours l’« enfant pauvre » dans les priorités de notre premier ministre canadien.

vigile.quebec tribune libre 25 août 2022
Le Soleil (version internet) 27 août 2022

Michael Rousseau et la « langue de Molière »

24 mars 2022

En novembre 2021, en marge d’un discours prononcé en anglais devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le grand patron d’Air Canada, Michael Rousseau,

avait affirmé aux journalistes avoir «toujours pu vivre à Montréal sans parler français», une déclaration qui avait suscité un tollé d’indignation dans la population.

Près de quatre mois plus tard, après s’être engagé à suivre des cours intensifs en français, devant le comité fédéral sur les langues officielles à Ottawa, le Montréalais d’origine, né d’une mère francophone, s’est contenté de baragouiner un texte en français avec énormément d’effort pour ensuite répondre aux questions des élus fédéraux uniquement en anglais. Décidément, force est de constater que Mr Rousseau éprouve des difficultés avec la langue de Molière.

Avec un dirigeant qui n’a jamais jugé utile, voire essentiel, de parler français au Québec, et qui dirige un conseil d’administration dont seulement le tiers peut comprendre ou parler le français même si le siège social d’Air Canada se trouve à Montréal, ce n’est pas pour rien qu’Air Canada se fait régulièrement adresser des remontrances par le commissaire aux langues officielles du Canada qui ne dispose pas actuellement du pouvoir d’imposer des pénalités financières.

De toute évidence, ou Michael Rousseau n’a pas «la bosse» du français ou il n’a nullement l’intention de parler couramment le français un jour… et je serais porté à opter pour la deuxième hypothèse!


vigile.quebec tribune libre 24 mars 2022

L’éthique avant les principes

20 mars 2022

Selon les dernières informations, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rejetterait le vaccin candidat de Medicago contre la COVID-19 en raison des liens de la pharmaceutique avec la compagnie de cigarettes Philip Morris, un actionnaire minoritaire qui détient 20% des parts. En toile de fond, les conditions de l'OMS sont très sévères concernant les liens des fabricants avec les cigarettiers, apprend-on de la bouche de la directrice générale adjointe de l'OMS pour l'accès aux médicaments, les vaccins et les produits pharmaceutiques.

Or, est-il utile de le rappeler, le vaccin «Covifenz», de la société Medicago, établie à Québec, a été homologué par Santé Canada en février dernier. De son côté, le Canada a investi 173 millions $ dans Medicago en 2020 pour soutenir le développement du vaccin Covifenz et aider Medicago à agrandir son usine de production au Québec. Il a également signé un contrat pour acheter au moins 20 millions de doses, avec des options pour 56 millions de plus. De surcroît, le Canada avait prévu faire don de toute dose excédentaire de vaccins aux pays à faible revenu par l'intermédiaire de COVAX qui ne peut utiliser que des vaccins pour lesquels l'OMS a accordé une licence d'utilisation d'urgence, de sorte qu'un rejet de Medicago pourrait priver les pays sous-développés du vaccin de Medicago là où il serait fort utile, voire vital.

Le monde est encore aujourd’hui sous l’emprise d’une pandémie qui continue de faire ses ravages, principalement dans les pays en voie de développement. Or, dans ces pays, des millions d’êtres humains n’ont pas encore reçu de vaccins. L’OMS fait face à une situation exceptionnelle qui exige de facto une solution exceptionnelle où les principes doivent céder la place à l’éthique. Conséquemment, l’OMS doit faire preuve d’humanité et accorder une licence d'utilisation d'urgence à Medicago.

vigile.quebec tribune libre 19 mars 2022
Le Soleil (version internet) 20 mars 2022
Le Devoir "L'éthique avant les principes malgré la pandémie" 22 mars 2022
 

Gutteres continue de privilégier le « chemin diplomatique »

18 mars 2022

Les propos qu'a tenus, le 14 mars, le secrétaire général de l'ONU, devant des journalistes aux Nations unies, n'ont rien de rassurant. «Un pays en feu et décimé, une épée de Damoclès sur l'économie mondiale, un ouragan de famines guettant les pays en développement et un risque d'escalade menaçant l'humanité tout entière: devant des journalistes aux Nations unies, n'ont rien de rassurant. «Un pays en feu et décimé, une épée de Damoclès sur l'économie mondiale, un ouragan de famines guettant les pays en développement et un risque d'escalade menaçant l'humanité tout entière».

La liste des conséquences dressées par M. Gutteres de la guerre en Ukraine touche toutes les personnes innocentes dont des femmes et des enfants, qui ont été tuées par les forces russes. Les routes, les aéroports et les écoles sont en ruines, au moins 24 hôpitaux et autres structures sanitaires ont été bombardés par l’armée russes. M. Guterres a également souligné l'état de vulnérabilité dans lequel se trouvent des centaines de milliers d'Ukrainiens, désormais privés d'eau et d'électricité, dont plusieurs sont piégés dans des villes encerclées. C'est sans oublier les 2,8 millions de réfugiés dont la grande majorité sont des femmes et des enfants auxquels viennent s'ajouter quelque 1,9 million de déplacés à l'intérieur des frontières ukrainiennes.

Aux yeux d’ António Guterres, avec chaque heure qui passe, deux choses sont de plus en plus claires: premièrement, ça ne cesse d'empirer; deuxièmement, quelle qu'en soit l'issue, cette guerre n'aura pas de gagnants, seulement des perdants, renouvelant du même souffle son plaidoyer pour le chemin diplomatique et la paix. «Nous avons besoin d'une cessation immédiate des hostilités et de négociations sérieuses fondées sur les principes de la Charte des Nations unies et du droit international», a martelé le secrétaire général de l'ONU. Et pourtant, M. Gutteres a indiqué avoir été en contact avec plusieurs pays, dont la Chine, la France, la Turquie et Israël, au sujet des efforts de médiation, alors que ceux-ci, de même que les négociations bilatérales entre l’Ukraine et la Russie, n'ont pas réussi à faire taire les armes.

Enfin, interrogé sur la requête du président ukrainien Volodymyr Zelensky d'instaurer une zone d'exclusion aérienne, M. Gutteres a mis de l'avant l'impératif de la prudence, évoquant que plusieurs pays ferment la porte à cette option, y voyant un risque d'escalade susceptible de créer un conflit mondial… Alors, M. Gutteres, quelle est la solution si la diplomatie n’est pas dans les cartons de Vladimir Poutine?

vigile.quebec tribune libre 15  mars 2022

Le nickel a raison de la lune de miel

19 janvier 2022

Comme il fallait s’y attendre un jour, la lune de miel entre le nouveau maire de la Capitale nationale, Bruno Marchand, et l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville vient de s’envoler en poussière.

Devant l’intention du gouvernement Legault de multiplier par cinq la quantité de nickel permise dans l’air ambiant; l’opposition officielle, unanimement, s’objecte à cette mesure, alléguant qu’elle ne fera qu’amplifier la qualité de l’air dans certains quartiers déjà hypothéqués par certaines particules contaminantes circulant dans l’air que les citoyens respirent.

De son côté, le maire Marchand a choisi de ne pas répondre à la proposition conjointe de l’opposition et de Madame Jackie Smith de s’opposer dès la prochaine séance du conseil municipal et qu.il attendra plutôt le conseil du 7 février avant de se prononcer, alléguant qu’un comité plénier sera d’abord formé afin de permettre aux fonctionnaires de répondre aux interrogations des élus avant le conseil municipal prévu à cet effet.

Je ne crois pas que le maire ait choisi de « se plier devant le gouvernement » comme le prétend le chef de l’opposition, Claude Villeneuve. Je suis plutôt de l’avis du maire Marchand qui agit avec sagesse en mandatant des experts pour le conseiller sur l’état de la science eu égard aux réactions nocives des particules de nickel sur la santé de la population qui doit constituer de prime abord le facteur prioritaire dans le choix de l’administration municipale.

Le Soleil (version internet) 19 janvier 2022

Maintenant je sais, je sais qu’on ne sait jamais!

5 septembre 2021

Vous aurez sans doute reconnu dans ce titre la conclusion de la magnifique interprétation de la chanson Maintenant je sais de l’illustre et incomparable Jean Gabin. Or, peut-être vous demandez-vous où je désire vous amener avec cette entrée en matière pour le moins peu orthodoxe.

J’ai maintenant atteint l’âge vénérable de 75 ans, trois quarts de siècle sont maintenant derrière moi. Plus j’avance en âge, plus les années s’écoulent trop rapidement. C’est probablement le peu de temps qu’il me reste qui crée cette impression.

J’ai mené ma vie là où elle m’a conduit. J’a eu la chance de faire ce que j’appelle le plus beau métier du monde, l’enseignement. J’ai aimé ces jeunes et je crois qu’ils me l’ont bien rendu.

Or arrive la retraite. Mes deux filles ont maintenant atteint la trentaine et la mi-vingtaine. Plus question de m’ériger en bon père prêt à les conseiller. Elles aussi avaient déjà « fait le tour de l’amour » pour reprendre les paroles de Gabin.

C’est à ce moment que je fais la connaissance du lâcher-prise, cet état d’esprit qui nous oblige peu à peu à abandonner le contrôle pour plonger dans un monde inconnu. La résilience m’a rejoint.

Et avec elle, l’incertitude, le doute qui m’obligent à revenir sur mon passé et à constater à quel point mes certitudes du passé ne font plus partie de ma vie de tous les jours. L’homme sûr de lui hésite de plus en plus souvent. Le béton dans lequel étaient cimentées mes valeurs s’effrite petit à petit.

Sans m’en rendre compte, ma vie s’est enveloppée dans la fragilité, dans l’éphémère. Toutes les références autour desquelles je vivais ma sécurité se sont affaissées.    

Enfin, dans la foulée de Jean Gabin, je peux affirmer sans le moindre doute que  « Maintenant je sais, je sais qu’on ne sait jamais! »

vigile.quebec tribune libre 5 septembre 2021