Hymne au français
En furetant sur les articles qui paraissent sur la page d’accueil de la tribune libre de Vigile sous la rubrique « Il y a trois ans », mon regard a été attiré par le titre d’un de ceux-ci, à savoir « Cette langue que j’aime tant ! », écrit par Pétronille Muhawenimana et publié le 17 mars 2009.
En parcourant l’hymne au français de cette femme qui nous raconte le chemin cahoteux qu’elle a dû parcourir du fin fond de son Afrique natale pour y découvrir cette passion grandissante pour cette langue qu’elle aime tant, je n’ai pu que ressentir un sentiment de fierté, particulièrement dans ces trois vers fort éloquents :
"Plus on te rejette, plus je m’accroche…
À ce Québec qui te fait vivre et t’enrichit,
À tous ces francophones qui te pratiquent et t’enjolivent."
Aussi ai-je cru opportun de faire resurgir ce poème de la mémoire de Vigile, particulièrement à une période de notre histoire où la langue de chez nous semble souvent bien seule au milieu de son territoire ancestral :
"On te craint pour tes accents,
On te craint pour tes accords,
On te redoute pour tes féminins,
On te déteste pour tes masculins,
Moi je t’adore pour toutes ces singularités.
Je t’ai apprise à l’école dès l’âge de cinq ans,
On m’a punie pour que tu sois mienne dans la cour de l’école,
On m’a frappée pour la maîtrise de ton orthographe,
On m’a terrassée pour l’enrichissement de mon vocabulaire,
Dans tous les cas la douleur a été physique jamais psychologique,
Et au fond de moi-même, tu n’as fait que grandir.
Aujourd’hui, place à la facilité.
On veut t’écrire comme on te prononce,
Sans tes complications plurielles,
Tes « al » tantôt « aux », tantôt « als »,
Tes « eur » tantôt « euse », tantôt « eure » si pas « resse »,
Tes fâcheux accents haïssables,
Tantôt graves, souvent aigus et même circonflexes,
Tes cédilles impensables,
Tes trémas indéfinissables.
Plus on te redoute, plus je te respecte,
Plus on te rejette, plus je m’accroche,
À tes accents, à tes cédilles, à tes trémas,
À tes féminins, tes masculins, tes pluriels, pluriels ;
À cette France qui t’a conçue mais te néglige,
À ce Québec qui te fait vivre et t’enrichit,
À tous ces francophones qui te pratiquent et t’enjolivent.
Dans le fin fond de mon Afrique natale,
J’ai chanté tes chansons sans vraiment en comprendre le sens,
Aujourd’hui tu me nourris et me libères,
Tant au travail qu’à la maison tu es présente,
Aujourd’hui plus qu’hier tu me passionnes,
Et contre vents et marées je chante tes louanges.
Cette langue que j’aime tant fut aussi celle de Molière,
Cette langue que j’aime si bien c’est le Français."
Pétronille Muhawenimana n’a publié qu’un seul article sur cette tribune…dommage ! Son talent pour l’écriture aurait avantage à être exploité davantage. Espérons que cette deuxième publication l’incitera à reprendre la plume !
vigile.net tribune libre 18 mars 2012