Les anti-charte « partiels »
Le simple titre de l’article signé par Marie Vastel dans Le Devoir du 20 décembre, à savoir « Anti-charte n’égale pas fédéraliste, Des souverainistes opposés au projet du PQ dénoncent le virage idéologique de Maria Mourani », sème, à mon sens, une confusion telle qu’il donne l’impression que certains militants souverainistes se montrent contre le projet de loi proposé par le Parti québécois sur la laïcité.
Pourtant, quand on scrute la réalité qui suscite le débat en cours sur le virage de Maria Mourani au fédéralisme, en relation avec l’argumentaire développé dans cet article, on se rend vite compte que seul l’article 5 du projet de loi, à savoir l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires, sur un projet de loi qui contient 52 articles, est au centre de l’argumentaire des souverainistes qualifiés d’anti-charte.
D’autre part, toujours en relation avec l’article pré-cité, je me sens mal à l’aise, voire perplexe, avec le concept de la « laïcité inclusive » prônée par Alexandre Leduc, défendant la position de QS : « On peut facilement être en faveur de l’indépendance du Québec, et au même moment être en faveur d’une laïcité inclusive. »
En effet, comment une « laïcité inclusive » peut-elle être conciliable avec l’objectif du projet de charte des valeurs québécoises qui place en tête de ses priorités la « laïcité de l’État »? Comment peut-on parler de laïcité inclusive « et » de laïcité de l’État si ce même État doit respecter les croyances religieuses de tous et chacun à l’intérieur de l’appareil étatique?
À mon avis, de s’embarquer dans un tel débat conduit au cul de sac de la Charte canadienne des droits et libertés de la personne et, par ricochet, au sacrosaint multiculturalisme de Trudeau.
Conséquemment, si les « anti-charte souverainistes partiels » abondent dans cette voie, qu’ils le disent et alors, on pourra en conclure qu’ils sont vraiment contre la charte de la laïcité…Sinon, qu’ils ramènent le débat à sa juste proportion, à savoir leur désaccord avec l’article 5, et ils pourront faire valoir leur point de vue lors des consultations prévues à cet effet.
quebechebdo 21 décembre 2013