Conseil de la fédération – Pauline Marois vire son capot de bord
La chronique de Michel David, parue dans Le Devoir du 1er septembre sous le titre "La bébelle", ne peut que susciter une sérieuse réflexion sur la démarche qu'entend prendre Pauline Marois dans ses relations fédérales-provinciales dans l'éventualité où elle deviendrait première ministre du Québec.
Le nœud de l’argumentaire de Michel David s’articule particulièrement autour du Conseil de la fédération que Jean Charest considère comme la « huitième merveille du monde » et qui devait constituer le « symbole du fédéralisme renouvelé ».
La suite des événements a clairement démontré que les chefs du PQ ont immédiatement pris en grippe ce que Bernard Landry qualifiait « d’acte de soumission » et que Pauline Marois a repris sous le qualificatif peu reluisant de « bébelle » en 2010 par la voix d’Alexandre Cloutier, son porte-parole en matières intergouvernementales canadiennes, un discours que son successeur, Bernard Drainville, a réitéré à maintes occasions en affirmant que « des millions provenant des poches des Québécois y étaient investis dans le seul but de vanter les mérites du fédéralisme et du statu quo constitutionnel ».
Toutefois, en entrevue avec l’équipe éditoriale du Devoir le 30 août, la chef du PQ vire son capot de bord et déclare qu’elle est maintenant « disposée à s’accommoder de la bébelle », alléguant qu’elle « ne pratiquera jamais la politique de la chaise vide ». En termes clairs, la future nouvelle première première ministre du Québec a l’intention de s’asseoir autour de la table de la ligue du vieux poêle pour discuter fraternellement avec ses confrères canadiens du statut du Québec à l’intérieur de la fédération canadienne.
Comme l’exprime assez justement Michel David, « Mme Marois prétend vouloir sortir le Québec du Canada, mais elle n’ose même pas se retirer d’une institution que les péquistes ont toujours présentée comme un véritable piège à cons. Ça promet pour la gouvernance souverainiste! En quoi consiste la souveraineté, sinon à laisser la chaise vide ? »
Ce n’est sûrement pas avec des attitudes aussi tordues que l’ardeur souverainiste va reprendre du panache. En effet, si vous combinez la rencontre de famille annuelle du Conseil de la fédération avec la visite paroissiale mensuelle de la gouvernance souverainiste, les probabilités d’avancement de la cause souverainiste au Québec risque de s’effriter compte tenu que la brigade péquiste s’apprête à passer plus de temps dans le ROC que dans sa propre forteresse.
Le 30 août, au Métropolis, Pauline Marois y est allée de cette envolée oratoire: « Après 400 ans d’existence, 250 ans après la Conquête, une génération de lutte politique, neuf ans de recul libéral, il est temps que les souverainistes se mettent en marche. »…Eh bien, Mme Marois, il est plutôt temps que vous passiez de la parole aux actes!
quebechebdo 2 septembre 2012
vigile.net tribune libre 3 septembre 2012 "Pauline Marois vire son capot de bord"