Ça sent la déconfiture libérale…
Ce n’est pas sans raison que le fin politicien qu’est Thomas Mulcair, le chef du NPD fédéral, annonce, en pleine campagne électorale québécoise, son intention d’ouvrir une succursale provinciale au Québec.
À mon sens, les néo-démocrates visent clairement deux objectifs : d’une part, le NPD se montre disponible à prendre la relève des Libéraux de Jean Charest en cas de déconfiture de son parti, comme il a réussi à le faire au Québec avec le Parti Libéral fédéral lors de la dernière élection fédérale et d’autre part, l’incursion néo-démocrate sur la scène provinciale représente une gifle cavalière à l’endroit de Québec solidaire avec lequel le NPD entretenait jusqu’ici des liens plutôt « conviviaux ».
Il semble évident que, dans les milieux fédéralistes, on constate la désaffection des Québécois, et plus particulièrement de l’électorat anglophone, à l’égard du PLQ compte tenu, entre autres facteurs, de l’ampleur de la corruption qui devrait être révélée au grand jour dans les prochains mois par la Commission Charbonneau, et, de ce fait, on envisage sérieusement sa déconfiture le 4 septembre.
Du côté de QS, même si Amir Khadir a donné son appui au NPD lors de la dernière élection fédérale en accordant son vote à la candidate néo-démocrate dans sa circonscription au détriment de Gilles Duceppe, il appert que les atomes crochus de QS envers le NPD ne soient pas partagés par Thomas Mulcair qui a « ordonné » à ses députés de ne pas s’ingérer dans la campagne électorale québécoise.
En stratège aguerri, Mulcair réalise très bien l’errance de Québec solidaire sur la scène politique québécoise, son programme étant, à ses yeux, trop radical et l’extrême-gauche du parti en menant beaucoup trop large, sans compter la position officielle de QS en faveur de l’indépendance du Québec, inconciliable avec l’option fédéraliste du NPD.
En conséquence, il m’apparaît que le chef du NPD espère rapatrier au sein du nouveau NPD-Québec les membres de Québec solidaire qui partagent le même point de vue que lui, entraînant une désaffection envers QS et pouvant même conduire à sa disparition de la carte électorale québécoise.
Et tout ça, c’est sans compter les appuis que le frérot provincial pourrait apporter à son grand frère fédéral ! D’ailleurs, à cet effet, un sondage Léger Marketing mené pour Le Devoir et The Gazette en octobre 2011 a montré que la présence du NPD au Québec ne serait pas mal reçue et, qu’au contraire, pas moins de 34% des répondants se sont dits prêts à voter pour un NPD- Québec, les électeurs potentiels provenant de tous partis confondus.
vigile.net tribune libre 23 août 2012