Retourner à la base de l’école
On ne compte plus les « réformes » en éducation depuis les quelque quarante dernières décennies, si bien que l’école est devenue un laboratoire dirigé par des penseurs cantonnés dans leur bureau, complètement déconnectés de la vie scolaire, et j’ajouterais, de sa mission première.
Car, faut-il le rappeler, l’école, par définition, est d’abord et avant tout un lieu d’apprentissage où des jeunes sont censés recevoir un enseignement de qualité de la part d’un professeur dont le rôle essentiel et primordial est de communiquer des connaissances à ses élèves.
Et pourtant, l’Institut du Québec vient de dévoiler qu’au Québec, le taux de diplomation au secondaire public après cinq ans d’études se situe à 64 %, un constat d’échec après presque 15 ans de pouvoir libéral qui a vu parader une ribambelle de ministres de l’Éducation, chacun d’eux prétendant détenir la recette « miracle »!
Or, force est de constater que le miracle ne s’est pas produit et, nonobstant les coupures drastiques du gouvernement Couillard, particulièrement dans les infrastructures dédiées aux élèves en difficultés d’apprentissage, la panoplie de réformes, touchant autant le contenu que l’acte pédagogiques, a fait dévier l’école de son rôle prioritaire auquel il faut absolument retourner sans délai…pour le plus grand bien de l’éducation de notre jeunesse québécoise.
Comme le disait Alain Finkielkraut, philosophe, écrivain et essayiste français, dans son livre intitulé L’ingratitude; conversation sur notre temps, publié en 1999 chez Québec Amérique, « Instruire, c’est introduire l’élève à ce qui le dépasse. On raisonne aujourd’hui « comme si le moi avait assisté à la création du monde ». Rien ne dépasse, chacun est sujet, c’est-à-dire roi. Et l’actuelle exigence de mettre l’enfant au centre du système éducatif, comme si autrefois on y mettait des lampadaires ou des pots de fleurs, vise, en réalité, à remplacer l’obligation faite à l’élève d’écouter le professeur par l’ordre d’écouter les jeunes intimé aux animateurs du primaire et du second degré. »
vigile.net tribune libre 9 mai 2018