Le message en toute simplicité
Le succès retentissant que remporte Xavier Dolan à Cannes avec son film Mommy révèle à mon sens une des qualités essentielles du jeune prodige cinématographique québécois, à savoir l’art de porter à l’écran la qualité du message dans sa plus grande simplicité.
En effet, autant le cinéphile averti que l’amateur occasionnel sont assurés de ressortir nourris des scénarios de Dolan et du jeu exceptionnel des actrices et acteurs qui campent des personnages authentiques et imbus d’une crédibilité sans faille.
Et c’est tant mieux pour le cinéma qui souffre souvent de l’étalage de décors à grands déploiements au détriment de la qualité du texte. En ce sens, on doit donner raison à Xavier Dolan lorsqu’il évoque que sa plus grande préoccupation lorsqu’il aborde la création d’un film, c’est qu’il plaise aux spectateurs.
En recevant le Prix du jury pour son cinquième long métrage, un prix prestigieux remporté ex-aequo avec Jean-Luc Godard, 83 ans, pour Adieu au langage, Xavier Dolan, 25 ans, vient ériger le pont des générations à l’enseigne du cinéma de vérité. À cet effet, je laisse la parole au jeune prodige Québécois :
« Je reconnais le gouffre de temps qui nous sépare. Nos recherches respectives de liberté au cinéma se sont faites à des époques différentes. En son temps, il a tenté de réinventer le cinéma. J’aime avoir l’impression que le cinéma prend un virage et que j’y participe. Le cinéma s’exprime à travers toutes les générations. Je viens du Québec. Toute mon enfance j’ai entendu : “Redescends sur terre ! Pour qui tu te prends ?” Je venais d’un endroit plutôt grand où les gens rêvaient petit. Les gens de ma génération ont une plus grande propension à rêver. »
Mission accomplie, M. Dolan, vous méritez amplement les lettres de noblesse dont vous bénéficiez actuellement sur le tapis rouge !
vigile.net tribune libre 25 mai 2014
quebechebdo 24 mai 2014 (version abrégée)