Une histoire abracadabrante
Plus j’écoutais le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, dresser le tableau des événements ayant conduit, selon ses dires, à sa démission, et plus j’éprouvais de difficultés à croire à la véracité de son argumentaire.
En effet, me disais-je, comment un homme de la trempe de Bill Morneau, qui est venu en politique pour occuper le poste de ministre des Finances dans l’intention d’y laisser sa trace, peut-il quitter ce poste tant convoité au moment même où s’amorce le plan de relance économique post-pandémique?
Et qui plus est, comment se fait-il que, « par hasard. », sa démission se produise au moment même où le commissaire à l’éthique enquête sur le fait que M. Morneau ne s’est pas récusé quand le fédéral a songé à collaborer avec le Mouvement UNIS, un organisme avec lequel sa famille entretient des liens très étroits, et alors que, il y a à peine une semaine, le premier ministre réitérait sa confiance envers son ministre?… Une histoire abracadabrante qui ne tient tout simplement pas la route.
À mon point de vue, la réalité est toute autre. Tout comme il l’avait fait avec Jody Wilson-Raiboult dans l’affaire SNC Lavalin, Justin Trudeau a sacrifié la tête de Bill Morneau pour détourner l’attention des médias et de la population sur son ministre des Finances et ainsi espérer faire oublier qu’il a lui-même péché par manque d’éthique dans l’affaire UNIS. Il a donc enjoint Bill Morneau à démissionner sur le champ, tout en préparant le terrain laissé vacant par le ministre pour Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, déjà approché à titre de conseiller spécial sur la gestion de la crise post-COVID-19.
À mon sens, Justin Trudeau doit quitter temporairement ses fonctions de premier ministre tant et aussi longtemps que le commissaire à l’éthique n’aura pas rendu son verdict sur l’implication du premier ministre dans l’affaire WE Charity… Il en va de sa crédibilité à titre de premier ministre du Canada!
vigile.quebec tribune libre 18 août 2020