Appel au boycott des cours
La contestation d’un étudiant devant les tribunaux concernant la légalité de la grève étudiante suscite un débat juridique qui semble mettre en doute la légalité de la démarche étudiante vers la nécessaire accessibilité de tous les Québécois à des études supérieures.
En effet, selon l’interprétation de certains juges, le recours à la grève revient « exclusivement aux membres d’un syndicat de travailleurs », un groupe formé « en vertu de la Loi sur les syndicats professionnels ». En ce sens, selon leur interprétation, les « membres d’une association étudiante » ne peuvent y recourir, notamment parce que les associations sont constituées « en vertu des lois sur les compagnies » et qu’elles ne sont pas couvertes par le Code du travail.
À mon sens, il existe une voie d’évitement qui peut contrecarrer cette technicalité légale. En effet, les associations étudiantes pourraient se mettre à l’abri des recours juridiques en invoquant le boycott, un mécanisme légal qui se met en place sous la protection des quatre verrous que sont, la juste cause, la prise de conscience de l’opinion, la prise en compte des efforts de privation et de renoncement avec l’existence d’alternatives et la mobilisation de la plus grande part de la société en s’appuyant sur une médiatisation efficace. Contrairement au droit de grève garanti par la constitution et qui s’exerce donc dans le cadre des lois, le boycott ne dispose pas de statut juridique.
Il serait extrêmement déplorable que l’appareil judiciaire, normalement constitué pour rendre justice dans une société, devienne un obstacle à l’application d’une justice élémentaire défendant la cause de milliers d’étudiants qui se battent pour obtenir leurs droits à poursuivre leurs études supérieures.
C’est pourquoi, j’invite les associations étudiantes à rester debout et à continuer leurs manifestations contre la hausse des droits de scolarité. En ce qui a trait à cette guéguerre légale, je les invite, par la même occasion, à cesser « leur grève » et à commencer à « boycotter leurs cours ».
En agissant ainsi, les étudiants se mettront à l’abri des poursuites judiciaires en utilisant un mécanisme légal grâce auquel ils pourront défendre leur « juste cause » tout en « s’appuyant sur une médiatisation efficace »
vigile.net tribune libre 3 avril 2012