Le PQ se détacherait-il de sa base militante?
À quelques jours du Conseil national du Parti québécois, la grogne règne contre la permanence du PQ avec la démission en bloc d’au moins cinq membres de l’exécutif de Maskinongé, qui se disent tout simplement désillusionnés et trompés par les fausses promesses électorales, le peu d’intérêt accordé à la base militante et à l’option souverainiste.
« En même temps que le gouvernement du Parti québécois prend ses distances par rapport au programme du parti, le PQ, notamment la permanence nationale, se bureaucratise et s’éloigne de sa base militante, en mettant l’emphase plus sur les procédures que sur l’atteinte de l’objectif », écrivent Robert Gauthier, président de l’exécutif, et les membres démissionnaires dans une lettre datée du 29 janvier 2013.
M. Gauthier évoque également les relations avec la permanence nationale du parti, qui ne reconnaît pas suffisamment l’implication des militants et des exécutifs régionaux. « Nous sommes perçus comme des gens qui servent à amasser des fonds pour financer la permanence, tout simplement », constate-t-il.
Les démissionnaires déplorent surtout le fait que le parti ne mette plus l’emphase sur la souveraineté. « Il est de plus en plus évident que le Parti québécois, qui a été un grand parti au Québec, ne réussit plus à rassembler seul l’ensemble des forces souverainistes pour atteindre l’objectif de faire du Québec un pays. […] Une des raisons, selon nous, vient sans doute du fait que les dirigeants actuels du PQ, qui répètent souvent être souverainistes, ne consacrent pourtant pas beaucoup de temps, d’énergie et de ressources à expliquer les avantages pour une nation d’avoir son propre pays. »
Par ailleurs, en marge du caucus du gouvernement, qui se tenait à l’Estérel, Mme Marois, informée des ces démissions, a répondu que « c’est dommage, mais d’autres prendront la relève ». Elle invite par ailleurs les démissionnaires à « continuer à militer pour la souveraineté », comme ils disent vouloir le faire dans leur missive…une réponse plutôt cavalière, voire même méprisante envers la base militante de son parti.
Quant à Mario Charron, ex-président de Groulx, qui a démissionné avant les élections l’été dernier, les commentaires de Mme Marois sont une véritable insulte. « On voit bien qu’elle n’a jamais compris pourquoi les militants démissionnent. C’est exactement ce que nous avons subi dans Groulx. Elle est en train de mettre à terre ce parti. »
Quoiqu’il ne faille pas généraliser les démissions dans Maskinongé, le mécontentement qu’elles manifestent devraient envoyer un son de cloche à Pauline Marois, en ce sens que la « tête » a besoin du « corps » pour fonctionner adéquatement…sinon, il risque de se produire un effet boomerang contre le PQ aux prochaines élections.
quebechebdo 2 février 2013
vigile.net tribune libre 2 février 2013