La grenouille et le crapaud

Dame grenouille trouvait la vie bien routinière
Les yeux en l’air et les pattes sur un nénuphar
Au glas funèbre des ouaouarons de cimetière
Épiée par quelques quenouilles en guise de phares

«Ah! se dit-elle, j’aimerais bien vivre sur la terre
Et sauter gaiement aux champs comme les crapauds
Eux qui semblent profiter pleinement du grand air
Et moi qui suis prisonnière de ce bassin d’eau!»

Or à l’aurore où ses compères dormaient encore
Elle plongea et atteignit enfin la terre ferme
Ouvrit grand les yeux et admira le décor
Grisée par la chaleur sur son épiderme

«Enfin! pensa-t-elle, à moi la grande liberté!»
Puis elle entreprit son périple vers les champs
Sautillant le nez au vent et le corps léger
Propulsée par l’euphorie du souffle du vent

Près d’un espace sablonneux elle vit un crapaud
«Bonjour madame la grenouille! Que faites-vous ici
Aussi loin de la tranquillité de vos eaux?
-Je m’ennuyais captive de cette triste vie!
-Et vous pensez trouver mieux sur ce sol aride?
Comparez votre peau si douce à ma cuirasse
N’attendez pas que votre corps soit plein de rides
Et retournez à votre sereine surface!»

La grenouille fit fi des bons conseils du crapaud
Si bien qu’après quelques jours de tours et de sauts
De cabrioles à travers les champs et boisés
Son eau jadis si terne en vint à lui manquer

Le chaud soleil dessécha peu à peu sa peau
Alors elle se souvint des conseils du crapaud
Et madame la grenouille s’en retourna bredouille
Auprès de ses nénuphars et de ses quenouilles

Vous qui comme la grenouille recherchez le bonheur
Sachez apprécier la présence d’une fleur!

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