L’art de « se plaindre le ventre plein »
Aux yeux de la présidente du Quebec Community Groups Network (QCGN), Marlene Jennings, le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a trouvé la «formule parfaite» pour «éradiquer» la minorité anglophone du Québec dans son projet de loi 96 amendé.
Marlene Jennings appelle à lutter contre la «fabulation» selon laquelle la langue française est «en danger» dans les milieux de travail alors que, de source sure, la proportion de travailleurs qui accordent une place prédominante au français au travail s’est effritée au Québec au fil des 15 dernières années, passant de 82% en 2006 à 79,7% en 2016. Du même souffle, Mme Jennings argue que l’abandon du projet d’agrandissement du cégep Dawson ainsi que le gel des programmes conduisant au diplôme d’études collégiales (DEC) ou encore à l’attestation d’études collégiales (AEC) en anglais prévu dans la version amendée du projet de loi 96 entraîneront des conséquences «pernicieuses» pour les communautés anglophones du Québec.
Or, depuis son adoption en 1977, la Charte de la langue française a été tellement décriée par les médias anglophones que plusieurs ont cru à la «répression linguistique». Certains anglophones du Québec sont encore convaincus d'être aujourd'hui «la minorité la plus maltraitée au Canada». Il existe toujours au sein d'une partie des anglophones une attitude de méfiance à l'égard des francophones, certains croyant que les francophones d'aujourd'hui cherchent à leur «faire payer la bataille des Plaines-d'Abraham», une perception qui s'oppose à celle des francophones qui, loin d'être persécutés, croient plutôt que les anglophones sont très bien traités au Québec et disposent de très nombreux droits et privilèges en matière linguistique, et que ce sont eux, les francophones, qui, en tant que minoritaires en Amérique du Nord, ont besoin d'être protégés.
En termes clairs, je suis plutôt d’avis que les anglophones du Québec auraient avantage à se déplacer quelque temps hors Québec pour réaliser les difficultés linguistiques des francophones qui y vivent… Peut-être réaliseraient-ils alors qu’ils ont tendance à «se plaindre le ventre plein»!
vigile.quebec tribune libre 22 mars 2022