La commémoration au service de l’identité québécoise

Un article paru dans Le devoir du 16 mars sous le titre « Mémoire collective- Commémorer le Québec pour forger son identité » et signé par Chantale Trottier, présidente du Mouvement national des Québécois, mérite, à mon sens, qu’on s’y arrête et qu’on essaie d’y puiser les idées maîtresses qui pourraient raffermir les sentiment patriotique des Québécois. Aussi ai-je cru important de reprendre les réflexions et les propositions de Mme Trottier qui m’ont particulièrement intéressé dans l’intention de nous ouvrir à la nécessité d’établir une véritable « politique de la commémoration ».

D’entrée de jeu, la présidente du MNQ identifie le Québec, selon les termes de l’historien Pierre Nora, de « nation-mémoire », « une nation qui a trouvé historiquement dans la narration de son propre parcours les raisons communes nécessaires à la poursuite d’un destin singulier. »

Chantale Trottier évoque ensuite l’engouement des Québécois pour l’histoire en général mais aussi pour l’histoire du Québec en particulier : « Les Québécois sont friands d’histoire. Ce qui n’est pas surprenant pour une petite nation aussi attachée à son identité. Chaque année, la Fête nationale…nous rappelle à quel point ici le sentiment national n’est pas entretenu artificiellement et à quel point, aussi, il irrigue partout la culture populaire, dans ses nombreuses manifestations, qu’il s’agisse du cinéma ou des nombreux festivals qui valorisent d’une manière ou d’une autre les nombreuses dimensions de notre culture. »

Toutefois, afin de pallier les risques d’oubli véhiculés dans un passé « muséifié », ou de « repentance » qui n’engendrent qu’une forme de « culpabilisation identitaire », Mme Trottier suggère de « reprendre à neuf la question de la mémoire publique dans notre société, et situer cet enjeu à la lumière des pratiques commémoratives telles qu’elles existent dans la société contemporaine. Autrement, qui dit commémoration dit également politique de commémoration. »

À partir d’une étude qui comparait les pratiques commémoratives dans plusieurs sociétés ressemblant d’une manière ou d’une autre au Québec, le MNQ est parvenu à une évidence : sur le plan institutionnel, le Québec est un désert commémoratif. Si on trouve au Québec comme ailleurs des pratiques commémoratives, on ne trouve aucune politique de commémoration structurée susceptible de revaloriser l’usage public de la mémoire.

En conséquence, selon Mme Trottier, « il importe de développer une authentique politique de commémoration correspondant à la mission identitaire de l’État québécois. Car ce dernier a un rôle fondamental à jouer dans la préservation de la mémoire collective…C’est sa propre légitimité nationale que confirmerait l’État québécois en mettant de l’avant une politique de commémoration qui rappellerait ainsi qu’il représente non seulement une instance administrative parmi d’autres, mais l’incarnation politique d’un peuple, d’une expérience historique. »

Enfin, aux yeux de la présidente du MNQ, il est primordial de « convaincre l’opinion publique de l’importance vitale de la question de la commémoration dans la défense de l’identité québécoise…et les décideurs de la nécessaire ouverture du chantier de la commémoration dans notre société, …une politique qui correspondrait aux attentes les plus profondes de notre peuple. »

vigile.net tribune libre 16 mars 2012
quebechebdo 20 mars 2012



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