Mettre la cause toujours avant le parti

Même si j’ai beaucoup apprécié l’argumentaire de l’article de Nic Payne paru sur le site du Devoir du 2 mars sous le titre « Souverainistes et indépendantistes – L’unité peut se faire autour d’Option nationale », j’ai cru pertinent de vous livrer intégralement les résultats d’une entrevue réalisée avec Le Soleil au cours de laquelle Jean-Martin Aussant devait répondre à six questions la veille du congrès d’ON qui se tiendra samedi et dimanche à Montréal.

Q Comment se porte Option nationale depuis les élections de septembre ?

R Le parti se porte à merveille. Il compte 25% plus de membres que le jour des élections, soit près de 8000 et cela, un peu plus d’un an après sa création. Il a fallu plusieurs années aux autres partis dits « nouveaux » pour atteindre ce chiffre, et plusieurs ne l’ont jamais atteint. Notre message et notre façon de le livrer ont intéressé des milliers de jeunes à s’impliquer en politique pour la première fois de leur vie et nous en sommes très fiers.

Q Selon vous, le Parti québécois ne peut obtenir de majorité sans ON. Comment comptez-vous le convaincre de former une alliance ?

R En fait, je ne dirais pas que c’est impossible, mais plutôt improbable. Le PQ n’a pas réussi à gagner une majorité malgré un chef libéral que personne ne voulait voir, et malgré le fait qu’Option nationale n’avait à peu près aucun moyen pour faire campagne. Lors de la prochaine élection, le Parti libéral aura un nouveau chef et ON sera beaucoup plus en moyens pour mener une campagne électorale efficace. Le contexte sera encore moins favorable à une majorité péquiste qu’il ne l’était en septembre dernier. Sur le plan d’une quelconque collaboration, nous ne courrons pas après qui que ce soit. Notre message est clair et inscrit dans nos statuts : si un autre parti est aussi souverainiste que nous, nous sommes intéressés à discuter, pour le bien et l’avancement de la cause. [...] Option nationale mettra toujours la cause avant le parti et seuls les intérêts collectifs guident nos prises de position, même si ça peut parfois rendre les choses plus difficiles pour nous. La population mérite cette sincérité.

Q Vous battez-vous à armes égales contre le PQ ?

R Le rôle des leaders souverainistes n’est pas de dire « parlons d’autre chose » quand la souveraineté n’est pas en tête dans les sondages, c’est plutôt de tout faire pour convaincre la population du bien-fondé de l’idée pour qu’elle remonte dans le sondage qui suivra. Et sur ce plan, force est de constater que le PQ n’est pas très vigoureux. Un leader qui doute de sa propre cause n’enthousiasmera jamais les indécis.

Q Dans une récente entrevue, vous sembliez fier de dire que Jacques Parizeau, le seul membre à vie du PQ, appuie Option nationale. Il sera présent à votre congrès. Quelle relation entretenez-vous avec M. Parizeau ?

R M. Parizeau a appuyé ma candidature dans Nicolet-Bécancour en septembre dernier et j’en étais très heureux. Il est pour moi celui qui a la plus contribué au Québec moderne et à la cause souverainiste, de par ses compétences unanimement reconnues et par la clarté de ses propos. [...] J’espère qu’il trouve qu’on fait du bon travail pour l’avancement de la cause. Et si jamais il voulait une deuxième carte de membre à vie, ça pourrait toujours s’arranger…

Q Quelles leçons tirez-vous du Sommet sur l’enseignement supérieur tenu cette semaine par le gouvernement Marois ?

R Je n’y ai rien entendu de nouveau qui n’ait été discuté avant la tenue du Sommet. Je trouve que plusieurs questions, incluant la gratuité scolaire et les façons de l’instaurer, ont été ignorées d’un Sommet qui aurait dû les aborder. Comment se fait-il qu’on accepte de payer 500 millions $ par année pour un dédoublement des déclarations de revenus pendant qu’on se prive de la gratuité ? Pourquoi ne pas rehausser les redevances sur nos ressources pour mettre en place la gratuité ? [...] Ou encore, pourquoi ne pas avoir discuté le moindrement du droit de grève des étudiants ? Je pense que le Sommet était nécessaire pour le gouvernement comme exercice de relations publiques. Il ne pouvait pas imposer 3% d’augmentation unilatéralement, même si le résultat est identique en bout de ligne.

Q Que pensez-vous de la controverse entourant l’Office de la langue française et ses « excès de zèle » contre les restaurateurs italiens ?

R Je trouve ces dérapages bien dommage, puisqu’ils donnent des munitions à ceux qui combattent la loi 101 de toutes leurs forces. Cette loi est nécessaire au Québec, sauf que je ne crois pas que ce soit les mots pasta, burger ou hot-dog qui mettent en péril le français en Amérique. Il faut plutôt s’assurer que les nouveaux arrivants seront intégrés en français à notre société, qu’ils étudieront en français et qu’ils se trouveront un travail en français. Le problème réside davantage en amont, sur le plan de l’intégration, que dans la recherche de mots venant d’autres langues dans des menus. [fin de l’entrevue]

Pour reprendre un élément de la vision de Jean-Martin Aussant : « Option nationale mettra toujours la cause avant le parti et seuls les intérêts collectifs guident nos prises de position, même si ça peut parfois rendre les choses plus difficiles pour nous. La population mérite cette sincérité. »…Vous ne croyez pas que c’est cette attitude qui définit le mieux l’expression « faire de la politique autrement ? »

Enfin, je termine sur cet extrait de l’article de Nic Payne qui révèle sans équivoque la charisme et le leadership que dégage JMA devant ses auditeurs : « Or il n’est pas de bon chef politique qui n’incarne pas une vision, et qui ne tienne pas un discours qui trouve résonance dans la population. De toute évidence, le discours indépendantiste du chef d’Option nationale était attendu par les uns, et il a la faculté d’intéresser et de rallier les autres. C’est sur une telle volonté de porter un engagement indépendantiste mobilisateur, clair et serein qu’Option nationale fonde son existence. »

vigile.net tribune libre 3 mars 2013 

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