Éliminer la partisanerie sectaire

On dit souvent que derrière tout incident bouleversant émerge une leçon susceptible d’améliorer le cours des événements à venir. Les dernières démissions au sein du caucus péquiste font ressortir, entre autres, un malaise profond concernant la « vieille » façon de faire de la politique, soit de placer trop souvent les intérêts partisans et opportuns avant les intérêts des citoyens. Selon Louise Beaudoin et Pierre Curzi, la partisanerie excessive dont font preuve les formations politiques est à l’origine du profond désabusement des citoyens à l’égard des politiciens.
Toutefois, si nous nous référons à la définition de la partisanerie au sens propre, nous y découvrons qu’elle est le fait de prendre parti pour quelqu’un, un système, une doctrine ou une théorie et d’en assumer la promotion et la défense dans le respect des opinions des autres. En ce sens, la non-partisanerie est l’absence de convictions et de repères historiques et idéologiques.
Là où le bât blesse, c’est lorsque que la partisanerie dérape vers un parti pris sectaire, porteur d’une intolérance et d’une étroitesse d’esprit qui refusent d’admettre les opinions différentes. Cette partisanerie « excessive » engendre alors des attaques personnelles pernicieuses, créant un climat malsain qui transforme le Parlement en perpétuel vaudeville. À cet effet, Louise Beaudoin, dans son allocution annonçant sa récente démission, traduit assez bien le malaise engendré par cette forme de partisanerie qu’elle ressent depuis son retour à la politique active en 2008 :
« J’ai commencé à m’interroger sur la partisanerie qui souvent rend aveugle, qui nous force à toujours être dans la certitude, jamais dans le doute, sur le ton guerrier que l’on se croit obligés d’employer. Ce sont des maux dont la politique est en train de mourir. »
Et Pierre Curzi, visiblement déçu de son plongeon en politique il y a quatre ans, d’ajouter :
« On se rend compte que les partis politiques s’éloignent de plus en plus de ce que les gens disent et souhaitent. Les gens demandent qu’on ait une liberté de parole, qu’on affirme des principes et qu’on respecte ces principes. »
De telles déclarations ouvrent nécessairement la voie à une nouvelle façon de faire de la politique pour autant que les politiciens désirent réparer cette fracture qui sépare le citoyen des élus, à commencer par des changements d’attitudes. À titre d’exemples, Louise Beaudoin propose de ne plus voir ses adversaires comme des ennemis, de mettre fin à la langue de bois, d’accorder plus de latitude aux députés, en particulier par une discipline de parti mois systématique et moins contraignante.
Cependant, au-delà de ces changements d’attitudes essentiels à tout effort de faire de la politique autrement, les politiciens devront un jour s’attaquer sérieusement à notre culture politique, la base de l’ensemble des valeurs, traditions et stratégies liées à la manière d’exercer et de contrebalancer le pouvoir, laquelle culture politique est héritière de nos nombreuses années d’un parlementarisme empoussiéré. Pour rafraîchir un peu cette image grisâtre de notre culture politique, je vous suggère de consulter l’ambitieuse mission que se donnée 400 jeunes de 20 à 35 ans provenant de toutes les régions du Québec pour en arriver à présenter leur mémoire le 8 juin à la suite de la réflexion menée par Génération d’idées et dans lequel ces jeunes nous présentent des pistes de solutions pour refaire le Québec à leur image…et qui pourraient peut-être aussi alimenter notre réflexion sur les modifications à apporter pour moderniser notre culture politique désuète.
www.generationdidees.ca

vigile.net tribune libre 10 juin 2011    

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