Le droit au non-travail

C’est à Davos, en Suisse, devant le gratin de la finance mondiale, que notre premier ministre canadien, Stephen Harper, a annoncé aux citoyens de son pays qu’il entendait modifier l’accessibilité à l’un des trois piliers du système de pensions, à savoir la pension de « sécurité » à la vieillesse.

Le phénomène n’est pas nouveau… À chaque fois que le gouvernement fédéral fait face à des difficultés financières, depuis trente ans, il regarde du côté de la Sécurité de la vieillesse. Brian Mulroney a tenté d’en abolir l’indexation après la récession des années quatre-vingt, Jean Chrétien a voulu en restreindre l’admissibilité aux seules familles dans le besoin après la crise des années quatre-vingt-dix, et voilà que Stephen Harper songerait à repousser l’âge d’admissibilité à 67 ans. Une intention pour le moins épineuse puisqu’elle concerne tous les Canadiens de plus de 65 ans, exception faite de ceux qui gagnent plus de 110 038 $ qui n’y ont pas droit.

La raison officielle qui ressort d’une telle intention est que l’espérance de vie s’allonge et que le gouvernement souhaite encourager les gens à travailler plus longtemps. À mon sens, la véritable raison qui explique l’intérêt soudain de Stephen Harper pour ce programme de dépenses universel, c’est sa détermination à retrouver une marge de manoeuvre budgétaire à long terme pour réduire encore les impôts des groupes cibles favorisés par l’idéologie conservatrice.

Pour ma part, je serais censé commencer à retirer ma pension de sécurité à la vieillesse dans quelques mois après y avoir contribué pendant plus de trente ans. Je considère avoir droit de bénéficier maintenant à un droit au non-travail !

vigile.net tribune libre 31 janvier 2012
quebechebdo 1er février 2012

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