La couleuvre Fournier

Sans grande surprise, le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes Jean-Marc Fournier continue d’étaler son style habituel louvoyant lorsqu’arrive le temps de répondre aux questions pointues des journalistes sur un sujet délicat.

Il en est ainsi du projet de réforme unilatéral du Sénat du gouvernement Harper qui vient d’être rabroué par la Cour suprême. Ainsi, à savoir si le Sénat sert les intérêts du Québec à l’heure actuelle, la couleuvre Fournier s’est contentée de répondre qu’elle n’avait pas à répondre à cette question-là mais que la véritable question portait sur les priorités économiques des Québécois : «Si vous nous demandez : “Est-ce que c’est 250 000 emplois ou les 24 emplois des sénateurs?” C’est les 250 000 emplois.»

Et voilà, le tour est joué…Les caméras sont déplacées pernicieusement dans une autre direction, et tant pis pour un sujet aussi «banal» que la réforme du Sénat qui ne figure pas au sommet des priorités du gouvernement du Québec, aux dires du premier responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes.

Par contre, en qui a trait aux négociations constitutionnelles, notre louvoyant ministre libéral se montre beaucoup plus loquace. Ainsi, dans l’hypothèse où Stephen Harper décidait de consulter les provinces sur le sort du Sénat, le gouvernement du Québec en profiterait pour négocier d’autres «enjeux», alléguant du même souffle qu’il mettrait l’accent sur le «dialogue, la coopération et la collaboration avec Ottawa et les autres provinces canadiennes»… En terme de gueule de bois, avouons qu’on ne peut faire mieux!

Pourtant, dans les faits, il m’apparaît évident que Jean-Marc Fournier tente d’éviter les écueils laissés par Stephen Harper dans l’épineux dossier du juge Nadon, lequel a donné raison au gouvernement du Québec, et les scandales qui ont éclaboussé la Chambre haute au cours des derniers mois, sachant fort bien que ces dossiers chauds pourraient procurer des armes aux partis souverainistes québécois qui ne réclament rien d’autre que l’abolition du Sénat.

En bref, l’histoire se répète… Le scénario démagogique pervers auquel nous ont habitués les libéraux de Jean Charest pendant neuf ans avec Jean-Marc Fournier en tête reprend sa place sur la scène politique québécoise avec tous les louvoiements qui l’accompagnent.

quebechebdo 29 avril 2014
vigile.net tribune libre 29 avril 2014

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