L’affaire Bouazzi

17 novembre 2024

«Nous voyons malheureusement – et Dieu sait que je vois ça à l’Assemblée nationale tous les jours – la construction de cet Autre. De cet Autre, qui est maghrébin, qui est musulman, qui est Noir, qui est autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure», a déclaré vertement le député de Québec solidaire (QS), Haroun Bouazzi, devant les membres d’un organisme visant l’intégration harmonieuse des communautés maghrébines. Dans son argumentaire, M. Bouazzi visait notamment François Legault pour sa position devant les effets collatéraux de l’afflux d’immigrants eu égard à la pénurie de logements abordables, et Lionel Carmant pour son argumentaire sur la nécessité d’établir une approche différente concernant l’arrivée d’immigrants dans les DPJ. En bref, rien dans ces propos qui laisse supposer quelque forme de racisme, et qu’on assiste à la «construction de cet Autre».

Par ailleurs, je présume qu’en utilisant le pronom «nous» au début de son intervention, le député de QS incluait les autres membres de son parti. Or ses deux co-porte-parole ont rejeté sans réserve l’argumentaire du député d’origines tunisienne et française sans pour autant manifester quelque représailles envers lui lors du congrès de QS qui s’est tenu au lendemain de l’incident suscité par Haroun Bouazzi.

De ce fait, je suis d’avis que Gabriel Nadeau-Dubois a perdu une belle occasion de faire preuve de leadership en excluant illico Haroun Bouazzi de QS, une décision qui aurait démontré sans équivoque toute la bassesse de ses propos explosifs, voire lapidaires envers les députés de l’Assemblée nationale du Québec.

Enfin, en ce qui a trait aux militants présents au congrès de QS, ils se sont montrés divisés sur le sort à réserver au député de Maurice-Richard, certains se montrant conciliants, d’autres plus drastiques, à savoir allant jusqu’à se prononcer en faveur de l’exclusion de M. Bouazzi du parti. En revanche, la nomination de Ruba Ghazal à titre de co-porte-parole féminine du parti est passée malheureusement presque inaperçue devant l’ampleur médiatique suscitée par l’affaire Bouazzi.

vigile.quebec tribune libre 17 novembre 2024

Le «mâle alpha», un cri de détresse?

16 novembre 2024

Dans la foulée du masculinisme vindicatif qui se répand à vitesse grand V sur les médias sociaux et traditionnels, n’y aurait-il pas lieu de remonter dans un temps pas si lointain où l’homme incarnait le bon pourvoyeur et occupait les postes-clés dans la société, et la femme était cantonnée à la maison dans son rôle de mère reproductrice ou travaillait à des tâches considérées socialement comme de moindre importance?

Puis, dans la montée du mouvement féministe qui a vu les femmes entreprendre des études supérieures, elles ont peu à peu, sous le regard stupéfait des hommes, gravi progressivement l’échelle sociale en s’accaparant de postes traditionnellement réservés aux hommes. Il n’en fallait pas davantage pour que des hommes perdent leurs repères traditionnels, notamment les représentants de l’autorité au travail comme à la maison.

À mon avis, la montée du masculinisme «alpha» représente le retour du balancier. Dans un monde où il a perdu sa «virilité», sa domination sur la femme, l’homme s’est replié implacablement sur sa force physique et son attrait pour la richesse matérielle, si bien que l’homme «alpha» lui a permis de récupérer les atouts qui l’ont toujours caractérisé par le passé, notamment son emprise sur la gente féminine.

Dans un tel contexte, je suis d’avis que la montée de ce type de masculinisme laisse entrevoir, sous des apparences de virilité, un cri de détresse de la part de l’homme alpha…à son propre insu.Tant et aussi longtemps que des hommes ne reconnaîtront pas l’égalité des sexes, remonteront en surface des comportements transcendants envers la femme. Pour l’instant, nous devons prendre acte de ce mouvement «alpha», et établir le dialogue avec ces hommes dans une perspective mettant de l’avant la saine complémentarité des sexes.

vigile.quebec tribune libre 15 novembre 2024

Le charisme de Donald Trump

16 novembre 2024

Lors de l’élection du 5 novembre aux États-Unis, Donald J Trump a recueilli les suffrages de 76 057 063 électeurs, soit 50,2% du vote populaire. Des chiffres révélateurs qui démontrent sans l’ombre d’un doute la popularité du Républicain, et cela nonobstant ses condamnations au criminel, ses nombreuses allusions misogynes durant la campagne et ses flèches empoisonnées envers les immigrants qualifiés d’«ennemis intérieurs».

Le Robert définit le charisme comme étant la «qualité d'une personnalité qui a le don de plaire, de s'imposer, dans la vie publique». Partant de cette définition et des résultats sans équivoque de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, force est de constater que le Grand orange dégage un charisme exceptionnel. Le corps droit, le pas quasi militaire, toujours bien mis, l’éternelle cravate rouge, le poing fermé vers le haut en guise de combat, il suscite, à toutes ces arrivées sur scène lors des rassemblements, l’exaltation de ses milliers de partisans qui se sont déplacés pour l’acclamer et vibrer au message d’espoir qu’il livre avec force à ses admirateurs qui le considèrent comme leur sauveur. Que l’on soit pour ou contre le discours vindicatif, voire acerbe de Trump, un fait est certain, il ne laisse personne indifférent, l’important étant que l’on parle de lui en bien ou en mal. Et, contre vents et marées, cela fonctionne.

À sa façon, Donald Trump incarne un phénomène médiatique hors norme, un homme politique souvent hargneux mais toujours populiste, de là son appui inconditionnel de la classe ouvrière en opposition au parti démocrate de réputation davantage élitiste. Le 5 novembre 2024, le peuple a non seulement voté pour le changement mais surtout pour le charisme de Donald Trump qui a su, envers et contre tous, se mériter la confiance d’une majorité d’Américains.

vigile.quebec tribune libre 15 novembre 2024

Le français, talon d’Achille du PLQ

15 novembre 2024

La réforme de la Charte de la langue française, communément appelée « loi 96 », a été adoptée par l'Assemblée nationale en mai 2022. Elle impose notamment un gel des inscriptions dans les cégeps anglophones. À cet effet, c’est sans grande surprise que tous les aspirants à la chefferie du Parti libéral du Québec réunis en Congrès se sont prononcés en faveur d’un adoucissement de la loi 96 eu égard au gel des inscriptions dans les cégeps anglophones.

Une tendance qui risque d’apporter son lot de conséquences négatives de la part de l’électorat déjà fragilisé des francophones au sein du PLQ qui cherche désespérément à rapatrier une partie de cet électorat. Traditionnellement, le dossier de la langue française s’est toujours manifesté comme le talon d’Achille du PLQ qui a toujours soufflé le chaud et le froid eu égard à la défense de la langue française au Québec d’un côté, et le libre choix en éducation de l’autre. En conséquence, il est fort à parier que la patate chaude se retrouvera dans la marmite des déboires du PLQ lors du prochain appel aux urnes en 2026.

https://www.journaldequebec.com/2024/11/12/le-plq-contre-le-quebec-francais

vigile,quebec tribune libre 12 novembre 2024

 

Deux pubs, deux mondes

15 novembre 2024

Dans son effort de créer l’attractivité pour la profession d’enseignant au primaire, le ministère de l’Éducation, via son ministre Bernard Drainvile, a lancé une campagne publicitaire sur le thème «Deviens prof!». Dans l’une des capsules publicitaires, on peut voir une influenceuse interroger une vraie enseignante, Sandrine, sur son quotidien en compagnie de ses élèves. On y apprend qu’elle a des chouchous, qu’elle accepte les cadeaux de ses élèves, et qu’elle a déjà triché à l’école. En revanche, dans une autre publicité, une enseignante demande à ses élèves de sortir leur cahier de mathématiques. Les enfants lèvent alors la table de leur pupitre puis la redescendent, métamorphosés en adultes vêtus des costumes de métiers qu’ils exercent aujourd’hui.

À mon sens, la première pub incarne une approche infantilisante de l’enseignement qui passe complètement à côté d’une démarche réaliste de la relation entre le prof et des élèves du primaire. Quant à la deuxième capsule, son approche valorisante suscite indéniablement l’attractivité pour la profession d’enseignante dans un contexte positif. Dans cette foulée, plusieurs publicités pourraient être exploitées, notamment des commentaires de parents qui focalisent sur l’apport positif de l’enseignante sur leur enfant, l’influence culturelle d’une visite au musée ou la projection d’un reportage sur les changements climatiques.

Enseigner au primaire, c’est d’abord éveiller l’enfant à son monde où l’émerveillement foisonne de toutes parts. Dans ce contexte, si le MEQ souhaite valoriser la carrière d’enseignant au primaire, et inciter les étudiants en sciences de l’éducation à choisir cette profession, il devra s’appliquer à leur présenter des pubs qui mettent la lumière sur le plus beau métier du monde.

vigile.quebec tribune libre 12 novembre 2024

Autopsie d’une campagne

12 novembre 2024

Dans sa chronique du 9 novembre dans Le Devoir sous le titre «Tirer sur les blessés», Jean-François Lisée tire à boulets rouges sur les pourfendeurs de Kamala Harris qui « par incompétence ou aveuglement idéologique, a laissé s’échapper la victoire». Et, dans cette foulée, il cite le journaliste américain réputé Murray Kempton: «Un critique, c’est quelqu’un qui entre sur le champ de bataille après la fin de la guerre et qui tire sur les blessés.»

Or tous les sondages pré-électoraux prédisaient une lutte serrée entre Kamala Harris et Donald Trump. Mais que s’est-il donc passé pour que le candidat républicain, en plus de remporter l’élection, ait mis la main sur le vote populaire, le Sénat et la Chambre des représentants? Pourquoi Kamala Harris a-t-elle essuyé un échec aussi cuisant malgré les sondages qui, jusqu’à la fin de la campagne, la plaçaient nez à nez avec Donald Trump? À mon sens, Kamala Harris a été une victime circonstancielle reliée notamment à une arrivée précipitée dans la course à la présidence due au départ en catastrophe de Joe Biden à la tête d’un gouvernement impopulaire dont elle faisait partie à titre de vice-présidente.

Toutefois, je suis d’avis que ses stratèges, dans la foulée des attaques personnelles contre elles de la part de Trump, ont manqué nettement de vision en lui suggérant de mordre à l’appât de Donald Trump en lui répliquant du tac au tac au lieu de l’ignorer complètement pour se concentrer sur ses politiques économiques préconisées eu égard à la classe ouvrière, une stratégie qui lui aurait permis de se rapprocher des électeurs moins nantis et, par ricochet, de se défaire de la facette élitiste des démocrates.

En revanche, malgré sa défaite, Kamala Harris aura su remonter la cote de popularité du parti démocrate dans un contexte où Joe Biden, manifestement, n’était plus en mesure de suivre le rythme d’une campagne contre le verve et le dynamisme de Donald Trump. En bref, je salue la détermination sans borne de Kamala Harris qui, somme toute, peut se retirer la tête haute avec la satisfaction du devoir accompli.

vigile.quebec tribune libre 10 novembre 2024

 

L’échec de Kamala Harris

9 novembre 2024

Le défi que s’était fixé Kamala Harris de devenir la première femme présidente des États-Unis a lamentablement échoué. Face à un tel scénario, est-il pertinent de se demander si les Américains étaient prêts ou non à élire une femme à la tête de la plus grande puissance mondiale?

Selon moi, il m’apparaît d’abord essentiel de placer la candidature de Kamala Harris dans son contexte politique avant d’aborder l’influence du genre de Kamala Harris. Primo, Mme Harris a été littéralement catapultée dans la présidentielle en remplacement tardif du président Biden à la suite d’un débat catastrophique contre Donald Trump. Secundo, elle a dû livrer bataille dans le sillon d’un gouvernement impopulaire duquel elle assumait la vice-présidence, notamment eu égard à l’économie chancelante qui affecte sans contredit le portefeuille de millions d’Américains.

Venons-en maintenant à la question posée en introduction de ma lettre à savoir le synchronisme entre le statut de femme et celui de présidente des États-Unis, une question qui s’était d’ailleurs posée en 2016 lorsque Hillary Clinton, nonobstant le fait qu’elle avait remporté le vote populaire, avait dû concéder la victoire à Donald Trump. En 2020, la victoire est allée à un homme, Joe Biden. Et aujourd’hui en 2024, Kamala Harris doit essuyer la défaite contre le même Donald Trump.

Hasard ou destin? La question mérite au moins d’être posée. Or nonobstant le fait que le contexte politique ait changé depuis 2016, il n’en demeure pas moins que le résultat final est identique, à savoir la victoire d’un homme en la personne de Donald Trump. En bref, je dois avouer bien humblement que j’éprouve une certaine perplexité sur le degré d’acceptabilité d’une femme à titre de présidente des États-Unis de la part des Américains.

vigile.quebec tribune libre 8 novembre 2024

 

À propos du service médical obligatoire

7 novembre 2024

Dans notre Québec «moderne» du 21ième, les soins de santé sont malades. Pénurie de médecins de famille, salles d’opération en manque criant d’appareils spécialisés et, pour ajouter à ces incuries, exode croissante des nouveaux médecins vers le secteur privé. Or pour pallier cette exode, le ministre de la Santé, Christian Dubé, déposera un projet de loi exigeant des nouveaux médecins formés au Québec, dont une cinquantaine passe au privé dans les premières années de leur pratique, qu’ils demeurent au public de cinq à dix ans.

À mon avis, je ne crois pas que cette mesure pour le moins drastique améliorera la qualité des soins dans les hôpitaux. Primo, cette mesure ne touche qu’un infime pourcentage des médecins fraîchement émoulus, et secundo, elle brime leur liberté de choix, un droit inaliénable selon la Charte des droits et libertés de la personne. Et dans cette foulée, j’ajouterais que toute mesure coercitive insérée dans quelque conditions de travail risque d’engendrer plus de mal que de bien.

Par ailleurs, force est de constater que les problèmes de notre système de santé émergent de l’intérieur et que, de facto, les efforts de règlements de ces écueils doivent être envisagés en amont, à savoir notamment au sein de l’abondance démesurée de paperasse administrative infligée aux médecins, et des installations vétustes dans lesquelles ils doivent pratiquer leur profession. En bref, le ministre Dubé se doit de concentrer son énergie sur les conditions de travail des médecins au lieu de les retenir malgré eux dans un système de santé boiteux et instable.

vigile.quebec tribune libre 7 novembre 2024

Trump reprend les clés de la Maison-Blanche

7 novembre 2024

Finalement, après une campagne électorale fertile en rebondissements, notamment les deux tentatives d’assassinats de Donald Trump et l’abandon du président Biden en cours de campagne remplacé en catastrophe par la vice-présidente Kamal Harris, les Américains se sont exprimés, et ils ont opté pour l’homme fort au détriment de la femme souriante. Et toute cela nonobstant les inculpations et les poursuites criminelles en cours contre le nouveau président.

Dans cette foulée, difficile de comprendre les raisons pour lesquelles la majorité des électeurs américains ont penché du côté d’un rustre personnage qui a multiplié les insultes blessantes envers les immigrants et, en particulier, envers sa rivale Kamala Harris, sinon qu’il a su toucher les Américains de la classe ouvrière pour qui le panier d’épicerie a dépassé ses limites financières. Reste à voir maintenant quelle sera la direction que prendront d’autres promesses électorales de Donald Trump, telles la déportation de quelque 20 millions d’immigrants ou le règlement du conflit entre la Russie et l’Ukraine en un claquement de doigt.

Quant à Kamala Harris, je suis plutôt d’avis qu’elle traînait dans son sillon les séquelles du gouvernement Biden, en particulier la situation économique des Américains de la classe moyenne, une tare qui, pour une majorité d’électeurs, a joué nettement en sa défaveur, le parti démocrate étant perçu comme élitiste. À cet effet, les démocrates se doivent d’entreprendre illico une sérieuse autopsie de cette campagne dont les résultats indiquent nettement que les Bleus se doivent de se reconnecter, voire de se connecter, si tant est qu’ils l’ont déjà été par le passé, avec la classe défavorisée.

«Ce sera l'âge d'or des États-Unis», a lancé Donald Trump à ses supporteurs en liesse dans son discours prononcé à son QG de Palm Beach en Floride au lendemain du scrutin… Un défi de la trempe du Grand Orange. Reste à voir si ses réalisations seront à la hauteur de ses ambitions!

vigile.quebec tribune libre 7 novemre 2024

Le jour «J»

5 novembre 2024

Nous sommes à quelques heures du dévoilement des premiers résultats fragmentaires de l’élection américaine. À cette heure, bien malin celui ou celle qui pourrait en prévoir la conclusion, tous les sondages indiquant des résultats nez à nez entre Kamala Harris et Donald Trump.

J’ai suivi avec intérêt cette campagne que l’on peut qualifier d’historique pour plusieurs raisons, en particulier les deux tentatives d’assassinat contre Donald Trump, et le retrait de Joe Biden de la course à la présidence suivi de la nomination de la vice-présidente Kamal Harris à titre de représentante du parti démocrate.

Mais au-delà de ces événements circonstanciels, se pointent deux éléments déterminants qui ont caractérisé cette course au bureau ovale. Primo, sans grande surprise, Donald Trump aura, du début à la fin de la campagne, lancé des flèches empoisonnées à son adversaire sans élaborer sur son programme électoral. Et secundo, Kamala Harris s’est montrée muette eu égard au bilan somme toute positif du mandat du gouvernement Biden, une stratégie qui aurait pu contrer les attaques de Trump sur son mandat à la vice-présidence.

À quelques heures du scrutin, les Américains sont de plus en plus «désunis». D’un côté, les pro-vie, de l’autre les pro-choix. D’un côté les partisans de l’aide militaire en Ukraine et à Israël, de l’autre, l’arrêt de l’aide militaire. Des enjeux majeurs qui pourraient fort bien faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Quoi qu’il en soit, le sort des Américains se jouera dans l’isoloir entre les Rouges et les Bleus. Comme il se doit, la démocratie exercera ses droits légitimes eu égard à la liberté d’expression de tous les Américains, peu importe leurs convictions, leur genre et la couleur de leur peau… Vox populi vox Dei.

Le mardi 5 novembre à 8h20

vigile.quebec tribune libre 5 novembre 2024