À propos du service médical obligatoire
Dans notre Québec «moderne» du 21ième, les soins de santé sont malades. Pénurie de médecins de famille, salles d’opération en manque criant d’appareils spécialisés et, pour ajouter à ces incuries, exode croissante des nouveaux médecins vers le secteur privé. Or pour pallier cette exode, le ministre de la Santé, Christian Dubé, déposera un projet de loi exigeant des nouveaux médecins formés au Québec, dont une cinquantaine passe au privé dans les premières années de leur pratique, qu’ils demeurent au public de cinq à dix ans.
À mon avis, je ne crois pas que cette mesure pour le moins drastique améliorera la qualité des soins dans les hôpitaux. Primo, cette mesure ne touche qu’un infime pourcentage des médecins fraîchement émoulus, et secundo, elle brime leur liberté de choix, un droit inaliénable selon la Charte des droits et libertés de la personne. Et dans cette foulée, j’ajouterais que toute mesure coercitive insérée dans quelque conditions de travail risque d’engendrer plus de mal que de bien.
Par ailleurs, force est de constater que les problèmes de notre système de santé émergent de l’intérieur et que, de facto, les efforts de règlements de ces écueils doivent être envisagés en amont, à savoir notamment au sein de l’abondance démesurée de paperasse administrative infligée aux médecins, et des installations vétustes dans lesquelles ils doivent pratiquer leur profession. En bref, le ministre Dubé se doit de concentrer son énergie sur les conditions de travail des médecins au lieu de les retenir malgré eux dans un système de santé boiteux et instable.
vigile.quebec tribune libre 7 novembre 2024