Une histoire vraie vécue à l’hôpital

J’ai dû être hospitalisé pendant quelques semaines récemment, une expérience qui, malgré ses inconvénients, m’a permis de côtoyer des personnes intéressantes. Toutefois, parmi celles-ci, il en est une qui m’a particulièrement frappé sur deux facettes de sa personnalité.

Un jour, une dame dans la quarantaine est arrivée à ma chambre pour y occuper le lit voisin qui était vacant depuis quelques jours. Le lendemain de son arrivée, nous avons commencé à échanger sur les raisons qui nous avaient conduits à notre hospitalisation. C’est alors que j’ai appris que la dame venait d’apprendre qu’elle avait un cancer du sein qui semblait, selon les premiers tests, démontrer des signes inquiétants de dégénérescence.

À ma grande surprise, loin de se montrer inquiète devant un tel diagnostic, elle démontrait un optimisme admirable et un moral de plomb qui m’ont laissé pantois, tellement ses paroles débordaient d’une croyance en la vie phénoménale.

Quelques jours plus tard, d’un sujet de discussion à l’autre, nous sommes tombés sur la politique. La dame m’a alors demandé quelle était mon allégeance politique. Je lui ai répondu que j’étais indépendantiste. Alors, me regardant droit dans les yeux :

- Moi aussi, dans mes jeunes années, j’ai même milité pendant quelque temps pour le Parti québécois… mais je crois que je n’aurai pas la chance de vivre ce grand moment!…

- …

- J’espère que vous, vous pourrez assister à ce grand événement!

- Je l’espère aussi mais, au rythme où vont les choses, j’en doute de plus en plus!

- Vous avez bien raison…

Puis, le silence se fit…

Or, un jour où je sortais à l’extérieur pour respirer un peu d’air pur, j’ai rencontré son mari assis dans le hall de l’hôpital. Tout en m’arrêtant près de lui pour jaser un peu, il m’apprit que le diagnostic concernant sa femme venait de tomber…de 3 à 18 mois, dépendant de l’efficacité ou de l’échec des prochains traitements.

Je me suis alors rappelé la chanson fétiche qu’elle aimait fredonner à l’occasion, à savoir «Nous sommes Québécois» des Colocs, dont voici un extrait sur lequel j’ai cru opportun de vous laisser :

«Québécois
Nous sommes Québécois
Le Québec saura faire
S'il ne se laisse pas faire
Que l'on soit un bleu ou un rouge
Capitaliste ou communiste
Moi je suis un idéaliste
Je crois qu'il faudrait que ça bouge

En devenant plus solidaires
On ne sera plus minoritaires
Pourquoi faut-il se faire
La guerre mes frères?»

quebechebdo 27 février 2013
vigile.net tribune libre 27 février 2013 "Une histoire vraie"

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