Suicide chez les jeunes, cet intrus pervers
C’est un secret de polichinelle, la santé mentale est le parent pauvre de notre système de santé au Québec. Les services d’aide et de soutien psychologiques sont inaccessibles. Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, insiste pour affirmer que la santé mentale est prioritaire à ses yeux mais ces paroles ne sont souvent que des écrans de fumée.
Depuis mars 2020, soit le début de la pandémie, 213 Québécois âgés de 25 ans ou moins se sont suicidés. Un chiffre qui donne des frissons. Cette détresse a été encore plus mortelle que les routes au Québec. En comparaison, 87 jeunes de moins de 25 ans sont morts par suicide en 2021, soit 43 % de plus que sur la route pour la même catégorie d’âge, soit 61 décès.
Plus récemment, plusieurs suicides ont soulevé des lacunes dans les soins en santé mentale. D’ailleurs, le taux d’hospitalisation pour tentative de suicide a plus que doublé chez les adolescentes de 10 à 14 ans entre 2008 et 2019, montre un rapport de 2022 de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Oui, vous avez bien lu, 10 ans, c’est catastrophique… C’est l’âge où on devrait être heureuse de jouer à la marelle!
Par ailleurs, où sont les manifestations pour la santé mentale? Quel syndicat dénonce le manque de ressources? Quel parent saurait quoi faire s’il voyait son enfant en détresse psychologique pour l’aider à s’en sortir? Et qui plus est, dans plusieurs rapports de coroners, on peut lire que le patient s’est suicidé dans les heures ou les jours suivant un congé de l’hôpital en psychiatrie. D’autres avaient vu leur psychologue ou médecin de famille peu de temps avant le passage à l’acte. Enfin, beaucoup de jeunes dépressifs sont encore réticents à aller chercher de l’aide.
Le suicide chez les jeunes constitue un intrus pervers contre lequel les ressources qui ont l’expertise pour intervenir adéquatement manquent à l’appel. En conséquence, il est plus que temps que le gouvernement sonne l’alarme et injecte les sommes nécessaires à la formation de psychiatres et de psychologues. C’est une question de priorité nationale…
vigile.quebec tribune libre 20 mai 2023