Au royaume des tricheurs
Le couperet est tombé… Sept ans et trois mois après son septième défilé en jaune sur les Champs-Elysées, Lance Armstrong, le héros sorti vainqueur d'un cancer, a été rayé officiellement du palmarès du Tour de France par l'Union cycliste internationale. Pour l'UCI, le dossier Armstrong est classé, l'instance dirigeante du cyclisme mondial a décidé de suivre le rapport cinglant de l'agence américaine anti-dopage (Usada) et de priver Lance Armstrong de ses sept victoires dans le Tour de France.
Pour l'histoire officielle du cyclisme, Lance Armstrong, 41 ans, restera comme un tricheur, un menteur, un intimidateur, revenu faire la loi sportive dans le peloton à coups d'injections d'EPO, de transfusions sanguines et de pilules de testostérone. Le personnage clé du «programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport», selon le rapport de l'Usada du 10 octobre, bâti grâce aux témoignages détaillés de onze des anciens équipiers du champion texan.
Parallèlement à la triste histoire du héros cycliste déchu, ont paradé ces dernières semaines devant la commission Charbonneau deux crapules notoires, à savoir Lino Zambito et Gilles Surprenant, qui sont venues témoigner des stratagèmes vicieux qui leur ont permis, pendant des années, d'extorquer des centaines de milliers de dollars aux contribuables québécois via la collusion et la corruption dans l'attribution de contrats dans l'industrie de la construction.
Pourtant, malgré la gravité des gestes posés par ces deux bandits, nous assistons à un scandaleux spectacle médiatique qui nous présente les visages « contrits » de ces deux malfrats qui laissent présumer d'un certain repentir, Zambito se permettant même d'occuper la « très sélecte tribune » de Tout le monde en parle sous des allures de héros.
Même si les sagas qui entourent l'histoire de Lance Armstrong et celles de Zambito et Surprenant n'ont rien en commun sauf la tricherie dont ils ont fait preuve, j'en arrive à me demander si les Québécois, empêtrés dans leurs principes de religion judéo-chrétienne, n'ont pas tendance à être vifs sur la gâchette de l'absolution pour ceux qui se soumettent à leur « acte de contrition » alors qu'ils se montrent davantage intransigeants envers ceux qui, comme Armstrong, semble fermés à toute forme de regret et ce, malgré, il faut bien l'admettre, toute la détermination qu'a due déployer le héros déchu pour surmonter son cancer et remporter autant de victoires sur la plan international.
Au royaume des tricheurs, il semble que les dignitaires obtiennent des grâces privilégiées pour autant qu'ils s'affichent repentants, s'attirant de la sorte la clémence de leurs proies!
cyberpresse.ca 27 octobre 2012
quebechebdo 25 octobre 2012 (version abrégée)