Le ROC au Canada, le Québec au Québec

Abordons notre sujet sur un peu de sémantique politique et démographique. Le Canada anglais, aussi appelé « ROC (Rest of Canada) », représente, d’une façon politique, la portion anglophone du Canada, c’est-à-dire les neuf provinces canadiennes où la langue anglaise est officielle ainsi que les territoires canadiens, soit les trois quarts de la population du Canada. Dans un sens démographique, l’expression peut également signifier la population de langue anglaise au Canada sans égard au lieu géographique à l’intérieur du pays. La contrepartie politique et institutionnelle du Canada anglais est traditionnellement considérée être le Québec, mais au sens démographique, il faut y ajouter la minorité acadienne du Nouveau-Brunswick ainsi que les autres minorités francophones dispersées dans les provinces anglophones.
Continuons sur le chemin de la sémantique. Comment une majorité de Canadiens, soit 75% des habitants d’un pays, peut-elle se définir comme représentant « le reste » de ce territoire? Il me semble que la logique devrait conférer cette appellation à la minorité de ce pays! À mon sens, la réponse dépasse les frontières de la logique et de la sémantique et se terre dans les antres de l’émotivité, là où la ténacité des francophones a poussé à bout « the rest of Canada » qui s’est mis à se demander sur un ton irrité « what does Quebec want? »
Et, pendant que la réponse se fait encore attendre, au grand plaisir inavoué du ROC, les 950 000 francophones hors Québec connaissent des taux d’assimilation très élevés, de sorte que certains d’entre eux craignent une sorte de folklorisation linguistique malgré que le français soit une des deux langues officielles au Canada avec l’anglais.
Quant au  Québec, devant la lassitude et l’exaspération des canadians, il se retrouve de plus en plus isolé et est devenu, avec le temps, le véritable « reste du Canada », d’un Canada qui, depuis longtemps, le bafoue et le rejette. Encore récemment, les dernières réactions mesquines et grotesques de la presse anglophone de même que l’attitude suffisante, presque triomphaliste, de Harper devant la dégringolade du Bloc aux lendemains du 2 mai, démontrent sans l’ombre d’un doute que « le Canada n’a plus rien à offrir au Québec », dixit Gilles Duceppe.

Concluons sur la voie de la raison et du gros bon sens…le ROC au Canada, le Québec au Québec!

 

vigile.net tribune libre 17 mai 2011         

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